La Mauritanie, ce pays qui dispose des atouts énormes pour être prospère et enviée, traverseune des périodes les plus dramatiques de son histoire. Une chronique de Marega Baba.
Prise en otage par un pouvoir, militaro-puschiste depuis une dizaine d’années, un pouvoir incompétent – les décisions sont prises, les projets sont concoctés, les investissements sont faits, sans analyses préalables, mais en fonction des humeurs et des intérêts particuliers -, un pouvoir autocrate – « un guide éclairé » comme disait l’autre, qui « ne se trompe jamais », qui« n’échoue jamais » et qui « ne commet jamais d’erreurs » et un pouvoir « gabegiste » – les deniers publiques sont dilapidés dans des projets sans queue ni tête ( construction de villes nouvelles, aéroport, …) pour tout simplement satisfaire des intérêts souvent particuliers ou obscurs- Les structures étatiques (administration, et autres) sont abîmées déstructurées et délabrées et la cohésion nationale est mise en mal.
Un endettement colossal
Le niveau d’endettement du pays est devenu insoutenable. Il a atteint 93 % du produit intérieur brut (PIB), soit environ 5 milliards de dollars, selon Masood Ahmed , directeur du département Moyen Orient, Asie centrale et Afrique du Nord du fonds monétaire international (FMI). L’expert a souligné que la dette extérieure de la Mauritanie dépasse la moyenne africaine qui est de 50 % du PIB.
Cette situation chaotique a eu comme conséquences la dévaluation progressive de l’ouguiya, la montée vertigineuse des prix des denrées de première nécessite ( pain, sucre, riz, huile,..) rendant la vie des populations insupportables. Et plus grave encore à partir de ce 1er janvier 2018, la monnaie nationale est divisée par 10, une forme déguisée pour atténuer les effets ; le ressenti ou le visuel ou psychologique de cette dévaluation continue. Mais c’est une manœuvre qui ne connaîtra pas long feu, la hausse déchaînée des prix viendra annihiler cette dissimulation grossière.
La Mauritanie, par sa nature et sa composition devait jouer un rôle qui lui sied dans le concert des nations, en particulier son rôle historique de rapprochement entre le monde Africain et Arabe, « trait d’union entre l’Afrique noire et le monde Arabe » . Aujourd’hui elle est, le moins qu’on puisse dire, hors jeu et à tous les niveaux. Ce pouvoir est dans l’incapacité d’établir un lien minimal durable avec les pays voisins et frères, en cause, son incompétence, son amateurisme et sa politique de courte vue teintée de chauvinisme et de d’autres tares.
Par sa politique dictatoriale et répressive contre les personnalités, les organisions civiles, politique, les ongs les journalistes, les parlementaires, la presse, …, et par l’inféodation de la justice, ce régime a réussi à mettre le pays au ban des nations avec tout ce que cela comporte : l’isolement national et international sans précédent.
L’impopularité du pouvoir, son isolement, la crise multiformes ont atteint un seuil, qui pourrait faire basculer à tout moment le pays vers l’inconnue. L’échec lamentable du dernier « référendum » est bien une illustration de la défiance des populations vis à vis de ce pouvoir. Mais comme tout pouvoir autocrate, c’est la fuite en avant jusqu’à l’effondrement.
Le pire à venir
Nous sommes devant une situation sociale – aggravée par une sécheresse exceptionnelle (et les mesures obscures prises dont les montants alloués finiront probablement dans les poches de trois commerçants comme d’habitude) et une situation économique et politique qui ne sont plus tenables encore pendant longtemps. Le président Ould Abdel Aziz et son son gouvernement ne semblent pas mesurer sa gravité.
L’urgence pour le pays est donc un large rassemblement de toutes les forces patriotiques et démocratiques et de tous les amis de la Mauritanie pour conjurer le danger l’effondrement et ouvrir une perspective salutaire pour ce pays.
Le pouvoir est devant deux alternatives qui s’offrent à lui : œuvrer pour l’apaisement du climat social et politique – c’est l’alternative patriotique- ou bien jouer au pourrissement en mettant le feu la maison commune – avec par exemple la hausse continue des prix, ou par exemple les appels répétés de ses sbires pour un troisième mandat, … – auquel cas on peut craindre le pire dans les semaines et mois à venir.
Marega Baba/France