- Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Tue, 02 Sep 2025 07:05:01 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ 32 32 La fraternité arabe n’est plus qu’une fiction https://mondafrique.com/libre-opinion/la-fraternite-arabe-nest-plus-quune-fiction/ https://mondafrique.com/libre-opinion/la-fraternite-arabe-nest-plus-quune-fiction/#respond Tue, 02 Sep 2025 03:55:07 +0000 https://mondafrique.com/?p=138130 Les pays arabes ne porteront pas secours à Gaza. Aucun d’entre eux n’a engagé la moindre initiative diplomatique d’envergure pour empêcher la réoccupation de l’enclave et mettre fin au déluge israélien de feu et d’acier qu’elle subit depuis bientôt deux ans. Par Akram Belkaïd, (revue de presse : Le Monde diplomatique – septembre 2025)* Rejoignez la nouvelle […]

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Les pays arabes ne porteront pas secours à Gaza. Aucun d’entre eux n’a engagé la moindre initiative diplomatique d’envergure pour empêcher la réoccupation de l’enclave et mettre fin au déluge israélien de feu et d’acier qu’elle subit depuis bientôt deux ans.

Par Akram Belkaïd, (revue de presse : Le Monde diplomatique – septembre 2025)*

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Malgré un bilan humain terrifiant (70 000 morts dont 70 % de femmes et d’enfants selon les estimations) et une famine digne des pires sièges médiévaux, il n’est pas une capitale du Maghreb ou du Machrek exigeant des sanctions contre Tel-Aviv ou menaçant ses partenaires occidentaux de mesures de rétorsion pour leur soutien indéfectible à M. Benyamin Netanyahou et à son gouvernement (1). Contrairement à ce qui advint en 1973 pendant la guerre d’Octobre, l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep) ne cherche pas à convaincre les autres producteurs de restreindre les livraisons d’or noir afin que Washington fasse pression sur son protégé. Certains événements symbolisent parfaitement ce changement d’époque : alors que les armes américaines continuent d’affluer en Israël et que le Congrès vote crédit sur crédit au profit de Tel-Aviv, l’USS Forrest Sherman, un destroyer de la marine de guerre des États-Unis, fait tranquillement escale à Alger en mai (2).

Récemment libéré après quarante et un ans de détention en France, le militant communiste Georges Ibrahim Abdallah fustige les peuples autant — sinon plus — que leurs dirigeants.

“Les enfants de Palestine meurent de faim”, déclarait-il à son arrivée à Beyrouth. “C’est une honte pour l’histoire. Une honte pour les masses arabes, plus encore que pour les régimes. Les régimes, on les connaît. Combien de martyrs sont tombés dans les manifestations ? En tentant de franchir les frontières de Gaza ? Aucun. Personne n’est tombé. Tout dépend du peuple d’Égypte, plus que de toute autre partie”.

Les dirigeants égyptiens ne l’entendent pas de cette oreille. Sans retenue, ils renforcent la coopération économique avec Tel-Aviv. Pour Le Caire, il n’est pas question de rompre les relations diplomatiques, même si chaque jour les Gazaouis meurent par dizaines. Certes, 40 000 soldats égyptiens sont bien déployés dans le nord du Sinaï, mais leur mission n’est pas de frayer un passage pour l’aide humanitaire, plutôt d’empêcher un afflux de réfugiés dans la péninsule. S’il n’était inodore, on pourrait affirmer que cette passivité sent le méthane. Début août, la compagnie israélienne Newmed annonçait la signature d’un contrat “historique” de 35 milliards d’euros portant sur la fourniture à l’Égypte de gaz naturel extrait du site offshore Leviathan à partir de 2026. Les livraisons en jeu — 135 milliards de mètres cubes sur quinze ans — correspondent à 20 % de la consommation annuelle du pays. Depuis 2019, et la conclusion d’un premier contrat d’achat de 60 milliards de mètres cubes, Le Caire accepte donc que sa sécurité énergétique dépende de son voisin. Ce qui explique sans doute que ses forces de police aient empêché, souvent de manière musclée, les participants à la marche mondiale vers Gaza de converger vers le Sinaï en juin.

Autre exemple, les Émirats arabes unis ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre des accords Abraham. Edge Group, l’un des fleurons de leur industrie de défense, annonçait en janvier vouloir investir 10 millions de dollars pour acquérir une participation de 30 % dans la société israélienne Thirdeye Systems spécialisée dans la détection de drones grâce à l’intelligence artificielle. En Égypte, aux Émirats ou au Maroc, autre pays signataire des accords Abraham, la normalisation avec Israël rime avec bonnes affaires. De quoi inspirer la Syrie et l’Arabie saoudite, qui multiplient les contacts avec l’ennemi des Palestiniens.

*Source : Le Monde diplomatique

Traduit par Spirit of Free Speech

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Un appel en faveur de « relations apaisées » entre Paris et Alger https://mondafrique.com/limage-du-jour/un-appel-en-faveur-de-relations-apaisees-entre-paris-et-alger/ https://mondafrique.com/limage-du-jour/un-appel-en-faveur-de-relations-apaisees-entre-paris-et-alger/#respond Fri, 29 Aug 2025 03:50:51 +0000 https://mondafrique.com/?p=137965 Voici une ettre ouverte à l’attention de Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française et Monsieur Abdelmadjid Tebboune, Président de la République algérienne démocratique et populaire en faveur de relations apaisées entre l’Algérie  et la France Ci-joint les  premiers signataires   Nous vous écrivons aujourd’hui, en tant qu’Algériens, Français, Franco-algériens et amis des deux rives, […]

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Voici une ettre ouverte à l’attention de Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française et Monsieur Abdelmadjid Tebboune, Président de la République algérienne démocratique et populaire en faveur de relations apaisées entre l’Algérie  et la France

Ci-joint les  premiers signataires  

Nous vous écrivons aujourd’hui, en tant qu’Algériens, Français, Franco-algériens et amis des deux rives, avec inquiétude et gravité, mais aussi portés par un espoir sincère.

Gravité, car les relations entre nos deux pays traversent une nouvelle phase de tensions, d’incompréhensions et de crispations.

Espoir, car nous restons convaincus qu’une approche politique courageuse et une volonté partagée peuvent ouvrir la voie à une réconciliation durable.

Ce qui relie nos deux pays s’inscrit dans l’Histoire et ses blessures. Cette mémoire commune ne peut être ni effacée, ni détournée, ni instrumentalisée à des fins de division. Les séquelles de la colonisation, de la guerre, de l’exil et des discriminations demeurent vives des deux côtés de la Méditerranée. Pourtant, elles ne doivent pas entraver la construction d’un avenir apaisé, fondé sur le respect mutuel et l’intérêt commun.

Algériens, Français et toutes celles et ceux concernés par ces liens historiques et humains portent une double mémoire, une double appartenance et une double espérance. Ils aspirent à vivre en paix sans être stigmatisés, caricaturés ou transformés en boucs émissaires ; être reconnus dans leur dignité ; ne plus être pris en otage dans des tensions politiques dont ils ne sont ni les auteurs ni les responsables, mais au contraire contribuer pleinement à la société française et à la société algérienne, au développement des deux pays, à consolider les nombreux liens entre-deux, sans devoir choisir un camp ni justifier leur loyauté.

Dans ce contexte, Messieurs les Présidents, votre responsabilité est grande. Vous avez le pouvoir et le devoir d’ouvrir une voie de sortie de crise : rétablir un dialogue franc, traiter avec courage et honnêteté les questions mémorielles, renforcer les échanges humains, culturels et économiques entre nos deux pays, surtout placer les jeunes au centre des préoccupations et protéger les populations prises dans cet entre-deux sans voie de sortie : souvent blessées, mais toujours dignes.

L’avenir des relations entre la France et l’Algérie ne peut se réduire à des calculs électoraux ou à des postures diplomatiques éphémères. Il concerne des millions de vies, engage les générations à venir et façonne l’image de nos nations à l’échelle mondiale.

Le silence des peuples n’est pas indifférence : il exprime un profond malaise et une inquiétude face à l’escalade des tensions entre l’Algérie et la France. Chacun espère un retour rapide à l’apaisement, à une relation fondée sur la confiance, la dignité et la solidarité.

C’est, animés de cette espérance que nous vous adressons cette lettre, tout en espérant que soit retrouvé l’esprit qui a animé les hommes d’État qui ont su trouver les solutions idoines au sortir d’une guerre atroce.

Nous vous prions de bien vouloir agréer, Messieurs les Présidents, l’expression de notre haute considération.

Les premiers signataires :

Lyazid BENHAMI, Président du Groupe de Réflexion sur l’Algérie (GRAL)

Aissa KADRI, Professeur des universités, Ancien directeur de l’Institut Maghreb Europe Paris VIII

Nils ANDERSSON, Président de l’Association Contre la Colonisation Aujourd’hui (ACCA), Ancien éditeur

Ahmed MAHIOU, Agrégé des facultés de droit, Ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger, Ancien directeur de l’IREMAM (Aix-en-Provence)

Stanislas HUTIN, Membre de l’Association la 4ACG (Anciens appelés en Algérie contre la guerre et leurs amis)

Michel BERTHELEMY, Membre de l’Association la 4ACG

Jacques PRADEL, Président de l’Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amies (ANPNPA)

Louisa FERHAT, Présidente de l’Association Femmes Berbères Européennes

                  Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des universités, expert international -Industrie & Energie

Farid YAKER, Président du Forum France-Algérie

Allain LOPEZ, Secrétaire de la ANPNPA Midi Pyrénées

Nadir MAROUF, Anthropologue du droit, Professeur Émérite des Universités (UPJV – Amiens)

Alain RUSCIO, Historien

Gilles MANCERON, Historien

Catherine BRUN, Professeure Université Sorbonne Nouvelle (Paris)

Viviane CANDAS, Cinéaste

Christophe LAFAYE, Docteur en histoire contemporaine ; Université d’Aix Marseille, Chercheur-associé à l’université de Bourgogne Europe

Alice CHERKI, Psychiatre, psychanalyste

Todd SHEPARD, Professeur – Johns Hopkins Université – Baltimore USA

Hocine ZEGHBIB, Juriste, Maître de conférences honoraire, Université de Montpellier, ancien directeur du Master européen « Migrations Inter Méditerranéennes »

Emmanuel ALCARAZ, Docteur en histoire – Mesopolhis-Science-Po Aix

Hanafi Si LARBI, Universitaire

Henri POUILLOT, Militant anticolonialiste et antiraciste

Fatiha RAHMOUNI, Avocate

Kader A. ABDERRAHIM, Maître de conférences – Sciences Po Paris & Chercheur en sciences politiques

Pierre PRADEL, Membre de l’Association des Pieds Noirs Progressistes et leurs Ami.e. s

Madjid SI HOCINE, Chef de service hospitalier

Fayçal ZEGGAT, Opérateur économique – Agroalimentaire – Algérie

Myassa MESSAOUDI, Universitaire et Écrivaine Franco-Algérienne

Guy JOURDAIN, Ancien Officier de Marine & Membre du corps du Contrôle Général des Armées

Mustapha BOUTADJINE, Artiste-plasticien – Paris

Tarek L. RADJEF, Ingénieur à la retraite

Abdelhalim ZEGGAT, Avocat – Alger

Henni Mahammedi BOUZINA, Membre l’Association Nationale des Pieds Noirs et leurs Ami e s ( ANPNPA)

Nabéla AÏSSAOUI, Directrice juridique

Nassim MAHDI, Médecin cardiologue

Boukhari Nacer-Eddine dit N.E. TATEM, Journaliste

Omar HAMOURIT, Historien

Ouarda MERROUCHE, Économiste

Omar Adel BELARBI, Directeur de projets – Groupe immobilier – France, Conseiller de quartier Paris 15

Hocine ADMEZIEM, Cadre & Entrepreneur – France

Ahmed GHOUATI, Consultant en Éducation et Formation

Betitra AMOUR, Cadre secteur bancaire – France

Brahim OUMANSOUR, Géopolitologue

Rahim REZIGAT, Association de Promotion des Cultures et du Voyage

Fernand PONCET, Ancien appelé en Algérie

Karim HOUFAID, Réalisateur & Expert en coopération internationale – France

Mohamed KHANDRICHE, Sociologue et militant associatif dans les deux pays

Tewfik ALLAL, Correcteur, militant associatif

Yohan LAFFORT, Réalisateur

Michel LACROZE, Membre de l’Association la 4ACG (Anciens appelés en Algérie contre la guerre et leurs amis)

 

 

ANNEXE

Synthèse contribution internationale du professeur Abderrahmane MEBTOUL reproduite site Intelligence artificielle IA

 

Le Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités et expert international, plaide pour une normalisation des relations entre l’Algérie et la France, deux pays qui ont une histoire complexe et des liens étroits. Selon lui, il est essentiel de dépassionner ces relations pour favoriser la stabilité régionale et le co-développement.

 

Devoir de mémoire et coopération sécuritaire

– Le Dr Mebtoul souligne l’importance de prendre en charge de manière intelligente et courageuse les problématiques liées à la mémoire, notamment en ce qui concerne la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens.

– Il préconise également une coopération sécuritaire entre les deux pays pour lutter contre les menaces communes, telles que le terrorisme et la criminalité organisée.

 

Coopération économique

– Le Dr Mebtoul estime que les échanges économiques entre l’Algérie et la France sont loin des potentialités et que les importations françaises de biens algériens sont principalement composées d’hydrocarbures.

– Il propose de renforcer la coopération économique sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant, en priorité sur les secteurs d’avenir tels que le numérique, l’industrie, les métaux rares, la santé, l’agriculture, le tourisme et l’éducation.

 

Nouveaux réseaux pour un climat apaisé

– Le Dr Mebtoul déplore la faiblesse des réseaux entre l’Algérie et la France et estime que les anciens réseaux sont usés et peu efficaces pour rehausser l’image de l’Algérie à l’international.

– Il préconise la création de nouveaux réseaux tenant compte de la transformation de la société algérienne et française, ainsi que l’utilisation de l’intelligence artificielle pour promouvoir les relations entre les deux pays.

 

Conclusion

– Le Dr Mebtoul conclut que les relations entre l’Algérie et la France doivent être fondées sur le respect mutuel et la coopération pour contribuer à la stabilité régionale et au co-développement.

– Il espère que les tensions actuelles seront surmontées pour promouvoir l’esprit de paix, d’amitié, d’excellence, d’ouverture d’esprit et d’u

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L’attaque de l’Iran, une erreur stratégique des Américains  https://mondafrique.com/international/lattaque-de-liran-une-erreur-strategique-des-americains/ https://mondafrique.com/international/lattaque-de-liran-une-erreur-strategique-des-americains/#respond Fri, 29 Aug 2025 01:35:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=137956 La séquence de frappes américano-israéliennes contre l’Iran a été impressionnante sur le plan tactique, mais ses conséquences stratégiques pourraient s’avérer profondément contre-productives. Plutôt que de forcer Téhéran à reculer, elle a contraint les dirigeants iraniens à repenser – mais non à abandonner – leur doctrine des proxys. Des années de surextension au Yémen, en Irak […]

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La séquence de frappes américano-israéliennes contre l’Iran a été impressionnante sur le plan tactique, mais ses conséquences stratégiques pourraient s’avérer profondément contre-productives. Plutôt que de forcer Téhéran à reculer, elle a contraint les dirigeants iraniens à repenser – mais non à abandonner – leur doctrine des proxys.

Des années de surextension au Yémen, en Irak et au Liban avaient déjà entraîné fatigue et contraintes financières. Désormais, à la suite des frappes, la leçon tirée par Téhéran est la consolidation, la discipline et le redoublement d’efforts. La navette diplomatique d’Ali Larijani à Bagdad et Beyrouth symbolise ce virage : l’objectif est de rationaliser les structures de commandement, d’ajuster les budgets et de privilégier des capacités moins coûteuses, plus résilientes et capables de continuer à imposer des coûts aux adversaires sans épuiser les ressources iraniennes. L’ère des proxys n’est pas terminée ; elle est sur le point de devenir plus professionnelle.

En juin 2025, l’opération Midnight Hammer a été la plus vaste frappe contre l’Iran depuis des décennies. Environ 125 appareils, dont sept bombardiers B-2 armés de bombes pénétrantes de masse et appuyés par un sous-marin lance-missiles, ont visé Fordow, Natanz et Ispahan. L’opération a démontré une brillance tactique, restaurant la confiance dans la supériorité escalatoire des États-Unis, redonnant assurance à Israël et rassurant les capitales du Golfe, inquiètes face au « pivot asiatique » américain. Mais au-delà du paquet de frappes se pose une question plus vaste : s’agissait-il d’une erreur stratégique colossale ? L’opération a infligé des dégâts mais a aussi ancré l’alignement que Washington redoute le plus – un Iran plus solidement inséré dans l’axe Chine–Russie. Elle a accéléré la politique des corridors terrestres au détriment des goulets maritimes tels qu’Ormuz, Bab el-Mandeb ou Suez, et créé de puissants incitatifs pour Pékin et Moscou à assurer la survie iranienne, garantissant que le « round deux » se déroulera sur un terrain plus robuste et résilient.

Le débat interne en Iran : détente ou durcissement

Dans les mois précédant le 7 octobre, un débat intense a traversé réformateurs et conservateurs : fallait-il opter pour la détente ou non ? Pour la première fois, des généraux des Gardiens de la révolution envisageaient prudemment d’assouplir l’hostilité et de tester des ouvertures avec les camps Biden comme Trump. Des discussions parallèles, bénies par le Guide suprême, tournaient à plein régime.

Ironie ou tragédie : nombre de ces généraux, enfin disposés à explorer cette voie, ont été tués lors des frappes israéliennes. Leur disparition a fait pencher la balance, durcissant le système contre toute accommodation et poussant l’Iran dans la voie du retranchement. Un nouveau consensus prévaut désormais à Téhéran : toute négociation avec les États-Unis doit être vue comme une feinte, un piège. De même, il existe un consensus selon lequel quoi que l’Iran puisse offrir à l’Occident – surtout à Washington – l’Occident n’en veut pas. La fenêtre du compromis s’est refermée ; demeure un instinct de résistance endurci.

Le rôle pivot de l’Iran dans la sécurité énergétique chinoise

Le fait le plus conséquent aujourd’hui est que près de 13 à 14 % des importations de brut de la Chine proviennent d’Iran. Environ 90 % des exportations pétrolières iraniennes se dirigent vers la Chine, souvent via les raffineries dites « théières » et la flotte fantôme. Cela crée une interdépendance : si les barils iraniens cessent, Pékin subit un choc économique ; si la Chine réduit ses achats, la survie financière de Téhéran s’étrangle.

Cette interdépendance explique pourquoi les frappes ont produit un paradoxe. Washington a montré qu’il pouvait frapper l’Iran, mais ce faisant il a aussi transformé la stabilité iranienne en intérêt national chinois. Pékin ne peut plus se permettre une neutralité distante. Les décideurs du Golfe doivent comprendre que raffineurs, transporteurs et assureurs chinois sont désormais imbriqués dans les flux iraniens. Pour Washington, cela signifie que frapper l’Iran ne l’isole pas – cela oblige Pékin à le maintenir à flot.

Le partenariat stratégique russo-iranien

Le calendrier a accentué l’effet. Quelques mois avant les frappes, Moscou et Téhéran ratifiaient un partenariat global de 20 ans, couvrant défense, énergie, finance et renseignement. Sans être un traité de défense mutuelle, il consacre une alliance de long terme. La Russie obtient des débouchés à l’épreuve des sanctions et un écosystème drones-missiles déjà éprouvé en Ukraine ; l’Iran bénéficie d’une couverture onusienne, de transferts technologiques et d’un marché.

Dans les mois précédant et même durant la guerre de Gaza, Téhéran avait signalé sa bonne volonté envers Washington en retenant certaines pièces détachées et ventes de drones que Moscou sollicitait. Ce geste est désormais caduc. Après les frappes, la Russie voit en l’Iran un partenaire plus loyal et indispensable, qu’elle ne peut laisser s’effondrer. Ajouté à l’adhésion iranienne à l’Organisation de coopération de Shanghai (2023) et aux BRICS (2024), Téhéran ne cherche plus à jouer sur deux tableaux : il est institutionnellement ancré dans le bloc non-occidental. Les frappes n’ont pas inversé cette trajectoire ; elles l’ont accélérée, faisant de l’Iran une pierre angulaire stratégique.

Reconstitution militaro-industrielle : les intrants, pas les vitrines

Les observateurs occidentaux spéculent souvent sur l’éventuelle livraison par la Chine de systèmes de défense sol-air ou de chasseurs avancés à l’Iran. La réalité est plus subtile – et plus létale. Pékin fournit les intrants et sous-systèmes qui permettent à Téhéran de se régénérer : propergols, fibres de carbone et d’aramide, unités de navigation inertielle, intégration satellitaire BeiDou. Ce ne sont pas des vitrines spectaculaires mais la chair et le sang de la reconstitution.

Ces intrants diffusent facilement vers les réseaux de proxys. Ils rendent l’Iran plus difficile à affaiblir durablement et voyagent bien – vers les ateliers des Hachd al-Chaabi en Irak, les chaînes d’assemblage au Liban ou les hangars dispersés au Yémen. De petits flux suffisent à soutenir des micro-ateliers de production, permettant l’essor d’essaims de drones à bas coût et de projectiles guidés. La leçon tirée par Téhéran est limpide : non pas moins de proxys, mais des proxys moins coûteux, modulaires, plus efficaces.

Était-ce une erreur colossale ?

Sur le plan tactique, l’attaque « Midnight Hammer » a fonctionné. Elle a perturbé les installations nucléaires, rassuré les alliés et rétabli la dissuasion. Mais sur le plan stratégique, quatre conséquences néfastes se détachent :

L’enjeu chinois s’est resserré. Un baril sur sept consommés par Pékin vient désormais d’Iran ; la Chine ne peut tolérer de perturbation prolongée.

Le partenariat russe s’est durci. Le traité de 20 ans a pris un relief immédiat ; Moscou a tout intérêt à maintenir l’Iran à flot.

La compétition s’est déplacée sur un terrain de faiblesse américaine. L’INSTC progresse, l’IMEC stagne, les asymétries en mer Rouge persistent, Zanguezour s’envenime, CPEC marginalise l’Iran – et pourtant sa centralité croît.

La résilience iranienne s’est accrue. Grâce aux intrants chinois, Téhéran peut se reconstituer plus vite, plus intelligemment, et exporter cette résilience à ses proxys. Le second round trouvera un Iran plus difficile à abattre.

Washington a peut-être gagné une bataille, mais il a accéléré la convergence adverse.

Les États-Unis et Israël ont frappé fort. Mais le résultat n’est pas un Iran chastisé, en quête de compromis. C’est un Iran durci, arrimé à la sécurité énergétique chinoise, adossé au partenariat russe, et rationalisant son réseau de proxys. Les guerres d’encerclement se jouent désormais autant avec les barils, les corridors et les points de passage qu’avec les bombes.

La trame intégrée des corridors – INSTC, IMEC, Corridor du Milieu, CPEC, Chabahar, mer Rouge, Zanguezour, projets trans-arabes, pipelines Golfe–Méditerranée et même la route arctique (1)– élève l’Iran de perturbateur à clé de voûte de l’ordre sino-russe. Les frappes de juin ont peut-être remporté une manche tactique, mais elles risquent de consolider l’alignement que Washington redoute le plus.

Pour les États du Golfe, le message est clair : considérer l’exposition chinoise au pétrole iranien comme un levier, non une abstraction. Pour l’Europe : façonner les normes qui définiront la valeur des corridors. Pour Washington : s’adapter, mener la guerre des intrants et de la connectivité, pas seulement celle des frappes – car le prochain round se jouera autant dans les entrepôts, les voies ferrées et les ports que dans le ciel d’Ispahan.

ENCADRÉ , LA GUERRE DES CORRIDORS

Les routes commerciales (maritimes, ferroviaires, routières, pipelines) qui lient entre elles différentes régions d’Eurasie et du Moyen-Orient. Ils ne sont pas de simples projets d’infrastructures sont des corridors géostratégiques qui sont des formidables instruments de puissance, qui redessinent la carte du commerce mondial, de l’énergie et des influences politiques.


🔹 1. L’INSTC (International North–South Transport Corridor)

  • Itinéraire : Russie → mer Caspienne → Iran → Inde.

  • But : relier l’Europe du Nord et la Russie à l’océan Indien en évitant le canal de Suez.

  • Chaînon manquant : la ligne ferroviaire Rasht–Astara en Iran, en construction, qui permettra une continuité logistique.

  • Intérêt stratégique : fait de l’Iran une charnière eurasiatique, reliant Russie, Asie centrale, Inde et Golfe persique.


🔹 2. IMEC (India–Middle East–Europe Corridor)

  • Porté par : États-Unis, Inde, UE, Israël, pays du Golfe.

  • Trajet prévu : ports indiens → Golfe (Émirats/Arabie) → Israël → Méditerranée → Europe.

  • Ambition : contrepoids au projet chinois des Nouvelles Routes de la soie (BRI).

  • Statut : gelé depuis la guerre de Gaza, car dépend d’Israël et des pays arabes normalisés.


🔹 3. Mer Rouge

  • Contexte : axe vital (Suez ↔ océan Indien).

  • Problème : attaques des Houthis (Yémen) perturbent le trafic.

  • Situation actuelle :

    • Les États-Unis mènent des opérations militaires coûteuses pour sécuriser la zone.

    • La Chine bénéficie d’une médiation iranienne lui permettant des exemptions pour ses navires.

    • Pékin observe les Américains depuis sa base navale à Djibouti.


🔹 4. Corridor de Zanguezour (Arménie)

  • Projet : traverser le sud de l’Arménie (Syunik) pour relier Azerbaïdjan ↔ Nakhitchevan ↔ Turquie.

  • Porté par : Bakou, Ankara, soutenu tacitement par Moscou.

  • Conséquence : court-circuite totalement l’Iran, privant Téhéran de son rôle de passage.

  • Pour l’Iran : menace existentielle, car cela renforcerait un arc turco-azerbaïdjanais qui l’isolerait.


🔹 5. Corridor du Milieu (Transcaspien)

  • Axe : Chine → Kazakhstan/Asie centrale → mer Caspienne → Azerbaïdjan → Turquie → Europe.

  • Promoteurs : Turquie, Azerbaïdjan, pays turcophones.

  • Intérêt : alternative à la Russie (affectée par sanctions) et à l’Iran.

  • Vision : route panturque renforçant le rôle d’Ankara comme pivot eurasiatique.


🔹 6. CPEC (China–Pakistan Economic Corridor)

  • Projet phare des Routes de la soie.

  • Trajet : Xinjiang (ouest chinois) → port de Gwadar (Pakistan).

  • Intérêt pour Pékin : accès direct à l’océan Indien, contournement du détroit de Malacca.

  • Portée stratégique : présence chinoise durable au Pakistan et sur la mer d’Oman.


🔹 7. Port de Chabahar (Iran–Inde)

  • Partenariat : Inde finance et gère en partie ce port iranien.

  • Rôle : contrepoids à Gwadar (contrôlé par la Chine et le Pakistan).

  • Connexion : sert de point d’ancrage à l’INSTC et ouvre un accès indien vers l’Asie centrale et l’Afghanistan, sans passer par le Pakistan.


🔹 8. Projets trans-arabes (rail/pipelines)

  • Idée récurrente : relier le Golfe à la Méditerranée via l’Irak, la Syrie, la Jordanie ou l’Arabie saoudite.

  • But : exporter hydrocarbures et marchandises en contournant l’Iran.

  • Problème : instabilités régionales (Irak, Syrie, Palestine) freinent toute réalisation durable.


🔹 9. Route maritime arctique

  • Axe : Russie ↔ Asie ↔ Europe par l’Arctique, via la fonte des glaces.

  • Intérêt : éviter le canal de Suez et le détroit d’Ormuz.

  • Soutien : Moscou et Pékin (coopération sino-russe en Arctique).

  • Limite : encore dépendant de la saisonnalité et d’infrastructures polaires.



Tous ces corridors ne sont pas seulement commerciaux, mais des outils de rivalité géopolitique.Pris ensemble, ces corridors constituent une trame d’encerclement et de contre-encerclement. L’INSTC renforce la centralité iranienne. L’IMEC enlisée souligne l’inertie américaine. La mer Rouge épuise Washington tandis que la Chine esquive les coûts. Zanguezour menace la sortie nord de l’Iran. Le corridor du Milieu renforce Turquie et Azerbaïdjan. CPEC et Chabahar incarnent la rivalité des grandes puissances aux portes de l’Iran.

L’Arctique offre à Moscou une redondance. Et, fil conducteur, les points de passage – Ormuz, Bab el-Mandeb, Suez, Bosphore – transforment les corridors en leviers de guerre autant que de commerce

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Mondafrique qui rentre dans sa onzième année d’existence le doit à ses fidèles lecteurs qui résident pour moitié en Europe (majoritairement en France, beaucoup au Canada) et pour moitié dans les pays du Maghreb (surtout en Algérie) , du Sahel (le Niger et le Mali en tète)  et du Moyen Orient (notamment le Liban).

Avec quelques 500000 visiteurs par mois pour le site fondé en 2014, 35000 abonnés sur Instagram et 5000 fidèles de nos pages WhatsApp , « Mondafrique » a imposé une vision pluraliste et originale en matière d’information sur le monde arabe et africain. Depuis le début des guerres en Ukraine et au Moyen Orient, nous ne nous interdisons pas d’accueillir des analyses sur les grands équilibres mondiaux qui ne peuvent pas manquer de se répercuter sur le mode africain et maghrébin. 

Notre positionnement critique vis à vis des pouvoirs en place, la diversité des contributeurs du site -journalistes, diplomates, universitaires ou simples citoyens-, la volonté enfin d’apporter des informations et des analyses qui tranchent avec la reste de la presse ont été nos seules lignes de conduite.  

Notre indépendance est totale.

Nous revendiquons une totale transparence. Deux hommes d’affaires et actionnaires du site, l’un mauritanien et l’autre libanais,  nous permettent de disposer de ressources pour faire vivre le site. Qu’ils en soient remerciés.

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Le fondateur de Mondafrique, Nicolas Beau, contrôle l’actionnariat, ce qui place notre media à l’abri de toutes les pressions.

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Une lettre ouverte contre les « propos racistes » de Noëlle Lenoir contre les Algériens https://mondafrique.com/libre-opinion/une-petition-contre-les-propos-racistes-de-noelle-lenoir-contre-les-algeriens/ Fri, 15 Aug 2025 15:27:07 +0000 https://mondafrique.com/?p=137650 Lettre ouverte À l’attention de Madame la Défenseure des droits, de Monsieur le Président de l’Arcom, de Madame la Procureure de la République de Paris Objet :  Signalement aux fins de saisine et enquête sur les propos racistes proférés par  Madame Noëlle Lenoir sur la chaîne CNews Le 8 août 2025, sur la chaîne CNews, entre 20h […]

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Lettre ouverte

À l’attention de Madame la Défenseure des droits,

de Monsieur le Président de l’Arcom,

de Madame la Procureure de la République de Paris

Objet :  Signalement aux fins de saisine et enquête sur les propos racistes proférés par  Madame Noëlle Lenoir sur la chaîne CNews

Le 8 août 2025, sur la chaîne CNews, entre 20h et 21h, Noëlle Lenoir – ancienne ministre déléguée aux Affaires européennes (2002-2004), ancienne membre du Conseil constitutionnel (1992-2001) et présidente du comité de soutien à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal – a déclaré :

« Vous avez des millions d’Algériens qui présentent des risques majeurs, qui peuvent sortir un couteau dans une gare, ou foncer en voiture dans une foule… »

Assimilant l’ensemble des ressortissants algériens à des individus dangereux, ces propos constituent une stigmatisation collective. Ils s’inscrivent dans un discours de haine fondé sur l’origine nationale, portant atteinte à la dignité et à l’égalité de millions de personnes, dans un contexte où les discriminations raciales persistent en France.

Madame Noëlle Lenoir, éminente juriste, ne peut ignorer la Loi, laquelle réprime 

  • Aux termes de l’article 24, alinéa 7, de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée par une peine pouvant aller  jusqu’à 1 an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende, assortie d’aggravation pour une personne dépositaire de l’autorité publique, outre peines complémentaires.
  • Aux termes de l’article 33 de la loi du 29 juillet 1881, l’injure publique à caractère raciste, encourant ces  mêmes peines.

Les médias audiovisuels, sous le contrôle de l’Arcom, ont l’obligation de ne pas diffuser de contenus incitant à la haine ou à la violence. Les sanctions peuvent aller de l’amende à la suspension de diffusion.

Vous avez, en tant que Défenseure des droits, Président de l’Arcom et Procureure de la République de Paris, le pouvoir de vous autosaisir dans ce type de situation. Nous savons que vos institutions ont déjà été saisies par des associations, des élus et/ou des citoyens.  

Nous vous appelons solennellement à vous autosaisir et instruire ce dossier à votre niveau, dans le cadre de vos prérogatives respectives.

Nous appelons également à une vigilance accrue des responsables politiques et des médias, afin d’éviter la banalisation de tels propos, contraires aux valeurs républicaines.

Veuillez croire, Madame la Défenseure des droits, Monsieur le Président de l’Arcom, Madame la Procureure de la République, à l’expression de notre considération respectueuse.

Voici le lien pour la signature en ligne .:

Les premiers signataires  :

Lyazid Benhami, Président du Groupe de Réflexion sur l’Algérie (GRAL), Kader A. Abderrahim, Maître de conférences – Sciences Po Paris & Chercheur en sciences politiques, Ahcène Ali-Ouchouche, Docteur-Ingénieur, Sophia Ammad, Coordinatrice de projets & Écrivaine, Nils Andersson, Président de l’Association Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) & Ancien éditeur, Gilles Manceron, Historien ; Mohand Bakir, Militant, Malika Baraka, Médecin, Kamel Belkebla, Conseiller principal d’éducation, Ouerdia Ben Mamar, Enseignante en langue anglaise, Ali Benouari, Président de Ecofinance – Genève & Président de la Fondation Luc Montagnier – Genève, Benseba Djamel, Docteur en économie et finance, Jean-Pierre Béllier, inspecteur général honoraire de l’éducation nationale et élu local, Hocine Boukella, Musicien, Ahmed Boudjelti, Ingénieur, Militant des droits humains, Omar Bouraba, Militant associatif, Benjamin Brower, Historien – The University of Texas, Austin (USA), Sonia Bressler, Professeure & Philosophe, Catherine Brun, Professeure – Université Sorbonne Nouvelle (Paris), Idir Chali, Président de l’Association AZRAR & Chef d’entreprise, Hanifa Chérifi, Inspectrice générale de l’éducation nationale honoraire, ancienne membre de la commission Stasi et Chevalier de la Légion d’honneur, Youcef Chetouani, Ingénieur, Militant – Europe Écologie Les Verts, Mouloud Améziane, sociologue, Geneviève Coudrais, Militante des droits humains, Ahmed Dahmani, Universitaire à la retraite, Bachir Dahak, Docteur, Karima Dirèche, Historienne, Directrice de recherche CNRS, Belaïd Djamer, Entrepreneur, Ratiba Hadj-Moussa, Professeure de sociologie – York University (Canada), Hacène Hireche, Docteur en sciences économiques (Paris X) & Écrivain, Kitouni Hosni, Historien – Algérie, Stanislas Hutin, Membre de l’Association 4ACG, Aissa Kadri, Professeur des universités, Ancien directeur de l’Institut Maghreb Europe – Paris VIII, Zaïr Kédadouche, haut fonctionnaire, président de l’association Intégration France, , ancien ambassadeur,  Nacer Kettane, Président et Fondateur de BEURFM, Nadia Kheyar, Docteure-consultante, Sabah Kouhil, Data manager, Daniel Kupferstein, Documentariste, Christophe Lafaye, Docteur en histoire contemporaine – Université d’Aix-Marseille, Chercheur-associé à l’Université de Bourgogne Europe, Mehdi Lallaoui, Président de Au nom de la mémoire, Chevalier de la Légion d’honneur, Omar Hamourit, Historien, Olivier Le Cour Grandmaison, Universitaire, Olivier Magnin, Cadre associatif, Slimane Medani, Cadre binational, Mohamed Mebtoul, Sociologue, Rabah Moulla, Enseignant, Abdennour Nouiri, Universitaire & Écrivain – Alger, Mahieddine Ouferhat, Directeur – organisme de formation, Brahim Oumansour, Enseignant-chercheur en stratégie internationale, Ouchene Ouiza, Élue à l’Île-Saint-Denis, Tarek L. Radjef, Ingénieur à la retraite, Youcef Rezzoug, Journaliste, Fabrice Riceputi, Historien, Said Salhi, Défenseur des droits humains et ancien vice-président de la LADDH, Hanafi Sid Larbi, Universitaire, Philippe Sultan, Inspecteur général de l’éducation nationale honoraire, Mourad Tagzout, Consultant, Ancien élu municipal, Hocine Tandjaoui, Écrivain, Mohand Touazi, Économiste, Farid Yaker, Président du Forum France-Algérie, Arezki Ighemat, Professeur d’économie – USA, Ali Zatout, Autoentrepreneur, Mohand-Rachid Zeggagh, Militant, Guy Jourdain, Ancien officier de Marine & Membre du corps du Contrôle général des Armées. Hocine Zeghbib, Universitaire ; Aldja Seghir, Militante Associative.

 

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François Bayrou devrait s’intéresser aux milliers de généraux surpayés https://mondafrique.com/libre-opinion/larmee-se-dit-saignee-par-le-budgetmais-engraisse-5400-generaux-retraites/ Thu, 14 Aug 2025 06:29:31 +0000 http://www.mondafrique.info/?p=3066 Depuis plusieurs années, les chefs militaires français pratiquent un chantage éhonté, au nom de la lutte contre le terrorisme, contre toute menace contre le budget militaire. Et sur ce terrain, ils se sont révélés autrement plus efficaces qu’au Sahel et en Centrafrique où les interventions de l’armée française ont tourné au fiasco. Après avoir annoncé […]

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Depuis plusieurs années, les chefs militaires français pratiquent un chantage éhonté, au nom de la lutte contre le terrorisme, contre toute menace contre le budget militaire. Et sur ce terrain, ils se sont révélés autrement plus efficaces qu’au Sahel et en Centrafrique où les interventions de l’armée française ont tourné au fiasco. Après avoir annoncé lors de son premier quinquennat que les Opérations Extérieurs de la France allient être mieux encadrées sur le plann finacier, Emmanuel Macon n’a jamais cessé d’augmenter le budget du ministère de la Défense.

Une telle défense par l’armée de son budget s’explique entre autres par les privilèges indus dont bénéficient quelques milliers de généraux à la retraite (à l’age de 55 ans!). Ces économies là, l’Etat Major se garde bien de les évoquer et notre Premier ministre, François Bayrou, qui affiche une grande fermeté, cet été, en matière de réduction des dépenses publiques fait preuve d’une totale cécité en matière militaire..

540 « opérationnels » contre 5400 « retraités » 

On apprend en effet, d’après une note interne et confidentielle du ministère de la Défense oodue voici quelques années, que l’armée française possède des généraux dits de « la deuxième section », laquelle a été créée en 1839 par Louis Philippe. Ces galonnés se trouvent à la retraite, mais sont maintenus « à la disposition du ministre de la Défense en fonction des nécessités de l’encadrement en temps de guerre ». Or le scandale, le voici: on  compte 5465 généraux « de la deuxième section » contre 540 seulement « opérationnels », c’est à dire en activité.

Une telle pyramide est juste scandaleuse. Ainsi ils sont  2166 généraux retraités dits de la « deuxième section »  pour l’armée de terre, 757 pour la marine, 834 pour l’armée de l’air et …36 pour le service des essences des armées. Comprenons bien: en matière d’acheminement de carburants, il existe en France 36 généraux retraités « maintenus à la disposition du ministre » ….dans le cas d’une guerre qui ne viendra jamais.

Enfin pour la seule Direction Générale de l’Armement (DGA), une belle sinécure, 876 (!!!) généraux de deuxième section ont été nommés.

Un gros coup de pouce financier

Pourquoi existe-t-il autant de généraux à la retraite? La raison est simple. Beaucoup d’officiers obtiennent en toute fin de carrière leurs étoiles de général, afin de bénéficier d’une confortable retraite. En d’autres termes, le grade de général est un coup de pouce au montant de la retrait plus que la sanction de bons et loyaux services sur le terrain. En période de restriction budgétaire et alors que les chefs de l’armée crient misère auprès des autorités, de tels privilèges n’ont plus de raison d’être.

Ce n’est pas tout. Ces gradés à qui il peut arriver de reprendre du service pour des durées limitées continuent de recevoir leur traitement normal (moins le montant des primes, il est vrai), du moins jusqu’à l’âge de 67 ans. Ainsi touchent-ils « une solde de réserve » égale à leur rémunération habituelle, qui bénéficie en plus d’un abattement de 10% au titre des frais professionnels. Si ce n’est pas une belle niche fiscale, cela y ressemble.

Après 67 ans, les pauvres se contentent d’une « pension militaire de retraite », moins élevée. La misère! Mais cerise sur le gâteau, tous prennent le train sans payer leur billet.

Espérons que le gouvernement de François Bayrou s’intéresse aussi dans sa volonté de diminuer la dette de la France à ces privilèges sans aucun fondement sauf celui de sanctuariser le budget militaire.

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Quand une langue devient coupable ! https://mondafrique.com/libre-opinion/quand-une-langue-devient-coupable/ Wed, 13 Aug 2025 08:54:16 +0000 https://mondafrique.com/?p=137581 Il y a, dans l’histoire des peuples, des blessures profondes qui ne cicatrisent pas facilement. Certaines sont infligées par des armes, d’autres par des mots — et parfois, on confond les deux. C’est ainsi que naît ce curieux délire : condamner une langue, non pas pour ce qu’elle est, mais pour qui l’a parlée dans […]

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Il y a, dans l’histoire des peuples, des blessures profondes qui ne cicatrisent pas facilement. Certaines sont infligées par des armes, d’autres par des mots — et parfois, on confond les deux. C’est ainsi que naît ce curieux délire : condamner une langue, non pas pour ce qu’elle est, mais pour qui l’a parlée dans un moment d’oppression.

Bachir DJAIDER, Journaliste, écrivain

L’idée paraît séduisante aux esprits en quête de revanche : « Pourquoi continuer à parler la langue de l’ennemi ? » C’est oublier que la langue n’a pas prêté serment d’allégeance à un drapeau. Une langue n’a pas de carte d’identité, pas de casier judiciaire. Elle ne choisit pas ses locuteurs ; elle traverse les siècles, indifférente aux batailles, comme un fleuve qui coule même quand ses rives s’ensanglantent.

Il est des guerres qui ne se déclarent pas avec des canons mais avec des dictionnaires. Des batailles qui se livrent non pas sur les champs de bataille, mais dans les salles de classe, sur les panneaux de signalisation ou dans les lois qui régissent la langue.

La cible ? Une langue jugée « ennemie » parce qu’elle fut parlée par l’occupant, imposée par le vainqueur ou utilisée par un régime honni. Alors, dans un élan de revanche, certains veulent l’effacer : l’interdire, la bannir de l’espace public, la reléguer au musée des langues mortes. On repeint les enseignes, on réécrit les manuels, on purifie l’air des mots importés comme on nettoie une maison infestée.

La xénophobie linguistique

Cette posture, sous couvert de patriotisme ou de « protection culturelle », porte un nom : la xénophobie linguistique. Car refuser une langue uniquement parce qu’elle appartient à l’ennemi d’hier, c’est confondre les mots avec les balles. C’est oublier qu’une langue est un outil, pas un drapeau ; qu’elle peut servir à dire la tyrannie comme à chanter la liberté.

Ironie suprême : cette haine linguistique finit par appauvrir ceux qui la pratiquent. Car chaque langue qu’on enterre, c’est une bibliothèque qu’on brûle. Et chaque mot qu’on refuse de prononcer est une idée qu’on s’interdit de penser. L’histoire regorge de peuples qui, croyant se libérer en détruisant une langue, se sont en réalité amputés d’une part de leur culture, de leur mémoire et de leur puissance d’expression

Vouloir bannir une langue au nom de l’Histoire, c’est confondre l’outil et la main qui l’a manié. Si l’on devait proscrire tout ce qu’a touché un ennemi, il faudrait brûler aussi les routes, les ponts, les livres, et pourquoi pas l’air que nous respirons, puisque l’oppresseur lui aussi l’a inspiré.

La vérité, c’est que la langue est un butin paradoxal. Ce qui fut un instrument de domination peut devenir un outil d’émancipation. Les mots du vainqueur, une fois apprivoisés, peuvent servir à le contredire, à l’interpeller, à lui opposer la force des idées. On peut s’en servir pour raconter notre version de l’Histoire, pour nommer nos douleurs, pour chanter nos victoires.

Il n’existe pas de langue coupable

Le refus d’une langue au seul motif qu’elle fut celle de l’ennemi est moins un acte de résistance qu’un aveu d’échec. C’est accepter que l’autre ait figé à jamais notre identité. C’est se priver volontairement d’une clé supplémentaire pour ouvrir les portes du monde.

On peut haïr une armée, un gouvernement, une idéologie. Mais une langue ? C’est comme haïr la pluie parce qu’un jour, elle est tombée sur un champ de bataille.

Aimer sa langue ne devrait jamais signifier haïr celle des autres. La véritable résistance culturelle, c’est la maîtrise : savoir manier plusieurs langues, comprendre l’ennemi pour mieux le désarmer, traduire son monde pour mieux le faire rayonner. Bannir une langue, c’est se condamner à l’ignorance volontaire, et l’ignorance, elle, n’a jamais libéré personne.

En vérité, les langues ne sont jamais coupables. Elles sont comme des couteaux : elles peuvent blesser ou nourrir, selon la main qui les tient. Et l’honneur, pour un peuple, n’est pas de jeter le couteau, mais de le reprendre et de s’en servir pour tailler son propre destin.

En somme, il n’existe pas de langue coupable. Seuls les hommes le sont. Les mots, eux, ne demandent qu’à être dits, compris… et partagés.

 

 

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Le triste 65eme anniversaire de l’Indépendance du Tchad https://mondafrique.com/libre-opinion/le-triste-65eme-anniversaire-de-lindependance-du-tchad/ Mon, 11 Aug 2025 06:25:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=137528 Les élections législatives de décembre 2024 au Tchad, assez largement boycottées, ont donné une très large majorité au Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS). Alors que le pays fête le 65eme anniversaire de l’indépendance, les dirigeants du parti au pouvoir, conduit par Idriss Déby Itno qui s’est auto désigné à la tète de l’État après […]

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Les élections législatives de décembre 2024 au Tchad, assez largement boycottées, ont donné une très large majorité au Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS). Alors que le pays fête le 65eme anniversaire de l’indépendance, les dirigeants du parti au pouvoir, conduit par Idriss Déby Itno qui s’est auto désigné à la tète de l’État après le décès de son père dans une forme inédite de putch familial, s’emploient à défendre la gestion exclusive du pays par un clan  recruté sur une base ethnique, tout en mettant en avant le mérite et la compétence comme seuls critères de nomination des élites tchadiennes.

Mohamed Youboue, correspondance

Face aux critiques contre la coloration ethnique de l’appareil d’Etat, le discours diffusé par le parti au pouvoir prétend que désormais les nominations aux postes de responsabilité privilégieront les compétences. Cette position parait conforme au programme du candidat Mahamat Idriss Déby Itno qui, pour améliorer la gestion des ressources humaines dans la fonction publique, avait promis que « le recrutement sur concours anonyme des postes clés devra promouvoir l’adéquation des compétences aux responsabilités exercées »…On en est loin!

Les engagements en faveur de « plus de justice et d’égalité entre les Tchadiens » contenu dans le programme du président proclamé élu le mai 2024, ne se sont pas traduites dans les 100 actions prévues d’ici 2029. Les nominations récentes dans la haute fonction publique et dans les entreprises montrent la main mise des deux régions d’origine du Chef de l’Etat, pas vraiment tes plus peuplées, sur les vint trois que compte le pays. 

Décisions arbitraires 

Les déclarations d’intention en faveur de l’excellence ne sont pas cohérentes avec le pouvoir discrétionnaire  sacro-saint du président de la république. En effet, les choix arbitraires n’ont pas leur place dans un système transparent de gestion des ressources humaines.

Le mode d’attribution des postes de responsabilités est loin d’être méritocratique. Les proclamations du Secrétaire Général du MPS, par ailleurs Ministre d’Etat, qui déclarait le 14 février 2025,  qu’il fallait abandonner le dogme de la répartition régionale des postes au profit du mérite. Les compétences des heureux élus ne sont pas connues, les CV n’étant pas diffusés.

A posteriori, les tchadiens découvrent à leurs dépens l’inadéquation de la plupart de ces parachutés à leur poste respectif, au regard des échecs des structures qu’ils dirigent ainsi que de l’enlisement de l’immense majorité de la population dans la misère. En effet, avec 44,8 % en 2022 le Tchad continue à figurer parmi les pays du monde au taux de pauvreté de leur population le plus élevé. En outre il demeure englué dans une corruption endémique.

Au cours de son entrevue télévisée signalée précédemment, le SG du MPS a reconnu que les nominations aux fonctions supérieures publiques reposent aussi sur l’exercice du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat qui s’avère en réalité prédominant et arbitraire. Les dispositions constitutionnelles et du Statut de la fonction publique ainsi que les règles sur l’impartialité et la non-discrimination dans le recrutement et la promotion dans les entreprises sont de la sorte allègrement piétinées.

L’argent, le nerf de la domination

Dans le domaine bancaire et financier, à l’exception d’une femme, la seule, Directrice générale adjointe d’une banque, tous les responsables tchadiens (directeurs généraux, directeurs généraux adjoints, présidents des conseils d’administration) proviennent uniquement des deux provinces évoquées ci-dessus.

Les critères fixés pour être désigné à ces fonctions, imposés par la Commission bancaire en Afrique centrale (COBAC), ne sont pas véritablement respectés, notamment une expérience minimale de cinq ans dans une fonction d’encadrement de haut niveau. Les agréments nécessaires sont quasiment toujours accordés par la COBAC car l’ensemble des acteurs assurant la supervision de l’activité bancaire (Ministre des finances, membre tchadien du gouvernement de la BEAC et commissaires de la COBAC) ont des liens plus ou moins forts, directs ou indirects (familiaux, ethniques, politiques, religieux, etc.) avec les personnes proposées.  

Cette situation affecte la qualité de la supervision du système bancaire. Elle favorise une distribution biaisée de crédits au profit de personnes apparentées et ne remplissant pas toujours les conditions de prêts exigées, en contournant souvent la règlementationcommunautaire. Ce comportement qui participe à accroitre les inégalités économiques et sociales a entrainé une hausse significative des créances bancaires compromises. Si globalement la part des crédits en souffrance atteint 31,5 % des prêts effectués par le système bancaire tchadien en 2023, contre environ 17 % pour l’ensemble de la CEMAC, ce taux s’élève à 33 % pour les deux banques publiques.

L’inclusion, un vain mot

Cette dérive monarchiste, entamée dans les années 90, amplifiée par l’exploitation pétrolièrelancée fin 2003, s’est accélérée depuis la transition forcée de 2021 à 2024. Alors que la suprématie d’une minorité est au plus haut, il est demandé à l’immense majorité du pays d’entériner ce fait accompli. 

S’il est admis de parler globalement des inégalités socio-économiques, particulièrement de celles liées au genre qui servent à s’attacher le vote féminin, il est difficilement toléré de mentionner celle imputable aux décisions « politiques ». L’invisibilisation des tchadiens n’appartenant pas aux familles au pouvoir, est entretenue. Les références incantatoires au programme du candidat-présiden ne changeront rien à la perception des tchadiens qui ont appris que hors la Bible et le Coran tout n’est que paperasse (« kat kat sakit » en arabe local)!

L’exclusion est fortement ressentie par les jeunes dont l’accès aux emplois est fermé. Jetés dans le chômage et la misère, ils endurent mal les discours fades et nauséeux sur le vivre-ensemble et la cohésion nationale.

Les discriminations ne peuvent plus être acceptées dans un Etat prétendu républicain depuis le 11 août 1960. L’inclusivité intégrale pour tous les citoyens et citoyennes, exigence politique, morale et économique, ne doit pas rester un vœu pieu servi à souhait. Aussi, est-il est impérieux que les laoukouras et choukous (appellations locales des laissés-pour-compte)expriment leur indignation et réclament l’application immédiate de mesures simples et contrôlables d’équité et de justice sociale dans la gestion des ressources publiques nationales, notamment des emplois (procédures ouvertes et transparentes de désignation aux hautes fonctions, publication des CV des personnalités nommées, etc.).

Le Programme national de développement en voie de lancement ne devra pas être un nouveau chapelet de promesses peu ou prou convenablement élaborées. Pour faire autrement, il faut sincèrement mobiliser les tchadiens et les tchadiennes autour d’objectifs collectivement et sur des valeurs réellement partagées et mises en œuvre dont l’égalité et la solidarité.

 

 

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L’Europe boude la Foire commerciale intra-africaine https://mondafrique.com/libre-opinion/leurope-boude-la-foire-commerciale-intra-africaine/ Sat, 02 Aug 2025 03:40:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=137329 Du 4 au 10 septembre prochain, Alger accueillera la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF2025). Pendant que l’Europe débat de ses propres enjeux, l’Afrique bâtit discrètement le plus grand marché commercial du monde. Alger 2025 pourrait bien marquer l’émancipation économique définitive du continent. Frédéric Labbe-Chapuis, Entrepreneur, administrateur de la Silotec, société luxembourgeoise développant […]

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Du 4 au 10 septembre prochain, Alger accueillera la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF2025). Pendant que l’Europe débat de ses propres enjeux, l’Afrique bâtit discrètement le plus grand marché commercial du monde. Alger 2025 pourrait bien marquer l’émancipation économique définitive du continent.

Frédéric Labbe-Chapuis, Entrepreneur, administrateur de la Silotec, société luxembourgeoise développant des logiciels de transport utilisés dans une vingtaine de pays africains.

Un événement stratégique sous-estimé

La cérémonie de signature de l’accord d’accueil de la Foire commerciale intra-africaine 2025 (IATF2025) s’est tenue à Alger le 15 avril 2024. Organisée par Afreximbank, en collaboration avec l’Union africaine, le secrétariat de la ZLECAf et le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire, cette foire représente bien plus qu’un simple salon commercial.

Contrairement aux sommets UE-Afrique où les dirigeants européens dictent l’agenda, l’IATF2025 sera entièrement pilotée par les Africains pour les Africains. Un changement de paradigme que Bruxelles semble ignorer.

Les données qui dérangent

Les chiffres révèlent l’ampleur de cette transformation. L’intelligence artificielle pourrait générer jusqu’à 1,5 trillion $ de croissance pour l’Afrique d’ici 2030, selon l’Africa CEO Forum 2025. Une croissance qui se fera avec ou sans l’Europe.

Plus révélateur encore : 44 pays africains s’apprêtent à dépasser la croissance moyenne mondiale de 3,2 %. Cette performance s’appuie sur des fondamentaux que l’Europe n’a pas anticipés.

La révolution fintech, laboratoire de l’indépendance

Le secteur financier illustre parfaitement cette émancipation. Avec plus de 700 milliards de dollars de transactions mobiles en 2022, l’Afrique est devenue leader mondial du paiement mobile. M-Pesa, Wave, et leurs concurrents africains dominent un marché que les banques européennes croyaient inaccessible.

Cette révolution technologique s’accompagne d’une mutation démographique sans précédent. Plus de 60 % des Africains ont moins de 25 ans, une jeunesse ultra-connectée qui façonne de nouveaux modèles économiques, souvent en court-circuitant les solutions européennes.

L’intelligence artificielle, nouveau terrain de jeu

L’IA redéfinit la donne. L’Afrique, berceau d’une nouvelle révolution technologique, voit l’intelligence artificielle s’épanouir sur le continent, portée par des talents locaux et des projets innovants. Ce développement endogène inquiète à juste titre.

Pendant que l’Europe organise des sommets sur la gouvernance de l’IA, l’Afrique développe ses propres écosystèmes. Google vient d’investir 37 millions de dollars pour soutenir un nouvel écosystème de l’intelligence artificielle sur le continent africain.

La transformation industrielle en marche

Au-delà de la tech, c’est toute l’industrie africaine qui se restructure. L’économie africaine est sur une trajectoire ascendante après les perturbations causées par la pandémie de COVID-19. Plusieurs pays se repositionnent comme leaders économiques.

La Côte d’Ivoire, la Tanzanie et le Sénégal affichent des performances remarquables, portées par une forte consommation privée et des investissements publics soutenus.

L’Europe face à ses contradictions

Paradoxalement, l’Europe maintient des investissements de 150 milliards d’euros via le Global Gateway tout en ignorant les dynamiques intra-africaines. Une stratégie incohérente qui privilégie les relations bilatérales au détriment de l’intégration continentale.

Résultat : les flux d’IDE ont atteint 83 milliards de dollars en 2022, marquant une augmentation de 35 %, mais une part croissante provient désormais d’investisseurs non-européens.

Alger 2025 : le révélateur d’une nouvelle Afrique

L’IATF2025 d’Alger cristallise ces mutations. Contrairement aux forums traditionnels, cette foire privilégie les échanges commerciaux directs entre entreprises africaines. Un modèle « business-to-business » qui court-circuite les intermédiaires européens.

La ZLECAf, avec son marché de 1,2 milliard de consommateurs, offre désormais aux entrepreneurs africains des débouchés continentaux. L’Europe, habituée à être l’interlocuteur privilégié, se retrouve spectatrice d’une révolution qu’elle n’a pas vue venir.

L’urgence stratégique européenne

Face à cette réalité, l’Europe dispose de deux options : s’adapter ou subir. Soutenir l’IATF plutôt que la concurrencer, financer les infrastructures d’intégration africaine plutôt que des projets bilatéraux, accepter des partenariats d’égal à égal plutôt que maintenir une posture paternaliste.

L’Afrique de 2025 n’attend plus les leçons de l’Europe. Elle construit son propre modèle de développement, ses propres réseaux, ses propres champions. L’IATF2025 d’Alger en sera la vitrine. À l’Europe de décider si elle veut en être partenaire ou simple observatrice.

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Herman Yaméogo: « le Burkina suspendu au dessus du vide »! https://mondafrique.com/politique/herman-yameogo-le-burkina-suspendu-au-dessus-du-vide/ Thu, 31 Jul 2025 05:19:14 +0000 https://mondafrique.com/?p=137249 Maître Herman Yaméogo à la tête l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement, un parti d’opposition burkinabè a signé, le 21 juillet dernier, une analyse particulièrement intéressante, audacieuse, presque lumineuse, de la situation politique et sécuritaire burkinabè. A la suite de cette publication sur les réseaux sociaux, le septuagénaire a été interpellé par les […]

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Maître Herman Yaméogo à la tête l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement, un parti d’opposition burkinabè a signé, le 21 juillet dernier, une analyse particulièrement intéressante, audacieuse, presque lumineuse, de la situation politique et sécuritaire burkinabè. A la suite de cette publication sur les réseaux sociaux, le septuagénaire a été interpellé par les autorités puis relâché après 36 heures de détention.

Dans ce texte qui a eu l’heur de fortement déplaire à Ia junte burkinabè, il appelle à un sursaut national, insiste sur l’urgence de renouer un dialogue interne apaisé et de restaurer l’Etat de droit et la confiance entre Burkinabè. Mais l’un des points central de ce texte concerne le risque majeur d’une mutation du conflit. Il met en garde : la guerre contre le terrorisme pourrait sous la pression des frustrations populaires, basculer en guerre de libération nationale si l’Etat persiste à ignorer les revendications de démocratie, de justice sociale et de réconciliation. Pour lui, le danger serait que les groupes armés s’approprient ces causes et apparaissent comme des porte-voix des aspirations sociales et des libérateurs. Prudent Maître Yaméogo, parle de risque mais en réalité c’est presque déjà chose faite au vu des dernières déclarations du principal groupe armé djihadiste qui sévit dans les pays de l’AES (JNIM).

                                                    La rédaction de Mondafrique

Voici le texte d’Herman Yaméogo

ATTENTION AU RISQUE DE MUTATION DE LA GUERRE TERRORISTE EN GUERRE DE LIBÉRATION NATIONALE

Une analyse objective, lucide et courageuse de la situation nationale ne peut que conclure que (plus qu’à la croisée des chemins ) notre pays se trouve, pour la première fois de son histoire contemporaine, suspendu au-dessus du vide. Il marche, sans filet ni boussole, sur une véritable corde raide. Tous les indicateurs le confirment, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux et, plus encore, militaires.

Il n’est donc plus admissible, à l’heure où nous sommes au bord du gouffre, de persister dans une voie dont l’inefficacité tragique a été démontrée par les faits. L’obstination à maintenir un cap manifestement erroné devient non seulement une faute politique, mais aussi une faute morale, car elle engage durablement la vie et l’avenir d’un peuple déjà durement éprouvé.

L’incapacité à reconnaître ses erreurs, à faire amende honorable, ou même à consentir à une simple pause réévaluatrice, contribue à enraciner dans les esprits un sentiment de fatalisme aussi dangereux que stérile. Il favorise l’idée d’une impasse inévitable, d’un destin scellé, ce qui constitue un terrain fertile pour toutes les formes de radicalisation et d’adhésion à des discours extrêmes.

Dans ce contexte, certains choix et comportements deviennent particulièrement inquiétants, notamment celui qui prend corps dans l’opinion publique : une possible reprise des négociations avec les groupes armés terroristes, après une première tentative restée sans suite.

Il convient de le rappeler avec force : si le dialogue est au cœur de nos traditions (dialogue fondé sur l’écoute, la réconciliation et la palabre féconde ) encore faut-il qu’il s’exerce dans un climat national pacifié, apaisé et légitime. Dans notre histoire, ce dialogue n’a jamais été cédé sous contrainte ou sous menace, encore moins dans un climat de terreur ou de déstructuration sociale. Il naissait d’un besoin de restauration de l’harmonie entre frères, dans le respect des coutumes et des institutions.

Or aujourd’hui, nous assistons à un renversement saisissant de cette logique : ce ne sont plus les autorités nationales, ni même les forces morales du pays, qui posent les conditions du dialogue, mais les groupes armés eux-mêmes. Ce sont eux désormais qui fixent les préalables : libération des détenus politiques, résolution de certains dossiers judiciaires sensibles, retour des exilés, réhabilitation de la vie démocratique, et pacification nationale.

Ce faisant, ils s’approprient les revendications légitimes de pans entiers de la population, revendications qui, lorsqu’elles émanaient de citoyens ou d’organisations civiles, ont été ignorées, voire méprimées. C’est là que réside le danger majeur : en apparaissant comme les nouveaux porteurs des aspirations populaires à la justice, à la vérité, à la réconciliation, et à la légitimation démocratique ces groupes armés sont en train de brouiller les lignes, de fondre le combat terroriste dans un discours de lutte pour la noble libération nationale.

L’histoire, y compris la plus récente, nous enseigne que de nombreuses guerres dites « terroristes » ont muté en conflits de type « guerres de libération », lorsque les causes populaires et les frustrations collectives ont été récupérées et instrumentalisées par des groupes violents, devenus ( dans l’imaginaire de certains ) les derniers recours face à un État perçu comme fermé, injuste ou autoritaire.

Écarter systématiquement les demandes de justice sociale, de grâce, d’amnistie, de réparation, de réconciliation, de vérité et de réhabilitation, c’est nourrir le glissement de la guerre terroriste vers une guerre de libération nationale, avec tout ce que cela comporte comme complexification du conflit, prolongation de la crise, et radicalisation des postures.

Il est donc impératif, pour éviter cette dangereuse mutation, de reprendre en main l’agenda du dialogue national , non pas sous la pression des armes, mais à la lumière de l’intérêt supérieur de la Nation. Il faut rouvrir les espaces de discussion entre Burkinabè, réconcilier les fils du pays entre eux, et donner des gages clairs d’un retour à une gouvernance fondée sur le droit, la justice et l’inclusion.

À défaut, nous risquons d’assister à un basculement aux conséquences incalculables, où les lignes entre terrorisme, insurrection et lutte de libération se confondront, précipitant la Nation dans une nouvelle phase de désagrégation.

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