Lors de sa visite à Gao quelques jours après son élection à la Présidence de la république, le président français, Emmaniel Macron a appelé l’Algérie à arrêter le double jeu avec Iyad Ag Ghaly, principal patron des groupes djihadistes au Mali et agent patenté des services algériens depuis au moins une quinzaine d’années. Pour le reste, il a aligné les lieux communs dans un hommage attendu aux forces armées françaises sous l’oeil vigilant de l’ex ministre de la Défense Jean Yves Le Drian.
Le journnal du Mali. La politique entre la France et le Mali prend une nouvelle tournure ?
Laurent Bigot. Je ne crois pas aux postures et je me méfie des discours. Dans ces sujets sensibles, la discrétion est de mise. Je ne suis pas certain qu’en interpellant publiquement l’Algérie, on obtienne de meilleurs résultats. Si la France a des choses à dire à Algérie, il y a une relation bilatérale pour cela.
Le journal du Mali. N’est-il pas trop tard pour que la France et ses alliés africains cessent de payer le lourd tribut de leurs compromissions passées avec le terrorisme ?
Laurent Bigot. Il n’est jamais trop tard, c’est un principe de l’action politique! Quant aux compromissions auxquelles vous faites allusion, je ne sais pas de quoi vous parlez. En revanche, je peux dire qu’il est temps que la complaisance avec la mauvaise gouvernance cesse car c’est bien cela le cœur du problème. À toujours désigner les terroristes comme coupables, on oublie que le problème structurel est la mauvaise gouvernance des élites politiques.
« L’opération Barkhane ne s’arrêtera pas avant que l’ensemble des groupements terroristes n’aient été éradiqués », a annoncé Emmanuel Macron. Quelle peut être sa nouvelle politique sécuritaire pour les années à venir en rapport avec Barkhane ?
L.B. Avec une telle annonce, on signe un bail de cent ans pour Barkhane! Les dirigeants politiques sont obsédés par la communication. Il serait temps d’arrêter les roulements de tambour, de s’assoir et d’écouter, humblement, ceux qui souffrent de cette situation et à qui on ne donne jamais la parole.
Quid des engagements du président français pour renforcer le dispositif sécuritaire de la force Barkhane ?
L.B. Le Nord du Mali est hors contrôle, plongé dans une spirale de violence comme jamais il n’en a connu. On peut toujours renforcer Barkhane mais quand comprendra-t-on que la solution n’est pas là ? Regardez l’Afghanistan et l’Irak! Ce sont les Maliens qui ont la solution et tant qu’ils attendront la solution de la France, il ne se passera rien!
« Agir vite, fort et de manière déterminée sur le plan politique et militaire ». Comment cette déclaration d’Emmanuel Macron pourrait se concrétiser sur le terrain ?
L. B. Posez-lui la question! Tout ça c’est de la communication. Ce sont des lieux communs.