La mascarade marseillaise que fut la dernière élection municipale vient de trouver un épilogue tragi comique. Une libre opinion de Rabha Attaf, grand reporter, spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient
Michèle Rubirolla, qui n’a jamais été là contrairement au slogan populiste de son affiche de campagne -« Rubirolla est là ! »- démissionne pour laisser la place chaude à Benoit Payan, le candidat initial du Printemps Marseillais -une sorte d’habillage « citoyen » du PS. Du moins, celle qui est devenue la première femme élue maire de Marseille, propose une permutation des rôles. Est-ce pour mieux faire avaler la couleuvre aux électeurs qui ont voté pour elle, l’écolo BC-BG, et non pour le PS dont les cendres des scandales sont encore fumantes.
Médecin de profession, Mme Rubirolla se savait pourtant atteinte d’une longue maladie et a toujours été réticente à devenir maire. Alors pourquoi avoir accepté de conduire la liste du Printemps Marseillais malgré le fait qu’elle savait parfaitement qu’elle ne pouvait pas assumer cette lourde charge ? D’ailleurs, elle le disait en pointillé en public et ne le cachait pas à ses proches. « Dans trois mois je ne serai plus là », leur confiait-elle. Pourquoi aussi vouloir occuper le rôle de premier adjoint puisqu’elle invoque des raisons médicales pour justifier son retrait ? A Marseille, le sens de la responsabilité politique semble très volatile.
Le fait est que Mme Ruburola, présentée abusivement comme une novice en politique, a accepté de servir de vitrine à Benoit Payan, le candidat initial du PM qui n’arrivait pas à faire consensus. Très clivant, ce quarantenaire dont les mauvaises langues disent qu’il a les dents qui rayent le parquet est un pur produit de l’appareil du PS local, d’abord filleul de Jean-Noel Guerini, puis de Marie-Arlette Carloti.
Un tour de passe passe
En se maintenant à la mairie la « bonne-maire » espère sans doute sauver les apparences au lieu de se retirer, comme l’exigerait son état de santé. Mais, à Marseille, personne n’est dupe car Michèle Rubirolla et Benoit Payan entretiennent une complicité amicale depuis plusieurs années. Aux élections cantonales de 2015, ils formaient déjà un binôme.
Ce tour de passe-passe est probablement aussi destiné à éviter la zizanie au sein de la courte majorité où les grincements de dents se font déjà entendre depuis un moment. Mais il n’en demeure pas moins que nombre de marseillais se sentent aujourd’hui trahis, avec le goût amer d’avoir été enfumés lors des élections municipales… tandis que Benoît Payan, en politicien manoeuvrier ayant enfilé les habits de maire avant l’heure, se voit conforter dans son fauteuil. Il devient donc le plus jeune maire de Marseille, mais aussi l’instrument d’un PS revenu aux affaires par la petite porte.