Si on parle de « victoire à la Pyrrhus » à propos de la victoire aux forceps du présiden Ouattara, c’est en raison du roi Pyrrhus Ier d’Épire (IIIᵉ siècle av. J.-C.), un général grec qui affronta les Romains. Après avoir gagné la bataille d’Héraclée (280 av. J.-C.) puis celle d’Auscule (279 av. J.-C.), il aurait déclaré :« Encore une victoire comme celle-là, et je suis perdu. » Ses armées avaient subi tant de pertes que, malgré la victoire, il ne pouvait plus continuer la guerre contre Rome.
Certes, le Président Ouattara l’emporte à la Présidentielle dont les résultats viennent d’être publiés avec un bilan très positif en termes de développement économique, de leadership régional et de stabilité intérieure avec la paix des braves proposée à Laurent Gbagbo, figure vieillissante et autocratique, mais incontournable dans le paysage ivoirien, à la façon d’un Mélenchon en France. Si le candidat sortant sauve la mise de son parti et de son clan pour un quatrième mandat, c’est pour de mauvaises raisons: l’incapacité à choisir un héritier, un scrutin verrouillé, une abstention massive, une fraude à grande échelle, des opposants historiques écartés et un peuple ivoirien tétanisé qui a vécu dans la peur d’un remake des affrontements violentsde 2020 et de dizaines de morts.
Cet automne, pas moins de deux cent incidents graves, d’après l’AFP, et cinq opposants tués dans les rues des grandes villes ivoiriennes ont ponctué cette campagne présidentielle qui méritait mieux pour ce grand pays africain stoppé dans un processus démocratique en marche. L’avenir pacifié de la Côte d’Ivoire, pilier de la refondation africaine, est pourtant essentiel pour l’avenir du continent, pour l’état de la démocratie et pour ce qui reste d’influence française.
Dans les rues désertes d’Abidjan comme dans de nombreuses localités de l’intérieur du pays, sous forte présence sécuritaire, la présidentielle du 25 octobre s’est tenue dans un climat de méfiance et de lassitude. Le pouvoir en place réussira à s’imposer, mais sans débat ni projet, et peinera à masquer sa fragilité politique dans un climat de crise sociale et politique du Cameroun à Madagascar et du Maghreb au Sahel.




























