Le mystérieux pourfendeur de la junte burkinabè qui écrit sous le pseudonyme d’Henri Segbo, que portait le journaliste Norbert Zongo assassiné en 1998, signe un nouveau texte au vitriol en appelant l’armée à renverser Ibrahim Traoré pour sauver le pays.
Henri Segbo était le nom du plume du célèbre journaliste Norbert Zongo assassiné en 1998. Depuis quelques mois, ce patronyme qui à l’époque avait fait trembler le régime de Blaise Compaoré est revenu hanter la junte burkinabè. Dans un texte, très bien écrit, publié sur les réseaux sociaux le 10 septembre, l’homme au clavier bien trempé appel à un coup d’Etat pour sauver un pays qui a « atteint, au gré de la myopie politique, un niveau de pourrissement de la situation où les alternatives sont extrêmement rares. » « Ce régime » poursuit il « n’est pas à sa place et encore moins à la hauteur des défis cruciaux de l’heure, il ne sert à rien de se donner de faux espoirs. »
La détresse des militaires
Particulièrement bien informé, Henri Segbo fait aussi état de la détresse des militaires en évoquant « une armée complètement brisée par un enchainement de mesures irréfléchies ayant conduit à des hécatombes répétitives, lesquelles ont eu pour conséquence la démoralisation de la troupe. Par conséquent, les armes chèrement acquises au prix de multiples privation du peuple sont cédées à l’ennemi au moindre coup de feu».
Henri Segbo revient aussi sur le mépris de la junte burkinabè face aux tragédies en séries, les autorités n’ayant jamais jugé utile, éthique, moral, de présenter leurs condoléances aux victimes civiles et militaires, à la nation éplorée. A ce titre, il aurait pu aussi mentionner les dernières déclarations du Premier ministre lors de son séjour en Chine. En effet, dans son discours au forum sur la coopération sino-africaine, Apollinaire de Tembèla, a évoqué la guerre au Soudan et les souffrances des populations, oubliant au passage celles de son pays alors que le drame de Barsalogho, qui a fait plus de 400 victimes, venait juste de se produire.
En revanche à juste titre, Henri Sebgo écrit : « Comment voulez-vous que des soldats acceptent de mourir quand ils pensent au sort réservé à leurs camarades tombés au front et à l’enrichissement illicite auquel se livrent les jeunes officiers censés être en première ligne dans cette guerre. »
Au terme d’une longue démonstration qui passe en revue tous les maux de son pays, le nouveau Norbert Zongo 2.0, conclut : « Le salut de notre peuple réside désormais dans un coup d’Etat. L’armée a le devoir historique de sauver la nation (…) de laver son honneur (…) de redonner à notre peuple, devenu la risée du monde, sa fierté d’antan. »