- Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Thu, 30 Oct 2025 04:46:37 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ 32 32  Un pur mirage russe vendu à un peuple malien anéanti https://mondafrique.com/a-la-une/un-pur-mirage-russe-vendu-au-peuple-malie/ https://mondafrique.com/a-la-une/un-pur-mirage-russe-vendu-au-peuple-malie/#respond Thu, 30 Oct 2025 04:40:11 +0000 https://mondafrique.com/?p=141828 Sous les promesses russes de souveraineté et d’abondance, le Mali s’enfonce dans la peur, la faim et le mensonge d’État.   Mohamed AG Ahmedou journaliste et acteur de la société civile malienne     En 2021, la junte malienne, portée par le colonel Assimi Goïta, signait un accord stratégique avec la Russie. À Bamako, l’ambassadeur […]

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Sous les promesses russes de souveraineté et d’abondance, le Mali s’enfonce dans la peur, la faim et le mensonge d’État.
 
Mohamed AG Ahmedou journaliste et acteur de la société civile malienne
 
 
En 2021, la junte malienne, portée par le colonel Assimi Goïta, signait un accord stratégique avec la Russie. À Bamako, l’ambassadeur russe au Mali promettait un tournant décisif : “la sécurité va revenir,  bientot les maliens sentiront qu’il y aura une accalmie progressive ”.
 
Quatre ans plus tard, les Maliens n’ont vu ni blé, ni carburant, ni électricité.
Les fameuses 200 000 tonnes de produits pétroliers par jour destinées à “soutenir l’agriculture”, les centrales nucléaires clés en main, ou les panneaux solaires au lithium sont restés des slogans creux.
 
 « Le blé promis par Moscou n’est jamais arrivé, témoigne un ancien cadre du ministère de l’Énergie en exil. Ce que nous avons reçu à la place, ce sont des villages brûlés et des civils décapités. »
 
Loin d’avoir restauré la souveraineté, le partenariat avec Moscou a plongé le pays dans une dépendance militaire et un effondrement économique.

Le grand effondrement : Bamako paralysée, le pays asphyxié:

 
Depuis 2024, la capitale vit sous un blocus invisible.
Les stations-service sont à sec, les transports à l’arrêt, et les coupures d’électricité se multiplient.
 
Le litre d’essence, vendu 1 850 francs CFA (moins de 1,40 €) en 2023, dépasse désormais 2 000 francs CFA (plus de 3 €) à Bamako tandis qu’il est un luxe à trouver.
Dans les autres villes du Sud, il atteint 6 500 francs CFA (près de 10 €),  quand on en trouve encore.
 
Conséquence immédiate : les écoles et universités ont été suspendues pour deux semaines. Le gouvernement invoque “une situation exceptionnelle liée à l’approvisionnement en carburant”.
 
La paralysie sociale gagne tous les métiers: Les boucheries ferment, faute de carburant  pour acheter la viande chez les grossistes à l’abattoir.
Les soudeurs et tailleurs ne peuvent plus travailler, privés d’énergie et de clients.
Les marchés populaires se vident lentement, et le désespoir monte.
 
« Même pour un kilo de sucre, il faut se battre », confie Hawa Traoré, vendeuse à Missira.
« On nous disait que la Russie allait nous sauver. Aujourd’hui, on ne survit plus. »
 
Le sac de riz de 50 kg dépasse désormais 50 000 francs CFA (près de 80 €), contre 24 000 à 32 500 avant la crise.
Quant au sucre, il est devenu un produit de luxe depuis l’incendie, en août 2024, des deux principales usines nationales,  Sukala et Dougabougou Seribala,  par les combattants du JNIM.

Les blocus djihadistes : un État sous siège

 
Pendant que la population s’enfonce dans la faim et la peur, les groupes affiliés au JNIM (Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin) gagnent du terrain.
Sous le commandement d’Amadou Koufa, de Bina Diarra et de Mahmoud Barry alias Abou Yehiya, ils contrôlent désormais plusieurs axes reliant Bamako à Ségou, Mopti et Tombouctou.
 
Les routes sont minées, infiltrées ou fermées, les convois attaqués, les villages brûlés.
Les zones rurales sont abandonnées à elles-mêmes.
 
« Bamako est aujourd’hui encerclée, analyse un expert en questions sécuritaires et humanitaires en poste à Dakar. La junte vit dans le déni complet. On redoute un scénario à la Kaboul. »
 
Les services de renseignement américains et suédois ont déjà demandé à leurs ressortissants de quitter immédiatement, le Mali par voie aérienne uniquement. Ce qui est plus que jamais alarmant en ce qui concerne l’installation imminente d’un chaos jihadistes au Mali.
 

De la Syrie à l’Afghanistan : la spirale malienne

 
Le Mali n’est pas la Syrie, mais la comparaison avec Kaboul 2021 s’impose.
Un pouvoir coupé de son peuple, assiégé, protégé par des forces étrangères, et en perte totale de contrôle.
 
 « En Syrie, certains rebelles avaient rompu avec l’islamisme avant leur insurrection.
Au Mali, l’État s’est livré à une puissance étrangère sans stratégie nationale.
Le modèle ici, c’est l’Afghanistan », souligne un chercheur sahélien depuis Dakar.
 
 
 
Pendant que les colonels célèbrent de supposées “victoires” à la télévision, les drones russes et turcs pilonnent indistinctement villages nomades, civils et zones agricoles.
 

Des massacres dissimulés 

 
De Kidal (7 novembre 2023) à Amasrakad (mars 2024), de Zouéra (8 juillet 2025) à Émimalane (24 octobre 2025), les bilans humains sont insoutenables : des femmes, des enfants, des vieillards massacrés.
 
Le régime parle de “neutralisation de terroristes”.
Les témoins, eux, parlent de massacres ethniques ciblés.
 
 « Ces récits fabriquent un ennemi intérieur pour masquer la faillite militaire du régime », explique un ancien diplomate malien qui requiert l’anonymat.
 
Dans les régions du Nord, les mercenaires de Wagner, désormais rebaptisés Africa Corps, agissent sans contrôle. Des villages comme Lougui, Ersane ou les alentours de Diabali ont été effacés de la carte.

Bamako  au bord de l’effondrement:

 
Voici en somme ce que l’on sait des chiffres d’un désastre:
 
1) Carburant introuvable : plus de 80 % des stations-service fermées. Électricité rationnée  jusqu’à 18 heures de coupure par jour.
2) Inflation record : +130 % sur le riz, +200 % sur le sucre. Écoles fermées : deux semaines de suspension nationale pour “crise énergétique”.
3) Fuite des capitaux : le secteur privé en exode vers Dakar et Abidjan.
4) Les ambassades sont réduites où les diplomates sont rappelés ou évacués temporairement.
 
Bamako suffoque. Les Maliens cherchent du carburant, du pain et un peu d’espoir. Les routes sont coupées, les écoles fermées, les voix libres muselées. Mais dans cette obscurité, des consciences s’éveillent.
 
La dissidence, la vérité et la mémoire.
 
 

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La victoire à la Pyrrhus du Président Ouattara https://mondafrique.com/libre-opinion/la-victoire-a-la-pyrrhus-du-president-ouattara/ https://mondafrique.com/libre-opinion/la-victoire-a-la-pyrrhus-du-president-ouattara/#respond Tue, 28 Oct 2025 08:02:38 +0000 https://mondafrique.com/?p=141639 Si on parle de « victoire à la Pyrrhus » à propos de la victoire aux forceps du présiden Ouattara, c’est en raison du roi Pyrrhus Ier d’Épire (IIIᵉ siècle av. J.-C.), un général grec qui affronta les Romains. Après avoir gagné la bataille d’Héraclée (280 av. J.-C.) puis celle d’Auscule (279 av. J.-C.), il aurait déclaré […]

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Si on parle de « victoire à la Pyrrhus » à propos de la victoire aux forceps du présiden Ouattara, c’est en raison du roi Pyrrhus Ier d’Épire (IIIᵉ siècle av. J.-C.), un général grec qui affronta les Romains. Après avoir gagné la bataille d’Héraclée (280 av. J.-C.) puis celle d’Auscule (279 av. J.-C.), il aurait déclaré :« Encore une victoire comme celle-là, et je suis perdu. » Ses armées avaient subi tant de pertes que, malgré la victoire, il ne pouvait plus continuer la guerre contre Rome.

Certes, le Président Ouattara l’emporte à la Présidentielle dont les résultats viennent d’être publiés avec un bilan très positif en termes de développement économique, de leadership régional et de stabilité intérieure avec la paix des braves proposée à Laurent Gbagbo, figure vieillissante et autocratique, mais incontournable dans le paysage ivoirien, à la façon d’un Mélenchon en France. Si le candidat sortant sauve la mise de son parti et de son clan pour un quatrième mandat, c’est pour de mauvaises raisons: l’incapacité à choisir un héritier, un scrutin verrouillé, une abstention massive, une fraude à grande échelle, des opposants historiques écartés et un peuple ivoirien tétanisé qui a vécu dans la peur d’un remake des affrontements violentsde 2020 et de dizaines de morts.

Cet automne, pas moins de deux cent incidents graves, d’après l’AFP, et cinq opposants tués dans les rues des grandes villes ivoiriennes ont ponctué cette campagne présidentielle qui méritait mieux pour ce grand pays africain stoppé dans un processus démocratique en marche. L’avenir pacifié de la Côte d’Ivoire, pilier de la refondation africaine, est pourtant essentiel pour l’avenir du continent, pour l’état de la démocratie et pour ce qui reste d’influence française. 

 Dans les rues désertes d’Abidjan comme dans de nombreuses localités de l’intérieur du pays, sous forte présence sécuritaire, la présidentielle du 25 octobre s’est tenue dans un climat de méfiance et de lassitude. Le pouvoir en place réussira à s’imposer, mais sans débat ni projet, et  peinera à masquer sa fragilité politique dans un climat de crise sociale et politique du Cameroun à Madagascar et du Maghreb au Sahel.

                                                        

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Lettre à Emmanuel Macron: « on ne désarme pas la Résistance » https://mondafrique.com/libre-opinion/lettre-a-emmanuel-macron-on-ne-desarme-pas-la-resistance/ https://mondafrique.com/libre-opinion/lettre-a-emmanuel-macron-on-ne-desarme-pas-la-resistance/#respond Mon, 27 Oct 2025 04:40:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141513 Le projet d’Emmanuel Macron de créer « une force internationale d’interposition » à laquelle la France participerait et qui serait chargées de planifier le désarmement des groupes palestiniens à Gaza et d’aider l’armée israélienne a suscité cette lettre ouverte teintée d’ironie de Maher Mellakh, chercheur en philosophie de l’Histoire. Mondafrique publie ce texte par souci de pluralisme, […]

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Le projet d’Emmanuel Macron de créer « une force internationale d’interposition » à laquelle la France participerait et qui serait chargées de planifier le désarmement des groupes palestiniens à Gaza et d’aider l’armée israélienne a suscité cette lettre ouverte teintée d’ironie de Maher Mellakh, chercheur en philosophie de l’Histoire. Mondafrique publie ce texte par souci de pluralisme, mais sans adhérer ni de près ni de loin à une comparaison entre la Résistance française gaulliste et le Hamas tel qu’il a fonctionné le 7 octobre et ensuite dans une gestion violente et inacceptable des otages israéliens.

« Monsieur le Président,

Permettez à un simple observateur — peut-être un peu distrait, mais point amnésique — de vous adresser ces lignes depuis ce siècle où l’on se souvient encore que la liberté, jadis, ne s’obtenait point par décret administratif.

J’ai lu, avec l’émerveillement qu’on réserve d’ordinaire aux illusionnistes, votre déclaration annonçant la création d’« équipes techniques » chargées de planifier le désarmement d’un mouvement de résistance en Palestine.

Quelle trouvaille éblouissante ! Quelle modernité raffinée !

On croirait entendre un architecte expliquer comment abattre une maison tout en promettant de laisser les rideaux à leurs fenêtres.

L’impossible « désarmement » de la Résistance 

Pris d’un léger vertige d’historien amateur, je me suis demandé ce qu’il serait advenu si, en 1943, un chef du gouvernement de Vichy — peut-être inspiré par votre goût du compromis — avait prononcé la même phrase : « Demain, nos équipes techniques commenceront le désarmement de la Résistance française. »

Ah ! Quelle paix ! Quel ordre ! Quel silence admirable !

Paris eût été un modèle de discipline, les maquisards de simples jardiniers, et le général de Gaulle, sans doute, un employé modèle dans quelque usine allemande.

La France eût connu l’« harmonie » sous la férule des généraux nazis ; et vous, Monsieur le Président, seriez aujourd’hui, dans le meilleur des cas, directeur d’un centre de rééducation civique quelque part en Rhénanie.

La paix, une belle idée

Mais le destin, comme toujours, en a décidé autrement : les résistants ont conservé leurs armes, tandis que la France a conservé son honneur. Et le chef de cette Résistance, figurez-vous, devint président de la Quatrième République ! C’est dire que parfois, ne pas suivre les bons conseils des techniciens peut sauver une nation entière.

Je comprends votre souci de paix, Monsieur le Président.

La paix est une fort belle idée ; tout le monde l’aime, surtout ceux qui n’ont jamais eu à la conquérir.

Mais permettez à un vieil ami de l’Histoire de vous confier un secret :mon ne dompte la soif de justice avec des commissions d’experts.

Vous appelez cela un plan!

Moi, j’y vois une farce — tragique, certes, mais farce tout de même.

Car derrière les grands mots — sécurité, stabilité, reconstruction — se cache l’antique illusion : celle de vouloir que les opprimés déposent leurs pierres avant que les puissants ne cessent de lancer les leurs.

L’Histoire, Monsieur le Président, raffole de ce genre d’ironie :les nations qui désarment leurs résistances finissent tôt ou tard par devoir désarmer leurs consciences.

Et les présidents qui prêchent la neutralité devant l’injustice n’entrent guère dans les livres d’Histoire comme diplomates exemplaires, mais plutôt comme notes de bas de page au mot lâcheté.

Je vous laisse à vos équipes techniques ; qu’elles veillent simplement à ne pas trébucher sur un reste d’honneur oublié sous la table des négociations. L’honneur, voyez-vous, est un objet tranchant : il blesse souvent ceux qui le piétinent.

« Celui qui désarma la Résistance d’hier ne libéra point de patrie. Celui qui veut désarmer la Résistance d’aujourd’hui ne protège aucune paix. »

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations les plus ironiquement respectueuses.

 

 

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Mauro Armanino: « Lettre à mon père » https://mondafrique.com/libre-opinion/mauro-armanino-lettre-a-mon-pere/ https://mondafrique.com/libre-opinion/mauro-armanino-lettre-a-mon-pere/#respond Sat, 25 Oct 2025 23:09:42 +0000 https://mondafrique.com/?p=141491 Mauro Armanino est un prêtre missionnaire italien, également anthropologue et auteur engagé qui a vécu depuis 2011 au Niger et qui nous fait parfois l’honneur de ses chroniques. Toutes nos pensées vont vers lui alors qu’il a perdu son père le 16 octobre dont il se souvient dans le texte émouvant qu’il nous a fait […]

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Mauro Armanino est un prêtre missionnaire italien, également anthropologue et auteur engagé qui a vécu depuis 2011 au Niger et qui nous fait parfois l’honneur de ses chroniques. Toutes nos pensées vont vers lui alors qu’il a perdu son père le 16 octobre dont il se souvient dans le texte émouvant qu’il nous a fait parvenir.

Cinquante-six ans s’étaient écoulés depuis ta naissance. Les années de travail dans la briqueterie de Pila sul Gromolo à Sestri Levante, aujourd’hui engloutie par le néant, avaient également joué leur rôle. Un travail manuel avec le four pour cuire les briques et le réfractaire à l’ancienne. Peu de vêtements de travail et encore moins de protections. C’est pourquoi les doigts de tes mains étaient usés par la chaleur et la rugosité du produit. Les morceaux de caoutchouc découpés dans les chambres à air des motos et des vélos ne servaient pas à grand-chose. Ta peau était usée, comme ta vie de partisan.

Dans le livre ‘Regards de liberté’, publié par l’ANPI de Casarza Ligure, Val Petronio et Alta Val di Vara, on se souvient que, né en 1926, tu as rejoint la formation partisane en août 1944. Tu avais 18 ans lorsque tu as intégré le groupe de combattants jusqu’à la fin, le 25 avril de l’année suivante. Des témoignages probants affirment que toi, le partisan Kent, tel était ton nom de guerre, tu avais refusé de prendre les armes qui t’étaient proposées. Tu t’étais en revanche spécialisé dans la conduite des mules indispensables dans les montagnes à la frontière entre La Spezia et Parme. Tu n’as pas laissé beaucoup de souvenirs de cette période brève et intense de ta vie. Tu conservais seulement et transmettais avec pudeur le souvenir d’une expérience qui allait marquer le reste de ta vie.

Ton engagement syndical au sein de la Filca Cisl, la Fédération italienne des travailleurs du bâtiment et des secteurs connexes, s’inscrit dans la continuité de ton expérience de partisan. En tant que délégué de base, tu visitais les chantiers de construction et, au sein de la ‘ Fornace’, tu t’efforçais de faire reconnaître et respecter les droits des travailleurs. Tu lisais souvent ‘ Le Travail’, célèbre quotidien génois fondé en 1903 et fermé en 1992, dix ans après ton décès. Tes deux fils ont suivi tes traces et se sont engagés dans les événements et les luttes syndicales de ces « années de plomb », comme on les a appelées par la suite. Notre mère, ton épouse issue d’un milieu paysan, n’était pas toujours favorable à notre engagement syndical. Amoureuse de la justice et de la vérité, elle ne pouvait que nous apprécier secrètement. Néanmoins, c’est au sein de la famille que s’est développée la plus grande continuité avec ton expérience de partisan.

Orphelin très tôt de père et, de manière dramatique, de mère, tu as perçu la valeur unique et irremplaçable de la famille. Une vie difficile, marquée par le chômage d’après-guerre et des conditions de vie à la fois pauvres et dignes. Mais avec le temps et la ténacité, ta famille a trouvé une plus grande sérénité, y compris sur le plan économique. La plus belle chose, entre nous, était justement l’expérience concrète de cette liberté dont tu t’étais abreuvé pendant les longs mois passés dans la résistance, entre privations, peurs et certitudes. Le monde nouveau était à portée de main. C’est ce que nous, tes enfants, avons respiré pendant les années que nous avons eu la chance de partager en famille et qui continuent d’inspirer nos chemins. Ce n’est pas un hasard si, le jour de ton enterrement dans le petit cimetière sur la colline près de l’église où tu t’étais marié avec notre mère, il pleuvait fort. Dieu avait peut-être voulu te donner, à sa manière, un dernier regard de liberté comme bénédiction.

Mauro Armanino, Casarza Ligure, 16 octobre 2025

 

 

 

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Un Liban impuissant face à l’étau israélo-américain https://mondafrique.com/moyen-orient/un-liban-impuissant-face-a-letau-israelo-americain/ https://mondafrique.com/moyen-orient/un-liban-impuissant-face-a-letau-israelo-americain/#respond Tue, 21 Oct 2025 07:08:13 +0000 https://mondafrique.com/?p=141155 Beyrouth n’a pas eu besoin de regarder le ciel pour sentir, ce lundi 20 octobre, la gravité du moment. Les drones israéliens ont survolé la capitale à très basse altitude

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Le Liban s’avance au bord de la rupture : frappes inédites au Sud et dans la Bekaa, drones à basse altitude sur Beyrouth, et ultimatum sans détour lancé par Washington. Jamais la pression régionale et internationale n’a été aussi explicite, ni la marge de manœuvre du pouvoir libanais aussi réduite.

Beyrouth n’a pas eu besoin de regarder le ciel pour sentir, ce lundi 20 octobre, la gravité du moment. Les drones israéliens ont survolé la capitale à très basse altitude, rendant visible l’invisible : l’état de siège psychologique dans lequel est plongé le Liban. Quelques jours plus tôt, le Sud et la Bekaa subissaient les frappes les plus violentes depuis le cessez-le-feu de novembre 2025, faisant craindre une bascule du fragile statu quo. Mais ce sont surtout les déclarations, le même jour, de l’émissaire américain Tom Barrack qui ont marqué un tournant : désormais, les lignes rouges et les faux-semblants semblent tomber, et le gouvernement libanais, aussi bien que le président de la République, se retrouvent face à des choix historiques – et à une responsabilité directe, désormais impossible à éluder.

 Frappes record et drones sur Beyrouth 

La semaine avait commencé sous le signe de la sidération. Dans la nuit du 17 au 18 octobre, des raids israéliens d’une intensité inédite depuis des mois frappaient simultanément le sud du Liban, de Naqoura à Khiam, et la plaine de la Bekaa, bastion logistique et politique du Hezbollah. Les chiffres officiels font état de plusieurs dizaines de frappes, ayant touché des infrastructures civiles, des positions militaires et provoqué une vague de déplacements dans les villages frontaliers. L’armée libanaise, dans un communiqué rare, parle de « violations graves et répétées », tandis que la FINUL se contente d’exprimer sa « profonde préoccupation ».

Mais ces violences, qui ravivent les souvenirs de la guerre de septembre-novembre 2024, s’inscrivent dans une stratégie graduée : il ne s’agit plus seulement d’exercer une pression militaire, mais de créer un sentiment d’étouffement total – politique, économique, psychologique. Ce lundi 20 octobre, la présence massive de drones israéliens à basse altitude au-dessus de Beyrouth et de sa banlieue sud complète ce tableau : la souveraineté nationale se mesure désormais à la hauteur d’un engin volant et au bruit qu’il imprime dans l’air. C’est tout le Liban qui vit au rythme des survols.

L’ultimatum américain

C’est dans ce climat de tension extrême que sont tombées les déclarations, lundi, de l’émissaire américain Tom Barrack. Elles ont eu l’effet d’une déflagration silencieuse dans les cercles du pouvoir. Pour la première fois, les États-Unis abandonnent l’ambiguïté et exposent, frontalement, leurs exigences et leurs lignes rouges :

Premièrement, le Liban doit accélérer le processus de retrait des armes du Hezbollah, et aborder ce dossier avec la gravité qu’il exige – en finir avec la fiction du « dialogue national » ou des « commissions techniques » qui reportent sans trancher.

Deuxièmement, il lui est intimé d’ouvrir des négociations directes avec Israël, sur tous les dossiers sensibles : frontières, cessez-le-feu, et même reconnaissance mutuelle. Ce qui fut longtemps un tabou s’impose soudain comme une feuille de route dictée de l’extérieur.

Troisièmement, le message est limpide : à défaut d’engagement sérieux, Israël pourrait déclencher une opération militaire d’envergure contre le Hezbollah, dont le Liban tout entier assumerait le prix – en vies humaines comme en destruction.

Ce changement de ton, relevé par de nombreux analystes (cf. L’Orient-Le Jour, 20/10/2025), fait écho à la lassitude occidentale vis-à-vis de la paralysie institutionnelle libanaise. À Washington comme à Paris, la patience s’épuise : « Le temps du double-jeu est terminé », confie sous couvert d’anonymat un diplomate européen. Sur le terrain, l’accélération des frappes israéliennes et la fréquence inédite des survols de drones sont la traduction concrète de cette doctrine du fait accompli : il s’agit de mettre le Liban devant ses responsabilités, de l’obliger à choisir.

L’ impossible choix

Mais choisir quoi ? Le gouvernement voit sa marge de manœuvre se réduire chaque jour. Les partis traditionnels se divisent sur la méthode et sur la légitimité même d’entamer un dialogue avec Israël. Le président de la République, en fonction depuis janvier 2025, doit arbitrer entre l’exigence de souveraineté et le risque d’une confrontation qui emporterait tout. Jamais, depuis 2008, la classe politique libanaise n’a été aussi exposée à ses propres contradictions : refuser de trancher, c’est risquer l’irréparable.

Côté Hezbollah, la ligne n’a pas changé : tout désarmement est conditionné à la fin de l’occupation israélienne des fermes de Chebaa et à des garanties sur la sécurité du Liban Sud. Mais le mouvement chiite, dont la légitimité populaire s’érode dans une partie de la société libanaise, se sait lui aussi sous pression : il lui faut éviter à tout prix un affrontement généralisé qui lui serait imputé.

La population, elle, se sent prise en otage. Les témoignages recueillis dans la banlieue sud comme dans les villages du Sud oscillent entre colère et résignation : « On nous demande de choisir entre l’humiliation et la guerre », résume un habitant de Tyr. Dans les écoles, on apprend à reconnaître le bourdonnement des drones comme autrefois celui des avions ; dans les rues, la peur se dit à demi-mots.

Les chancelleries arabes observent, partagées entre solidarité affichée et crainte de l’escalade. Le Qatar tente une médiation discrète, la France plaide pour une « solution libanaise », mais nul ne conteste que l’heure est au rapport de force – et que le temps du compromis mou semble bel et bien clos.

Ce lundi 20 octobre aura peut-être marqué un point de bascule dans le dossier libanais : la fin d’une ère d’ambiguïté, le surgissement d’une pression totale, militaire autant que politique. Le Liban est sommé de choisir : désarmer le Hezbollah, négocier avec Israël, ou s’exposer à une guerre dont nul ne connaît l’issue. Au sommet de l’État comme dans les rues, une question traverse toutes les conversations : face à l’histoire, saurons-nous écrire notre destin – ou le subir, une fois encore, dans la stupeur et le fracas ?

La nuit tombe sur Beyrouth. Au loin, le bruit des drones recommence, ponctuant le silence d’un pays suspendu à son propre souffle.

 

 

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Centrafrique : Anicet Georges Dologuélé défie l’ordre établi https://mondafrique.com/libre-opinion/centrafrique-anicet-georges-dologuele-defie-lordre-etabli/ https://mondafrique.com/libre-opinion/centrafrique-anicet-georges-dologuele-defie-lordre-etabli/#respond Sun, 19 Oct 2025 14:14:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141052 Jadis incontestée, sa nationalité centrafricaine qu'il aurait perdue en devenant français est désormais brandie comme une arme politique. Ce qui se joue autour de lui dépasse sa personne : c’est la démocratie elle-même qui vacille.

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Il est des figures qui, par leur simple volonté d’exister politiquement, deviennent le révélateur des failles d’un système. En République centrafricaine, Anicet Georges Dologuélé est aujourd’hui ce miroir tendu à une nation en quête de cohérence.
 
 
Jadis incontestée, sa nationalité centrafricaine qu’il aurait perdue en devenant français est désormais brandie comme une arme politique. Ce qui se joue autour de lui dépasse sa personne : c’est la démocratie elle-même qui vacille.

Une candidature qui dérange

 
Contre toute attente, Dologuélé a déposé sa candidature à la présidentielle, muni de tous les documents requis. Aucun texte ne l’avait déclaré apatride. Pourtant, à peine sa candidature enregistrée, le Tribunal de Grande Instance de Bangui, saisi par le procureur, annule son certificat de nationalité. Motif : il aurait perdu sa nationalité centrafricaine en devenant Français en 1994.
 
Ce coup de théâtre survient après une lettre adressée au Président Touadéra, dénonçant un acharnement politique. La réponse du Directeur de Cabinet, transmise “sur instruction du Président”, confirme ce que beaucoup redoutaient : l’affaire est devenue une manœuvre politique.
 

Une élimination par le droit

 
Comment un homme qui fut député, ministre, Premier ministre et candidat en 2020 peut-il être soudainement déclaré non centrafricain en 2025 ? La réponse n’est pas juridique, elle est stratégique. Derrière cette décision se profile une volonté d’éliminer un adversaire sans passer par les urnes.
 
Dologuélé incarne une rare stabilité dans un paysage politique fragmenté. Son éviction redessinerait les équilibres d’une élection déjà sous tension.
 
Ce n’est pas seulement l’affaire d’un homme. C’est celle de milliers de Centrafricains binationaux, qui vivent désormais dans la crainte d’être considérés comme des citoyens de seconde zone. Dologuélé lui-même l’a souligné : « J’étais candidat il y a cinq ans. Pourquoi n’a-t-on pas trouvé que je n’étais plus centrafricain ? Maintenant que je ne suis plus Français, on fait de moi l’unique apatride de l’histoire du pays. » Son combat devient celui de tous ceux que la loi de 1961 exclut ou divise. Une loi obsolète, utilisée comme outil d’exclusion politique.
 

Une justice sous pression

 
L’ordonnance du tribunal, rendue sans audience publique ni débat contradictoire, interroge. À la veille d’une présidentielle, peut-on encore croire à l’indépendance de la justice ? Le sentiment d’un procès politique déguisé en procédure administrative s’installe, minant la confiance des citoyens.
 
Dologuélé est devenu un test : celui de la solidité du système judiciaire, de la sincérité du processus électoral, de la maturité démocratique. Face à l’appareil étatique, il défend un principe fondamental : l’égalité devant la loi. S’il est écarté, c’est le droit qui chancelle. S’il reste, c’est la justice qui respire encore.
 

Une loi qui fracture la nation

 
La question de la nationalité ne peut plus être traitée comme une affaire individuelle. Elle divise, marginalise, fragilise. Dans un pays où tant de cadres et responsables ont la double nationalité, le risque d’une fracture identitaire est réel. Et cette fracture est visible jusqu’au sommet de l’État. Plusieurs ministres, conseillers et hauts fonctionnaires sont binationaux. Le contraste avec le traitement réservé à Dologuélé nourrit un sentiment d’injustice et révèle une application sélective de la loi.
 
 
Et si Dologuélé n’était que l’arbre qui cache la forêt ? Son cas révèle une peur du pouvoir face à toute alternative crédible. Derrière cette exclusion, c’est le verrouillage du débat démocratique qui se joue.

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De Poitiers à Gaza: la longue histoire française de l’Arabe https://mondafrique.com/libre-opinion/de-poitiers-a-gaza-la-longue-histoire-francaise-de-larabe/ Tue, 14 Oct 2025 21:53:53 +0000 https://mondafrique.com/?p=140626 Mondafrique publie, avec son accord, l’intervention de l’écrivain et dramaturge algérien Mohamed Kacimi, lors des rencontres culturelles organisées à l’Institut du Monde Arabe par le Qatar et consacrées au dialogue interculturel entre le Monde arabe et l’Europe La première fois que la France croise la figure de l’Arabe, c’est sur un champ de bataille : […]

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Mondafrique publie, avec son accord, l’intervention de l’écrivain et dramaturge algérien Mohamed Kacimi, lors des rencontres culturelles organisées à l’Institut du Monde Arabe par le Qatar et consacrées au dialogue interculturel entre le Monde arabe et l’Europe

La première fois que la France croise la figure de l’Arabe, c’est sur un champ de bataille : Poitiers, en 732. Charles Martel affronte les troupes d’ʿAbd al-Raḥmān al-Ghāfiqī. Le chef arabe meurt, l’armée se retire. L’événement, mineur dans l’histoire des conquêtes omeyyades, prendra avec le temps des proportions mythiques. Au Moyen Âge, il devient la gloire des ancêtres de Charlemagne ; au XIXᵉ siècle, il est surnommé « le marteau des infidèles ». Michelet et l’école républicaine y voient l’acte fondateur d’une Europe sauvée du « péril musulman ». Poitiers entre dans la mémoire française comme une frontière symbolique : celle qui sépare l’Occident chrétien du monde arabe. Une légende plus forte que la réalité.

Mais dès les siècles suivants, les échanges intellectuels et artistiques démentent cette opposition. À la Renaissance, l’Europe entretient une relation ambivalente avec l’islam : crainte de l’Empire ottoman, fascination d’al-Andalus. Par les routes de Tolède, Séville ou Grenade, l’Occident redécouvre Aristote, Avicenne, Averroès. Les sciences arabes irriguent l’humanisme : médecine, astronomie, mathématiques, philosophie. L’art gothique lui-même emprunte ses arcs et ses arabesques à l’architecture islamique. À l’heure où l’Europe se définit contre l’islam, elle s’en nourrit plus qu’elle ne l’avoue.

Au XVIIIᵉ siècle, le regard se déplace : l’islam devient un miroir critique. Voltaire, dans Mahomet ou le fanatisme, dénonce la figure du Prophète pour mieux attaquer l’intolérance chrétienne. Diderot, dans L’Encyclopédie, reconnaît à la civilisation arabe le mérite d’avoir transmis les savoirs de l’Antiquité. L’Orient devient pour les Lumières un espace mental, un territoire où penser la tolérance, la raison, la liberté. L’« Arabe » n’est pas encore un ennemi : il est l’autre par lequel l’Europe s’interroge sur elle-même.

Tout bascule avec l’expédition d’Égypte. Lorsque Bonaparte débarque à Alexandrie en 1798, il inaugure une ère nouvelle : celle de la domination coloniale sous couvert de curiosité scientifique. Derrière la Description de l’Égypte et la naissance de l’égyptologie se profile déjà une entreprise d’asservissement. En 1830, la conquête de l’Algérie parachève le basculement : la France n’observe plus l’Orient, elle le conquiert. Abd el-Kader est vaincu, l’Algérie annexée, les habitants soumis au Code de l’indigénat. Dans le même temps, l’Europe se fabrique un Orient de papier et de toiles : Delacroix, Ingres, Gérôme en fixent les couleurs ; Chateaubriand, Flaubert ou Lamartine en dessinent les mirages. Réalité coloniale d’un côté, rêve orientaliste de l’autre : la domination se pare des séductions de l’imaginaire.

Mais à ce fantasme s’ajoute un discours prétendument savant. En 1883, Ernest Renan prononce à la Sorbonne sa célèbre conférence L’islamisme et la science, où il décrit l’islam comme « stérile » et « incompatible avec la raison ». L’idéologie coloniale trouve là son alibi intellectuel : la France aurait pour mission de « civiliser » ceux qu’elle juge incapables de progrès. Cette condescendance se prolongera longtemps. Même Malraux, en 1934, débarquant au Caire, écrit dans Les Antimémoires : « J’ai découvert l’Orient, pareil à un Arabe juché sur son âne, bercé par l’invincible sommeil de l’islam. » Phrase terrible, symptôme d’un aveuglement généralisé.

Heureusement, d’autres voix françaises ont perçu l’Orient autrement. Barrès, pèlerin de Grenade et de Damas, célèbre la grandeur de l’Espagne arabe. Segalen, refusant l’exotisme de pacotille, fait de l’altérité une valeur poétique et spirituelle. Aragon, dans Le Fou d’Elsa, ressuscite l’Andalousie perdue et inscrit la poésie arabe médiévale dans un horizon universel. Camus, dans Misère de la Kabylie, affronte sans fard la réalité des colonisés. Et plus tard, Jean Genet, dans Le Captif amoureux, prend fait et cause pour la cause palestinienne avec une empathie radicale. Ces écrivains n’ont pas rêvé l’Orient, ils l’ont regardé, et parfois partagé.

Le XXᵉ siècle fut celui des révoltes et des indépendances. La France réprime au Maroc, en Syrie, en Algérie, mais les soldats arabes combattent aussi pour elle, dans les tranchées de 14-18 et dans la Résistance. Après 1945, l’empire s’effondre : Maroc et Tunisie en 1956, Algérie en 1962. L’indépendance ne clôt pas l’histoire, elle la prolonge sous d’autres formes : celles de l’exil et de l’immigration. Les travailleurs venus du Maghreb participent à la reconstruction du pays, fondent des familles, inscrivent durablement la langue arabe et l’islam dans le paysage français. Ce n’est plus la France qui va en Orient, c’est l’Orient qui habite la France.

Et nous voici au XXIᵉ siècle.
Les blessures coloniales n’ont pas cicatrisé. L’islam, deuxième religion du pays, demeure au centre des peurs et des fantasmes. Pourtant, jamais la culture arabe n’a été aussi présente dans la création française.
Dans les arts visuels, Baya, Kader Attia ou Adel Abdessemed interrogent la mémoire coloniale, la cicatrice et la réparation.
Au cinéma, après Lakhdar Hamina, Rachid Bouchareb ou Abdellatif Kechiche, une génération féminine s’impose : Houda Benyamina (Divines), Mounia Meddour (Papicha), Sofia Djama (Les Bienheureux), Kaouther Ben Hania, Lion d’argent à Venise en 2024 pour The Voice of Hind Rajab.
Dans la musique, du raï de Khaled et Rachid Taha au rap de Médine, IAM, Soolking ou Lyna Mahyem, les rythmes venus d’Oran, d’Alger, de Casablanca et de Marseille dessinent la bande-son d’une France métissée.
Dans la littérature, enfin, la langue française accueille Kateb Yacine, Assia Djebar, Driss Chraïbi et aujourd’hui , Kaouther Adimi, Alice Zeniter, Nina Bouraoui : autant d’écrivains qui prouvent que l’héritage arabe n’est pas périphérique mais constitutif de notre modernité.

Et pourtant, la méfiance persiste. Selon l’INED et l’INSEE, l’arabe est aujourd’hui la deuxième langue parlée dans les foyers de France. Mais à l’école, elle reste marginale. Langue du foyer, de la nostalgie, de la mémoire, elle vit dans l’intime mais n’existe pas dans la République.Tolérée, jamais reconnue.

Les institutions la regardent comme une étrangère suspecte — une langue qui dérangerait l’ordre symbolique, comme si chaque mot portait la menace d’un autre monde.

Pire : elle fait peur. Peur de quoi, au juste ? Mystère national.

Certains ont trouvé la formule magique : apprendre l’arabe, ce serait islamiser l’école (Luc Ferry) ; pire encore, fracturer la France (Éric Ciotti).

À ce stade, ce n’est plus de la politique, c’est de la prestidigitation : il suffirait d’un cours d’arabe pour faire vaciller la République.

Alors, selon la même logique, un cours de chinois annoncerait l’invasion économique du pays, et une initiation au russe préparerait les frappes de drones au‑dessus de la tour Eiffel.

 

La France, qui a su imposer sa langue au monde — souvent par le feu et par l’épée —, redoute aujourd’hui d’en accueillir une autre dans ses propres murs.

 

Ainsi, cette communauté arabe et musulmane, désormais enracinée dans la nation, se retrouve malgré elle érigée en repoussoir.

À chaque crise, on la brandit comme une explication commode, le bouc émissaire, selon René Girard, celui sur qui la société projette ses peurs, ses tensions, ses fautes collectives pour mieux se purifier.

Symptôme de tous les maux : insécurité, perte d’identité, menace religieuse, fantasme du « grand remplacement ».

Et pendant que ses enfants écrivent, filment, soignent, enseignent, inventent, créent — on continue de les soupçonner d’appartenir à un ailleurs qu’ils n’ont jamais connu.

 

Ce glissement, savamment entretenu, alimente les pulsions politiques les plus sombres.

Le Rassemblement national, aux portes du pouvoir, s’en empare, promettant à la France un âge d’or sans étrangers, sans islam, sans métissage — un pays de cocagne purifié de son propre reflet.

C’est le vieux rêve de Poitiers qui ressurgit : la peur de l’autre travestie en défense de soi.

 

Mais le racisme, autrefois réflexe honteux du pauvre piétinant plus misérable que lui, est devenu aujourd’hui un marqueur d’appartenance, une fierté.

Il ne se cantonne plus aux marges démunies : il traverse la société française de haut en bas, à la verticale.

On le porte désormais à la boutonnière comme une décoration, une légion d’honneur.

Et les chaînes d’information en continu l’instillent haut et fort, nuit et jour, dans les veines de la société française.

 

Haïr l’autre, vouloir sa mort ou son effacement : ce n’est plus considéré comme un délit, mais présenté — nous dit‑on — comme un acte de légitime défense, l’expression naturelle de l’instinct de survie.

 

Et pourtant, c’est peut‑être cette part arabe de la France qui lui offre encore une chance de se réinventer.

Une chance de redevenir un pays d’invention et non de fermeture.

Car ce que cette culture révèle, avec ses blessures et ses fulgurances, c’est que la France n’est pas une citadelle mais une traversée.

Une langue qui s’invente au croisement des mondes, une mémoire qui refuse l’amnésie, un pays qui ne cesse de naître à lui‑même dans le regard de ceux qu’il appelle encore « les autres ».

Du fracas de Poitiers à la poussière de Gaza, de la Description de l’Égypte aux cités de banlieue, plus d’un millénaire d’histoire raconte la même obsession : assigner l’autre au rôle de menace existentielle.

Et tant que ce récit perdurera, c’est l’Europe elle‑même qui restera prisonnière de sa peur.

L’Europe s’est construite sur ce face‑à‑face : l’Orient comme son miroir inversé, son double nécessaire, son ombre portée.

Chaque conquête, chaque expédition, chaque livre, chaque tableau n’aura fait qu’affiner cette image, la polir jusqu’à la croyance.

Et aujourd’hui encore, ce mythe continue d’agir.

Sous d’autres formes, dans d’autres langages, il persiste — dans les discours politiques, les débats télévisés, les lois de suspicion et les peurs recyclées.

 

Ce qui se joue désormais n’est plus la conquête d’un territoire, mais celle du récit.

Car c’est lui, le vrai champ de bataille : la manière dont la France se raconte à elle‑même son rapport à l’arabe, à l’islam, à l’immigré.

Une France qui aime le couscous, le raï, le rap, mais redoute la langue qui les a portés.

Une France qui célèbre les artistes issus des marges tout en maintenant leurs mots en marge.

Une France qui voudrait que l’arabe reste un accent, pas une langue ; une couleur, pas une pensée.

 

Et c’est peut‑être là que réside le cœur du malentendu : cette culture arabe née ici, dans les failles de la République, est à la fois française et refusée.

Elle dit ce que la nation ne veut pas voir d’elle‑même : son hétérogénéité, sa mémoire coloniale, son inachèvement.

Elle est le témoin d’un refoulé collectif.

C’est pour cela qu’on la transforme en menace, qu’on l’accuse de tout ce qui échappe — le chômage, la violence, la perte de sens.

Ainsi, la communauté arabe et musulmane devient l’écran sur lequel se projettent les angoisses du pays.

Et pendant que le Rassemblement national qui pourrait reprendre à son compte le surnom de Martel «  Marteau des infidèles «  promet, alors qu’il est aux portes du pouvoir,  la pureté retrouvée, les foules applaudissent l’idée d’un retour impossible : une France sans mélange, sans ombre, sans mémoire.

 

Mais il est trop tard.

L’arabe n’est plus à la frontière : il est dans la bouche, dans la phrase, dans la musique, dans la syntaxe même du pays.

Il est devenu une respiration du français.

Effacer cette présence serait mutiler la langue commune.

Refuser cet héritage, c’est se condamner à parler une langue amputée, un imaginaire atrophié.

Ce n’est plus l’Orient qui attend d’être compris, c’est l’Occident qui doit enfin se déchiffrer.

Car au fond, ce n’est ni l’islam ni l’Arabe qui menacent la France.

C’est la France, lorsqu’elle renie ce qui l’a enrichie, ce qui l’a aidée à se libérer et à se rebâtir.

Une nation ne meurt pas de ce qui la féconde, mais de ce dont elle s’ampute.

 

Mohamed Kacimi, écrivain et dramaturge, est notamment l’auteur, avec Chantal Dagron, de Arabes, vous avez dit Arabes ? — une anthologie des regards d’auteurs européens sur le monde arabe, d’Eschyle à de Gaulle (Balland, 1990). Il a également publié La Confession d’Abraham (Gallimard, 2000) et L’Orient après l’amour (Actes Sud, 2008).
Sa dernière publication est la traduction de Palestine en éclats, anthologie de la poésie féminine palestinienne de Nida Younis (Al Manar, 2025).

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Jean-Jacques RATSIETISON: la culture du coup d’État à Madagascar  https://mondafrique.com/libre-opinion/la-culture-du-coup-detat-a-madagascar/ Fri, 10 Oct 2025 07:02:04 +0000 https://mondafrique.com/?p=140299 La GEN Z qui rassemble depuis dix jours des dizaines de milliers de manifestants dans les grandes villes de Madagascar a fait appel à toutes les forces vives de la nation pour demander la démission de Andry RAJOELINA et appelle à une grève générale. Le Président malgache crie au complot et appelle au respect de […]

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La GEN Z qui rassemble depuis dix jours des dizaines de milliers de manifestants dans les grandes villes de Madagascar a fait appel à toutes les forces vives de la nation pour demander la démission de Andry RAJOELINA et appelle à une grève générale. Le Président malgache crie au complot et appelle au respect de la démocratie. « Est- il bien placé pour cela ? », se demande notre chroniqueur alors que les manifestations massives de jeudi ont été marquées par de très nombreuses victimes en raison de la brutalité de la répression

Une chronique de Jean-Jacques RATSIETISON 
Economiste
Président de FMI MALAGASY

Il convient de rappeler que Andry RAJOELINA n’a été porté au pouvoir en 2009 que grâce à un coup d’état et il a récidivé en 2023 en réalisant 2 autres coups d’état pour accéder au pouvoir :

  1. Un coup d’état Institutionnel en 2023. Le jour de l’attribution des numéros que chaque candidat devait porter lors de l’élection présidentielle, la liste officielle des candidats transmise par la HCC à la CENI ne comportait que 12 noms et le nom de Andry Nirina Rajoelina n’y figurait pas à la grande surprise de toute la salle. Sans se démonter, la secrétaire de séance s’est empressée au vu et au su de tous les Malgaches, puisque la cérémonie était retransmise en direct par tous les médias nationaux, de rajouter le nom d’Andry Rajoelina démontrant la complicité flagrante des 2 principales Institutions en charge des élections alors que la liste était officiellement close.
    Il faut rappeler qu’une rumeur persistante faisait état de l’invalidation de la candidature de Rajoelina par la HCC dans la dernière ligne droite. Au vu des évènements, il semblerait que cela aurait bien été le cas et que des « pressions » ou des « corruptions » de dernière minute aient changé la donne sauf que la HCC aurait alors omis de mettre la liste définitive à jour des dernières tractations ? Toujours est-il que l’erreur matérielle est à exclure compte tenu du nombre limité de candidats.
  2. Un coup d’état Constitutionnel. Aux termes de l’article 46 de la Constitution Malgache, « tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malagasy…… » or Andry Rajoelina a bel et bien perdu sa nationalité Malagasy en demandant sa naturalisation Française et ne pouvait se présenter à la course à la Magistrature suprême : Rajoelina a violé la Constitution et imposé sa candidature avec l’aide des forces de l’ordre

Le mouvement GEN Z ne peut être accusé de fomenter un coup d’état en demandant le départ de Rajoelina. Il s’agit en effet de restaurer l’état de droit que Rajoelina l’usurpateur a bafoué.

Une note de l’Ambassade de France à Madagascar sévère pour le pouvoir malgache

 

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Sahel, les juntes militaires s’en prennent aux familles https://mondafrique.com/libre-opinion/disparitions-et-represailles-familiales-des-juntes-ouest-africaines/ Wed, 08 Oct 2025 20:10:24 +0000 https://mondafrique.com/?p=140213 Il y a un an, Yasmine Bassolé, fille de l’ancien ministre burkinabè Djibrill Bassolé, était enlevée à Ouagadougou par des hommes en civil.Depuis, aucune trace, aucune explication. Les représailles contre les familles, une pratique taboue dans des pays africains respectueux des traditions, sont monnaie courante depuis que les juntes militaires ont pris le pouvoir.  Ni […]

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Il y a un an, Yasmine Bassolé, fille de l’ancien ministre burkinabè Djibrill Bassolé, était enlevée à Ouagadougou par des hommes en civil.Depuis, aucune trace, aucune explication. Les représailles contre les familles, une pratique taboue dans des pays africains respectueux des traditions, sont monnaie courante depuis que les juntes militaires ont pris le pouvoir. 

Ni mandat, ni chef d’accusation, ni communication officielle : une disparition en dehors de ntout cadre légal, sous le régime du capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2022. Pour beaucoup, cet enlèvement symbolise la dérive autoritaire d’un pouvoir militaire.

Le sort de Yasmine fait écho à un autre drame, cette fois en Guinée, où le père du journaliste exilé Mamoudou Babila Keïta a été enlevé à
N’Zérékoré fin septembre. L’homme, âgé de 75 ans, n’a aucun lien avec les activités de son fils. Pourtant, sous la junte du général Mamadi
Doumbouya, au pouvoir depuis 2021, les pressions contre la presse et les représailles contre les familles de journalistes ou d’opposants se
multiplient.

Opacité, peur et impunité

Du Burkina Faso à la Guinée, les parallèles sont frappants : arrestations arbitraires, disparitions forcées, intimidation des proches
de figures critiques. Les juntes, installées au nom de la sécurité ou de la refondation nationale, reproduisent les pratiques qu’elles
prétendaient combattre : l’opacité, la peur et l’impunité.

En s’attaquant non plus seulement aux opposants mais à leurs familles, ces régimes franchissent une ligne rouge. Il n’y a pas si longtemps
encore, en Afrique il existait une règle tacite, les pouvoirs ne s’en prenait pas aux familles des opposants.

Ce temps est désormais révolu.

 
 

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Le Président Emmanuel Macron au pied du mur! https://mondafrique.com/libre-opinion/emmanuel-macron-au-pied-du-mur-de-lhistoire/ Tue, 07 Oct 2025 12:42:44 +0000 https://mondafrique.com/?p=140109 Estimant que « les conditions n’étaient plus remplies » pour rester premier ministre, Sébastien Lecornu a remis sa démission, lundi, à Emmanuel Macron, quatorze heures seulement après avoir formé son gouvernement. L’Élysée lui a demandé de mener d’ici mercredi d’ultimes négociations sur une « plateforme d’action et de stabilité » et s’est dit prêt, selon son entourage, à « prendre ses responsabilités » si ces discussions, qui doivent […]

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Estimant que « les conditions n’étaient plus remplies » pour rester premier ministre, Sébastien Lecornu a remis sa démission, lundi, à Emmanuel Macron, quatorze heures seulement après avoir formé son gouvernement. L’Élysée lui a demandé de mener d’ici mercredi d’ultimes négociations sur une « plateforme d’action et de stabilité » et s’est dit prêt, selon son entourage, à « prendre ses responsabilités » si ces discussions, qui doivent débuter mardi matin, échouent. 

Cinq Premiers ministres en trois ans, dont le dernier, Sébastien Lecornu, ne restera en fonctions que quelques heures dans la nuit de dimanche à lundi; un chef de gouvernement démissionnaire mais toujours en fonctions à Matignon et sommé de trouver en deux jours la formule magique introuvable en presque un mois; un Président qui se promène, solitaire, sur les bords de la Seine, mais accroché à son portable et filmé par les télévisions, dans une scénographie dénuée de sens politique; un parti de droite qui se réclame du gaullisme, mais qui invente la formule inédite de la participation gouvernementale sans soutien parlementaire, faute de compter suffisamment de ministres dans la dernière mouture proposée; l’incapacité congénitale de la classe politique française, divisée désormais en trois, voire quatre blocs irréductibles, et obsédée par l’échéance présidentielle, d’explorer les voies d’un parlementarisme à la française

La République est devenue un bateau ivre et le Président français, clé de voute des institutions politiques, l’ombre de lui même sauf dans l’énergie qu’il déploie sur le plan international dans des initiatives aussi louables que tardives, de la relance de la défense européenne à la création d’un État palestinien, deux grands desseins qui n’auront guère avancé au final sous son règne. .

L’Heure est venue d’une VIeme République qui ne soit plus cette monarchie républicaine reposant sur les prérogatives d’un seul homme, fut-il élu au suffrage universel. .« Ainsi va la France personnalisée, écrivait François Mitterrand en 1964 dans « le coup d’état permanent ». Je connais des Français qui s’en émerveillent, qui ne sont pas choqués de voir leur patrie réduite aux dimensions d’un homme… Ils ont du vague à l’âme dès qu’ils sont privés du frisson que leur procure le meilleur artiste de la télévision, le dernier des monstres sacrés… Ils ont hâte de voir une tête dépasser le rang et d’obéir à la vieille musique du droit divin tirée de la mythologie du moment. »

La cinquième République finissante nous fait revivre l’agonie de la IV eme République, mais sans un de Gaulle pour sauver les meubles et avec en prime la menace de voir les héritiers de Jean Marie Le Pen prendre le pouvoir lrsque Emmanuel Macron décidera enfin de dissoudre l’Assemblée Nationale, la seule sortie de crise qui lui reste.

 

 

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