Mauritanie, l’enrichissement ahurissant de l’ancien Président Aziz

Ahmed O. Salek fait appel à l’opinion publique mauritanienne, via les réseaux sociaux, pour exiger que l’ancien président de la République, Mohamed Oums Abdel Aziz, soit jugé pour avoir pillé la Mauritanie

Au moment où j’écris ces lignes, j’avoue que je suis ahuri par l’ampleur des prévarications de l’ancien président Mohamed Abdel Aziz. Je me demande si les Mauritaniens relèveront l’échine pour dénoncer les concussions honteuses de celui qui était le premier magistrat du pays, qui était censé veiller au respect des lois. Rongés actuellement par les remords d’avoir été trahis par « le président des pauvres », ce « philanthrope » qui déclarait à tue-tête ne posséder qu’une « brigade hydraulique destinée à approvisionner les populations démunies en eau potable», les Mauritaniens sont désormais en droit d’exiger l’examen de fond en comble de la gestion des dépenses publiques et des budgets de l’Etat durant la décennie sombre qu’ils ont traversée sous l’ancien régime. Comment ce malfrat a pu nous faire prendre le faux pour le vrai pendant toute une décennie ? Comment étions-nous aussi dupes ?


Que faire, maintenant que nous nous sommes rendus compte que Mohamed Abdel Aziz ne faisait que piétiner les lois et les convenances sociales ? Je ne fais pas allusion ici à sa vie privée que beaucoup de Mauritaniens ignorent – heureusement pour eux – ni aux scandales de toute sorte qui l’avilissent. Je m’interroge tout simplement sur la place qu’il peut encore occuper dans une société conservatrice où les règles morales qu’impose la conscience personnelle sont plus importantes que les obligations juridiques formulées par l’Etat.

De ce point de vue, je ne demande pas aux Mauritaniens de bannir cet homme au visage austère et continuellement crispé, connu pour son mépris total pour les gens (à l’exception de sa famille nucléaire), son égoïsme, sa cupidité sans limite et sa malhonnêteté. Je leur demande seulement de le remettre à sa place. Quelle place ? Celle de toute personne qui n’a aucun respect pour la chose publique, celle d’une personne qui ne recule devant rien quand il s’agit de ses intérêts personnels ou de ceux de sa famille. Savez-vous, chers compatriotes, que l’ancien président passait 90% de son temps au palais présidentiel en traitant ses affaires personnelles ? Combien de parcelles de terre, de licences de pêches de fonds a-t-il accordées aux membres de sa famille ? Combien de commissions a-t-il empochées ? Combien de marchés a-t-il conclus en surendettant le pays uniquement dans le but d’engranger des commissions ?


Malgré l’énorme fortune qu’il a amassée durant ses deux mandats et en dépit de l’élection d’un nouveau président de la république, Mohamed Abdel Aziz croyait pouvoir continuer à nous duper mais ses calculs s’étaient révélés faux lorsqu’il a essayé de présider aux destinées de l’UPR. En fait, l’ancien boss se considérait comme le vrai président de la république malgré l’investiture de son successeur sinon il ne se serait pas envolé pour la Turquie  au lendemain de la passation de pouvoirs qui eut lieu le 1er août 2019, avec le même passeport qu’il avait lorsqu’il était aux commandes du pays c’est-à-dire un passeport portant la mention : « Président de la République » alors qu’il devait voyager avec un nouveau passeport portant la mention « Ancien président », son nouveau statut !


Ayant découvert le pot aux roses, devons-nous condamner moralement et traduire en justice celui qui se considérait jusqu’à hier comme un président exemplaire ou sommes-nous, sans détour, une société de thuriféraires qui ne mérite que l’avanie et les insultes faites en face ?
D’aucuns pensent que la conspiration du silence et la culture de flagornerie qui caractérisent la plupart de nos politiques permettront à l’ancien président de passer entre les mailles du filet malgré les déclarations de ses anciens valets qui ont lâché le morceau pour se défendre contre les accusations dont les accable aujourd’hui l’opinion publique. Pourtant les preuves de culpabilité sont là : fraude fiscale (les entreprises de l’ancien boss ne payaient pas les impôts), vols d’eau et d’électricité !
Il est vrai que les mesures de précaution prises par le gouvernement pour juguler la pandémie du covid-19 ne permettent pas l’organisation des rassemblements populaires pour dénoncer en masse les crimes et les délits de Mohamed Abdel Aziz, mais dans de pareilles circonstances, il faut s’ingénier pour continuer à se mobiliser. S’il n’est pas permis actuellement d’investir la rue, il faut recourir aux réseaux sociaux pour dénoncer les concussions de l’ancien président. Tous les Mauritaniens doivent s’inscrire en faux contre les agissements de ce malfrat qui se procurait frauduleusement eau et électricité alors qu’il en privait des citoyens vivant dans le dénuement total !
Ahmed O. Salek