L’attaque israélienne contre l’Iran, un désaveu pour Trump

« Trump a récemment dit qu’il avait prévenu Netanyahu contre toute tentative de passer à l’action [contre l’Iran] », rappelait hier jeudi le Wall Street Journal. Benjamin Netanyahu est passé outre ces avertissemens en lançant la nuit dernière une attaque de grande ampleur contre l’Iran

« …Cette période de nouvelles tensions fait suite à des mois de pressions exercées par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur le président Trump pour que ce dernier saisisse un moment de vulnérabilité iranienne [pour le laisser] frapper le régime des mollahs », précise le New York Times. Or c’est bien le cas en ce moment après l’affaiblissement du Hezbollah au Liban et la chute du régime de Bachar Al Assad en Syrie, deux grands alliés de Téhéran. 

Au terme de cinq « round » de négociations entre Washington et Téhéran sur l’avenir du nucléaire iranien par l’entremise de l’émirat d’Oman, ces pourparlers cruciaux pourraient bien échouer. Et laisser donc la possibilité d’une réponse militaire de la part d’Israël. Il est certes encore possible que les négociateurs Iraniens rencontrent, dimanche, leurs homologues américains mais rien n’est moins sûr. Pour l’instant, écrivait cependant le New York Times mercredi, « l’envoyé spécial de Trum, Steve Witkoff, s’apprête toujours à participer aux négociations à Oman. »

Donald Trump, qui affichait encore récemment son habituel optimisme décalé quand il s’agit d’ignorer les difficultés de succès de ce genre de pourparlers, a déclaré mercredi que les Iraniens ont adopté des positions « inacceptables ». 

Le point de contentieux majeur  à propos de la question du nucléaire iranien est connu, même si le président américain n’a pas donné de détails, se disant simplement « moins confiant «  quant à une issue positive aux discussions : c’est la question de l’enrichissement de l’uranium, technique permettant à Téhéran de fabriquer une bombe au delà de 90% d’enrichissement de la matière fissile. l’Iran se montre particulièrement inflexible sur ce point. 

Une tension maximum

La tension dans la région est en train de monter d’heure en heure. Au point que les Etats-Unis ont annoncé l’évacuation d’un certain nombre de leurs diplomates basés en Irak, l’ambassade américaine à Bagdad pouvant constituer une cible en cas d’attaques de l’Iran. 

Cité par le Wall Street Journal, le ministre de la défense iranien Amir Aziz Nasserzadeh,  avait pour sa part déclaré, mercredi, « que certaines personnes disent que si les négociations échouent, la situation pourrait dégénérer en conflit »…Il a ensuite envoyé un message d’alerte aux Etats-Unis : « Si l’on nous impose une guerre, rappelez vous que toutes les bases américaines [notamment en Irak] sont à notre portée et nous n’hésiterons pas à les frapper là où elles sont basées ». 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)