En cette fête de l’Aïd, fixée le dimanche 11 aoüt, le dernier discours du Prophète devrait être médité par nombre de responsables en Algérie qui sont contestés par leur peuple. Une chronique de Chérif Lounès
En cette période estivale 2019, les musulmans viennent de rentrer dans le mois du pèlerinage appelé « Dhoul hijja » qui a débuté le vendredi 2 août selon le calendrier lunaire musulman. La fête de l’aïd el kebir (grande fête) ou aïd el adha (fête du sacrifice) a été fixée ce dimanche 11 août, c’est à dire le 10è jour de ce mois
Le pèlerinage se déroule à La Mecque où s’élève le sanctuaire de la Kaaba qui fut reconstruite, après sa destruction lors du Déluge, par Abraham et son fils Ismaël en l’honneur du Dieu unique (voir Coran chapitre 2 versets 124 à 130). Sa première édification remonte à Adam qui reçu de l’ange Gabriel la pierre noire qui se trouve encastrée dans l’un des angles de la Kaaba de forme cubique. C’est dans cette ville que naquit le Prophète Mohamed qui est pour les musulmans le dernier des envoyés, le sceau de la prophétie avant le retour du Messie Jésus.
C’est en direction de la maison sacrée la Kaaba qui est un point central unificateur que se dirigent les Hadjis (pèlerins) venus de la périphérie du monde entier pour ce rendez-vous. Ils accomplissent le 5ème pilier de l’Islam, non obligatoire, à la condition d’en avoir les capacités (physiques et matériels). En prononçant « labaika Allahouma » (me voici Seigneur) dès le départ et jusqu’à l’arrivée au lieu sacré les musulmans répètent en continue cette formule adressée à Dieu. Lors de cette pratique spirituelle ils multiplient les invocations pendant le « tawaf » (circumambulation) de 7 tours autour du noyau central appelé la « maison de Dieu ». Habillés de blanc, hommes et femmes se côtoient dans un mélange divers de peuples et de langues affirmant tous leur foi en l’unicité de Dieu. Ils sont unis dans la diversité.
Le pèlerinage et la fête du sacrifice font référence à un point commun incontournable des 3 religions monothéistes.
Tout le rite du pèlerinage reproduit celui qu’accomplirent Abraham, sa femme Agar et son fils Ismaël et l’on retrouve ce récit dans la Bible. D’ailleurs, le Coran* révélé à Mohamed, dernier Prophète, énonce clairement dans le chapitre 2 verset 136 cet œcuménisme: « Dites: « Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac, a Jacob, et aux tribus; à ce qui a été donné à Moïse et à Jesus; à ce qui a été donné aux prophètes, de la part de leur Seigneur. Nous n’avons de préférence pour aucun d’entre eux; nous sommes soumis à Dieu. »
Et le Coran*, dernier texte révélé, étend le salut aux détenteurs des écritures: « Ceux qui croient, ceux qui pratiquent le Judaïsme, ceux qui sont Chrétiens ou Çabéens, ceux qui croient en Dieu et au dernier Jour, ceux qui font le bien: voilà ceux qui trouveront leur récompense auprès de leur Seigneur. Ils n’éprouveront plus alors aucune crainte, ils ne seront pas affligés. » (Chapitre2 verset62)
Le rite du sacrifice est perpétué par les musulmans en commémoration du geste d’Abraham qui alors qu’il allait immoler son fils par obéissance à de Dieu qui voulut l’éprouver, l’ange Gabriel sur ordre de Dieu lui substitua un bélier.
Le sacrifice est accompli selon des règles précises sur la nature de la bête pour des raisons d’hygiène (mouton pas blessée, pas malade,…etc) et selon des techniques d’égorgement strictes de façon à ne pas faire souffrir l’animal. C’est un temps solennel fait de solidarité et de partage de la viande qui est consommée et distribuée en partage avec les pauvres.
La veille du sacrifice, les pèlerins se rassemblent pour une journée de station consacrée à l’invocation autour du mont de Arafat. C’est à cet endroit que se rencontrèrent sur terre Adam et Ève après leur sortie du Paradis et c’est de là que le Prophète Mohamed prononça son discours d’adieu en 632 lors du pèlerinage.
Ce sermon est un enseignement à méditer surtout en ces temps de troubles et d’incompréhensions qui envahissent notre société. En voici des extraits:« Ô peuple! Tout comme vous considérez ce mois, ce jour, cette cité comme sacrés, considérez aussi la vie et les biens de chaque musulman comme sacrés… Ne blessez personne afin que personne ne puisse vous blesser….Souvenez-vous qu’en vérité, vous rencontrerez votre Seigneur et qu’effectivement, Il vous demandera compte de vos actes… Vous n’infligerez ni d’endurerez aucune injustice… Traitez donc bien vos femmes et soyez gentils envers elles, car elles sont vos partenaires et elles sont dévouées envers vous… adorez Dieu, faites vos cinq prières quotidiennes, jeûnez pendant le mois de Ramadan, et donnez votre richesse en aumône. Accomplissez le pèlerinage si vous en avez les moyens. Toute l’humanité descend d’Adam et Ève… Aucune personne n’est supérieure à une autre, si ce n’est en piété et en bonnes actions… Vous êtes tous égaux… Par conséquent, ne soyez pas injustes les uns envers les autres. Souvenez-vous, un jour vous vous présenterez devant Dieu et répondrez de vos actes. Prenez garde, donc, ne vous écartez pas du droit chemin après ma mort. Ô peuple! Aucun prophète ni messager ne viendra après moi, et aucune nouvelle religion ne naîtra… Sois témoin, ô Dieu, que j’ai transmis Ton message à Tes serviteurs. »
C’est pendant ce dernier pèlerinage du Prophète que fut révélé le verset suivant: «Aujourd’hui, J’ai rendu votre religion parfaite; J’ai parachevé Ma grâce sur vous. Et J’agrée l’islam comme étant votre religion.» (Coran* chapitre5 verset3)
La veille du sacrifice est une journée du pardon et il est recommandé de jeûner ce jour pour les musulmans sauf ceux en pèlerinage à la Mecque.
*Le Coran traduction Denise Masson, édition folio classique Gallimard 1967