François Bayrou devrait s’intéresser aux milliers de généraux surpayés

Pour protester contre les mesures d'économies annoncées, le chef Etat major, le général Pierre de Villiers, démissionne.  L'armée pourtant oublie de blayer devant sa porte et de remettre en cause les privilèges des 5400 généraux qui coulent des jours heureux lors d'une pré retraite dorée !

Depuis plusieurs années, les chefs militaires français pratiquent un chantage éhonté, au nom de la lutte contre le terrorisme, contre toute menace contre le budget militaire. Et sur ce terrain, ils se sont révélés autrement plus efficaces qu’au Sahel et en Centrafrique où les interventions de l’armée française ont tourné au fiasco. Après avoir annoncé lors de son premier quinquennat que les Opérations Extérieurs de la France allient être mieux encadrées sur le plann finacier, Emmanuel Macon n’a jamais cessé d’augmenter le budget du ministère de la Défense.

Une telle défense par l’armée de son budget s’explique entre autres par les privilèges indus dont bénéficient quelques milliers de généraux à la retraite (à l’age de 55 ans!). Ces économies là, l’Etat Major se garde bien de les évoquer et notre Premier ministre, François Bayrou, qui affiche une grande fermeté, cet été, en matière de réduction des dépenses publiques fait preuve d’une totale cécité en matière militaire..

540 « opérationnels » contre 5400 « retraités » 

On apprend en effet, d’après une note interne et confidentielle du ministère de la Défense oodue voici quelques années, que l’armée française possède des généraux dits de « la deuxième section », laquelle a été créée en 1839 par Louis Philippe. Ces galonnés se trouvent à la retraite, mais sont maintenus « à la disposition du ministre de la Défense en fonction des nécessités de l’encadrement en temps de guerre ». Or le scandale, le voici: on  compte 5465 généraux « de la deuxième section » contre 540 seulement « opérationnels », c’est à dire en activité.

Une telle pyramide est juste scandaleuse. Ainsi ils sont  2166 généraux retraités dits de la « deuxième section »  pour l’armée de terre, 757 pour la marine, 834 pour l’armée de l’air et …36 pour le service des essences des armées. Comprenons bien: en matière d’acheminement de carburants, il existe en France 36 généraux retraités « maintenus à la disposition du ministre » ….dans le cas d’une guerre qui ne viendra jamais.

Enfin pour la seule Direction Générale de l’Armement (DGA), une belle sinécure, 876 (!!!) généraux de deuxième section ont été nommés.

Un gros coup de pouce financier

Pourquoi existe-t-il autant de généraux à la retraite? La raison est simple. Beaucoup d’officiers obtiennent en toute fin de carrière leurs étoiles de général, afin de bénéficier d’une confortable retraite. En d’autres termes, le grade de général est un coup de pouce au montant de la retrait plus que la sanction de bons et loyaux services sur le terrain. En période de restriction budgétaire et alors que les chefs de l’armée crient misère auprès des autorités, de tels privilèges n’ont plus de raison d’être.

Ce n’est pas tout. Ces gradés à qui il peut arriver de reprendre du service pour des durées limitées continuent de recevoir leur traitement normal (moins le montant des primes, il est vrai), du moins jusqu’à l’âge de 67 ans. Ainsi touchent-ils « une solde de réserve » égale à leur rémunération habituelle, qui bénéficie en plus d’un abattement de 10% au titre des frais professionnels. Si ce n’est pas une belle niche fiscale, cela y ressemble.

Après 67 ans, les pauvres se contentent d’une « pension militaire de retraite », moins élevée. La misère! Mais cerise sur le gâteau, tous prennent le train sans payer leur billet.

Espérons que le gouvernement de François Bayrou s’intéresse aussi dans sa volonté de diminuer la dette de la France à ces privilèges sans aucun fondement sauf celui de sanctuariser le budget militaire.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)