Notre chroniqueuse, Nouhad Fathi, s’inquiète des premières initiatives du nouveau ministre de l’Education, Said Amzazi, qui ne lui parait pas taillé pour le job
Quand j’ai vu la photo génuflexion embarrassante de Said Amzazi, le nouveau ministre de l’Education Nationale, devant le roi le jour de sa nomination, je me suis demandé s’il était capable d’honorer sa nouvelle mission en pleine conscience que les défaillances de son ministère ont produit, et continuent de produire, des citoyens sans réel avenir. Ou bien continuera-t-il à prendre des décisions sans se soucier de leur impact sur les premiers concernés ?
L’obéissance est un trait de caractère inquiétant. On le sait depuis que le psychologue américain Stanley Milgram a demandé, au début des années 1960, à des personnes d’administrer des électrochocs à d’autres sans autre raison que de vérifier leurs capacités d’apprentissage. L’expérience — et d’autres qui ont suivi — a permis d’établir que les individus les plus obéissants à l’autorité sont ceux qui se soucient le moins du bien-être de leurs congénères. On reconnaît ces individus-là en observant, entre autres, leur langage corporel.
Souvent le ministre varie
En 2016, quand il était encore doyen de l’université Mohammed V de Rabat, Said Amzazi a décidé de porter les frais d’accès à certains mastères à 40.000 dirhams pour les étudiants salariés. Comme ça, sans prévenir. La décision a été prise plusieurs mois après la date de passage des examens.Voici un homme qui change d’avis comme de chemise.. Quatre ans plus tôt, il manifestait devant le lycée français Descartes de Rabat pour protester contre la flambée des frais de scolarisation. “Aujourd’hui, j’ai trois enfants, une au primaire, une au collège, une au lycée, je paye aujourd’hui 3 000 euros par trimestre, pratiquement 9 000 euros par an”, avait-il déclaré à l’époque à l’AFP. “La plupart de ces jeunes sont là par défaut. Et comme par miracle, ce sont ces profils-là, très moyens, qui après 3 courtes années à l’université devraient s’arracher sur le marché du travail! Soyons sérieux… ”, disait-il, il y a quelques mois, à propos des jeunes qui atterrissent à l’université parce qu’il n’ont pas eu le privilège de l’enseignement français à plusieurs milliers d’euros.
Limogé lors du “séisme politique”, Mohamed Hassad n’a pas assez duré à la tête de ce ministère pour nous rendre réellement nostalgiques, mais il nous avait donné un élan d’espoir que Said Amzazi écrase par sa simple nomination. Quelque chose me dit qu’avec lui, nous allons collectionner les déceptions. A suivre.