Jouissant d’un marketing politique et cultuel, le hidjab et autre niqab sont des incontournables accoutrements de la gent féminine algérienne. Une libre opinion sans concession du chroniqueur algérien Bachir Djaider.
Cette aberration chromatique a mis en évanescence les autres habits, devenus « pêchés » selon les exégètes coraniques poussés au-devant de la scène par la connivence d’un régime peu soucieux de cette nouvelle vague d’islamisation à outrance. Les tubes cathodiques, notamment les chaînes de télévision, ou plutôt les chaînes de la haine et de la discorde, à l’image d’Ennahar, Echourouk…ont apporté de l’eau au moulin pour faire passer des charlatans d’un autre âge en prédicateur, voire en gardien des mœurs. Les téléspectateurs boivent les paroles de ces buveurs d’urine de chameaux. Ces derniers incitent à la haine, à la violence, à la discrimination des femmes, voire même au djihad. Les femmes voilées se font passer pour des fleurs de macadam.
Ce faisant, les lieux de culte, devenus plutôt des lieux de perdition par excellence, l’obscurantisme se crie sur les minarets, de surcroît, l’école sinistrée algérienne n’est pas en reste dans cette campagne d’islamisation à outrance. Le port du voile intégral cachant entièrement le visage ainsi que le port de hidjab battent le plein. Désormais, troqués pour d’autres habits, modernes et/ou traditionnels, ces nouveaux accoutrements envahissent la société à telle enseigne qu’on se croirait en Afghanistan. Et pour corser le tout, certaines femmes poussent le bouchon en accentuant l’aspect islamique avec un hidjab noir assorti d’une longue tunique sombre cachant entièrement le corps.
Ce phénomène de mode gagne la campagne d’une manière effrénée, et ce, au su et au vu de tout le monde. Cette lubie textile de se couvrir le corps par crainte d’être agressée par la gent masculine comme le soulignent les champions de l’exégèse est un intrus dans le pays, immunisé durant des siècles de cette infection religieuse qui n’a de racines que le mal. L’envie pressant de couvrir leur tête a insidieusement basculé vers une métamorphose générale des habits féminins dans le Maghreb. Et pour couronner le tout, des petites filles sont mises aussi au dictat du voile pour les enfermer dans des linceuls comme des momies.
Les prodromes de cette ״infection islamiste״ sont prévisibles par la métamorphose des tenues vestimentaires, dont le ״hijab״ est la nouvelle tendance qui se décline sous moult styles que chacune comprend et porte à sa manière. Allant du simple foulard qui laisse deviner un visage bien maquillé, des pantalons en stretch, en jeans et des jupes colorées avec des bodies serrés. Cette ״toile mobile״ est plus attrayante que ce qu’elle prétend voiler. La deuxième catégorie regroupe celles qui portent un voile recouvrant la tête et le cou, complété par un tissu long qui couvre l’ensemble du corps. La dernière catégorie se démarque par le port du ״niqab״, toutes en noir, ne laissant deviner la forme du corps, dont le seul organe visible n’est que deux yeux orphelins.
Il y a quelques décennies, peu de femmes portaient le voile islamique. Aujourd’hui, impossible de faire un pas sans rencontrer une femme attifée du hijab, devenue une mode et un phénomène d’identité culturelle, en plus d’un symbole religieux. La gent masculine n’est pas épargnée par cette nouvelle mode, que même ״Paco Rabanne״ ou ״Jean Paul Gauthier״ n’auraient imaginé. Un pantalon court (nisf essak) accompagné d’une djellaba et une calotte sur la tête. L’ensemble doit être harmonieusement porté, de préférence de couleur blanche. Et afin que le ״mannequin״ soit au top, une pilosité affectant le menton et les joues doit garnir le duvet hirsute. Et pour boucler la boucle, le burkini a envahi ces dernières semaines la France pour « détrôner » le bikini. Tous les moyens sont bons pour marquer leur territoire comme des félins. Les musulmanes et musulmans tiennent mordicus à faire montre de leurs nouvelles tenues quitte à s’attirer la foudre des « kouffars ».
Ce contraste des nippes ne passe pas inaperçu. Objet de discorde et de dissension, l’uniforme reste un sujet épineux, chacun tente de se justifier en se référant à la ״charia״ ou à des spécialistes de l’exégèse. Ces derniers ne sont pas unanimes, les uns prônent plus de souplesse et de largesse, d’autres plus vétilleux et tatillons quant à l’application de la ״charia״. Si ce phénomène se limite juste aux fringues, on n’aura pas du tintouin à se faire, mais l’appétit féroce de ces gloutons ne s’arrête pas à mi-chemin, cherchant à être présent dans toutes les sphères : sociale, économique et politique.
De nos jours, le voile islamique s’est banalisé, dont les femmes voilées exhibent fièrement leur textile sous toutes les formes et de toutes les couleurs. Des femmes de tous les âges et de tous les horizons se sont mises au « noir » en mettant au placard leurs habitus « ordinaires ». Pourquoi cette nouvelle mode s’est-elle alors propagée, à grande vitesse au Maghreb ? Cette invasion textile est le pur produit d’une culture qui fait dans l’apparat et le trompe-l’œil. Source de tous les péchés et de toutes les séductions selon les « fous de Dieu », la femme se doit de se cacher pour être la moins attirante et éviter le « mâle ». L’habit ne fait pas le moine, le voile ne fait pas la femme.
L’islamisation est partout conquérante et s’attaque aux différents aspects de la vie. Les médias jouent un rôle considérable dans l’endoctrinement de la société mené tambour battantpar les promoteurs du salafisme et du wahhabisme. Moult interrogations suscitent l’intérêt, d’autant plus que tous nos repères sont perdus par l’invasion tous azimuts de l’islamisme radical qui gangrène de plus en plus le Maghreb. Le prosélytisme est hissé au-devant pour gagner de nouveaux adeptes, lesquels seront le meilleur allié pour conquérir cette région du globe est « ramener le troupeau » à de meilleurs sentiments. Toute honte bue, et les démocrates et les laïcs ne bougent d’un iota face à ce phénomène grandissant, en sus, aux conséquences funestes. Il est du devoir de toute femme et homme, soucieux de son avenir, de barrer la route devant cette horde de salafistes.
La laïcité et la démocratie ont de tout temps constitué le socle de la société, laquelle est menacée des quatre coins par une invasion sans merci. « Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux autres ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre! », George Orwell.