Que n’a pas fait le Mali pour associer la Mauritanie à la traque de ces narcotrafiquants qui agissent sous le couvert du Coran ? Mais le régime de Nouakchott traine des pieds. Voici la chronique de Jean Pierre James sur le site malien « Nouveau réveil »
(…) La Mauritanie ne participe pas à la force internationale qui se déploie au Mali voisin sous la bannière des Nations Unies pour le maintien de la paix. Pourtant le pays de Ould Aziz est lié au Mali à travers des liens séculaires de bon voisinage et récemment les accords du G5 Sahel, une organisation sous-régionale qui regroupe avec eux le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.
Quelles recettes pour la Mauritanie dans tout ça ? Bien que la menace jihadiste frappe à ses portes, elle est encore épargnée par les attentats terroristes depuis février 2011- et l’échec d’un attentat à la voiture piégée à Nouakchott dont l’un des commanditaires Cheikh Ould Salek condamné à mort s’est évadé dans la nuit du 31 décembre 2015 de la prison civile dans des circonstances non encore élucidées.
Une trêve tacite
Tout se passe ou se joue comme s’il existait une sorte de trêve tacite, donnant-donnant, entre d’une part, les groupes terroristes et les autorités de Nouakchott ! L’une des clauses de ce pacte inavoué serait que les forces armées mauritaniennes ne s’affichent pas dans une guerre ouverte avec ces groupes terroristes même dans le cadre d’une force onusienne. Jusqu’où ira la trêve? Malgré tout le pays d’Aziz demeure une cible potentielle même si le pacte tient encore bon.
L’histoire récente nous a appris que Amadou Toumani Touré (ATT pour les intimes) qui a abandonné, non sans conséquences, le Nord du Mali au trafic trans-saharien a laissé son pays au bord de la déconfiture. Au Burkina voisin, les mêmes causes ont produit les mêmes effets.
Le départ forcé du président Blaise Compaoré, grand médiateur (entre les occidentaux et les groupes armées) dans la libération des otages, le pays des hommes intègres est devenu la cible des jihadistes. L’attaque de l’Hôtel Splendid, la première du genre, au cœur de la capitale Ouagadougou (20 morts) et l’attaque de L’État major en plein cœur de Ouaga en sont la preuve. À qui le tour ?
Des terroristes protégés?
C’est cette question qui revient sur les lèvres depuis la déclaration expresse du groupe djihadiste d’Iyag Aghaly qui semble éviter d’ouvrir toute les hostilités avec Nouakchott tout en cherchant tacitement des accords pacifiques avec les unités mauritaniennes de surveillance des frontières.
Comme Aqmi qui a fini par évacuer ses bases près de la frontière avec la Mauritanie, Iyad, voudrait compter au moins sur « un allié » de la sous-région qui a préféré prendre ses distances vis-à-vis de toute ingérence militaire dans une guerre qui n’est plus la sienne. Même si la Mauritanie est un devant de toute initiative de lutte contre le terrorisme dans la sous-région, elle n’a pas accepté de participer à l’opération Serval au Mali encore moins à la force G5 Sahel.
Expliquant le drame de Nara, des sources soutiennent que les assaillants étaient venus de la forêt du Wagadou, vers la frontière Mauritanienne. Tout comme Nampala en janvier 2015, plusieurs sources confirment que les terroristes qui ont attaqué la ville de Nara sont venus de la République islamique de la Mauritanie.
Auparavant, des membres des groupes armés blessés, lors des combats à Léré, ont été internés à l’hôpital régional de Néma dans la wilaya du Hodh Charghi à l’Est de la Mauritanie et au niveau de l’hôpital militaire de Nouakchott, afin de bénéficier de soins nécessaires.
Si l’attaque de Léré qui a été revendiqué par la CMA a coûté la vie à 9 militaires maliens, il reste des zones d’ombres sur la provenance du soutien des assaillants et de leur provenance qui selon des sources locales sont venus de la Mauritanie.
En tout état de cause, quelle république est-elle la Mauritanie? Quel rôle joue-t-elle dans la crise au Nord du Mali? Des questions que se posent de plus en plus les maliens sur le pays d’Ould Aziz.
Discrète et apparemment en retrait de la politique intérieure du Mali, la présence de la Mauritanie est facilement reconnaissable à travers ses prises de positions qui ne laissent pas indifférentes dans le feu de la lutte contre le terrorisme au Sahel. À la Mauritanie de cesser ses contorsions diplomatiques pour jouer le rôle qui est le tien dans la chasse aux groupes armés, dont elle a toujours fait son sacro-saint principe.
Aujourd’hui, tous les maliens ont la certitude qu’avec le refus des terroriste de brûler le drapeau mauritanien et la libération de Sanda Ould Boumama, un leader du groupe jihadiste Ansar Eddine par la Mauritanie, il existe un deal entre la nébuleuse et le président Ould Aziz.
En bloc, il existe un véritable pacte entre la Mauritanie et les groupes armés au Mali qui utilisent toutes les astuces pour recruter et exécuter leurs sales besognes.
En attendant, la position de la Mauritanie face au péril qui menace le Mali est ondoyante et diverse. Au fait, toutes les fois qu’elle a été appelée à se prononcer sur le sort qu’il faut réserver aux groupes armés du Nord, le pays d’Aziz a adopté une attitude confuse.