Le contraste est frappant. Alors que le Liban s’enlise dans ses labyrinthes politiques, la Syrie affiche une dynamique de reconstruction inattendue.
Depuis la levée partielle des sanctions européennes et américaines au printemps 2025, le Président syrien Ahmed al-Charaa a signé des accords stratégiques avec des partenaires du Golfe, de Turquie et de Chine. Le Qatar a engagé 7 milliards de dollars via UCC Holding pour construire quatre centrales à gaz et une centrale solaire de 1000 MW. Près de 500 entreprises ont participé à des foires économiques à Damas en mai, concluant 200 contrats.
La Turquie, pourtant adversaire géopolitique, a laissé ses entreprises Formul Plastik et Entegre Harc pénétrer le marché syrien. Selon Reuters, elles anticipent jusqu’à 25 % de parts dans le gigantesque chantier estimé à plus de 1 000 milliards de dollars.
Pendant ce temps, au Liban, les seules annonces concrètes proviennent d’événements comme Project Lebanon 2025, où à peine 50 entreprises étrangères ont répondu présentes. L’initiative a été qualifiée de « vitrine sans fondations » par un diplomate européen anonyme cité par The New Arab.
Le désenchantement d’un peuple
Face à cette accumulation d’ambiguïtés, de blocages et de décisions incohérentes, l’opinion publique libanaise glisse dans un désenchantement profond. Ceux qui avaient vu en Joseph Aoun une figure capable de restaurer l’autorité de l’État dénoncent aujourd’hui un simulacre de souveraineté.
« C’est une présidence d’apparence. Les structures de pouvoir parallèles restent intactes, et les partenaires étrangers s’en détournent. » confient certains cercles de déçus, et ils sont nombreux.
Le Premier ministre Nawaf Salam, de son côté, reste discret. Pourtant, sa légitimité morale était forte. Juriste au passé irréprochable, partisan des réformes, Salam n’a pas encore su s’imposer comme moteur politique. Certains observateurs commencent à le comparer à Najib Mikati sous Michel Aoun, évoquant l’image d’un Premier ministre respectable, mais impuissant. Une analogie qui dit le désenchantement ambiant. Son profil tranchait avec la classe politique traditionnelle. Pourtant, cinq mois plus tard, il peine à imprimer sa marque. Absent du terrain diplomatique, peu visible dans les grandes annonces, Salam déçoit ceux qui l’imaginaient en figure de rupture.