Jean-Jacques RATSIETISON: la culture du coup d’État à Madagascar 

La GEN Z qui rassemble depuis dix jours des diraines de milliers de manifestants dans les grandes villes de Mafagascar a fait appel à toutes les forces vives de la nation pour demander la démission de Andry RAJOELINA et appelle à une grève générale. Le Président malgache crie au complot et appelle au respect de la démocratie. « Est- il bien placé pour cela ? », se demande notre chroniqueur alors que les manifestations massives de jeudi ont été marquées par de très nombreuses victimes en raison de la brutalité de la répression

Une chronique de Jean-Jacques RATSIETISON 
Economiste
Président de FMI MALAGASY

Il convient de rappeler que Andry RAJOELINA n’a été porté au pouvoir en 2009 que grâce à un coup d’état et il a récidivé en 2023 en réalisant 2 autres coups d’état pour accéder au pouvoir :

  1. Un coup d’état Institutionnel en 2023. Le jour de l’attribution des numéros que chaque candidat devait porter lors de l’élection présidentielle, la liste officielle des candidats transmise par la HCC à la CENI ne comportait que 12 noms et le nom de Andry Nirina Rajoelina n’y figurait pas à la grande surprise de toute la salle. Sans se démonter, la secrétaire de séance s’est empressée au vu et au su de tous les Malgaches, puisque la cérémonie était retransmise en direct par tous les médias nationaux, de rajouter le nom d’Andry Rajoelina démontrant la complicité flagrante des 2 principales Institutions en charge des élections alors que la liste était officiellement close.
    Il faut rappeler qu’une rumeur persistante faisait état de l’invalidation de la candidature de Rajoelina par la HCC dans la dernière ligne droite. Au vu des évènements, il semblerait que cela aurait bien été le cas et que des « pressions » ou des « corruptions » de dernière minute aient changé la donne sauf que la HCC aurait alors omis de mettre la liste définitive à jour des dernières tractations ? Toujours est-il que l’erreur matérielle est à exclure compte tenu du nombre limité de candidats.
  2. Un coup d’état Constitutionnel. Aux termes de l’article 46 de la Constitution Malgache, « tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malagasy…… » or Andry Rajoelina a bel et bien perdu sa nationalité Malagasy en demandant sa naturalisation Française et ne pouvait se présenter à la course à la Magistrature suprême : Rajoelina a violé la Constitution et imposé sa candidature avec l’aide des forces de l’ordre

Le mouvement GEN Z ne peut être accusé de fomenter un coup d’état en demandant le départ de Rajoelina. Il s’agit en effet de restaurer l’état de droit que Rajoelina l’usurpateur a bafoué.

Une note de l’Ambassade de France à Madagascar sévère pour le pouvoir malgache

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)