- Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Fri, 13 Jun 2025 07:21:50 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ 32 32 L’attaque israélienne contre l’Iran, un désaveu pour Trump https://mondafrique.com/libre-opinion/lattaque-israelienne-contre-liran-un-desaveu-pour-trump/ https://mondafrique.com/libre-opinion/lattaque-israelienne-contre-liran-un-desaveu-pour-trump/#respond Fri, 13 Jun 2025 07:18:50 +0000 https://mondafrique.com/?p=135468 « Trump a récemment dit qu’il avait prévenu Netanyahu contre toute tentative de passer à l’action [contre l’Iran] », rappelait hier jeudi le Wall Street Journal. Benjamin Netanyahu est passé outre ces avertissemens en lançant la nuit dernière une attaque de grande ampleur contre l’Iran « …Cette période de nouvelles tensions fait suite à des mois de pressions […]

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« Trump a récemment dit qu’il avait prévenu Netanyahu contre toute tentative de passer à l’action [contre l’Iran] », rappelait hier jeudi le Wall Street Journal. Benjamin Netanyahu est passé outre ces avertissemens en lançant la nuit dernière une attaque de grande ampleur contre l’Iran

« …Cette période de nouvelles tensions fait suite à des mois de pressions exercées par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur le président Trump pour que ce dernier saisisse un moment de vulnérabilité iranienne [pour le laisser] frapper le régime des mollahs », précise le New York Times. Or c’est bien le cas en ce moment après l’affaiblissement du Hezbollah au Liban et la chute du régime de Bachar Al Assad en Syrie, deux grands alliés de Téhéran. 

Au terme de cinq « round » de négociations entre Washington et Téhéran sur l’avenir du nucléaire iranien par l’entremise de l’émirat d’Oman, ces pourparlers cruciaux pourraient bien échouer. Et laisser donc la possibilité d’une réponse militaire de la part d’Israël. Il est certes encore possible que les négociateurs Iraniens rencontrent, dimanche, leurs homologues américains mais rien n’est moins sûr. Pour l’instant, écrivait cependant le New York Times mercredi, « l’envoyé spécial de Trum, Steve Witkoff, s’apprête toujours à participer aux négociations à Oman. »

Donald Trump, qui affichait encore récemment son habituel optimisme décalé quand il s’agit d’ignorer les difficultés de succès de ce genre de pourparlers, a déclaré mercredi que les Iraniens ont adopté des positions « inacceptables ». 

Le point de contentieux majeur  à propos de la question du nucléaire iranien est connu, même si le président américain n’a pas donné de détails, se disant simplement « moins confiant «  quant à une issue positive aux discussions : c’est la question de l’enrichissement de l’uranium, technique permettant à Téhéran de fabriquer une bombe au delà de 90% d’enrichissement de la matière fissile. l’Iran se montre particulièrement inflexible sur ce point. 

Une tension maximum

La tension dans la région est en train de monter d’heure en heure. Au point que les Etats-Unis ont annoncé l’évacuation d’un certain nombre de leurs diplomates basés en Irak, l’ambassade américaine à Bagdad pouvant constituer une cible en cas d’attaques de l’Iran. 

Cité par le Wall Street Journal, le ministre de la défense iranien Amir Aziz Nasserzadeh,  avait pour sa part déclaré, mercredi, « que certaines personnes disent que si les négociations échouent, la situation pourrait dégénérer en conflit »…Il a ensuite envoyé un message d’alerte aux Etats-Unis : « Si l’on nous impose une guerre, rappelez vous que toutes les bases américaines [notamment en Irak] sont à notre portée et nous n’hésiterons pas à les frapper là où elles sont basées ». 

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La Tunisie condamnée par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples https://mondafrique.com/libre-opinion/la-tunisie-condamnee-par-cour-africaine-des-droits-de-lhomme/ https://mondafrique.com/libre-opinion/la-tunisie-condamnee-par-cour-africaine-des-droits-de-lhomme/#respond Mon, 09 Jun 2025 05:00:40 +0000 https://mondafrique.com/?p=135326 La période de transition démocratique en Tunisie après la révolution de 2011 a connu plusieurs acquis en matière de droits de l’homme, dont la compétence de la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples actée en 2017. Cette juridiction a été saisie par maitre Brahim Belghith, l’auteur de cet article, et avec succès. […]

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La période de transition démocratique en Tunisie après la révolution de 2011 a connu plusieurs acquis en matière de droits de l’homme, dont la compétence de la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples actée en 2017. Cette juridiction a été saisie par maitre Brahim Belghith, l’auteur de cet article, et avec succès. Un arrêt du 22 septembre 2021 va condamner le régime du président Kaïs Saïed pour violations des droits de l’homme.

Ces acquis ont été consacrés dans les textes mais sans ancrage institutionnel dans la sphère publique qui vit dans un abus permanent des droits politiques et civiques élémentaires

Brahim Belghith, avocat auprès de la Cour de Cassation Tunisienne, de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des peuples et de la Cour Pénale Internationale

Kaïs Saïed, le Poutine de la Tunisie
Kaïs Saïed, le Poutine de la Tunisie

Trop peu connue, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples est une cour continentale établie par les pays africains pour assurer la protection des droits de l’homme et des peuples en Afrique. Elle complète et renforce les fonctions de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples.

Parmi les acquis de la transition démocratique des années 2011-2019 mal connus du public mais aussi des juristes fut la décision de la Tunisie d’accepter la compétence de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples de statuer sur les allégations de violations des droits de l’homme. Cet évènement passé presque inaperçu lors du mandat du feu le Premier ministre Beji Kaid Essebsi en 2017 est un révolutionnaire pour le système des droits de l’homme tunisien mais aussi nord-africain. Ce fut la première fois qu’un État arabe accepte la compétence d’une Cour spécialisé en Droits de l’homme. Et à un niveau de protection jamais atteint dans la région.

En absence d’une Cour constitutionnelle pour remédier aux abus présidentiels dans la Tunisie de Kaïs Saïed, l’avocat Brahim Belghith va ester devant la Cour Africaine et faire condamner la Tunisie.

Le dispositif de l’arrêt 

La Cour dans son arrêt condamne la Tunisie pour avoir violé :

  • Les droits à l’accès à la justice et au procès équitable
  • Le droit de chacun de participer à la direction des affaires publiques de son pays
  • Le droit aux garanties des droits de l’homme

Et ordonne à l’état défendeur notamment le retour à la démocratie constitutionnelle dans un délai de 2 ans

L’intérêt de l’arrêt 

  • C’était la première fois que la Tunisie est condamnée par la Cour Africaine
  • Cet arrêt condamne le changement inconstitutionnel des pouvoirs perpétué par le président Kais Said la Cour a même occasionnellement vérifié à juste titre la constitutionalité des textes émis par le président de la République la Cour Africaine est occasionnellement un remède à l’absence d’une Cour constitutionnelle, une Cour qui n’a pas vu le jour jusqu’à aujourd’hui.
  • La cour condamne d’une façon ferme le coup d’état ce qui est assez rare en Afrique ou on est passé pour les champions du monde des coups d’état c’est la tendance cette dernière décennie.
  • Cet arrêt dans un sens a recadré la démocratie et les droits de l’homme comme une question juridique et juridictionnelle et pas seulement politique

Les Effets de l’arrêt 

  • L’arrêt même s’il n’est pas le premier recours devant la Cour Africaine il a permis sa découverte par le grand public, les médias et même beaucoup de juristes le nombre d’affaire portés devant la Cour s’est nettement multiplié même si la recrudescence des violations du régime explique aussi ce phénomène
  • L’arrêt a clos le débat des sourds sur la constitutionalité et l’irrespect de l’article 80 de la constitution de Kais Said au moins d’un point de vue théorique et juridique.
  • A part Le parlement européen qui s’est référé à l’arrêt dans son communiqué de boycott des élections législatives de 2023 et l’union parlementaire internationale y fait aussi référence dans quelques décisions, les gouvernements et les institutions européennes ont totalement ignoré l’arrêt. Bien évidement ce n’est pas l’information qui a fait défaut mais d’une part le vent d’extrême droite et de populisme qui souffle sur l’Europe fait qu’ils préfèrent fermer les yeux sur les aberrations, les violations des droits de l’homme et l’illégitimité de Kais Said et son régime en contre partie des ses services de garde-frontières permettant de réduire la migration irrégulière, le cheval de bataille de ces mouvances politiques. D’autre part ils préfèrent garder la compétence voire le monopole de qualifier ce qui est respectueux et ce qui est contraire aux droits de l’homme pour mieux instrumentaliser la matière dans leurs relations avec les régimes africains.
  • Les autorités tunisiennes ont déposé une seule fois un rapport pour l’exécution de l’arrêt pour d’ailleurs motiver son inexécution mais ils n’ont surtout jamais communiqué sur l’arrêt.
  • Une demande d’ordonnance concernant l’exécution de l’arrêt est en cours devant la cour. La conférence des présidents et des chefs des gouvernements de l’union africaine est l’organe compétant pour prendre les mesures de nature à faire respecter les décisions de la Cour.

 

La réaction des autorités tunisiennes 

Les autorités tunisiennes n’ont pas obtempéré et on a gardé le silence dans un premier temps d’où la question de l’opportunité de ce contentieux peut être légitime à quoi bon se donner la peine d’ester devant la Cour Africaine si ses arrêts ne sont pas respectés par les autorités en place question assez requérante quand il s’agit de Cour ou institutions international à notre sens la Cour Africaine reste d’une importance conséquente pour plusieurs raisons notamment :

  • Il s’agit d’une Cour de droits de l’homme avec des magistrats expérimentés et compétents qui émis des ordonnances et des arrêts dont l’exécution reste juridiquement une obligation pour l’état même en absence de moyens coercitifs
  • La condamnation de l’état pour violations des droits de l’homme par la Cour est une forme de justice même partiellement pour la victime qui a besoin qu’il soit reconnu en tant que tel et qui va in fine avoir gain de cause pour le principe et l’histoire
  • Les arrêts de la Cour africaine peuvent être une forme de justice transitionnelle précoce c’est-à-dire une fois le contexte politique liberticide est changé les victimes n’attendrons pas la mise en place d’un processus de justice transitionnelle pou
  • L’exécution des arrêts de la Cour seront un critère sérieux avec toutes autorités nouvelles qui prétendrait rompre avec les violations des droits de l’homme
  • Même si les autorités en place font mine d’ignorer les décisions de la Cour ces décisions rendent le régime encore plus infréquentable et mettent les gouvernements et les institutions européennes qui traitent avec ce régime en embarras au moins devant leurs opinions publiques même si les changements et les horreurs dans le monde profitent au régime Kais Said, il a comme même décidé le retrait de la déclaration déposée par la Tunisie en 2017 pour accepter la compétence de la cour  africaine pour statuer sur les allégations des personnes physiques et les associations pour violations des droits de l’homme.

Le retrait de Tunisie fermeture de parenthèse ? 

Cette décision déposée le 07 avril 2025  à la présidence de l’union africaine est condamnée et critiquée par la société civile tunisienne et internationale. Le régime en place après avoir mis la justice interne au pas en anéantissant son indépendance institutionnelle et individuelle vient de barrer la route des justiciables tunisiens à un recours stratégique devant une cour qui n’a jamais exécuté ces décisions signe de sa mauvaise fois. Ce retrait est une atteinte notable au droit à l’accès à la justice pourtant constitutionnellement et conventionnellement protégé et une violation au principe de la non-régression des droits de l’homme consacré notamment dans l’article 55 de la constitution tunisienne qui impose la forme d’une loi pour toute restriction des droits de l’homme.

La décision est aussi objet de recours devant la Cour Africaine   qui décidera si elle restera un recours refuge pour les violations incessantes de ce régime ou qu’elle va sacrifier les garanties des droits de l’homme sur l’autel de la souveraineté des états pour rester politiquement correcte comme elle a déjà opté dans une jurisprudence antérieure.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’impuissance libanaise face aux frappes israéliennes https://mondafrique.com/libre-opinion/limpuissance-libanaise-face-aux-frappes-libanaises/ https://mondafrique.com/libre-opinion/limpuissance-libanaise-face-aux-frappes-libanaises/#respond Fri, 06 Jun 2025 04:33:16 +0000 https://mondafrique.com/?p=135172 À la veille de l’Aïd, Israël a frappé violemment la banlieue sud de Beyrouth, ciblant le Hezbollah. Une démonstration de force qui met à nu l’impuissance du pouvoir libanais, incapable d’imposer sa souveraineté ni de protéger ses citoyens. Netanyahou a déclaré qu’il nous ferait « regretter la guerre précédente, tellement celle-ci serait plus puissante… » À la veille […]

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À la veille de l’Aïd, Israël a frappé violemment la banlieue sud de Beyrouth, ciblant le Hezbollah. Une démonstration de force qui met à nu l’impuissance du pouvoir libanais, incapable d’imposer sa souveraineté ni de protéger ses citoyens. Netanyahou a déclaré qu’il nous ferait « regretter la guerre précédente, tellement celle-ci serait plus puissante… »

À la veille de l’Aïd al-Adha, alors que les rues de Beyrouth commençaient à se parer des lumières de fête, la capitale s’est brutalement réveillée à une autre réalité, celle de la guerre qui rôde. Dans la soirée du jeudi 5 juin, une série de frappes aériennes israéliennes s’est abattue sur la banlieue sud de Beyrouth, ciblant les quartiers densément peuplés de Hadath, Haret Hreik, Burj al-Barajneh, mais aussi Ain Qana au Sud-Liban. Selon l’armée israélienne, ces frappes visaient des infrastructures du Hezbollah liées à la production de drones. Pour les habitants, elles ont surtout signifié panique, peur, fuite précipitée. La scène n’est pas inédite. Mais son intensité est sans précédent depuis le cessez-le-feu du 27 novembre 2024. Et surtout, elle survient dans un moment politique crucial : les cent jours du gouvernement Nawaf Salam, une échéance symbolique qui aurait dû porter le sceau du renouveau, et qui se retrouve plutôt marquée du sceau de l’impuissance.

Car c’est bien cela que ces frappes mettent en lumière, au-delà des messages militaires ou diplomatiques qu’elles prétendent porter : l’échec profond de l’État libanais à exercer sa souveraineté. Ce que dit Israël à travers ces frappes, ce n’est pas seulement qu’il se défend ou qu’il répond à des tirs de roquettes. Ce qu’il dit, c’est que le pouvoir officiel libanais n’a plus de prise réelle sur ce qui se joue sur son sol. Que le Hezbollah continue de faire la pluie et le beau temps au sud, au sud-est, parfois même au centre. Que les déclarations répétées sur le monopole de la force par l’État ne sont que des mots, creux et inopérants. Joseph Aoun, nouvellement élu président, avait pourtant promis que 2025 serait l’année de la « restauration de l’autorité nationale ». Ce slogan, aussi martelé soit-il, se heurte à une réalité de terrain implacable : celle d’un groupe armé dont les capacités militaires sont encore conséquentes, dont les réseaux logistiques sont bien rodés, et qui continue à fonctionner en parallèle de l’État, avec son propre agenda régional, ses propres alliances, et surtout son impunité.

En frappant aussi violemment, Israël n’envoie pas un message uniquement au Hezbollah. Il s’adresse aussi, et peut-être surtout, au pouvoir libanais. Un pouvoir jugé trop lent et trop ambigu sur la question du désarmement. Les pressions internationales, notamment américaines, se sont multipliées ces dernières semaines. Washington a clairement exprimé son impatience face au manque de progrès dans l’application des accords de novembre. Des représentants comme Morgan Ortagus, très active ces derniers mois sur le dossier libanais, avant d’en être brusquement dessaisie il y a juste quelques courts jours – le timing interroge quand même ! –  ont fait savoir que les retards dans l’exécution des promesses sécuritaires pourraient entraîner un durcissement des positions américaines, voire une révision des aides militaires et financières. Le Liban ne peut pas éternellement se retrancher derrière ses faiblesses institutionnelles. Il doit, à un moment, choisir : affronter la complexité du désarmement ou s’enfoncer dans l’insignifiance géopolitique.

Un pays livré à lui-même

Cette escalade israélienne aurait dû provoquer un sursaut national. Elle aurait dû amener le pouvoir à convoquer un conseil de défense, à proposer un calendrier contraignant de mise en œuvre des résolutions internationales, à exiger du Hezbollah qu’il rende des comptes sur sa militarisation continue, y compris dans des zones civiles. Mais il n’en a rien été. Comme souvent, le président a publié un communiqué laconique, dénonçant la « violation de la souveraineté libanaise », et appelant la communauté internationale à « faire pression sur Israël ». Quant au Premier ministre Nawaf Salam, il a profité de son discours des 100 jours pour redire, sans y croire, que « l’État doit être seul détenteur de la violence légitime », sans présenter ni échéances, ni leviers, ni conséquences en cas de blocage. Les Libanais ne sont pas dupes. Ils savent que ces mots sont devenus des incantations bureaucratiques, déconnectées du réel. L’État ne protège plus, il observe. Il ne commande plus, il commente. Et pendant ce temps, les avions israéliens frappent, les drones survolent, et les enfants de la Banlieue sud (et des environs) tremblent dans les cages d’escaliers.

Le pire, c’est que cette paralysie s’accompagne d’une forme de normalisation du chaos. À force de vivre sous la menace, les Libanais ont appris à s’adapter, à détourner le regard, à relativiser l’insupportable. Une frappe ici, une roquette là, quelques morts de plus ou de moins… le compteur de l’indignation semble usé. Pourtant, cette dernière attaque dit quelque chose de plus grave : elle signifie que le Liban n’est plus perçu par ses voisins comme un État capable de négocier, d’imposer ou même de proposer. Il est perçu comme un territoire, un champ d’opérations… dans la guerre des autres ! Un pays fragmenté, incapable de défendre ses frontières, de contrôler ses cieux ou de protéger ses citoyens. L’armée, pourtant respectée, semble spectatrice. Et le pouvoir civil, pris entre les injonctions étrangères et les menaces intérieures, choisit de ne rien faire. Il gère le vide.

Ce vide, le Hezbollah le remplit. Par son réseau social, son narratif de « résistance », sa rhétorique de défense du Liban contre l’ennemi sioniste, il continue de séduire une partie de la population. Mais en réalité, il prend en otage tout un pays. Il parle au nom de tous, sans mandat. Il agit sans rendre de comptes. Il maintient ses armes tout en participant au jeu politique, comme si l’exception était devenue la règle. Et personne, ou presque, n’ose dire que ce double statut est le nœud du problème.

Alors que va-t-il se passer après ces frappes ? Faut-il espérer un nouveau cycle de négociations internationales ? Un revirement interne ? Rien de cela ne semble proche. Le Liban s’est installé dans l’entre-deux. Entre deux guerres, entre deux présidences, entre deux versions de lui-même. Les frappes israéliennes ne sont que le symptôme d’une maladie plus profonde : celle d’un État qui a abdiqué ses responsabilités, d’une élite qui s’accroche à ses privilèges, et d’une population qui, bien que lucide, n’a plus les moyens de se révolter.

 

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La Syrie avance, le Liban recule https://mondafrique.com/libre-opinion/la-syrie-avance-le-liban-recule/ https://mondafrique.com/libre-opinion/la-syrie-avance-le-liban-recule/#respond Thu, 05 Jun 2025 06:17:43 +0000 https://mondafrique.com/?p=135143 Le contraste est frappant. Alors que le Liban s’enlise dans ses labyrinthes politiques, la Syrie affiche une dynamique de reconstruction inattendue. Depuis la levée partielle des sanctions européennes et américaines au printemps 2025, le Président syrien Ahmed al-Charaa a signé des accords stratégiques avec des partenaires du Golfe, de Turquie et de Chine. Le Qatar […]

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Le contraste est frappant. Alors que le Liban s’enlise dans ses labyrinthes politiques, la Syrie affiche une dynamique de reconstruction inattendue.

Depuis la levée partielle des sanctions européennes et américaines au printemps 2025, le Président syrien Ahmed al-Charaa a signé des accords stratégiques avec des partenaires du Golfe, de Turquie et de Chine. Le Qatar a engagé 7 milliards de dollars via UCC Holding pour construire quatre centrales à gaz et une centrale solaire de 1000 MW. Près de 500 entreprises ont participé à des foires économiques à Damas en mai, concluant 200 contrats.

La Turquie, pourtant adversaire géopolitique, a laissé ses entreprises Formul Plastik et Entegre Harc pénétrer le marché syrien. Selon Reuters, elles anticipent jusqu’à 25 % de parts dans le gigantesque chantier estimé à plus de 1 000 milliards de dollars.

Pendant ce temps, au Liban, les seules annonces concrètes proviennent d’événements comme Project Lebanon 2025, où à peine 50 entreprises étrangères ont répondu présentes. L’initiative a été qualifiée de « vitrine sans fondations » par un diplomate européen anonyme cité par The New Arab.

Le désenchantement d’un peuple

Face à cette accumulation d’ambiguïtés, de blocages et de décisions incohérentes, l’opinion publique libanaise glisse dans un désenchantement profond. Ceux qui avaient vu en Joseph Aoun une figure capable de restaurer l’autorité de l’État dénoncent aujourd’hui un simulacre de souveraineté.

« C’est une présidence d’apparence. Les structures de pouvoir parallèles restent intactes, et les partenaires étrangers s’en détournent. » confient certains cercles de déçus, et ils sont nombreux.

Le Premier ministre Nawaf Salam, de son côté, reste discret. Pourtant, sa légitimité morale était forte. Juriste au passé irréprochable, partisan des réformes, Salam n’a pas encore su s’imposer comme moteur politique. Certains observateurs commencent à le comparer à Najib Mikati sous Michel Aoun, évoquant l’image d’un Premier ministre respectable, mais impuissant. Une analogie qui dit le désenchantement ambiant. Son profil tranchait avec la classe politique traditionnelle. Pourtant, cinq mois plus tard, il peine à imprimer sa marque. Absent du terrain diplomatique, peu visible dans les grandes annonces, Salam déçoit ceux qui l’imaginaient en figure de rupture.

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« Que les Palestiniens partent ou qu’ils meurent », Benyamin Netanyahou https://mondafrique.com/libre-opinion/que-les-palestiniens-partent-ou-quils-meurent-benyamin-netanyahou-alias-venance-konan/ https://mondafrique.com/libre-opinion/que-les-palestiniens-partent-ou-quils-meurent-benyamin-netanyahou-alias-venance-konan/#respond Mon, 02 Jun 2025 02:06:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=134512 En imaginant de façon volontairement outrancière l’argumentation du Premier minstre israélien refusant de laisser entrer les secours alimentaires alors que la population de Gaza meurt de faim, notre chroniqueur ivoirien Venance Konan tente de parler au nom et place de Benjamin Netanyahou. Jusqu’à l’absurde. Que faire d’autre face à une situation insoutenable que de réagir […]

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En imaginant de façon volontairement outrancière l’argumentation du Premier minstre israélien refusant de laisser entrer les secours alimentaires alors que la population de Gaza meurt de faim, notre chroniqueur ivoirien Venance Konan tente de parler au nom et place de Benjamin Netanyahou. Jusqu’à l’absurde.

Que faire d’autre face à une situation insoutenable que de réagir par la dérision pour ne pas céder au désespoir?

« Que veulent-ils finalement, ces Européens ? Surtout la France et la Grande-Bretagne ? Et maintenant le Canada qui les a rejoints ! Trump a bien raison de vouloir annexer ce pays. Que veulent-ils ? Que je donne à manger à ces gens-là avant de les bombarder ? A quoi bon ? Puisqu’ils seront bombardés et mourront de toutes les façons.

Moi, Benjamin Netanyahou, je crois que ces pays occidentaux préfèrent qu’ils meurent le ventre plein plutôt que vide. Mais pourquoi ? N’est-ce pas du gaspillage de nourriture ? Savent-ils combien de pauvres affamés partout dans le monde auraient besoin de toutes ces nourritures qu’ils veulent que j’aille donner à des gens qui vont mourir ? Qu’ils regardent donc l’Afrique, ce continent qu’ils aiment tant. Ils sont des milliers à mourir de faim là-bas. Ou l’Ukraine, tiens ! Là-bas, oui, ils ont besoin de nourritures, de médicaments, d’eau.

Même dans leurs propres rues en Europe, ils ont tous ces migrants qui meurent de faim et ont besoin de nourriture. Mais pas ceux-là. Non, certainement pas eux. Nous l’avions dit dès le début. Ce sont des animaux malfaisants et il faut les éradiquer de la surface de la terre. C’est tout.

Il y en a parmi ces Européens qui vont jusqu’à me demander d’arrêter de les bombarder. Mais comment feront-ils pour mourir si j’arrête de les bombarder ? Qui n’a donc pas encore compris ma stratégie ? Ou ils s’en vont, ou ils meurent. C’est pourtant simple à comprendre. Il faut qu’ils dégagent tous, pour que mon ami Trump et moi nous transformions cette terre qui me revient de droit en Riviera. Qu’ils dégagent. Soit en partant, soit en mourant. S’ils meurent de faim, ce serait une mort naturelle. Une mort bio, si l’on veut.

Une bombe, non seulement çà coûte cher, mais en plus ça pollue. En les laissant mourir de faim et de soif, on économise sur la nourriture et sur les bombes. Fallait y penser. Comme ils ne se regroupent plus en grand nombre dans un même endroit, il faut désormais plusieurs bombes pour tuer seulement quelques-uns. Parfois trois, deux, ou un. Ce n’est pas rentable. C’est mieux de détruire les hôpitaux, les réserves d’eau, les centrales thermiques et de les laisser mourir de faim, de soif, de maladies. Collectivement ou individuellement, peu importe.

« Je veux juste récupérer ce qui m’est dû, c’est tout »

Il y en a qui parlent de génocide. Qu’ils fassent très attention. Il y a des mots qui sont réservés et que l’on ne saurait se permettre de galvauder. On ne se réclame pas peuple victime de génocide aussi facilement. Ce n’est pas parce que je leur envoie des tonnes de bombes sur la tête et qu’ils meurent en masse, ce n’est pas parce que je veux qu’ils dégagent par tous les moyens de cette terre qui m’a été promise depuis des millénaires que l’on va employer un mot aussi lourd de sens. Je veux juste récupérer ce qui m’est dû, c’est tout.

S’ils étaient partis depuis le début, en 1948, il n’y aurait rien eu de tout cela. Nous leur avons par la suite fait beaucoup d’autres guerres pour qu’ils comprennent qu’ils doivent partir, mais apparemment ils sont bouchés. Ou bien font-ils exprès de ne pas comprendre ? Eh bien tant pis pour eux. Ils n’auront que ce qu’ils méritent.

J’en entends d’autres qui me demandent carrément de reconnaître leur Etat. Si cela n’est pas de l’antisémitisme, je ne sais ce qui peut encore l’être. Un autre Etat que le nôtre sur cette terre ? Qu’ils aillent bien lire le livre de l’Alliance et qu’ils viennent me montrer la partie où IL a parlé de partager cette terre avec ces gens-là. N’importe quoi !

Et d’ailleurs, dès qu’ils ont dit cela, quelqu’un a tué deux Juifs à Washington. Emmanuel Macron, Keir Starmer et Mark Carney porteront pour toujours ce crime sur la conscience.

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Désarmer le Hezbollah sans l’humilier, l’équation impossible! https://mondafrique.com/libre-opinion/desarmer-le-hezbollah-sans-lhumilier-lequation-impossible/ https://mondafrique.com/libre-opinion/desarmer-le-hezbollah-sans-lhumilier-lequation-impossible/#respond Sat, 31 May 2025 04:52:12 +0000 https://mondafrique.com/?p=134876 Le Président de la République libanaise, Joseph Aoun, veut reconquérir la souveraineté du pays en désarmant le Hezbollah, mais sans casset « l’équilibre » du pays. Et cet équilibre, pour l’instant, repose sur une équation : le désarmement du Hezbollah, oui, mais pas jusqu’à l’humiliation. Cette logique rend aléatoire la politique courageuse du pouvoir libanais. Un Hezbollah, […]

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Le Président de la République libanaise, Joseph Aoun, veut reconquérir la souveraineté du pays en désarmant le Hezbollah, mais sans casset « l’équilibre » du pays. Et cet équilibre, pour l’instant, repose sur une équation : le désarmement du Hezbollah, oui, mais pas jusqu’à l’humiliation. Cette logique rend aléatoire la politique courageuse du pouvoir libanais.
Un Hezbollah, affaibli, estconfronté à des dissension Le discours officiel du Hezbollah masque de plus en plus mal les fractures internes. Depuis le conflit de 2024, plusieurs voix au sein de l’environnement chiite ont commencé à questionner l’omniprésence militaire du parti. À Tyr, Nabatieh, voire dans certains quartiers de Dahieh (Banlieue Sud de Beyrouth), des critiques sourdes émergent, parfois relayées par des figures proches d’Amal, du clergé chiite modéré ou même d’ONG communautaires.Le Hezbollah, conscient de cette érosion, investit dans une campagne de remobilisation : événements commémoratifs, renforcement des écoles idéologiques, promesses de reconstruction. Mais sur le terrain, le moral des troupes est bas, les recrutements ralentissent, et la jeunesse chiite, confrontée à la crise économique, se détourne de plus en plus des engagements armés.

Désarmement contre reconstruction

Certains experts estiment que le Hezbollah aurait accepté, de facto, une forme de compromis dans le sud du pays. Une hypothèse renforcée par le fait qu’aucun incident grave n’a opposé ses forces à l’armée libanaise au cours des démantèlements post-novembre 2024.

Selon Randa Slim, analyste au Middle East Institute et citée par le Wall Street Journal : « À moins que le Hezbollah accepte de se désarmer lui-même, j’ai du mal à imaginer un scénario qui verrait le gouvernement libanais le faire par la force. » Mais elle ajoute aussitôt : « Ce que doivent faire les Libanais, c’est rendre politiquement intenable un refus du Hezbollah d’être désarmé, en liant la reconstruction des zones chiites à ce désarmement. » Autrement dit : il ne s’agit pas de vaincre le Hezbollah militairement, mais de l’amener à renoncer à ses armes par un chantage à la reconstruction et à la légitimité sociale.

Le double discours gouvernemental

La réalité, c’est que le Liban parle deux langues politiques. L’une est celle du droit international, du multilatéralisme, du monopole légitime de la violence. L’autre est celle de la « Résistance », de la légitimité révolutionnaire, du droit à l’auto-défense communautaire.

Dans les coulisses du pouvoir, cette contradiction crée un double discours permanent. À Baabda, on promet la souveraineté ; à Haret Hreik (Fief du Hezbollah) on la relativise. Le président de la République, Joseph Aoun, homme de l’armée, sait qu’il marche sur un fil. Son message aux délégations étrangères est clair : « Nous avançons, mais nous avançons sans casser l’équilibre. »

Faut-il obtenir le consentement du Hezbollah?C’est là le nœud du problème. Et à ce jour, la réponse est claire : non, pas sans son consentement. Le Hezbollah demeure de loin la force militaire non étatique la plus puissante du pays. Il dispose d’un arsenal balistique significatif, de drones armés, et de troupes d’élite aguerries par des années de combat en Syrie. Une confrontation directe avec lui exposerait l’État libanais à un risque d’implosion : guerre civile, rupture au sein de l’armée, effondrement des institutions sécuritaires.

Face à cette réalité, Beyrouth privilégie une approche graduelle et négociée. L’idée serait de troquer les armes contre une reconnaissance symbolique et politique. Plusieurs pistes sont évoquées : offrir au Hezbollah une place institutionnelle – par exemple via un poste symbolique dans un « commandement conjoint » fictif –, partager les dividendes de la reconstruction, ou encore reconnaître officiellement son rôle passé dans la libération du Sud. Autrement dit, lui permettre une sortie honorable, sans capitulation, en réduisant progressivement ses capacités de combat.

Pressions américaines

Alors que le Liban attend la visite officielle de la vice-émissaire américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus — dont la date n’est pas encore fixée — une lettre américaine a précédé son arrivée. Elle indique que la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu reste incomplète, et que des mesures sérieuses et tangibles sont attendues. Des sources politiques ont confirmé au média libanais « Houna Loubnan » que le Liban a été averti du mécontentement américain concernant les retards dans l’application des autres clauses de l’accord de cessez-le-feu, notamment la remise des armes du Hezbollah dans le nord du Litani. Ces sources ajoutent que le pari du Hezbollah sur le facteur temps pour éviter la remise de ses armes nuit au Liban, et que des mesures efficaces et rapides sont exigées.

Les mêmes sources précisent que l’administration américaine avait évoqué un calendrier précis pour clore ce dossier, et en avait informé certains médiateurs, mais le Liban a ignoré cette échéance. Elles expliquent également que la période de tolérance accordée au Liban est désormais terminée, et que Morgan Ortagus reviendra au Liban dans les deux prochaines semaines avec un ton plus ferme. Les États-Unis estiment que le Liban ne peut plus se permettre de perdre du temps, et que Washington est déterminé à appliquer pleinement les clauses de l’accord, par tous les moyens nécessaires, sans compromis ni discussion.

Des discussions ont lieu dans les coulisses politiques concernant l’inquiétude qui règne sur la scène intérieure libanaise, en raison d’informations selon lesquelles le Hezbollah se préparerait à mobiliser la rue à travers des manifestations populaires, sous le prétexte de faire pression sur le gouvernement concernant la question de la reconstruction. 

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Ilyas El Omari: la banalisation d’Al-Qaïda par les Occidentaux https://mondafrique.com/libre-opinion/ilyas-el-omari-la-banalisation-dal-qaida-par-les-occidentaux/ Wed, 28 May 2025 07:33:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=128440 Il est devenu évident qu’au cours des cinq dernières années, plusieurs capitales occidentales et non occidentales – notamment Londres et Washington – ont développé une dynamique visant à « normaliser » leurs relations avec Al-Qaïda qui, il n’y a pas si longtemps, apparaissait comme l’ennemi à abattre. Ilyas El Omari, ancien président du Conseil général […]

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Il est devenu évident qu’au cours des cinq dernières années, plusieurs capitales occidentales et non occidentales – notamment Londres et Washington – ont développé une dynamique visant à « normaliser » leurs relations avec Al-Qaïda qui, il n’y a pas si longtemps, apparaissait comme l’ennemi à abattre.

Ilyas El Omari, ancien président du Conseil général de Tanger-Tetouan-Al-Hoceima, patron de presse au Maroc et créateur notamment de Cap.info et de Cap.radio à Tanger

Pour lire l’article en arabe, il faut cliquer sur le lien ci dessous

https://capinfo.ma/

Pour ceux dont la mémoire fait défaut ou qui sont désorientés par l’enchaînement rapide des événements, rappelons qu’il s’agit de l’organisation même qui a inauguré l’ère du terrorisme moderne avec les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Pourtant, aujourd’hui, certains envisagent un dialogue avec elle et établissent même une distinction entre Al-Qaïda et Daech, prétendant que la première serait moins radicale et moins meurtrière envers les civils.

Al Qaïda, un interlocuteur reconnu

Cette évolution est d’autant plus troublante qu’Al-Qaïda était autrefois décrite comme l’incarnation même du terrorisme, l’organisation la plus impitoyable et extrémiste. Désormais, elle est conviée à des négociations et considérée non plus uniquement comme une menace à éliminer, mais comme un interlocuteur potentiel. Le Secrétaire général de l’ONU lui-même, a évoqué il y a quelques années sur l’éventualité d’un dialogue avec Al-Qaïda, a répondu que l’ONU était prête à discuter avec toute entité opposée au terrorisme – une déclaration pour le moins étonnante.

Lorsque la France et le gouvernement malien ont entamé des pourparlers pour libérer les membres d’Al-Qaïda détenus à Bamako, il n’a agi pas d’une simple tactique ponctuelle, mais d’une démarche s’inscrivant dans une tendance plus large. Des fuites ont même évoqué des versements atteignant 50 millions d’euros ou plus, des fonds qui pourraient, directement ou indirectement, profiteré à l’organisation.

Parallèlement, en Afghanistan, Al-Qaïda a retrouvé une légitimité. Après avoir vu le nombre de ses membres emprisonnés à Guantánamo, elle est réintégrée dans l’équation politique et dans les nouvelles structures de pouvoir. Aujourd’hui, les dirigeants afghans sont reçus dans différentes capitales et s’entretiennent avec des chefs d’État et des ministres, témoignant d’un revirement stratégique majeur.

La Syrie, laboratoire de cette banalisation

 

En Syrie, une transformation similaire s’est produite : celle qui figurait ici encore sur les listes internationales des terroristes les plus recherchées est désormais présentée sous un jour radicalement différent. Il est accueilli comme un leader ayant conduit une révolution populaire, bénéficiant d’une reconnaissance croissante sur la scène diplomatique, comme si sa nature profonde avait changé.

Que signifie cette évolution ? Elle semble converger vers la création d’un nouvel espace d’influence pour Al-Qaïda, situé à un carrefour stratégique aux frontières de l’Iran, de la Chine et de la Russie, où transitent des infrastructures majeures comme le gazoduc russo-chinois. Un territoire en formation, façonné pour servir des intérêts géopolitiques précis, notamment la préservation du projet israélien au cœur du Moyen-Orient.

En Afrique du Nord et dans le Sahel, le même schéma est reproduit. Alors que les rapports sécuritaires annoncent régulièrement le démantèlement de cellules affiliées à Daech, les actions contre Al-Qaïda restent peu médiatisées, bien que ce soit le groupe le plus actif de la région. S’agit-il d’une simple coïncidence, ou existe-t-il une volonté tacite de lui permettre de s’implanter durablement pour reproduire les scénarios afghans et syriens ?

Le leurre des Frères Musulmans

Cette situation n’a rien de nouveau. Après le 11 septembre, les Frères musulmans ont été mobilisés comme contrepoids à Al-Qaïda. Plus tard, lors du « Printemps arabe », ils ont accédé à des gouvernements grâce à des élections dont les résultats ont été influencés depuis des capitales occidentales.

Une fois leur rôle accompli, une autre mouvance, issue du même terreau idéologique, a été mise en avant pour affronter Daech. Le cycle se perpétue, remodelant les acteurs selon les impératifs du moment. Ce que beaucoup ignorent, et parmi ceux qui surfent sur ces dynamiques, c’est que le terrorisme, dans son essence, repose sur une idéologie fondamentale. On ne peut dissocier un hérisson de ses piquants ou, comme l’illustre parfaitement cette réflexion suite aux attentats de 2015 en France : « Élever un scorpion dans sa poche en espérant qu’il ne piquera que les autres est une illusion ; tôt ou tard, il finira par vous atteindre aussi. »

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L’Islamisme politique ne menace pas la République https://mondafrique.com/societe/lislamisme-politique-ne-menace-pas-la-republique/ Mon, 26 May 2025 08:50:34 +0000 https://mondafrique.com/?p=134119 Un rapport gouvernemental, intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France », présenté lors d’un Conseil de défense, mercredi 21 mai, pointe des menaces graves de la part d’une nébuleuse liée à la confrérie secrète des Frères musulmans, fondée en Égypte en 1928. Le chercheur Franck Frégosi, spécialiste de l’islam français, dénonce chez nos […]

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Un rapport gouvernemental, intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France », présenté lors d’un Conseil de défense, mercredi 21 mai, pointe des menaces graves de la part d’une nébuleuse liée à la confrérie secrète des Frères musulmans, fondée en Égypte en 1928. Le chercheur Franck Frégosi, spécialiste de l’islam français, dénonce chez nos confrères de l’excellent site « The Conversation » une communication politique et une interprétation erronée de ce que représente le « frérisme » dans la France d’aujourd’hui. Entretien.

politiste, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)


The Conversation : Dans quel contexte se situe ce rapport ? Qui le produit et dans quel but ?

Franck Frégosi : On parle du rapport Retailleau – ce dernier, dont les ambitions présidentielles sont connues, l’utilise habilement pour sa communication politique, notamment en faisant « fuiter » des extraits dans le Figaro dès dimanche 8 mai – mais, en fait, il s’agit d’un rapport commandé par son prédécesseur Gérald Darmanin, il y a plus d’un an. La cible du rapport, c’est la question de l’influence des Frères musulmans et, plus largement, de l’islamisme politique en Europe. Les rapporteurs et une commission ont procédé à des auditions et des déplacements, en France et à l’étranger. Ils ont sollicité le point de vue – dont le mien – d’universitaires ou d’experts sur les questions d’islam, il y a aussi toute une partie qui concerne les services de sécurité et qui n’a pas été rendu public.

Rappelons qu’au départ, ce rapport était annoncé comme classifié, mais le ministre Retailleau a souhaité le déclassifier. La version que j’ai pu consulter m’interroge. Est-ce le rapport tel qu’il a été écrit par les rapporteurs ? Cette version a-t-elle été retouchée sous l’influence du politique ? Il n’est pas du tout illégitime que l’État s’empare de ce sujet, mais il est important que l’on comprenne un peu plus précisément les conditions de sa production.

Le rapport parle de « risques », de « dangers » et de « menaces » liés à la mouvance « frériste », mais il donne aussi des chiffres : 400 personnes constitueraient le noyau dur de cette confrérie. Le rapport évoquer 139 lieux de culte affiliés à l’association Musulmans de France, héritière de l’Union des organisations islamiques en France (UOIF), elle-même héritière de la confrérie des Frères musulmans. Le document estime que 10 % des lieux de culte ouverts dans la période 2010-2020 y seraient affiliés, ce qui correspond à un ensemble de 91 000 fidèles (sachant qu’un fidèle peut fréquenter une mosquée sans adhérer à la « mouvance », comme le précise le rapport) qui représentent 0,01 % des 7,5 millions de musulmans de France. Ces chiffres signalent-ils un danger ?

F. F. : Considérant ces chiffres, j’avoue ne pas comprendre la nature de cette menace. Il est important de rappeler que ce n’est pas parce que des individus fréquentent un lieu de culte qu’ils adhèrent nécessairement à la philosophie de celui qui l’a créé. La proximité géographique de la mosquée explique beaucoup la logique de fréquentation. Doit-on considérer que 400  personnes, qui constitueraient le centre de la confrérie, pourraient subvertir les institutions républicaines voire islamiser la société ? Ce n’est pas crédible. Notons que, les Frères musulmans sont en perte de vitesse dans les pays musulmans et que l’association Musulmans de France, supposée être l’héritière de la « mouvance frériste » est plutôt en perte de vitesse dans notre pays – si l’on considère le nombre d’associations qui sont affiliées.hFaire un don

D’un point de vue idéologique, la mouvance frériste porte-t-elle un islam « intégral » menaçant la République comme le souligne le rapport ?

F. F. : Il faut dissocier les Frères musulmans des origines de ce qu’ils sont devenus en France aujourd’hui. Lors de la création de la confrérie en 1928, Hassan Al-Banna, le fondateur, veut clairement « réislamiser » la société égyptienne de façon gradualiste. Au cœur du projet, il y avait la référence centrale à la charia, mais dans un contexte majoritairement musulman et aussi par réaction à la présence coloniale britannique aux côtés du roi Farouk. Depuis, la confrérie a essaimé dans l’ensemble du monde musulman et a donné naissance dans plusieurs sociétés à différentes formations politiques.

Au cours des années, ces formations ont dû tenir compte de l’histoire propre de chaque société et des systèmes politiques locaux. En Europe, des militants, principalement issus de la branche égyptienne de la confrérie ont essayé de repenser ce projet « intégraliste », répondant à tous les aspects de la vie quotidienne en tenant compte du contexte d’un islam minoritaire au sein de sociétés sécularisées de surcroît. Mais, progressivement, ils ont pris conscience que la centralité de la charia ou d’un État islamique n’était guère envisageable dans l’espace européen et ont adapté leur discours.

Ainsi, Saïd Ramadan a-t-il proposé de réinterpréter la notion de charia comme « justice sociale ». La tonalité politique des origines s’est diluée, a progressivement disparu de leur agenda européen. Aujourd’hui, en France, l’objectif est surtout cultuel : il s’agit de ramener les musulmans présents en Europe à une observance de plus en plus conservatrice de la religion et de ses principes. Proposer un encadrement pour les prières, développer des bribes d’enseignement ou d’éducation islamique, construire des écoles sous contrat, surtout après l’interdiction du voile dans l’école et dans les lycées publics.

Les héritiers de cette mouvance sont devenus des notables communautaires plus soucieux de conservatisme moral et social en rupture de ban avec les éléments les plus activistes de la société, notamment certains jeunes musulmans nés en Europe, plus mobilisés et résolument critiques envers les gouvernements en place.

Le rapport souligne que les Frères musulmans sont une confrérie secrète. La démarche de respectabilité ou d’institutionnalisation est soupçonnée d’être une stratégie de dissimulation. Le but final serait toujours d’instaurer un califat.

F. F. : Les rapporteurs évoquent un projet secret, mais finalement ils n’avancent aucun élément sérieux pour le démontrer. Ils ne font que leur prêter des intentions sans être en mesure de les raccorder à des faits ou à des comportements délictueux. La confrérie secrète des origines est-elle toujours opérationnelle ? En France, l’appartenance à la « mouvance » n’est plus subordonnée à une prestation de serment au guide. Il y a à la fois, d’un côté, le mythe de la confrérie et de son cercle restreint qui tirait les ficelles de l’histoire et, de l’autre, la réalité de terrain. Ce que j’ai pu observer, depuis des décennies, ce sont des acteurs communautaires qui communiquent beaucoup, y compris sur leurs propres désaccords – cela ne ressemble pas aux pratiques d’une confrérie secrète. L’idée d’un double agenda ne tient pas véritablement la route à mon sens.

Certains spécialistes cités par le rapport considèrent que « d’ici une dizaine d’années, certaines municipalités seront à la main d’islamistes, à l’image de la Belgique où au moins cinq communes de l’agglomération bruxelloise, comme Saint-Josse ou Molenbeek, composée d’une écrasante majorité d’habitants d’origine étrangère, présentent les caractéristiques de territoires confisqués où le contrôle social des islamistes sur la population apparaît presque complet ». Qu’en pensez-vous ?

F. F. : Le rapport passe d’une étude sur la mouvance « frériste » à des considérations sur l’« islamisme » en général, et à l’islamisme municipal plus particulièrement ! Plus largement, il y a un glissement entre, d’une part, la légitime prévention contre tout courant qui légitimerait le recours à la violence et, de l’autre, le fait qu’il y a, dans nos sociétés, des personnes de confession ou de culture musulmane engagées en politique qui auraient l’ambition de faire élire un maire susceptible de leur venir en aide dans des projets collectifs (équipements cultuels, soutien financier d’associations…). C’est une autre manière de suggérer l’existence de logiques clientélistes qui pourraient trouver à s’exprimer lors des prochaines municipales.

Concernant la France, des études en sciences sociales montrent que, dans certains quartiers populaires, des groupes musulmans actifs – qui n’étaient pas spécialement Frères musulmans et qui étaient plutôt, jusque-là, politiquement abstinents – ont approché des élus, lors d’échéances électorales, afin d’être leurs interlocuteurs dans le quartier, principalement en vue d’objectifs matériels de proximité, comme le fait d’acquérir ou de louer un bâtiment communal pour un usage associatif ou tout simplement pour dénoncer l’insalubrité chronique dans certains quartiers périphériques. On est loin de tout projet de subversion de la République et d’instauration d’une zone où la charia serait l’unique norme en vigueur. Ces électeurs de confession musulmane tentent tout simplement de se faire entendre des élus et de défendre leurs intérêts de citoyens engagés dans le vie des territoires. D’autres ont essayé de créer des « listes communautaires », dans lesquelles la référence à l’islam était très ambiguë, mais elles n’ont pas rencontré le succès escompté, l’abstention étant très forte dans ces quartiers.

J’ajoute que le rapport entretient également une certaine confusion entre la visibilité urbaine du fait musulman (liée au voile ou à d’autres signes d’appartenance religieux, écoles musulmanes, commerces de produits halals…) qui s’est clairement développée et d’autres phénomènes, tels que la radicalité violente, dont peuvent se faire échos certaines mouvances ou certains sites.

Concernant le sport ou l’éducation, le rapport décrit un réseau étendu lié à la mouvance frériste. Il donne des chiffres : en 2020, 127 associations sportives sont identifiées comme « ayant une relation avec une mouvance séparatiste », rassemblant plus de 65 000 adhérents, parmi lesquelles 29 structures apparaissaient fondées ou noyautées par des tenants de l’islam radical, majoritairement salafiste (18) et fréristes (5) rassemblant plus de 11 000 adhérents. Le rapport admet pourtant que ce « chiffre peut paraître modeste » au regard des 156 000 structures sportives et 16,5 millions de licenciés…

F. F. : Ces chiffres concernent une infime minorité d’associations. Or, le rapport raisonne comme si le phénomène se généralisait à l’ensemble des clubs sportifs. Par ailleurs, ces différentes structures associatives sont présentées comme liées dans un projet commun, global et cohérent. Je serais extrêmement prudent. Qu’il y ait des associations sportives dans lesquelles on met en avant le respect d’un certain nombre de normes, on va dire éthiques ou vestimentaires, c’est un fait. Mais dans la galaxie de satellites qui peut être associée au frérisme, les associations ne sont pas forcément liées entre elles par une espèce de pacte commun visant à renverser la République et à instaurer le califat. Ce « complot » n’est à aucun moment démontré de façon crédible et n’est pas attesté par les enquêtes de terrain.

Je rappelle, par ailleurs, que ces associations doivent respecter un cadre légala fortiori pour les écoles qui visent une contractualisation. On soumet donc ces organisations musulmanes à un régime du soupçon systématique, il vaudrait mieux les juger sur ce qu’elles font concrètement.

Pourquoi cibler la mouvance frériste alors que d’autres courants de l’islam politique sont ignorés dans le rapport ?

F. F. : Le rapport constate que la dynamique des Frères musulmans est affaiblie dans le monde musulman, mais il affirme qu’elle serait majeure en Europe. Or, en France, on observe plutôt un essoufflement de celle-ci qui est largement concurrencée par d’autres dynamiques, notamment le salafisme et certaines formes de littéralisme que le rapport se garde d’étudier. Ayons à l’esprit que l’État saoudien, qui a tout de même permis le développement du salafisme (après avoir accueilli, dans les années 1950, lesdits Frères musulmans) sont aujourd’hui à la pointe du combat anti-Frères, de même que les Émiratis. Il y a sans doute une dimension géopolitique en jeu dans le fait de cibler exclusivement les Frères musulmans et, accessoirement, la Turquie d’Erdogan, comme si d’autres sensibilités n’étaient pas plus problématiques aujourd’hui. Le jihadisme n’est pas non plus évoqué, alors qu’il devrait être une priorité pour les pouvoirs publics !

Il y a beaucoup de choses à reprocher aux Frères musulmans. En Égypte historiquement et en Palestine, ils ont pu avoir recours à l’action violente. Mais de là à considérer que ce qui se passe aujourd’hui en France serait la préfiguration que ce qui s’est passé dans le Moyen-Orient… Il faut savoir raison garder et hiérarchiser les problèmes.

Quelles seront les conséquences de ce rapport ?

F. F. : Il a déjà des effets politiques, avec de nombreux commentaires de tous bords et une agitation médiatique immédiate. Le chef de l’État, débordé par le ministre de l’intérieur, tente de reprendre la main en demandant au gouvernement de faire des propositions d’ici au mois de juin. Il y a clairement un plan de Bruno Retailleau qui se positionne pour la présidentielle de 2027. Certains ténors réclament des interdictions d’associations.

Je rappelle l’importance de rester dans le cadre du droit et de la loi, et de ne pas glisser vers une logique d’arbitraire ou d’exception. J’observe qu’une des conclusions du rapport pointe que les outils du droit commun ne semblent pas adaptés à la « menace frériste ». Que faut-il entendre ? Doit-on à nouveau s’attendre à une nouvelle loi qui, après la lutte contre le séparatisme, ciblerait cette fois « l’entrisme frériste » ? Ne sommes-nous pas en droit de nous demander si la lutte contre le frérisme n’est pas un prétexte de plus pour suggérer que les musulmans pieux de ce pays devraient se voir imposer un régime de discrétion dans l’espace public ?


Propos recueillis par David Bornstein.

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Caroline Nourry
Directrice générale The Conversation France

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Mosesy Herininahary: « l’impasse » de l’aide au développement à Madagascar! https://mondafrique.com/libre-opinion/limpasse-de-laide-au-developpement-des-pays-riches/ Sun, 25 May 2025 18:44:14 +0000 https://mondafrique.com/?p=134262 Pendant des décennies, les pays riches ont inondé l’Afrique de milliards d’euros d’aide publique au développement. Ils ont construit des écoles, des routes, des plans d’urgence, souvent avec sincérité. Mais au fond, les résultats sont minces. La pauvreté reste, la croissance ne suit pas, et les États restent dépendants. Mosesy HERININAHARYPrésident – Association Observatoire de […]

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Pendant des décennies, les pays riches ont inondé l’Afrique de milliards d’euros d’aide publique au développement. Ils ont construit des écoles, des routes, des plans d’urgence, souvent avec sincérité. Mais au fond, les résultats sont minces. La pauvreté reste, la croissance ne suit pas, et les États restent dépendants.
Mosesy HERININAHARY
Président – Association Observatoire de la Vie Publique de Madagascar (AOVPM)
aovpm31@gmail.com
 

A Madagascar, où j’observe cette mécanique de près, les projets de l’Agence française de développement (AFD), de la Banque européenne d’investissement (BEI), et de la Banque mondiale (BM) illustrent cette impasse. Les agences de développement, car il s’agit d’elles, ont été créées pour prêter aux pays en développement, à l’instar de l’AFD créée par de Gaulle en 1941 et financé par l’Etat français qui emprunte à taux bas sur les marché.

L’AFD construit un collège au Gabon, répare un pont au Cameroun, creuse un puits dans un village malien, tandis qu’elle soutient une campagne contre les violences faites aux femmes au Niger.

Autre pays, autres schémas où les décisions politiques ont établi une division du travail : à Lilongwe la capitale du Malawi, la Grande-Bretagne finance des écoles, le Japon soutient des projets énergétiques, l’Europe soutient l’agriculture, et l’Irlande nourrit une industrie artisanale de militants pour la justice.

Sortons nos chiffres, les pays riches en 2024 ont dépensé 256 milliards de dollars US (éq. 0.4% de PIB) en aide étrangère, l’AFD a engagé 12 milliards d’euros en 2020 sous forme de prêts et de dons essentiellement en Afrique. Les trois institutions citées réunies ont mis sur la table plus de 500 millions d’euros depuis 2011 au bénéfice de la Commune Urbaine d’Antananarivo pour financer des projets axés sur les services urbains de base (assainissement, accès à l’eau potable, lutte contre les inondations) et le développement urbain.

Un rapport bénéfice-coût faible.



En 2024, sur la décennie passée, les 78 économies les plus faibles du monde ont connu une croissance plus lente qu’au cours de la décennie précédant 1970, époque à laquelle l’aide internationale a fait son apparition. Des analyses rétrospectives de la BM et du Fonds monétaire international (FMI) sont parvenu à la conclusion qu’aucun pays n’a réellement connu de croissance grâce à l’aide.

Selon des études faites par des chercheurs universitaires européens et américains, les aides aux systèmes de santé, au volet social, à l’éducation primaire, ou encore au développement des compétences des locaux, qui ont connus de réels succès, dans les faits n’ont pas stimulé ni la production, ni la croissance économique des pays destinataires.

Voire, des effets de bord, indésirables et non prévus sont même constatés, les aides affaiblissent plutôt que renforcent la capacité des pays bénéficiaires à fournir des services publics, et qu’une augmentation des dépenses de développement tend à entraîner une baisse des impôts, ainsi des rentrées fiscales.

La caractéristique de ces projets en échec sont qu’ils sont centralisés, confiés à des technostructures autochtones éloignées du terrain, qu’ils nourrissent une coopération verticale, parfois déconnectée, et au bénéfice limité.

Par causalité, les principales plaies les ayants voué à l’échec sont la bureaucratie de l’aide et le souci des dirigeants nationaux des pays bénéficiaires à se maintenir au pouvoir.

Des bureaucraties entières dédiées à la planification, la sécurisation et à la documentation de l’aide ont été créées. Les responsables occidentaux de l’aide cherchent sans le vouloir à transformer les pays pauvres en économies dirigées miniatures, tant les conditionnalités de versement ont un air de dirigisme, il faut empêcher à juste titre aux dirigeants locaux de tirer à eux les bénéfices de l’aide.

Nombre des politiciens locaux comptent effectivement sur l’aide pour financer leurs propres industries et projets, maintenir leurs réserves de change et améliorer ainsi le niveau de vie. N’a-t-on pas attendu quatre ans pour que les autorisations sortent sur le projet PIC 3, Pôles Intégrés de Croissance et Corridors de Madagascar ?

Ils vont jusqu’à jongler entre collaborer avec les donateurs pour maintenir les aides et esquiver les réformes difficiles qu’ils souhaitent pour ne pas contrarier la population et ainsi rester en poste.

La perpétuation d’un rapport inégal.

Une enquête montre dans le cadre des aides pourvues par l’AFD entre 2015-2019 que 320 sur 495 marchés de travaux ou de services ont été remportés par des sociétés domiciliés en France, dont principalement dans les secteurs de l’énergie et du BTP.

Dans le cas de Madagascar, il y a une asymétrie dans la coopération car l’élite politique malgache dépend du bailleur français. Il y a un manque de prise en compte des priorités locales car les projets sont imposés d’en haut. Ces contrats de marchés, il y a promotion de partenariats public-privé coûteux et peu transparents, des conditionnalités implicites qui éloignent les projets des besoins locaux.

Citons le projet de téléphérique à Antananarivo, il est évalué à environ 152 millions d’euros et financé en partie par des prêts français, le coût est disproportionné au regard d’une accessibilité limité pour la majorité des habitants, et d’un impact patrimonial non négligeable, sans parler du manque de consultation des habitants et des associations locales, non impliqués dans le processus décisionnel.

En conclusion, aucune nation n’est devenue riche grâce à l’aide. Pire, l’aide entretient des bureaucraties opaques, décourage l’innovation locale et finit par servir les intérêts de ceux qui la distribuent.

Il est temps de changer de modèle. De passer d’une logique de financement à une logique de partenariat. De faire confiance aux structures citoyennes, aux innovateurs locaux, aux autorités de proximité. Il ne s’agit pas d’abandonner l’aide, mais de la réinventer, radicalement.

Nous assistons à la fin d’un paradigme naïf, remplacé par un réalisme dur, l’aide n’est plus pensée comme un levier pour réduire la pauvreté mais comme un outil d’influence, et de contrôle.

Les agences de développement incarnent ainsi un modèle de coopération verticale bien financée, mais souvent déconnectée des dynamiques citoyennes et de l’innovation locale. Cela révèle l’usure profonde du paradigme de l’aide au développement classique.

Nous entrons dans une ère où la légitimité de l’aide est questionnée, tant du côté des bailleurs (sur son utilité) que des bénéficiaires (sur ses effets pervers). Où les projets réussis sont ceux qui émergent d’un ancrage local fort, d’un écosystème entrepreneurial endogène ou d’alliances hybrides. Et où les pays du Sud veulent passer du statut de “récepteurs” à celui de “codécideurs”, voire d’investisseurs.

De l’aide, oui, mais qui la définit ? à quelles conditions ? et pour qui agit-elle réellement ? Madagascar n’a pas besoin de sauveurs. Elle a besoin d’alliés lucides. Notre organisation peut jouer un rôle-clé de relais stratégique entre vision citoyenne, gouvernance locale, et bailleurs internationaux en recherche de nouveau modèle.



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Sahel, les réseaux sociaux ont remplacé les griots https://mondafrique.com/libre-opinion/legendes-et-realite-au-sahel/ Mon, 19 May 2025 23:23:32 +0000 https://mondafrique.com/?p=133963 Comme chacun sait, les faits ne parlent pas d’eux-mêmes. Ils doivent être contextualisés et surtout interprétés avec honnêteté. D’où l’importance croissante des récits qui ont l’ambition de « dire » la réalité. Cette dernière est, comme on dit, « têtue » et, comme toute vérité qui se respecte, elle vient tard mais, inexorablement, elle vient. […]

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Comme chacun sait, les faits ne parlent pas d’eux-mêmes. Ils doivent être contextualisés et surtout interprétés avec honnêteté. D’où l’importance croissante des récits qui ont l’ambition de « dire » la réalité. Cette dernière est, comme on dit, « têtue » et, comme toute vérité qui se respecte, elle vient tard mais, inexorablement, elle vient.

Mauro Armanino, Niamey, mai 2025

Dans cette partie du monde, on a inventé les griots ou conteurs qui, avec un art qui se transmet de génération en génération, racontent des généalogies et des événements qui glorifient (et parfois) défient le pouvoir. La réalité faite d’événements circule, de manière ambiguë, entre leurs mots. 

Aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux qui jouent ce rôle en termes, souvent, de simple propagande idéologique. Les mots-clés des pays qui composent le Sahel central, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, reflètent ce que l’on appelle sous d’autres cieux le populisme souverainiste. La préservation de la patrie se greffe sur la souveraineté nationale et le tout débouche sur une « refondation » qui devrait rouvrir l’horizon, jusqu’ici trahi, de la vraie réalité.

Ce n’est donc pas un hasard si ces pays, par cohérence avec ce qui a été dit plus haut, liquident les partis et si la vie politique du pays se traduit par de simples symboles.

Un seul drapeau

Les trois drapeaux des pays susmentionnés placés sur les ronds-points de la capitale, décolorés et oubliés dans le vent, sont remplacés par un seul drapeau. Il y a aussi un nouveau passeport qui n’ouvre pas les frontières encore fermées par choix. Un nouvel hymne baptisé « Le Confédéral » a été créé. Des comités veillent nuit et jour à la bonne santé du régime prétendument anti-impérialiste, panafricain et révolutionnaire. De nouvelles alliances et de nouveaux partenaires se créent sans renier les anciens. Entre un symbole et un autre, la réalité revient, obstinée, face au quotidien ardu et inexorable des citoyens nigériens.

L’effort des pays en question pour « orienter » et rendre « compatibles » l’information et la « narration » unilatérale de la réalité avec les régimes militaires ne semble pas fortuit. Les journalistes ou les citoyens qui seraient tentés de proposer une forme de narration différente de la narration « officielle » se heurtent à des enlèvements, des disparitions, des interrogatoires par des unités anti-terroristes et parfois des emprisonnements. Le « ministère de la Vérité », comme le rappelait l’écrivain George Orwell, a de beaux jours devant lui. Sauf que la réalité a le défaut d’être têtue et finit toujours par s’imposer.

 

                                                                        Mauro Armanino, Niamey, mai 2025

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