Fin mai, le Bundestag allemand a prolongé le mandat pour le déploiement de la Bundeswehr au Sahel.Une présence, hélas, bien timide.
Une libre opinion de Kurt Gerhardt, journaliste allemand.
Depuis longtemps, le Président français exhorte les Allemands à s’engager énergiquement dans l’opération militaire conduite dans la région du Sahel, où des commandos d’islamistes mènent depuis des années leurs sanglantes activités, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Avec une extrême brutalité, ils tuent des femmes, des hommes et des enfants. Les gens fuient leurs villages et, dans des régions entières, il n’y a plus d’école, depuis longtemps, bien avant la pandémie du Coronavirus. Malheureusement, les armées locales ne sont pas en mesure de mettre un terme à ces horreurs. Et bien que les Nations unies et l’Union européenne – y compris les Allemands, mais surtout les Français – disposent de forces militaires pour protéger la population, beaucoup de gens là-bas pensent que la situation s’est aggravée.
Les assaillants terroristes parcourent souvent des centaines de kilomètres en groupe, se déplaçant à moto et sur des pick-ups. Ils sont relativement faciles à repérer pour les drones de reconnaissance allemands dans la région sahélienne. La qualité des images allemandes est très appréciée des experts. Mais elles ne sont pas mises à la disposition de la plus puissante force antiterroriste sur place, la force française Barkhane, seulement transmises aux services des Nations unies, sans qu’on sache avec quel impact.
Les Français meurent, les Allemands se cachent
En effet, il n’est pas question de fournir aux militaires français les renseignements recueillis par les drones de reconnaissance pour combattre le terrorisme. Une telle démarche serait considéré comme une participation des forces armées allemandes à une mission de combat armé, ce qui est exclu par le mandat délivré par le Bundestag allemand.
En langue vernaculaire du Sahel, cela pourrait se traduire ainsi : les soldats français risquent leur peau; les Allemands sont dans les bureaux.
En décembre, le ministre de la Défense, Madame Kramp-Karrenbauer, a proposé un effort – prudent – de nature à rendre le mandat allemand plus « robuste ». Mais cette initiative a été aussitôt rejetée par la présidente du SPD Esken. L’Union ne s’y est pas opposée. Pourtant, par cette modification du mandat allemand, les populations du Sahel auraient pu être mieux protégées contre leurs bourreaux.