L’élection du président Trump, un électrochoc mondial

L’élection du président Trump aux USA  est le produit des effets pervers de la mondialisation qui a marginalisé, on le constate également en Europe,  des pans  entiers de la population tant au niveau mondial qu’au niveau interne. Sur fond d’appauvrissement des couches moyennes, pivot de tout processus de développement,et de l’émergence de régimes populistes et nationalistes. Mais l’Etat profond peut  jouer à Washington un rôle  déterminant pour atténuer certaines positions qui nuiraient  à l’objectif stratégique continuer de faire des USA la première puissance économique et militaire au monde

Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des universitésà Alger, expert international, docteur d’Etat 

Au niveau des relations internationales

-Un changement notable dans le conflit avec l’Ukraine pouvant donc accélérer les  négociations du fait des relations entre  les présidents Poutine et Trump, l’Europe étant incapable à elle seule de supporter l’aide miliaire à l’Ukraine

-Un désengagement de la force militaire  en Europe et par  là devant accélérer une Europe de la défense, la préoccupation principale des USA  est  l’Asie notamment la Chine avec ses deux alliés  principaux le Japon et la Corée du Sud,  à un degré moindre l’Inde  rival de la  Chine , le dossier épineux   de Taiwan

-Il n’ y aura pas de changement notable de la position des USA  au Moyen Orient , soutien inconditionnel à Israël mais paradoxe pouvant accélérer le processus de paix  car ne devant pas  oublier que c’est sous la présidence  de Trump qu’ont eu lieu  les accords d’Abraham pour des relations entre certains pays arabes  et Israël ,et aidé par la Russie  car n‘oubliant pas , souvent oublié ,bien que la Russie milite  pour deux Etats,  les bonnes relations entre la Russie et Israël.

-De ce fait  avec les tensions actuelles au Moyen Orient, les perspectives futures devraient préfigurer   une nouvelle reconfiguration. Les USA auront un discours ferme vis-à-vis de l’Iran, mais pas plus, le monde ayant changé  ce pays tissant des relations étroites avec d’autres grandes puissances  comme la Russie sur le plan militaire et la Chine  et l’Inde dans le domaine de l’approvisionnement énergétique où des contrats à moyen et long terme ont été conclus .

-Lié à cela et je pense que contrairement à certaines supputations , tout en prônant un discours ferme envers Israël à usage de consommation interne,  l’Iran aussitôt ayant l’arme nucléaire qui est pour bientôt,  devrait se désengager  progressivement de ses relais externes   Hamas et  Hezbollah et même au Yémen et les deux pays qui auront l’arme nucléaire  seront Israël et  l’Iran. Cela   ne saurait signifier déflagration, mais au contraire  neutralisation des rapports de force au Moyen Orient  comme cela se passe entre l’Inde et le Pakistan, les  Usa ,  la France et la Russie, personne n’ayant intérêt à utiliser l’arme nucléaire

-Au niveau de l’Afrique , les USA essayeront de contrer la Chine et la  Russie  et au niveau de l’Afrique du  Nord aucun changement concernant les conflits au Soudan, en Libye, au Sahel et au Sahara occidental           

Au niveau des relations économiques

-Devant éviter toute démagogie, pour le président Trump étant avant tout un homme d’affaires, donc du réalisme et du pragmatisme, il n’est pas question de remettre en cause  les mécanismes fondamentaux de l’économie de marché où aux USA domine la propriété privée des moyens de production, mais  avec plus de régulation ,  tiendra  compte des interdépendances des économies car contrairement à certaines propagandes  du fait des interdépendances des économies , la Chine pivot des BRICS+ en 2023, la Chine était le troisième partenaire le plus important pour les exportations de biens de l’UE (8,8 %) et le plus grand partenaire pour les importations de biens de l’UE (20,5 %).  et bien qu’en baisse  de11,6% par rapport à 2022,  les USA/Chine  ont échangé 664,4 milliards de dollars ou en 2023 les exportations de l’Europe et les USA ont dépassé les 1000 milliards de dollars sans compter les bons  de trésor détenus aux USA

-Comme promis durant sa campagne électorale,  la politique du  président  Donald Trump pourrait déboucher sur la mise en place d’une politique commerciale protectionniste plus agressive, ayant prévu d’appliquer un droit de douane de 60 % sur toutes les importations en provenance de Chine, 100% sur les voitures chinoises,  et un droit de douane général de 10 à 20 % sur les importations en provenance de tous les partenaires commerciaux y compris l’Europe.

-Afin de lutter contre l’inflation , la politique  menée outre la lutte contre l’immigration  illégale,  notamment dans le domaine  énergétique  -où d’importateur, devenu exportateur, dont les compagnies contrôlent également de larges segments dans d’autres pays dans le monde,  non membre de l’OPEP+ qui représente environ 50% de la production mondiale et sans la Russie 33%, les États-Unis étant devenus en 2023 au 1er rang mondial pour la production de pétrole (18,3 % du total mondial), devant la Russie (12,0 %) et l’Arabie Saoudite (11,8 %) et au 1er rang mondial pour la production de gaz naturel (25,5 %) , sera une baisse relative des prix de l’énergie  en accélérant la production de pétrole et de gaz de schiste, aux USA, dans d’autres contrées du monde.  Mais on ne doit pas oublier  que c’est sous son  précédent mandat que les USA se sont  désengagés de la COP de Paris :,est ce que le président Trump tiendra compte des nouveaux impacts, notamment des effets dévastateurs aux USA et récemment en Espagne, attendons donc de voir

-Par ailleurs, lié aux facteurs géostratégique analysés précédemment,  il n’est pas  dans l’intérêt des USA un embrasement dans la région et donc un conflit direct avec l’Iran,  ce qui se répercutent sur la  croissance de l’économie mondiale via les USA/Chine du fait que  le détroit d’Ormuz : une voie stratégique ,  contrôlé par l’Iran, est une voie maritime stratégique pour le transport du pétrole et du gaz, reliant le golfe Persique au golfe d’Oman. Ce détroit est crucial pour l’exportation des hydrocarbures, avec environ 21 millions de barils de brut transitant chaque jour , selon l’Agence américaine de l’énergie (EIA) la  fermeture de cette voie affecterait gravement le transit énergétique mondial, en particulier pour les pays asiatiques, européens et nord-américains avec en  plus, les tensions en mer Rouge, qui voit transiter environ 12 % du commerce mondial, ont déjà entraîné une hausse des coûts de transport maritime de 15 à 20 %.

– Toujours dans ce contexte de géostratégie, et privilégiant  avant tout leurs intérêts propres, supposant   une entente avec la Russie, les USA prévoient d’investir massivement avec la fonte des glaces,  au niveau du  cercle polaire arctique où cinq pays sont riverains de l’océan Arctique , les États-Unis via  l’Alaska ,situé au nord-ouest du Canada et séparé de la Russie par le détroit de Béring ,le Canada (dont le territoire inuit du Nunavut), le Danemark (via le Groenland  la Norvège, dont l’archipel du Svalbard (ou Spitzberg) et la Russie. Cet espace risque de faire l’objet de vives tensions géostratégiques  dans la mesure où   les    évaluations des réserves de gaz et de pétrole dans l’Arctique selon les experts américains du bureau géologique (USGS), il y aurait 90 milliards de barils de pétrole à découvrir au-delà du cercle polaire arctique, la plupart étant situés en mer  et les réserves de gaz étant évaluées à 30/40% des réserves mondiales