Face aux politiques français qui dénoncent le laxisme face à l’islamisme, sans définir exactement ce qu’ils entendent par ce vocable servi à toutes les sauces idéologiques, le politologue François Burgat, islamologue et chercheur au CNRS, s’interroge sur la nécessité de défendre les caricatures du Prophète. Tranchant avec le discours médiatique omniprésent, François Burgat, qui a notamment consacré l’essentiel de ses travaux à l’étude des courants islamistes dans le monde, est absent des plateaux de télévision et des colonnes de la presse française. Nous n’avons pas toujours été en phase avec les analyses de ce chercheur trop optimiste sur la capacité des mouvements islamistes à évoluer pendant le Printemps arabe vers des valeurs démocratiques. Mais son point de vue est toujours argumenté. Voici le contenu du tweet qu’il a publié
« Les caricatures du Prophète ne relèvent pas de la liberté d’expression », tranche la Cour Européenne des Droits de l’Homme.!Pour la CEDH, l’atteinte au Prophète Mohammed n’est pas la liberté d’expression- La Cour Européenne des Droits de l’Homme a ainsi confirmé la condamnation de la justice autrichienne pour les propos de l’un de ses citoyens.
Mondafrique défend le droit absolu de publier et de diffuser des caricatures mettant en cause les religions, quelle qu’elles soient et y compris les fameux dessins de « Charlie ». Nous regrettons qu’aucun débat ne soit possible en France sur la qualité des dessins médiocres, vulgaires et pas drôles publiés par la presse danoise d’extrême droite et repris en France.
On peut regretter que le Président français ne soit pas resté, après l’assassinat de l’enseignant martyre de Conflans, Samuel Paty, au niveau de la défense de la liberté d’expression et fasse des caricatures de Charlie l’étendard des valeurs pluralistes et démocratiques qui sont celles de la société française.
Le fanatisme de quelques individus isolés, de Conflans à Nice, devenus des monstres prive la France de débats sereins sur sur la qualité de ces caricatures, les communautés musulmanes, l’islam ou encore la laïcité à la française. Nous reviendrons sur ces sujets. Ce matin sur France Inter, le ministre des Finances, Bruno Lemaire, a eu le mérite bien rare d’affirmer qu’il n’aimait pas les caricatures de Charlie, même s’il défendait la possibilité de les publier. Saluons cette liberté de ton
C’est pour toutes ces raisons que nous tenons à donner le point de vue sur les caricatures de François Burgat, directeur de recherche au CNRS depuis 2016 et chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM).
Nicolas Beau, Mondafrique
« Doit-on mettre des limites à la liberté d’expression ou le fait même de lui mettre des limites contredit-il la notion de liberté? Peut-on rire, se moquer et critiquer des croyances quand cela heurte une communauté?
Autant de questions que pose François Burgat, à l’heure où le débat sur la laïcité fait rage depuis la décapitation abjecte de Samuel Paty, professeur d’histoire et de géographie.
Toutefois, à l’heure où médias et politiques s’accordent à dénoncer l’hydre islamiste et à s’interroger sur la manière de l’éradiquer, certains intellectuels français choisissent de se pencher sur le sujet autrement, en questionnant notamment la responsabilité de la France dans la montée de l’islamisme mais aussi dans les amalgames dont font l’objet aujourd’hui les musulmans de France. Parmi ceux-ci, François Burgat, islamologue, politologue,
C’est sur son compte Twitter que le spécialiste s’exprime. Ses prises de position s’articulent en trois points majeurs qui contrastent grandement avec la droitisation des médias en France et le sentiment anti-musulman qui y prédomine.
Les caricatures vcontrela liberté d’expression
S’agissant des caricatures de Charlie Hebdo, François Burgat se range à l’avis de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) qui considère que les caricatures du prophète Mohammed ne relèvent pas de la liberté d’expression.
Pour rappel, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) avait été saisie dans le cadre d’une affaire concernant un citoyen autrichien qui, en 2009, avait tenu des propos portant atteinte au prophète Mohammed.
Condamné par la justice de son pays, l’homme avait alors saisi la CEDH pour obtenir gain de cause mais celle-ci avait donné raison à la justice autrichienne en statuant que des propos portant atteinte au Prophète Mohammed ne pouvaient être inscrits dans l’article 10 de la Convention des Droits de l’Homme, et ne pouvaient donc entrer dans le cadre de la liberté d’expression.
La CEDH avait également indiqué que d’autres «attaques de ce type», tendaient à renforcer les préjugés, et donc à mettre en péril la liberté religieuse en Autriche.