À plusieurs reprises dans le passé, des annonces de rupture dans la coopération sécuritaire ont été faites, mais jamais suivies d’effet. La raison en est simple : il suffirait de pas grand-chose pour que l’appareil sécuritaire de l’Autorité Palestinienne bascule tout entier du côté du Hamas et du Jihad Islamique. Avec la bénédiction de la majorité des Palestiniens.
Il fut un temps ou les Israéliens appréciaient grandement les efforts déployés par l’Autorité Palestinienne pour calmer les ardeurs des jeunes palestiniens soucieux d’en découdre avec Tsahal. Les services de sécurité palestiniens déjouaient 30% au moins des tentatives d’attentats contre Israël.
La coopération en matière de sécurité entre l’Etat d’Israel et l’Autorité Palestinienne remonte à 2005. C’est à cette date, au sortir de la seconde Intifada, que Mahmoud Abbas succède à Yasser Arafat à la tête de l’Autorité Palestinienne et que les Etats Unis mettent en place un « coordinateur » chargé de professionnaliser les forces armées du Fatah (le mouvement créé par Yasser Arafat) qui venaient d’intégrer les services de sécurité de l’Autorité Palestinienne.
La coopération sécuritaire entre Israël et l’Autorité Palestinienne a naturellement pris corps à partir de 2007, quand le Hamas a pris le pouvoir par la force dans la Bande de Gaza, chassant et tuant tous le représentants de l’Autorité Palestinienne. Pour éviter que le Hamas conquière aussi la Cisjordanie, Israel a mené, en pleine coopération avec Mahmoud Abbas, la chasse aux cellules du Hamas.
Les Palestiniens vent debout
Mais cette coopération, si elle a été couronnée de succès, a été d’emblée très impopulaire au sein de l’opinion publique palestinienne. Tous les sondages d’opinion ont montré en effet que les Palestiniens ne sont pas – en majorité – favorables à la paix et se prononcent plutôt en faveur de la lutte armée contre Israël.
Cette double contrainte – sauver l’Autorité Palestinienne d’une subversion par le Hamas et ne pas trop mécontenter son opinion publique – a amené l’Autorité Palestinienne a développer un double standard : utiliser Israël pour lutter contre le Hamas et le Jihad Islamique Palestinien (JIP) en Cisjordanie, mais encourager les « martyrs » chaque fois qu’il s’en levait un en Cisjordanie contre Israël.
L’AP dépense aujourd’hui plus de 300 millions d’euros par an à salarier les terroristes emprisonnés en Israël, ou leurs familles quand ces mêmes terroristes ont été abattus par les forces de sécurité israéliennes. L’Autorité palestinienne (AP) affirme lutter contre le terrorisme, mais elle paie des salaires généreux aux Palestiniens qui partent individuellement en guerre contre des Israéliens, aussi bien dans les implantations en Cisjordanie qu’ à Tel Aviv ou Haifa. Cette promesse de rémunération pour tous les Palestinens qui passent à l’acte a été appelé « Pay for Slay » (Payer pour tuer).
« L’Autorité Palestinienne » écartelée
Cette même Autorité Palestinienne qui encourage au « martyre » au nom de la cause palestinienne poursuit de sa vindicte les cellules du Hamas et du Jihad islamique, qui sont des ennemis communs à la fois d’Abbas et d’Israël.
Le 26 janvier, à la suite d’une incursion israélienne à Jenine qui a fait neuf morts chez les miliciens du Jihad Islamique, l’Autorité Palestinienne a annoncé qu’elle allait cesser toute coopération sécuritaire avec Israël. Ce qui peut signifier que, au prochain raid israélien à Jenine ou Naplouse, les 6 000 policiers de l’Autorité Palestinienne, ne resteront plus sagement dans leurs casernes. Cela signifie aussi que l’information ne circulera plus facilement entre la police palestinienne et l’armée israélienne.
Les deux parties ont pourtant intérêt à maintenir une étroite coopération en matière de sécurité. Cette coopération permettrait à l’AP de durer encore et rendrait à Israël le service de ne pas l’obliger à envahir la Cisjordanie afin de l’empêcher de devenir une nouvelle plateforme de missiles pointés sur Tel Aviv ou Haifa.