De tous bords, constate le journaliste Marc Saikali, les seules informations qui concordent, c’est que la guerre au Liban risque d’être longue. Un cauchemar pour la population. Chacun des protagonistes promet la victoire à son camp. Les gens! Un détail, voyons. Comme disait Staline, « un mort, c’est une tragédie; un million de morts, c’est une statistique ».
Un cessez-le-feu? Totalement hors de vue. La Ligue arabe, pour ne parler que d’un « machin » encore plus inutile que celui désigné par le général de Gaulle (l’ONU), ne s’est même pas donné la peine de se réunir.
Les pays arabes sont lucides face à leur totale impuissance. Les forces qui gèrent leur avenir ne sont pas arabes. Perses, Israéliens, Turcs, occidentaux… les 450 millions d’Arabes sont spectateurs de leur tragique destin.
Les déplacés? Tous les jours, de nouveaux centres d’accueil ouvrent. De plus en plus grands. Autant dire que la situation ne va pas s’améliorer.
Alors que faire? Une seule chose: élire un président. Tout de suite. Les députés devraient se rendre immédiatement au Parlement pour des séances ouvertes et ininterrompues. Il est urgent de donner au Liban une voix et un visage légitimes.
La tâche de ce président sera rude. Il devra négocier l’après-guerre. La mise en application des résolutions 1701 et probablement 1559. Des missions herculéennes. Parce que c’est sous son mandat que le pays devra écrire son futur proche. Et son avenir, s’il lui en reste un en tant qu’entité souveraine.
En attendant, de ripostes en vengeances, d’assassinats en ripostes, un cercle vicieux fait de sang et de poudre se met en place. De semaine en semaine, régulièrement, un cran est franchi.
Il est plus que probable que rien ne puisse arrêter la machine infernale avant la présidentielle américaine, voire l’investiture du nouveau ou de la nouvelle president(e) en janvier 2025.
Au regard des souffrances, il peut paraître déplacé de pointer des responsabilités. Cela dit, les mollahs iraniens devraient faire leur introspection et essayer de répondre à des questions simples: en quoi les milices qu’ils arment et financent depuis des décennies ont-elles réussi? Les Palestiniens vont-ils avoir un État ou risquent-ils d’être définitivement balayés de l’Histoire?
Le Liban, qui n’avait rien demandé, va-t-il récupérer les fermes de Chebaa, si tant est que la reconnaissance de leur libanité soit admise par les Syriens par exemple?
Le Hezbollah ne s’attendait probablement pas à subir autant de pertes en si peu de temps. S’il veut conserver un rôle politique, il devrait faciliter l’élection d’un président fort.
Les Israéliens jouent la montre. Ils sont décidés à éliminer tous leurs adversaires, partout. Et ils en ont les moyens.
Les Iraniens pensent tirer leur épingle du jeu dans la construction d’un nouveau Proche-Orient.
La Syrie n’existe plus. Les Russes, qui y font la loi aux côtés des Gardiens de la révolution, assistent en spectateurs aux frappes quotidiennes sur le pays.
Les Libanais, pauvre peuple, ne doivent donner leur confiance à personne. Ils sont les pions que l’on sacrifie sur un échiquier. Il faut saluer ici les actes héroïques. Ceux des membres de la Croix-Rouge, de la Défense civile, des particuliers, des incroyables équipages de la MEA qui décollent et atterrissent entre quelques F35, des drones, des raids et des missiles, pour garder entrouverte la porte du petit pays quand tous les autres pays du monde s’en vont.
Le Liban a été entraîné dans une aventure mortelle qui ne le concernait pas. Depuis des années, on nous expliquait qu’il y avait un équilibre de la terreur. Dans la réalité, nous découvrons un déséquilibre des forces et des erreurs.
Diogène devrait sortir de son tonneau athénien et parcourir les rues de Beyrouth « à la recherche d’un homme », un sage. Sera-t-il un président? L’espoir fait vivre.