Pour comprendre le dysfonctionnement d’un système dont on s’accorde à reconnaître qu’il est unique au monde et qu’il mérite d’être sauvé, il faut s’arrêter longuement aux Accords de Taëf conclus sous l’égide de l’Arabie saoudite en 1989 pour mettre fin à la guerre civile de 1975. Ils ont été reconduits tels quels – à défaut d’être reformulés comme il aurait fallu au fil des évènements – sur une période de trente ans. Ils servent encore aujourd’hui de constitution au Liban.
Une chronique de Xavier Houzel
La constitution au Liban d’un gouvernement de mission comme l’a préconisé le président de la République Française est du ressort de l’exorcisme. Après quatre cents ans de domination ottomane, vingt-cinq ans d’influence française, trente ans de difficile indépendance (avec un débarquement de Marines en 1958), trente ans d’occupation syrienne et trente années supplémentaires de sujétion à l’Arabie saoudite, les Libanais ont hérité de nombreux démons dont ils continuent d’être habités ; il faut les en excuser. Ils méritent un sort meilleur que celui d’une descente aux enfers, comme on la leur promet.
Auparavant, la vie nationale s’articulait autour d’un Pacte non écrit, dit Pacte national libanais, datant de 1943, entre les trois communautés chiites, maronites et sunnites. Le corpus de l’ensemble des documents à valeur historique fondatrice de la nation libanaise comprend aussi d’autres textes comme l’Accord du 17 mai 1983[i] entre le Liban et Israël « actant que l’état de guerre entre le Liban et Israël a pris fin et n’existe plus » rendu caduc par les Accords de Taëf, de même que les verbatims de deux conférences dites de réconciliation tenues à Genève et Lausanne au printemps de 1984 « actant l’arabité du peuple libanais ». Les noms des pères fondateurs du Liban d’alors sont, tout en roueries et subtilités : Camille Chamoun, Pierre Gemayel, Kamal Jumblat et Rachid Karamé, auxquels il faut ajouter celui d’un absent, l’Imam Chiite Moussa Sadr, disparu en Libye en 1978, lequel prônait la modération, la justice sociale et le dialogue entre les communautés. On comprend pourquoi les Libanais ont une perception de leur Histoire qui va « de la qualité à l’espace, de l’espace à la chose et de la chose à l’horizon des choses », selon l’expression de Merleau-Ponty.
Vue de l’extérieur, la situation est plus intelligible : l’esprit des Accords de Taëf est d’abord géostratégique. Il porte le sceau d’Abdallah bin Abdulaziz, prince bédouin de grande tente, futur régent et roi d’Arabie saoudite. Il avait une vision à longue échéance. L’armée syrienne pouvait rester au Liban de façon indéfinie et se déployer dans la plaine de la Bekaa ; les politiques économique, culturelle et extérieure du Liban devaient s’aligner sur celles de la Syrie. Un accord de fraternité sera même été signé entre le Liban et la Syrie le 22 mai 1991. Au-delà de sa tutelle sur le Liban, les accords faisaient de la Syrie l’élément structurant d’une construction régionale appelée à être un jour élargie dans le monde arabe. Le Liban faisait partie du monde arabe et n’avait pas besoin de frontières comme on les dessine à la mode de Sykes et de Picot.
L’invasion du Koweït par l’Irak pendant la Guerre du Golfe de janvier 1991 fut une première transgression de l’esprit des Accords de Taëf. Aussi bien fut-ce avec regret que l’Arabie saoudite participa à ce conflit. Cet esprit fut enfreint une deuxième fois après les attentats du 11 septembre 2001, lors de l’occupation de l’Irak par l’armée américaine, décidée contre l’avis de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et de la France. Un vide était créé en Mésopotamie que la République Islamique d’Iran allait bientôt remplir. Les chiites libanais, qui en référaient au clergé de Nadjaf en Irak et qui recevaient de Saddam Hussein la majeure partie des bourses de leurs étudiants, se tournèrent vers la Perse.
L’un des fidèles de l’Ayatollah Khomeini, actif en Syrie et au Liban, le diplomate Ali Akbar Mohtachemi (qui vient de décéder) s’évertua à rapprocher la Syrie et le Liban de l’Iran révolutionnaire et schismatique. La création qu’on lui doit du « Hezbollah », que n’avaient pas anticipée les parrains arabes des Accords de Taëf, ne découragea cependant pas le prince Abdallah, soucieux de trouver une solution au conflit israélo-palestinien. Assumant la régence du royaume à partir de 1996, il jeta un pavé dans la mare en adressant – fait exceptionnel – une offre de paix à Israël (dite Plan Abdallah) pour en terminer avec ce conflit. Son initiative fut reprise et adoptée par la Ligue Arabe à l’occasion de son sommet de Beyrouth de Mars 2002. En vain.
L’année 2005 porta un coup fatal aux Accords de Taëf, en mettant à l’imbrication de la Syrie et du Liban mais elle précipita aussi la Syrie dans le camp adverse ! Les vues du président Bachar al-Assad étaient favorables à la Russie et à l’Iran ; elles divergeaient de celles des États-Unis et de la France (le discours de Villepin était loin et Chirac était un Atlantiste convaincu). L’Égypte et l’Arabie saoudite avaient opté pour l’Ouest.
2005 est l’année où Abdallah devient roi, après avoir reconduit à Houston le Pacte de Quincy. La date marque la rupture du camp occidental avec la Syrie : Rafik Hariri[ii] est assassiné, Ghazi Kanaan[iii] se suicide et Abdel Halim Khaddam[iv] fait défection, ce qui fait crier au complot. L’affaire ne sera jamais élucidée. La violence du traumatisme subi (on peut parler de douleur) provoque la coupure définitive d’un cordon ombilical entre les deux pays !
Que l’on ne s’étonne pas de voir la Syrie tiraillée depuis entre l’Iran, la Russie et la Turquie ! Qu’on ne se plaigne pas non plus de voir l’état dans lequel le Liban est aujourd’hui réduit ! Bref ! Le roi fit de son mieux pour préserver le Liban et son intégrité. Soucieux de lui donner un autre cadre structurant, il envisage, en janvier 2011, l’instauration d’un marché commun arabe. Son ministre des Affaires étrangères, le prince Saoud bin Fayçal, voit une Union Douanière Arabe en place dès 2015 et prévoit l’inauguration du Marché Commun pour 2017. Mais le souverain meurt avant. Le projet comportait un réseau ferré de même que l’électrification complète de toute la région.
Le printemps égyptien va mettre un terme à ce beau projet. Hosni Moubarak est balayé ; le régime syrien est ébranlé ; le petit Liban est contraint d’accueillir 1,5 million de réfugiés syriens. Ce n’est pourtant qu’en 2013 que les positions seront définitivement figées par rapport à la Syrie. L’État Islamique a fait son apparition ; la situation a gagné en complexité. Les fondamentaux qui constituaient le noyau dur des Accords de Taëf ne sont plus là. Le roi comprend que l’armée est le dernier rempart du Liban et son épine dorsale de secours. Il partage cette analyse avec la France, ancienne mandataire du pays du Cèdre.
C’est pourquoi, en décembre 2013, il octroie trois milliards de dollars d’aide financière au Liban, pour que son armée, faiblement équipée, achète des armes et il demande que la transaction se fasse avec la France dans la plus grande transparence. Le président libanais de la République, Michel Sleimane, déclare alors : « Il s’agit de l’aide la plus importante dans l’histoire du Liban et de l’armée libanaise… Le roi saoudien a décidé d’octroyer une importante aide au Liban d’une valeur de trois milliards de dollars alloués à l’armée libanaise pour renforcer ses capacités »… Les armes seront achetées de l’État français dans les plus brefs délais vu les relations historiques qui le lient au Liban et à l’étroite coopération militaire entre les deux pays. » Il faudra près d’un an et demi pour que cet accord se concrétise. Certains équipements seront livrés en avril 2015 ; une deuxième livraison était prévue au printemps 2016. Le roi Abdallah ne pouvait pas faire plus ; il est décédé en janvier 2015. Entre la signature des Accords de Taëf en 1989 et le jour de la mort du roi, les avances prodiguées à fond perdu au Liban par l’Arabie saoudite se sont montées à 112 milliards de Dollars.
À peine un an après la disparition du roi – juste le temps qu’il faut pour que sa succession soit organisée – l’Arabie saoudite, constatant des « positions libanaises hostiles résultant de la mainmise du Hezbollah sur l’État », annonce avoir interrompu son aide. D’autres décisions, concernent la France, à laquelle le nouveau roi et son fils reprochent de ne pas couper toute relation avec le « Hezbollah » libanais.
Le mauvais sort frappe à nouveau le Liban car le royaume vient ainsi d’exprimer sa protestation contre le rôle en Syrie de la milice du parti libanais « Hezbollah » qu’il juge préjudiciable à ses intérêts. Sous l’impulsion de son fils, le nouveau roi Salman bin Abdulaziz a engagé son armée au Yémen dans un cycle de dépenses militaires somptuaires. Les rentrées pétrolières du pays sont en diminution et le pays a du mal à honorer ses propres engagements, notamment les 8 milliards de Dollars de dettes qu’il a accumulées à l’égard de la compagnie de construction Saudi Oger, propriété du Libano-saoudien Saad Hariri.
En avril 2016, cette entreprise de bâtiment et de travaux publics licencie 20 000 employés, ce qui n’empêche pas son propriétaire d’accepter, huit mois plus tard, le 18 décembre 2016, le poste de Président du Conseil des ministres du Liban. En juin 2017, la société n’est toujours pas remboursée de ses avances et elle doit mettre au chômage la quasi-totalité de son personnel et fermer ses portes.
Le monde entier va assister à la confession quasi publique du Président du Conseil des ministres du Liban, auteur d’une faillite retentissante dont il se sait responsable mais pas coupable. Il est l’hôte à Riyad de Mohamed bin Salman (MBS), nommé depuis peu prince héritier et vice-premier ministre du royaume. Hariri justifie sa bouleversante démission par la mainmise excessive qu’il dénonce du Hezbollah et de l’Iran sur le Liban, où il déclare craindre pour sa vie ! On pense à son père. L’accusation qu’il profère est d’une très grande gravité et la crise que déjà elle déclenche est propice à toutes les suppositions. Aucun commentateur de presse n’ose mettre en doute ni l’authenticité de sa démarche ni la sincérité de son émotion. Les chancelleries sont abasourdies, jusqu’au moment où l’on apprend que l’avion du président de la République Française en provenance des Émirats Arabes Unis fait un détour inopiné par la capitale saoudienne et se présente à l’atterrissage sans y être invité.
La nouvelle se propage qu’Emmanuel Macron vient au secours de Saad Hariri, séquestré par un Barbe Bleue des temps modernes aussi redoutable que perfide ! On connaît la suite : plus de peur que de mal. Saad Hariri n’est retenu par personne. « Iron Man Macron » reprend son vol et l’incident est clos. Oui, peut-être, mais il ne l’est pas pour tout le monde, parce que le jeune prince n’a pas toléré et n’oubliera jamais l’humiliation que le président de la République Française vient de lui faire subir devant les caméras du monde entier. Le nouvel homme fort d’Arabie saoudite ne craint personne et il n’a que faire du Liban, de la Syrie, du Levant, du Moyen-Orient et du reste du monde.
Mais, comme c’est souvent le cas avec les tentatives avortées d’actes majeurs – le plus souvent parce que les hommes ne sont pas à leur mesure – ce qu’il en reste sert de hochet ou de chiffon rouge en marge de secrets enfouis et d’espoirs abandonnés : MBS va se servir des Accords de Taëf, puisqu’ils sont sur la table et qu’on les dit sacro-saints. Ils survivent de plus belle à Beyrouth, où l’on se berce encore d’illusions.
D’autant plus qu’une violente explosion a secoué le pays – les silos du port de Beyrouth ont explosé, deux cent morts, le pays sombre dans un puits sans fond. MBS ne cille pas. Emmanuel Macron a accouru. À ce drame et à la crise bancaire s’ajoute une crise gouvernementale. MBS va laisser Iron Man Macron et son ministre Le Drian se dépatouiller seuls avec la communauté internationale ; il guette le faux-pas, une erreur d’appréciation de Jeanne d’Arc. Les bailleurs de fonds répondent présents mais ils chargent la France de subordonner leur aide à des réformes. L’enfer du Liban, c’est Iron man Macron qui va le vivre !
MBS mobilise les familles timariotes[v] sunnites libanaises – l’ancienne clientèle du Sultan de Constantinople[vi], désormais inféodée à l’Arabie saoudite. Leurs rejetons sont tous là, dans un rituel de reddition, nus sous leurs robes de bure, autour du meilleur d’entre eux, Saad Hariri, missionné pour tenir le rôle de l’imbécile heureux, profil qu’il doit conserver le plus longtemps possible, docile aux pieds d’un suzerain inflexible pour lequel il ne sert à rien de sauver un pays tout entier, comme il pourrait le faire d’un battement de cil.
La consigne à faire respecter par ceux qu’en d’autres temps, on eût qualifiés de collaborateurs est que le Français ne puisse pas au grand jamais être crédité de quelque succès que ce soit, ni dans la résolution de la crise gouvernementale, ni dans la solution de la crise bancaire, ni dans le dénouement de la crise politique, sociétale et morale du Liban. C’est à eux d’enrayer la formation d’un gouvernement au Liban.
Tant que le Hezbollah tient le haut du pavé à Beyrouth et que l’Iran pavane en Syrie, en Irak, à Gaza et au Yémen, il est exclu que le Liban s’en tire. D’autant plus que les délégations respectives du Renseignement saoudien et du Renseignement iranien, qui se parlent à Bagdad, s’accordent sur un point : pas de gouvernement au Liban pour l’instant – au moins jusqu’aux élections iraniennes du 18 Juin. Les Américains ne feront rien non plus pour soutenir l’initiative de la France ; ils iront même, s’il le fallait, jusqu’à la torpiller. Les chrétiens maronites, pour lesquels le Liban fut cousu sur mesure, sont désunis comme d’habitude et l’amnistie dont ils ont bénéficié aux termes des Accords de Taëf désormais en carton-pâte n’est pas gravée dans le marbre.
Avec le roi Abdallah, le Monde Arabe a perdu la sagesse qu’il devait au savoir-faire unique d’un grand monarque : la connaissance des hommes et de leurs ressorts. La finalité des Accords de Taëf, qui reposait sur des impératifs d’équilibre et de stabilité, n’a plus rien à voir avec le moteur actuel de la crise. L’avenir des cantons du petit Liban et le sort des autres provinces du Levant, dont les échelles, parties de Smyrne, se projettent jusqu’à Jérusalem et la Mer Rouge, sont sans rapport avec la notion substantielle de souveraineté nationale. Privés de leur poutre maîtresse syrienne et de leur portée, les Accords de Taëf devraient être reformulés.
De même qu’on ne saurait tirer de l’analyse d’évènements survenus autour du Golfe Persique de 1990 à nos jours assez d’enseignements pour expliquer suffisamment pourquoi le système de Taëf est devenu inopérant sur les bords de la Mer Méditerranée, on ne devrait pas pouvoir non plus imputer la crise libanaise d’aujourd’hui à un simple problème d’ego entre hommes, alors que c’est pourtant le cas !
Le président français est tributaire des positions prises à l’encontre de la Syrie par ses prédécesseurs et la France est bridée par le fameux « Caesar Syrian Civilian Protection Act ». Donald Trump est passé par là avec ses gros sabots. Le président de la République Française pourrait être tenté de s’effacer devant MBS pour ne pas rentrer dans son jeu puéril de Vilain, mais il lui est impossible d’abandonner les Libanais pris en otage.S’il est exact, comme l’écrit l’Orient-Le Jour, que la France serait prête à passer « à la vitesse supérieure en brandissant la menace d’une forme de mise sous tutelle internationale du Liban, si le blocage gouvernemental persistait alors que les services publics s’effondrent l’un après l’autre », Eh bien, qu’elle agisse !! Cela ne résoudrait certes pas le problème d’ego des grands de ce monde, mais Saad Hariri pourrait consacrer plus utilement son temps à sa société saoudienne et à ses avocats.
Le peuple libanais, quant à lui, découvrirait alors qu’il est souverain – les uns trouvant que cela vaut bien une messe (parole de patriarche) et les autres que cela vaut bien cent vierges au paradis (parole de mufti) !
XH
[i] Cet accord sera rendu caduc, en exécution des Accords de Taëf reconfirmant l’arabité du peuple libanais, toutes confessions confondues.
[ii] Musulman sunnite, il fait fortune en Arabie saoudite, pays dont il possède la nationalité, avant de diriger cinq gouvernements au Liban entre 1992 et 2004, notamment de 1992 à 1998 puis de 2000 à 2004. Son assassinat est à l’origine de la révolution du Cèdre. Il est le père de Saad Hariri, son fils cadet.
[iii] De confession alaouite, homme de renseignement nommé ministre de l’Intérieur de la Syrie dans le gouvernement de Mohammed Naji al-Otari. Certaines sources le désignent comme étant impliqué dans le meurtre, survenu le 14 février 2005, de Rafiq Hariri, ex-Premier ministre libanais. À la suite de cet attentat, ses avoirs à l’étranger ont été gelés à la demande des États-Unis. Il s’est officiellement suicidé le 12 octobre 2005 dans des conditions obscures, peut-être à la suite d’une enquête internationale qui cherche à déterminer qui a commandé la mort de Rafic Hariri. La commission d’enquête de l’ONU a demandé que le corps lui soit confié pour une contre-autopsie. La Syrie n’a pas répondu à cette requête (source Wikipédia).
[iv] Homme d’état syrien de confession sunnite, il a durant près de trois décennies servi la dictature des Assad, notamment en étant au poste de vice-président de la Syrie. À ce titre, il a été brièvement président de la Syrie par intérim du 10 juin au 17 juillet 2000 lors de la succession entre Hafez el-Assad et son fils Bachar el-Assad. Il accorde le 30 décembre 2005 une interview à la chaîne télévisée panrabe Al-Arabiya où il critique sévèrement Bachar el-Assad et lui impute la responsabilité de l’attentat qui avait tué Rafic Hariri. Il tente de s’associer avec les Frères musulmans syriens. Il tente vainement de fédérer toutes les oppositions syriennes et meurt d’une crise cardiaque le 31 mars 2020 à l’âge de 87 ans à Paris (source Wikipédia)
[v] Les timariots ou timariotes (timarlu en turc) sont une armée irrégulière de cavaliers légers qui servaient le sultan ottoman en temps de guerre, en échange d’un fief appelé timar (source Wikipédia)
[vi] https://archipel.uqam.ca/3041/1/M11415.pdf – Université du Québec, à Montréal : FRANCHISER L’HÉGÉMONIE: ÉLÉMENTS DE RUPTURE ET DE CONTINUITÉ DANS L’ORDRE SOCIAL POST-GUERRE CIVILE DU LIBAN DES ANNÉES 1990 MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRlSE EN SCIENCE POLITIQUE, par PATRlCK LAPIERRE