L’annulation du congrès extraordinaire du PDCI n’est pas fortuite. A Abidjan, Alassane Ouattara veut désormais susciter une vraie opposition à Tidjane Thiam au sein du mouvement créé par feu le président Bédié. Il s’agit pour le président ivoirien de marginaliser cet ex banquier, le challenger le mieux placé pour renverser le clan au pouvoir lors de la prochaine élection présidentielle
Bati Abouè
Si la juge des référés qui a signé la décision d’annulation du 8è congrès extraordinaire du PDCI, l’a fait dans la soirée de vendredi, soit la veille de deux jours non ouvrables, c’est bien parce qu’elle constitue la première étape d’une stratégie de retardement bien ficelé par Ouattara pour reporter à plus longtemps possible la succession de Bédié au PDCI. Le 16 décembre dernier, le favori du scrutin, Tidjane Thiam, avait affirmé, en prenant la parole, qu’il sera toujours candidat à la présidence du PDCI, quelle que soit la date qui sera trouvée.
Cette date pourrait en effet tomber dans le mois mars prochain ; ce qui pourrait relancer les candidatures de deux autres cadors du parti, Jean-Louis Billon et Thierry Tanoh. Les deux hommes avaient été contrariés par le critère des dix années de présence continue au bureau politique du PDCI. Mais tel ne sera plus le cas si le PDCI est contraint d’organiser le 8è congrès extraordinaire en mars prochain, Billon et Tanoh tombant alors pile poils avec les dix années de présence au parti. Ils pourraient alors constituer une véritable opposition à l’ex-patron de l’ex-Crédit Suisse qui avait réussi à rallier deux candidatures en dehors de Maurice Kakou Guikahué qui, lui, a décidé de prendre acte de son rejet pour cause de contrôle judiciaire. C’est du moins ce qu’espère le pouvoir afin d’empêcher Thiam de prendre la tête du parti.
Malgré tout, le PDCI a toujours son destin entre les mains, à condition d’organiser son scrutin avant le 13 janvier 2024 prochain qui signe le début de la CAN à Abidjan. D’autant plus que l’intérim de Bony Cowppli s’achève le 2 février, soit en pleine CAN. Le gouvernement surjoue d’ailleurs allègrement ce nouveau fonds de commerce du régime pour empêcher toute vélléité de manifestation susceptible, selon ses sécurocrates de dégénérer en affrontement. Même de simples cérémonies de mariage ont été interdites à Korhogo, troisième ville du pays à recevoir la compétition.
Cette situation créée par le pouvoir constitue donc une pression de plus sur les dirigeants du PDCI dont certains alimentent depuis l’annulation du congrès les rumeurs qui accusent M. Guikahué, vice-président et secrétaire exécutif en chef du PDCI d’avoir cornaqué les deux plaignants. Tout comme la presse qui n’hésite pas à entretenir cette confusion.
Le samedi 16 décembre, une décision de référés d’heure en heure est venue annuler la grand’messe que projetait le parti démocratique de Côte d’Ivoire, à l’occasion de l’organisation de son 8è congrès extraordinaire électif. Le candidat élu devait alors succéder officiellement à Henri Konan Bédié décédé en août dernier à Daoukro des suites d’un malaise.