À Madagascar, les élections municipales et communales se tiendront le 11 décembre 2024. L’annonce a fait réagir la société civile et la classe politique en raison des conditions de candidatures qui multiplient par deux le montant des contributions demandées aux candidats.
Une libre opinion de Herininahary Mosesy , Président de l’Observatoire de la vie publique de Madagascar (AOVPM) (Rapport annuel 2023 AOVPM)
Le décret portant numéro 2024-1495 fixant le montant de la contribution des candidats aux frais d’impression des bulletins de vote définit entres autres tranches le montant minimum correspondant aux petites communes rurales à 1,2 millions d’ariary, quand le maximum s’élève à 20 millions d’ariary pour les communes urbaines hors catégories comme la capitale Antananarivo.
Les montants sont deux fois plus élevés qu’aux mêmes élections de 2019.
Des montants « indécents »
Lorsque le salaire minimum est de 250.000 ariary, que 85% des locaux sont sous le seuil de pauvreté absolue fixé par convention internationale, environ 8.000 ariary par jour, et que 80% vivent en milieu rural, une telle hauteur de caution est indécente et antidémocratique.
C’est indécente car le minimum des contributions arithmétiquement vaut presque 5 fois le salaire minimum, et un paysan n’est jamais assuré de percevoir cela en numéraire afin de le déposer.
C’est antidémocratique car c’est une restriction au droit de se présenter à ces élections de la part du citoyen qui n’a pas l’assise financière pour, et qui n’est pas supporté par un grand parti politique.
Le silence de l’opposition
Les deux conséquences les plus notables seront un public de candidats exclusivement adossés aux grands partis et plateformes politiques, les TGV/Mapar/Upar/Irmar pour la majorité présidentielle, et les TIM/HVM/MMM/ARB/Firaisankina pour l’opposition, et une désertification de candidatures pour les communes rurales, sachant que l’Etat ne manquera pas de désigner des délégués issus de ses rangs lorsqu’il y a vacance de candidats.
En épilogue, le silence assourdissant de l’opposition face à cette inflation de contribution est telle qu’on se boucherait volontiers les oreilles.