Sans crier gare, Emmanuel Macron a déclaré, dans une interview à « Jeune Afrique », qu’il ferait « tout » pour « aider » le courageux président algérien Abdelmadjid Tebboune, aujourd’hui gravement malade et incapable de gouverner.
Quand Emmanuel Macron félicite un président algérien, cela constitue un très mauvais présage sur la capacité de survie politique de ce dernier. Le président français avait, par un twitte resté dans les mémoires, apporté tout son soutien au Président Bouteflika, alors que ce dernier, malgré un état de santé calamiteux, briguait un cinquième mandat improbable face à un peuple en révolte. Quelques jours après, les mobilisations populaires de la rue algérienne, baptisées « Hirak » poussaient le chef de l’Etat dehors.
Et voici notre cher président français qui remet le couvert avec son successeur et affirme qu’il fera « tout » pour aider le président Tebboune. Lequel est tout aussi malade et affaibli que Bouteflika. A la place de l’actuel chef de l’Etat algérien, on s’inquiéterait!
« Une transition »? Quelle transition?
Plus sérieusement, on peut s’interroger sur les raisons qui poussent Emmanuel Macron à venir ainsi au secours d’un pouvoir affaibli et qui plus est discrédité par une contestation populaire constante depuis presque deux ans.. »Le bilan » de président Tebboune salué par Macron, le voici: une presse censurée, des opposants emprisonnés, les principaux cadres de la police politique algérienne sur le point d’être réhabilités, une maitrise approximative de l’épidémie du Covid qui fait des ravages ou encore des réserves de change presque à sec qui annoncent une crise économique sans précédent.
Emmanuel Macron fait l’éloge d’une « transition politique » qui n’existe que sur le papier
Quelle mouche a piqué Emmanuel Macron, dont la cellule diplomatique prend l’eau de toutes parts? Comment faire l’éloge d’une « transition politique » qui n’existe que sur le papier? Pourquoi créditer ainsi un pouvoir usé jusqu’à la corde, qui immanquablement conduit le pays à la ruine, sauf une relève de génération dans l’armée qui tarde à venir? Pourquoi s’exprimer dans un hebdomadaire comme « Jeune Afrique » dont la réputation mercantile n’est plus à faire?
En délicatesse avec le Royaume marocain et sans atomes crochus avec le président tunisien Kais Saied, Emmanuel Macon tente apparemment de construire un partenariat algérien. Il s’agit pour le président français, semble-t-il, de conforter un axe entre Paris et Alger afin de régler les dossiers libyen et malien sur lesquels il perd la main. Ces choix ne sont pas absurdes. Mais ils ne justifient nullement cette soudaine empathie avec un Tebboune élu de la fraude, aux ordres de l’armée, aujourd’hui gravement atteint par le Covid et absent de son pays depuis un mois et pour quelque temps encore.
Comment le Président français peut-il prendre le risque d’éloigner un peu plus la France de l’immense majorité du peuple algérien?
Citez nous un seul problème réglé par le gouvernement algérien depuis son indépendance !
On s’éloigne des gouvernants algériens comme on s’éloigne de la peste.