La cause palestinienne est-elle morte? Certainement pas!

Citoyen de ce monde, je ne me pose plus seulement la question du genre « que va-t-il advenir de la Cause Palestinienne ? » ou « que va devenir l’Europe ? ». Celles-ci, tout en restant essentielles pour la survie quotidienne, deviennent néanmoins secondaires par rapport à des catastrophes mondiales susceptibles d’arriver ou d’exploser au visage des milliards d’humains sans crier gare.

Une chronique de Malel Elkhoury

Je dois vous avouer une chose, mon optimisme habituel maladif est relégué en ce moment à l’arrière-plan. Les guerres d’Ukraine, de Gaza, du Soudan, de Somalie, du Myanmar, d’Ethiopie, parmi d’autres ; les comportements étonnants de la part de régimes prétendus « démocratiques » et défendant « l’Egalité, la Justice, les Droits Humains » ; les dictatures de plus en plus nombreuses dans le monde, affichées ou camouflées ; les montées des extrêmes un peu partout dans ce monde ; l’influence de plus en plus grande des technologies (de plus en plus avancées et performantes) sur le comportement humain, donnant l’impression que ce sont elles qui dirigent ce monde ; les problèmes planétaires négligés (comme le changement climatique, les pandémies), qui se fichent des frontières et des différences humaines, etc… 

« A quoi me sert de connaître le monde, si je ne me connais pas moi-même ? » dit le dicton.

Mais aujourd’hui on devrait se poser la question suivante: « A quoi cela sert-il de se soucier de son sort individuel et individualiste, quand la planète et l’Humanité (dont les Humains) sont en danger existentiel ? ».

Cette guerre de Gaza m’a fait beaucoup réfléchir. De celle-ci, personne ne s’en sortira vainqueur ou vaincu. Tout le monde est vaincu. Nous avons tous perdu. L’Humanité a perdu une de ses plus grandes batailles, celle contre la Technologie, grande alliée du matérialisme pur et dur et d’une vision à court terme.

Cette guerre n’a abouti qu’à des questions sans réponse, du moins sans réponse immédiate. On ne peut que supputer, supposer, imaginer, rêver, construire des châteaux en Espagne, mais rien n’est sûr.

Avant de revenir aux questionnements sur l’Humanité, je pose les questions sans réponses de cette guerre :

  • Toutes les terres palestiniennes sont occupées et il ne reste plus un millimètre carré sous la direction directe des Palestiniens. Tout est occupé. Je n’ai nul besoin de décrire les dégâts humains et matériels immenses causés par cette guerre. Tous les Palestiniens vivant à Gaza, dans les Territoires Occupés ou même en Israël sont sous occupation pour ne pas dire « prisonniers » de l’Occupant-Conquérant. Mais la Cause Palestinienne est-elle morte ? [A mon avis, certainement pas] ;
  • Un grand nombre d’Israéliens a quitté Israël. Il s’agit de l’élite économique, technologique (principalement des ashkénazes bi- ou tri-nationaux). Reviendront-ils ? L’économie israélienne a beaucoup souffert malgré tous les milliards d’aide internationale (aussi des régimes arabes, en soutien indirect à Israël). L’image du pays invincible et du pays victime (un « mouton entouré de loups ») s’est complètement estompée. L’image d’un pays « démocratique » a elle aussi été extrêmement écornée. Même celle d’un pays « protecteur » des Juifs est remise en question. Dans cette ambiance, la reconstruction d’Israël se refera-t-elle ? Les investisseurs (quels qu’ils soient) investisseront-ils dans un pays moins sûr ?
  • Il y a eu durant cette guerre un rapprochement irano-saoudien, un autre turco-égyptien, un troisième américano-iranien, une pénétration chinoise, une ambiguïté russe, une Résistance organisée, une montée de l’islamise (dernières élections en Jordanie et partisanes au Soudan), un silence des régimes arabes à cette guerre, une condamnation du CIJ, des poursuites à la CPI. Que vont donner ces changements, voire ces mouvements politico-diplomatiques ? A des négociations ou à des préparatifs d’une prochaine guerre dans une ou deux décennies ?
  • Les Organisations internationales, gouvernementales ou non-gouvernementales, ONU, UNRWA, CIJ, CPI, CICR, OXFAM, Amnesty International, Human Rights Watch, ONGs diverses ont montré leur incapacité (est-ce un manque de volonté ou de possibilités ?) à gérer une crise ressemblant à un génocide, au vu et au su du monde entier. Des destructions massives, des assassinats, des terres brulées, des maisons arrachées, des emprisonnements innombrables, des tortures dans les prisons, etc. Que vont devenir ces Organisations internationales, gouvernementales ou pas, vont-elles évoluer, se restructurer, s’améliorer ?
  • Ce fut aussi une guerre technologique, dans laquelle l’IA a dû affronter l’Intelligence Humaine. L’IA s’est beaucoup développée et améliorée durant cette année de guerre. Dans quelle mesure l’IA sera la norme pour les prochaines guerres, conflits ou, même son utilisation pour (voire la domination de) la gestion future de l’Humanité ?

La perte de spiritualité

La principale « lacune » humaine est la perte de Spiritualité et le manque d’utopies sublimatoires et de rêves. Le matérialisme absolu est la seule dynamique qui fait (mal) fonctionner ce monde.

Comment doit réagir l’Humanité ? Se révolter ? Et si oui, comment ? Quelles formes doivent prendre ces rébellions ? Doivent-elles rester locales ou devenir internationales avec une solidarité traversant les frontières nationales, devenues désuètes dans ce monde globalisé ? Même les religions sont transformées en slogans permettant ces guerres (L’islam, l’Hindouisme, l’Evangélisme, le Judaïsme). Le monde dévie vers tout ce qui ne lui est pas similaire (antisémitisme, antimusulman, anti-étranger, antisystème, presque « l’antitout »).

Vers quoi se dirige l’Humanité?

Nous avons encore toutes les capacités pour freiner et arrêter cette chute d’Icare, dont nous connaissons l’issue. Nous avons encore suffisamment d’Intelligence et de Sensibilité Humaines pour contrôler les déviations du Mal. Utilisons-les au maximum, chacun dans son coin, dans son milieu le plus restreint tout en s’intégrant dans un mouvement planétaire coordonné. Nous avons encore cette possibilité. Utilisons-la. Ne la négligeons pas. Mettons de côté notre matérialisme et notre intérêt purement égoïste. Soyons courageux. N’ayons pas peur de nous battre contre cette Dérive planétaire.

 

J’y crois. Je vous propose d’y croire vous aussi, et, surtout, de vous engager dans ce combat noble et digne.

 

 

 

Beyrouth le 16.9.2024

NB : je signale que la présente analyse (comme toutes les précédentes ou les suivantes) ne concerne qu’un seul et unique aspect de la complexité de la politique moyen-orientale ou mondiale. Il ne faut donc pas la considérer comme complète et exhaustive. La situation est beaucoup plus nuancée que cela.

Je précise également que ceci est ma propre opinion dont j’assume seul la totale responsabilité.