On n’a pas besoin d’être un démographe politique ni un politologue pas même un sociologue politique et encore moins un philosophe pour comprendre que le régime de Mahamadou Issoufou est un régime contesté par la majorité écrasante de la population des huit(8) régions du Niger.
Quelle est la raison fondamentale de cette contestation populaire ? De notre modeste point de vue citoyen constitutionnellement fondé, la raison est simple et plurielle : c’est un régime qui n’est pas démocratique, et cela pour plusieurs raisons que voici :
1. Un régime est dit démocratique parce qu’il est consacré par les urnes. Or c’est un secret de polichinelle que le régime nigérien est un produit de la violence traduite par une mascarade électorale. Le pouvoir d’Etat issu de celle-ci est un pouvoir confisqué. Il y a donc ici un problème de crise manifeste de représentation, donc de légitimité, laquelle est la condition première, originelle et fondamentale d’un bon gouvernement que les nigériens attendent toujours de voir.
2. Les nigériens ne sont pas gouvernés démocratiquement parce car l’action du gouvernement nigérien n’obéit pas à des règles de transparence. Pour preuve, nous assistons jusqu’ici au flou artistique autour de l’Affaire de 200 milliards communément appelée Uraniumgate. Jusqu’à preuve de contraire ce flou artistique entourant cette Affaire digne d’un film fiction peut facilement et totalement donner raison à tous ceux qui signent et persistent que les 200 milliards du peuple nigérien ont été détournés dans une opacité totale et effective. Le ou les coupables de cette cabale financière, la direction exacte de cet argent public volé, tout reste à déterminer clairement et distinctement. Bien plus, le peuple nigérien tout entier assiste à une opacité totale sur les vraies raisons des conflits intercommunautaires survenus récemment dans la région du fleuve, Tillabéri, dans son versant frontalier avec le Mali et dans son versant nord. Le peuple nigérien tout entier endeuillé continue de se poser légitimement mille et une question sur cette situation conflictuelle humainement et économiquement désastreuse aux contours ontologiquement obscurs. On ne peut escamoter l’Affaire rocambolesque d’Eximbank et celle de la gestion actuelle de l’Aéroport international Diori Hamani qui sont autant d’affaires dont la transparence porte les stigmates de doute originel. Les nigériens attendent toujours des explications claires et distinctes par rapport à toutes ces affaires parmi tant d’autres. Ce sont là autant de preuves tangibles du manque de transparence dans la gestion des affaires publiques par le gouvernement nigérien.
3. Les nigériens ne sont pas gouvernés démocratiquement parce que l’action du gouvernement n’obéit pas à des règles d’exercice de l’éthique de la responsabilité qui consiste à être juste à l’égard de tous les citoyens nigériens. Un président démocrate est un président juste, donc président de tous les citoyens. Toute chose qui se confirme par le règne d’une justice impartiale, impersonnelle et universelle. Ce qui n’est pas le cas du régime nigérien, lequel a instauré deux républiques au Niger : la république des intouchables d’un côté et de l’autre , la république des citoyens de seconde zone qui pour rien se voient directement et arbitrairement arrêtés et emprisonnés comme des pigeons avant d’être jugés par des juges aux ordres. L’exclusion telle qu’objectivement dénoncée par la Première institution financière mondiale, à savoir la Banque Mondiale, transformé le Niger en un Etat failli, c’est-à-dire incompétent et incapable,. Il s’agit de l’exclusion avec son cortège honteux de délitement social sur fond de cohésion sociale et d’unité nationale grièvement blessées.
4. Les nigériens ne sont pas gouvernés démocratiquement parce que l’action du gouvernement n’obéit pas à des règles de corrélation, c’est-à-dire de rapport interactif entre gouvernants et gouvernés. Une telle corrélation se traduit chez les gouvernants par l’existence d’une écoute des citoyens clairement établie. Toute chose dont le gouvernement nigérien s’en moque. Dans son arrogance congénitale, il s’en fout de l’écoute du peuple nigérien. Pour preuve, presque toutes les revendications sociales des citoyens constitutionnellement autorisées sont étouffées, voire violemment interdites. La logique du dialogue social et politique a cyniquement et plus que jamais cédé la place à la logique sectaire du cocktail Molotov .
Telle la raison fondamentale et plurielle de la contestation populaire du régime nigérien . En clair, le régime nigérien est contesté de toutes parts parce que c’est un régime qui n’est pas conforme aux principes d’une démocratie d’exercice, lesquels font un bon gouvernement en chair et en os. Aujourd’hui, il faut être de mauvaise foi , un courtisan ou un opportuniste confirmé pour nier l’existence de la dictature funeste et implacable au Niger.
Aujourd’hui, la question principale et principielle que tous les nigériens vraiment et sincèrement démocrates se posent est la suivante : A l’allure où vont les choses, une révolution démocratique, autrement dit, une transition politique pacifique est-elle vraiment possible au Niger ? Si oui, comment alors déterminer concrètement ses conditions de possibilité ? En modeste partisan de la paix , on ne saurait souhaiter qu’une issue constitutionnelle à cette crise de légitimité dans laquelle le Niger est terriblement plongé depuis février 2016 ou date historique de la mascarade électorale connue de tous.
Remarque ou réponse à notre question de base : Le régime d’Issoufou MAHAMADOU est contesté parce que justement il n’est pas fondé sur la légitimité démocratique et la Société des égaux, pour paraphraser Pierre Rosanvallon Professeur au Collège de France.
Pour conclure, disons qu’en modeste et fervent partisan de la paix, malgré tout, on ne peut souhaiter qu’une issue constitutionnelle à cette crise de légitimité démocratique dans laquelle se trouve plongé le Niger depuis février 2016 ou date historique de la mascarade électorale connue de tous. Que Dieu bénisse le Niger et son peuple!
Dr Halidou Yacouba, enseignant chercheur à l’Université de Niamey, Département de philosophie