«Alger prépare-t-il la guerre contre le Maroc?». C’est le titre choisi par le site « Le 360 », proche des autorités marocaines, pour décrire les grandes manoeuvres organisées, ces dernières semaines, par l’armée algérienne
Les Algériens ont organisé, ces dernières semaines, des manœuvres militaires à balles réelles et de grande ampleur. L’Armée nationale populaire algérienne (ANP) montre ainsi ses muscles, et notamment dans la région de Tindouf qui est traditionnellement sensible puisque frontalière du Maroc. Ces exercices sont baptisées de noms guerriers -« Iktissah 2018 » (Balayage 2018), « Toufane 2018 » (Déluge 2018)- peu engageants.
La peur de l’encerclement
Le message des militaires algériens, à travers ces déploiements de force, est double. Sur le plan intérieur, l’Armée s’affiche ainsi comme la garante de la sécurité du pays alors que les risques terroristes n’ont pas été éliminés dans la région. L’Etat major qui cet été, a fait le ménage au sein des services sécuritaires, soigne sa popularité auprès de la population algérienne. A la veille d’une échéance présidentielle très délicate, l’armée marque son territoire.
Sur le plan extérieur, le message est tout aussi explicite. Ne profitez pas de la période d’incertitudes politiques que traverse l’Algérie, menace l’ANP, pour tenter de déstabiliser le pays. Le scénario d’un possible encerclement de l’Algérie sous l’influence d’un axe Rabat-Ryad largement soutenu par Paris et par Washington, est pris très sérieusement en compte chez les décideurs algériens. Ces peurs expliquent largement la phase critique que traversent actuellement les relations franco-algériennes.
La diplomatie algérienne s’emploie, parallèlement aux exercices militaires de l’armée, à sortir de son isolement. D’où la ligne directe maintenue avec la Russie, principal fournisseur d’armes. D’où aussi le rapprochement opéré, en se bouchant le nez, avec les Turcs et les Qataris. D’où enfin la main tendue par le pouvoir algérien aux Frères Musulmans de Tunisie et de la Libye seuls, selon Alger, à pouvoir contrecarrer l’influence des monarchies pétrolières.
Inquiétudes marocaines
Face à ces démonstrations de force et à cette agitation diplomatique, les inquiétudes marocaines sont réelles. Jusqu’à quel point? La monarchie chérifienne qui se pose en victime d’un impérialisme algérien prêt à envahir le Maroc organise elle aussi des exercices militaires imposants au Sahara occidental. On y a vu se déployer trois cent à quatre cent chars Abraham de fabrication américaine.
Les médias marocains tirent à nouveau à boulets rouges sur l’Algérie. «Le régime algérien, peinant à répondre aux attentes de son peuple, explique le site « le 360 », proche des milieux sécuritaires, n’a trouvé mieux que d’orchestrer des manœuvres militaires, en faisant croire que le Maroc constituait une menace pour la stabilité du pays», a écrit le site, en ajoutant que «la menace d’une guerre contre le royaume est à peine voilée».
Le Sahara, encore et toujours
Les craintes marocaines actuelles sont renforcées par la nomination récente du général-major Saïd Changriha comme chef d’état-major de l’armée de terre. « Les généraux, véritables décideurs de l’état-major algérien, viennent de nommer, à la tête de l’armée de l’infanterie algérienne, un général qui affiche clairement son hostilité contre le Maroc ». Citant le quotidien Akhbar Al Yaoum, le site « Le 360 » souligne que «ce haut gradé de l’armée algérienne avait ouvertement soutenu « l’éventuelle création d’un État au Sahara »» occidental. De même «ce général est réputé pour « ses virulentes attaques contre le trône marocain ».