À l’approche des élections présidentielles au Gabon qui devraient se tenir fin août 2023, la petite musique sur l’impossible « candidature unique de l’opposition » revient pour justifier, comme lors de chaque scrutin, le maintien au pouvoir des Bongo père et fils.
L’absence de « candidature unique de l’opposition » gabonaise justifierait les succès électoraux des Bongo de père en fils. Cette grille de lecture est avancée lors de chaque scrutin par de très sérieux journalistes et autres « spécialistes ». Il n’y a pas encore eu d’alternance au Gabon? C’est parce que l’opposition est incapable de s’unir.
Mieux, on prévoit – sinon on justifie – qu’Ali Bongo « remportera » l’élection à venir non pas parce que les électeurs gabonais se seraient dans leur majorité décidés de voter pour lui, mais parce que « l’opposition gabonaise » n’aura pas su présenter un challenger susceptible de le battre. ette idée, séduisante, n’a jamais tenu à l’épreuve des faits.
Depuis la fin du parti unique au Gabon (où Omar Bongo était candidat « naturel » lors de chaque élection présidentielle (1973, 1979, 1986) plus de dix candidats se présentaient. Hist,oire de faire de la figuration..
1993, coup d’état électoral
En 1993, Omar Bongo est battu dans les urnes. La fraude est évidente, puisque les voix de la capitale Libreville et de la province de l’estuaire soit plus de la moitié des électeurs ne sont pas décomptés lorsque Bongo est déclaré vainqueur par le ministre de l’Intérieur Antoine Mboumbou M
« Paul, tu as gagné… »
Des années après, Marcel Eloi Rahandi Cha
La fraude encore…
En 1998 et 2005, il y a des élections présidentielles au Gabon et là aussi plusieurs candidats, mais face à Omar Bongo un homme émerge : Pierre Mamboundou, Maire de Ndendé une petite ville dans le sud du Gabon et député de la Dola. Malgré une couverture médiatique très favorable (une journaliste dira par exemple « Omar Bongo a été déclaré élu avec 66% des voix, on se demande s’il y aura un deuxième tour »), des preuves de la fraude et de la défaite d’Omar Bongo face à Pierre Mamboundou sont présentées…
En 2005, rebelote, Bongo est battu – y compris dans les casernes, l’armée ayant voté à part cette année là – son challenger Pierre Mamboundou revendique encore la victoire. Opposant efficace, il démontre même que la présidente de la cour constitutionnelle, l’inamovible Marie Madeleine Mborantsuo est elle-même…en porte-à-faux avec la constitution du Gabon puisqu’elle en est à son troisième mandat en violation de l’article 84 de ladite constitution !
Le seul moment où l’on peut déplorer que l’opposition gabonaise n’ait pas su parler d’une même voix, c’était lors de l’élection présidentielle anticipée de 2009, mais c’était après le vote ! En effet, à l’issue du vote, trois personnes ont revendiqué avoir remporté l’élection : Ali Bongo, André Mba Obame et Pierre Mamboundou. Si plus tard plusieurs sources très sérieuses ont désigné André Mba Obame comme le vainqueur de cette élection, c’était la première fois qu’une telle confusion avait lieu. Et à ce jour bien malin celui qui pourrait dire avec certitude qui a gagné l’élection présidentielle de 2009…
2016, la défaite/victoire
En Août 2016, nouvelle élection présidentielle, plusieurs candidats en lice (14 au total). Face à Ali Bongo au pouvoir depuis 2009, Jean Ping, ancien membre du sérail, ancien président de la Commission de l’Union Africaine. À l’issue du vote, Jean Ping bat Ali Bongo, mais n’arrive pas au pouvoir. Comme en 1993, 2005 et 2009 une violente et sanglante répression s’abat sur le pays. La cour constitutionnelle déclare Ali Bongo vainqueur dans une capitale sous contrôle de l’armée
Lors de la Présidentielle de l’été, Ali Bongo devrait encore se maintenir au pouvoir. Et jusqu’à sa mort. Ce qui est naturel pour le chef d’une junte militaire en costume cravate. L’armée gabonaise, le vrai parti du Président, aime en chantant jurer de le défendre « jusqu’au bout du sacrifice suprême ».