Marwan Ben Yahmed, fils du fondateur de « Jeune Afrique » (J.A), le tunisien Béchir Ben Yahmed, dénonce avec force le Président Kais Saied qui, selon lui, auait pris « la démocratie en otage ». Une première pour cet hebdomadaire qui défend la plupart des régimes autoritaires africains et arabes et qui parle à l’oreille des Sassou, Bongo, Biya, et autres Ouattara
Qu’arrive-t-i à nos confrères de « Jeune Afrique »? Une cure de jouvence? Voici le fils du fondateur de ce journal, Marwan Ben Yahmed, qui n’a jamais émis la moindre critique, pendant vingt quatre années, contre la dictature de feu le général Ben Ali et qui avec la rage des nouveaux convertis, écrit dans son journal: « Obsédé par l’instauration d’un improbable système de « démocratie directe », le président tunisien en est arrivé à fouler aux pieds les principes élémentaires de l’État de droit ».
Le constat n’est pas faux, il n’est jamais trop tard pour défendre les valeurs démocratiques. Mais on ne s’attendait évidemment pas à ce que les attaques contre un Kais Saied, copie conforme de feu le président Ben Ali, viennent du journal de la Françafrique, toujours resté l’ami des puissants et le dépositaire de la parole des chefs d’état autoritaires.
Opportunisme toute!
Combien de fois a-t-on lu les dossiers de « Jeune Afrique » qui, publicité à l’appui, défendaient l’indéfendable et taisaient les atteintes aux libertés publiques! Combien de régimes -du Congo Brazzaville, cette dictature dont le rédacteur en chef, François Soudan est l’obligé, au Gabon des Bongo, père et fils, ou à la Côte d’Ivoire- n’ont pu que louer les pudeurs et les silences des plumitifs de J.A face à leurs dérives.
Sans même évoquer le formidable opportunisme qui permet à ce journal de glorifier un régime autoritaire comme celui de Ben Ali pour ensuite montrer le peuple en liesse dans la rue à la une du journal quand le dictateur, en janvier 2011, prenait soudain et contre toute attendte la fuite vers l’Arabie Saoudite.
La nouvelle ligne éditoriale de J.A s’explique sans doute assez simplement par le refus du Président Kais Saied d’allouer quelque budget publicitaire au magazine. C’est en tout cas la seule hypothèse en effet où on voit parfois « Jeune Afrique » devenir un journal rigoureux, équilibré et attentif aux valeurs démocratiques.
« Jeune Afrique », une vieillesse française
Le pus grave dans le cas de « Jeune Afrique » est que la voix du journal se fait entendre à Paris comme crédible. Le groupe possède de puissants relais à RFI, notamment au service « Afrique » et participe à de nombreuses émissions de cette radio d’État censée être la voix de la France. Plus grave, le Président Macron comme ses prédécesseurs n’hésitent pas à livrer des entretiens exclusifs à cette rédaction docile.
Si la France pers son crédit auprès des opinions publiques africaines, c’est aussi parce que « Jeune Afrique », non sans talent, sait occuper une place centrale dans le traitement de l’Afrique et du monde arabe à Paris.
« Jeune Afrique », un journal daté.
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