Mali, le fiasco français

« L’armée française est à mille lieues de l’avoir emporté sur la misère, les trafics, la corruption, la montée de l’islamisme et le délitement des Etats qui ont gangrené l’ensemble de la région. Des ports mauritaniens de Nouakchott et de Nouadhibou jusqu’à Bamako au Mali, et Niamey, au Niger, du Sud Libyen aux banlieues de Dakar, l’Afrique est devenue une marmite explosive », écrivait de façon prémonitoire Nicolas Beau en 2013 dans son livre paru aux Editions Balland sous le titre « Papa Hollande au Mali ».

Bamako menacé

L’attaque perpétrée en mars dernier contre le bar-restaurant la Terrasse à Bamako par le groupe terroriste Almourabitoun puis la prise d’otage commise vendredi 13 novembre à l’Hôtel Radisson Blu dans la capitale malienne démontrent que la situation sécuritaire au Mali reste encore totalement précaire deux ans après le lancement de l’opération Serval remplacée depuis lors par Barkhane.

Sous la pression militaire, les groupes terroristes ne contrôlent certes plus aucun territoire mais ils ont conservé, profitant de l’effondrement de la Libye, des capacités opérationnelles qui leur permettent d’agir épisodiquement dans le nord et de porter le « feu » dans Bamako.

Le double jeu algérien

A ce péril terroriste toujours élevé, s’ajoutent les atermoiements dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger signé en mai et en juin par l’Etat malien et les différents groupes armés laïcs du nord. Ironie du sort, une délégation officielle algérienne venue dans la capitale malienne pour le suivi de l’application de l’accord se trouvait justement dans l’Hôtel Radisson au moment de la prise d’otage. Il faut dire que ni le groupe Almourabitoun, auteur des opérations meurtrières de mars et de vendredi dernier, ni Ansare Dine de Iyad Ag Ghali, l’encombrant allié de l’Algérie, n’ont intérêt à voir les dispositions de l’accord d’Alger se mettre en place.

Et comme tout cela ne suffisait pas pour le pauvre « Mali », le pouvoir du président Ibrahim Boubakar (IBK) est au cœur de soupçons de corruption venus non pas d’opposants aigris mais de la justice française qui a mis en examen l’homme d’affaires Michel Tomi pour « corruption d’agents publics étrangers ». Pourtant ce même régime avait promis, en s’installant aux commandes de l’Etat, de mettre fin à la gabegie, au favoritisme et d’éradiquer la menace terroriste.

Pour l’heure, on est vraiment loin du compte.