Depuis quelques temps, le ressentiment du président tchadien Idriss Deby vis-à-vis de la France est perceptible. Après l’échec du candidat tchadien, Kordje Bedoumra lors de l’élection à la Banque africaine de développement (BAD) où les assurances qui lui avaient été données n’ont pas été suivie d’effets, le Tchad a l’impression qu’il n’est pas payé en retour de ses immenses efforts pour soutenir l’Opération militaire française Barkhane et sa forte implication dans la lutte contre les terroristes de Boko Haram. Le soutien de la France aussi bien politique que financier est considéré comme insuffisant. Le Quai d’Orsay est distant et il n’y a guère que le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian qui soit à l’écoute d’Idriss Deby.
Le dernier Sommet de la Cemac à Yaoundé, le 23 décembre dernier, a conforté le président tchadien dans sa rancoeur. La morgue des experts français de Bercy et l’absence de considération particulière des problèmes tchadiens n’ont pas été appréciés. Déby n’a attendu ni la photo finale du Sommet de Yaoundé, ni la lecture du communiqué pour quitter précipitamment ses homologues et le ministre français de l’Economie Michel Sapin, pour retourner à Ndjamena.
Nul doute que le président tchadien a fait son deuil de la gouvernance Hollande avec son tropisme de l’internationale socialiste. Le soutien, à peine discret, au Sénégalais Abdoulaye Bathily, dans la compétition pour la présidence de la Commission de l’Union africaine, est le dernier avatar subi par le président tchadien.
La visite d’Etat d’Idriss Deby en Allemagne, mi-octobre 2016 en zappant Paris, et les aides importantes reçues d’ Angela Merkel, les déclarations peu favorables au maintien du franc cfa, le rapprochement avec la Ligue arabe avec notamment la participation du président tchadien au sommet de Nouakchott dù 25 juillet 2016, ne peuvent être considérés comme des faits anodins.
La visite officielle du Premier ministre Bernard Cazeneuve accompagné de Jean-Yves Le Drian, le 29 décembre, est certes un classique, à la veille du Nouvel an, pour honorer les Forces françaises au Tchad mais elle peut aussi être interprétée comme une tentative de rabibochage de la diplomatie française, de plus en plus en panne en Afrique.