Le pire ennemi des Juifs est le sionisme, prétendument « protecteur » des communautés juives. Une chronqiue de Malek el Khoury
Jusque vers la fin du XIXème siècle, les Juifs (comme les chrétiens) vivaient en harmonie dans les pays à domination musulmane. Dans l’empire Ottoman, les Juifs tenaient une position importante, surtout dans les finances de l’empire. Ailleurs en Orient cette communauté vivait sans problème.
Jusqu’au 1er Congrès Sioniste (fin août 1897). Depuis, le sionisme fut petit à petit assimilé à l’Occident conquérant et colonisateur (« un mur contre la barbarie », disait Theodor Herzl) avec une tendance socialiste voire communiste (les kibboutz). Deux raisons au moins pour que l’antagonisme avec l’Orient prenne le pas sur l’harmonie existante
Dès la fin de la 2nde Guerre Mondiale des groupes para-militaires (Irgun, Stern, Lehi, Haganah, parmi d’autres) bien armés (par les puissances occidentales et des financements juifs) sèment la terreur, massacrent (plus de 15’000 morts) et chassent des Palestiniens (plus de 800’000), désarmés et paisibles, de leurs maisons, de leurs terres, de leurs villages (Kafr Kassem et Deir Yassine, parmi plus de 500 villages complètement détruits et rasés) tout en arrachant les récoltes, etc.
Aujourd’hui on appellerait ces groupes des « terroristes » qui seraient sévèrement condamnés par la communauté internationale. Nombre de dirigeants de ces groupes devinrent des Premiers Ministres (Begin, Rabin, Shamir, Peres) ou des ministres (Dayan), au cours des premières années de la création d’Israël.
Ainsi naquit Israël semant la panique parmi les Palestiniens et, par extension, parmi les Arabes qui commencèrent à confondre juif, socialisme, colonialisme et sionisme (comme on confond aujourd’hui Arabe = Musulman = Terroriste). Or tous les Juifs, y compris en Israël même, ne sont pas sionistes, loin de là, mais sont peu entendus et encore moins écoutés.
A partir de 1948, les Israéliens venant principalement de pays occidentaux (surtout chassés par l’antisémitisme et ses conséquences) munis des nouvelles technologies (militaires et autres) et de cultures occidentales (systèmes de nations et démocraties) réussirent au fil des ans à conquérir encore plus de territoire, à préserver une supériorité par rapport aux Arabes, qui venaient à peine de se constituer en pays et nations (issus d’une structure tribale et clanique) au sortir de l’occupation ottomane sans avoir eu le temps de constituer une gouvernance adéquate pour faire face aux nouveaux défis (intérieurs et extérieurs) qui se présentaient à eux, dont la création d’Israël.
Au fur et à mesure que la situation évoluait, Israël penchait de plus en plus vers la Droite sur l’échiquier politique de même que les pays arabes devinrent principalement des dictatures ou des monarchies. Par contre les Palestiniens optèrent pour la Gauche (Cause Palestinienne) puis vers un islamisme. Ce furent des slogans rassembleurs. Les Puissances occidentales, optant elles aussi, surtout depuis la Guerre Froide, de plus en plus vers une politique de Droite, soutinrent (politiquement) autant Israël que les régimes autoritaires arabes contre les Palestiniens, qu’ils aidaient (aide humanitaire) pour se donner bonne conscience, vu leur slogan de défense des Droits Humains.
Ces raisons ainsi que leur inimitié commune vis-à-vis de l’Iran ont provoqué le rapprochement – encore extrêmement timide – entre certains pays du Golfe et Israël (accords d’Abraham). Pourtant l’Arabie Saoudite tente de se rapprocher de l’Iran avec l’accord irano-saoudien et la Syrie vient d’être réintégrée dans la Ligue Arabe.
Depuis le 1.12.2022, l’extrême droite israélienne accède au pouvoir et agit selon un programme radical violemment anti-palestinien, jusqu’à pourchasser les fidèles (chrétiens ou musulmans) dans leurs lieux de prière, les battre (parfois à mort), les emprisonner, etc. Pour comparaison, durant la guerre civile libanaise, aux pires moments de conflits entre les confessions, un accord fut conclu de ne pas toucher aux lieux de prière quels qu’ils soient peu importe dans quelle région ils se trouvaient. Meilleure preuve que le sionisme est une idéologie et non une religion, comme Daech qui se prétendait musulman.
Aujourd’hui Israël fait face à une forte opposition à l’intérieur (depuis le début de 2023, les manifestations hebdomadaires n’ont pas cessé une seule fois). Ses dirigeants ont même mentionné à plusieurs reprises qu’il n’y aura pas de « guerre civile », signe de peur. Certaines grandes personnalités juives du monde entier ont certes critiqué (même parfois très fermement) le gouvernement, mais en des termes encore relativement modérés en parlant de « démocratie en danger ».
D’autres critiques extrêmement timides apparaissent ici et là. La démarcation entre le « reproche » et/ou « l’accusation » est encore floue, vu le lourd passé européen et la mauvaise conscience entretenue depuis plus de 80ans.
Les voix palestiniennes se font également plus présentes sur la scène des réseaux sociaux. Des vidéos d’exactions violentes quasi quotidiennes, circulent fréquemment (beaucoup plus qu’avant) sur nos téléphones.
Certains médias, mais aussi les populations commencent aussi à comparer l’attitude de la Russie et celle d’Israël. Comment peut-on condamner l’un et encenser l’autre ? Les violations continues par Israël du Droit International, le non-respect permanent des résolutions onusiennes le condamnant sont une règle de conduite de ce pays. Pas une sanction, pas un boycott. Alors que contre la Russie une mobilisation financière, économique, politique, militaire s’est mise en place immédiatement après le début du conflit en Ukraine de la part du monde dit occidental, ce même monde qui soutient, voire encourage les israéliens à perpétrer leurs crimes et violations.
Afin de provoquer une distraction de l’opinion internationale et de tenter de « resouder » les opinions antagonistes de l’intérieur, Israël cherche, comme à son habitude, un « ennemi » extérieur. Comme il ne peut mener une guerre d’envergure sans l’aval des Américains, qui ne souhaitent surtout pas entrer dans une nouvelle guerre au Proche-Orient, il ne peut que provoquer des petites « escarmouches », certes destructrices mais vaines, comme celle récente avec le Jihad Islamique (même pas avec Hamas et encore moins avec Hezbollah).
Cela ne résout pas la paranoïa du gouvernement israélien. Qui a peur de perdre le Pouvoir et craint un retournement de situation qui aboutirait à une radicalisation et une polarisation plus profonde de la société. Et probablement à une condamnation de Netanyahou.
Les Occidentaux (Américains et Européens) sont pris au piège. D’un côté ils soutiennent Israël qu’ils considèrent comme une « continuité » (et un miroir) du monde occidental, d’un autre ils ne peuvent accepter les actes et actions de plus en plus brutales des Israéliens vis-à-vis des Palestiniens.
Il semblerait que le vent tourne et n’est plus autant en faveur d’Israël, comme auparavant. Cela ne réduit cependant pas (encore) la capacité de nuisance et de destruction que possède Israël. Même, au contraire, la brutalité pourrait augmenter au fur et à mesure de l’augmentation de la crainte de perdre. Le succès ou la réussite de leurs actions ne sont cependant ni garantis ni assurés.
Est-ce le début d’un déclin annoncé, ou d’un tournant radical de la politique israélienne ? Ce tournant ira-t-il dans le sens de l’accalmie et d’une paix durable ? Il faut l’espérer.
Genève-Beyrouth – Beyrouth le 22.5.23
La présente analyse (comme toutes les précédentes ou les suivantes) ne concerne qu’un seul et unique aspect de la complexité de la politique moyen-orientale ou mondiale. Il ne faut donc pas la considérer comme complète et exhaustive. La situation est beaucoup plus nuancée que cela.