Quatre des six candidats de l’opposition , lors du scrutin présidentiel du 22 juin, s’élèvent contre la fraude qui a marqué l’élection du candidat du pouvoir et ancien chef d’état major, le général Mohamed Ould Ghazouani
Alors même que la CENI, l’organisme officiel de contrôle des élections présidentielles du 22 juin, n’avait pas encore terminé son travail de compilation des résultats sur l’ensemble du territoire mauritanien et que manifestement, l’on s’acheminait vers un second tour inévitable, le candidat du pouvoir, Mohamed Ould El Ghazouani, et en présence du chef de l’Etat sortant, s’est empressé de proclamer sa « victoire » à l’arrachée, sans doute pour couper l’herbe sous les pieds de l’opposition démocratique, clairement majoritaire dans le pays.
Cette « auto-proclamation », inédite s’inscrit cependant, en droite ligne de la tradition de manipulation des résultats électoraux, de mépris à l’égard de la volonté du peuple et de l’opinion publique nationale et internationale.
Cette empressement s’explique par la volonté du pouvoir d’assurer coûte que coûte sa propre succession, par un véritable coup de force électoral, alors que toutes les informations dont nous disposons indiquent la victoire de l’opposition.
En phase avec notre peuple qui a clairement exprimé, tout au long de la campagne, son aspiration à une véritable alternance démocratique, pour mettre fin à un système de prévarication, de corruption généralisée et de division de notre peuple, nous exprimons notre indignation face à cette auto-proclamation.
Non content d’avoir mis à la disposition de son candidat attitré toute l’administration et les moyens de l’Etat, le président sortant n’a pas hésité à exercer un véritable chantage sur le peuple en menaçant le pays de chaos, au cas où son candidat ne serait pas élu dès le 1er tour, tout en gardant la haute main sur l’ensemble des opérations électorales. C’est ce qui explique les nombreux cas de fraude recensés et que l’opposition s’apprête à présenter à qui de droit, après les avoir signalés au fur et à mesure, à une CENI atone, aphone et clairement sous influence.
Face à une situation aussi grave et aux risques inhérents contre lesquels ils n’ont jamais cessé de mettre en garde le pouvoir, les candidats de l’oppositions démocratique :
– Rejettent avec énergie l’annonce faite par le candidat du pouvoir de sa prétendue victoire.
– Proclament qu’au vu des informations solides dont ils disposent, aucun candidat ne passe dès le premier tour.
– Réaffirment leur détermination à conduire dans l’unité, la lutte pacifique du peuple mauritanien et particulièrement sa jeunesse pour défendre ses choix électoraux et ses acquis démocratiques.
– Font porter au pouvoir en place, l’entière responsabilité de la crise post-électorale qui se profile.
Les signataires : Kane Hamidou Baba, Sidi Mohamed Ould Boubacar, Biram Dah Abeid, Mohamed Ould Maouloud