Cinquante-quatre chefs d’Etat ou de gouvernement africains sont invités du 4 au 6 juin 2020 à Bordeaux par le président français Emmanuel Macron pour le 28e sommet « Afrique-France » pour échanger sur … « la ville durable ».
C’est l’ineffable Robert Attias, le mari de Cecilia ex Sarkozy qui est chargé de l’organisation de l’événement franco-africaine de Bordeaux. Nous voici rassurés. Sur le site Web de son agence de conseil en communication, sobrement baptisée « Richard Attias & Associates« , le fondateur apparaît d’ailleurs investi de la mission d' »influenceur mondial ». C’est lui qui par ailleurs organisait en octobre 2018 à Riyad « le Davos du désert », un sommet mis à mal par l’affaire Jamal Khashoggi qui devait provoquer des désistements en série.
Rappelons que Richard Attias, lorsqu’il avait organisé un séminaire au Gabon, un pays désormais dirigé par un pouvoir sécuritaire et répressif, s’était répandu dans la presse locale sur la bonne gouvernance qui règnerait à Libreville.
Avec le choix de ce visionnaire comme Gentil Organisateur du sommet de Bordeaux, la politique africaine de la France s’inscrit dans une regrettable continuité.
« Du Trump sans le savoir »
Le thème retenu pour Bordeaux, « la ville durable », fait sourire certains diplomates. Du pur nombrilisme! « Il aurait mieux valu, explique-t-on au Quai d’Orsay, évoquer le développement rural ou les problématiques de l’eau et de l’électricité que l’écologie en milieu urbain, à mille lieux des préoccupations de la population africaine ».
« Au fond, ajoute notre diplomate, Macron fait du Trump sans le savoir. L’Afrique n’est plus dans le champ de vision du chef d’état français, tout comme les Kurdes sont passé à la trappe pour le président américain ».
Souvenons nous. La priorité affichée pour l’éducation dans le discours fondateur sur l’Afrique prononcé par Emmanuel Macron au Burkina avait abouti, quelques mois plus tard, au renchérissement des frais universitaires pour les étrangers en France. Le Conseil pour l’Afrique créé par l’Elysée avait fait remonter alors de fortes protestations, mais sans être lemoins du monde entendu. Depuis, cette noble assemblée a perdu une partie de ses membres, dont son président devenu ambassadeur, et son activité se perd aujourd’hui dans les sables.
Le Drian, vainqueur par KO !
La ligne de Jean Yves Le Drian, du nom de l’actuel ministre des Affaires Etrangères et ancien titulaire du portefeuille de la Défense sous Hollande, qui consiste à confier les clés du continent africain à l’armée française, l’a emporté. Les militaires sont appelés, lors des colloques sur la sécurité comme celui qui aura lieu prochainement à Dakar, à réfléchir aux problématiques du développement et à coopérer étroitement, comme au Mali, avec l’Agence Française pour le Développement (AFD), le bras financier du Quai d’Orsay. Ces choix strictement sécuritaires dont les résultats au Mali et en Centrafrique sont calamiteux, ne confortent évidemment pas l’influence française en Afrique.
Le sommet de Sotchi qui se tient, en cette fin octobre, entre la Russie et l’Afrique pourrait réunir au final plus de chefs d’état que ne le font les grands messes de la Françafrique.