- Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Fri, 10 Oct 2025 07:36:47 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ 32 32 Jean-Jacques RATSIETISON: la culture du coup d’État à Madagascar  https://mondafrique.com/libre-opinion/la-culture-du-coup-detat-a-madagascar/ https://mondafrique.com/libre-opinion/la-culture-du-coup-detat-a-madagascar/#respond Fri, 10 Oct 2025 07:02:04 +0000 https://mondafrique.com/?p=140299 La GEN Z qui rassemble depuis dix jours des diraines de milliers de manifestants dans les grandes villes de Mafagascar a fait appel à toutes les forces vives de la nation pour demander la démission de Andry RAJOELINA et appelle à une grève générale. Le Président malgache crie au complot et appelle au respect de […]

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La GEN Z qui rassemble depuis dix jours des diraines de milliers de manifestants dans les grandes villes de Mafagascar a fait appel à toutes les forces vives de la nation pour demander la démission de Andry RAJOELINA et appelle à une grève générale. Le Président malgache crie au complot et appelle au respect de la démocratie. « Est- il bien placé pour cela ? », se demande notre chroniqueur alors que les manifestations massives de jeudi ont été marquées par de très nombreuses victimes en raison de la brutalité de la répression

Une chronique de Jean-Jacques RATSIETISON 
Economiste
Président de FMI MALAGASY

Il convient de rappeler que Andry RAJOELINA n’a été porté au pouvoir en 2009 que grâce à un coup d’état et il a récidivé en 2023 en réalisant 2 autres coups d’état pour accéder au pouvoir :

  1. Un coup d’état Institutionnel en 2023. Le jour de l’attribution des numéros que chaque candidat devait porter lors de l’élection présidentielle, la liste officielle des candidats transmise par la HCC à la CENI ne comportait que 12 noms et le nom de Andry Nirina Rajoelina n’y figurait pas à la grande surprise de toute la salle. Sans se démonter, la secrétaire de séance s’est empressée au vu et au su de tous les Malgaches, puisque la cérémonie était retransmise en direct par tous les médias nationaux, de rajouter le nom d’Andry Rajoelina démontrant la complicité flagrante des 2 principales Institutions en charge des élections alors que la liste était officiellement close.
    Il faut rappeler qu’une rumeur persistante faisait état de l’invalidation de la candidature de Rajoelina par la HCC dans la dernière ligne droite. Au vu des évènements, il semblerait que cela aurait bien été le cas et que des « pressions » ou des « corruptions » de dernière minute aient changé la donne sauf que la HCC aurait alors omis de mettre la liste définitive à jour des dernières tractations ? Toujours est-il que l’erreur matérielle est à exclure compte tenu du nombre limité de candidats.
  2. Un coup d’état Constitutionnel. Aux termes de l’article 46 de la Constitution Malgache, « tout candidat aux fonctions de Président de la République doit être de nationalité malagasy…… » or Andry Rajoelina a bel et bien perdu sa nationalité Malagasy en demandant sa naturalisation Française et ne pouvait se présenter à la course à la Magistrature suprême : Rajoelina a violé la Constitution et imposé sa candidature avec l’aide des forces de l’ordre

Le mouvement GEN Z ne peut être accusé de fomenter un coup d’état en demandant le départ de Rajoelina. Il s’agit en effet de restaurer l’état de droit que Rajoelina l’usurpateur a bafoué.

Une note de l’Ambassade de France à Madagascar sévère pour le pouvoir malgache

 

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Le Président Emmanuel Macron au pied du mur! https://mondafrique.com/libre-opinion/emmanuel-macron-au-pied-du-mur-de-lhistoire/ https://mondafrique.com/libre-opinion/emmanuel-macron-au-pied-du-mur-de-lhistoire/#respond Tue, 07 Oct 2025 12:42:44 +0000 https://mondafrique.com/?p=140109 Estimant que « les conditions n’étaient plus remplies » pour rester premier ministre, Sébastien Lecornu a remis sa démission, lundi, à Emmanuel Macron, quatorze heures seulement après avoir formé son gouvernement. L’Élysée lui a demandé de mener d’ici mercredi d’ultimes négociations sur une « plateforme d’action et de stabilité » et s’est dit prêt, selon son entourage, à « prendre ses responsabilités » si ces discussions, qui doivent […]

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Estimant que « les conditions n’étaient plus remplies » pour rester premier ministre, Sébastien Lecornu a remis sa démission, lundi, à Emmanuel Macron, quatorze heures seulement après avoir formé son gouvernement. L’Élysée lui a demandé de mener d’ici mercredi d’ultimes négociations sur une « plateforme d’action et de stabilité » et s’est dit prêt, selon son entourage, à « prendre ses responsabilités » si ces discussions, qui doivent débuter mardi matin, échouent. 

Cinq Premiers ministres en trois ans, dont le dernier, Sébastien Lecornu, ne restera en fonctions que quelques heures dans la nuit de dimanche à lundi; un chef de gouvernement démissionnaire mais toujours en fonctions à Matignon et sommé de trouver en deux jours la formule magique introuvable en presque un mois; un Président qui se promène, solitaire, sur les bords de la Seine, mais accroché à son portable et filmé par les télévisions, dans une scénographie dénuée de sens politique; un parti de droite qui se réclame du gaullisme, mais qui invente la formule inédite de la participation gouvernementale sans soutien parlementaire, faute de compter suffisamment de ministres dans la dernière mouture proposée; l’incapacité congénitale de la classe politique française, divisée désormais en trois, voire quatre blocs irréductibles, et obsédée par l’échéance présidentielle, d’explorer les voies d’un parlementarisme à la française

La République est devenue un bateau ivre et le Président français, clé de voute des institutions politiques, l’ombre de lui même sauf dans l’énergie qu’il déploie sur le plan international dans des initiatives aussi louables que tardives, de la relance de la défense européenne à la création d’un État palestinien, deux grands desseins qui n’auront guère avancé au final sous son règne. .

L’Heure est venue d’une VIeme République qui ne soit plus cette monarchie républicaine reposant sur les prérogatives d’un seul homme, fut-il élu au suffrage universel. .« Ainsi va la France personnalisée, écrivait François Mitterrand en 1964 dans « le coup d’état permanent ». Je connais des Français qui s’en émerveillent, qui ne sont pas choqués de voir leur patrie réduite aux dimensions d’un homme… Ils ont du vague à l’âme dès qu’ils sont privés du frisson que leur procure le meilleur artiste de la télévision, le dernier des monstres sacrés… Ils ont hâte de voir une tête dépasser le rang et d’obéir à la vieille musique du droit divin tirée de la mythologie du moment. »

La cinquième République finissante nous fait revivre l’agonie de la IV eme République, mais sans un de Gaulle pour sauver les meubles et avec en prime la menace de voir les héritiers de Jean Marie Le Pen prendre le pouvoir lrsque Emmanuel Macron décidera enfin de dissoudre l’Assemblée Nationale, la seule sortie de crise qui lui reste.

 

 

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Tovo Ratovoarisoa:  » Mensonges d’Etat sous les Tropiques » https://mondafrique.com/libre-opinion/mensonges-detat-sous-les-tropiques-a-madagascar/ https://mondafrique.com/libre-opinion/mensonges-detat-sous-les-tropiques-a-madagascar/#respond Mon, 06 Oct 2025 04:49:31 +0000 https://mondafrique.com/?p=139969 Un important mouvement populaire est actuellement en train de secouer Madagascar. Des manifestations, initiées par trois conseillers municipaux d’Antananarivo (Baba Rakotoarisoa, Lily Rafanoharana et Clémence Raharinirina) et relayées par la Génération Z de la capitale, se sont propagées à travers le pays. Une chronique de Tovo Ratovoarisoa, vice président du RMDM-diaspora ( Rassemblement militant pour […]

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Un important mouvement populaire est actuellement en train de secouer Madagascar. Des manifestations, initiées par trois conseillers municipaux d’Antananarivo (Baba Rakotoarisoa, Lily Rafanoharana et Clémence Raharinirina) et relayées par la Génération Z de la capitale, se sont propagées à travers le pays.

Une chronique de Tovo Ratovoarisoa, vice président du RMDM-diaspora ( Rassemblement militant pour la démocratie à Madagascar)

A l’origine basée sur le ras le bol occasionné par les coupures fréquentes d’eau et d’électricité, le mouvement a pris une autre tournure après la répression féroce et disproportionnée menée par la Gendarmerie et la Police. En effet, rien qu’à Antananarivo, l’ONU a dénombré 22 morts au 25 septembre 2025. Chiffre que le pouvoir en place conteste, mais que les manifestants et certains observateurs confirment, habitués qu’ils sont à ce que l’on appelle ici les « mensonges d’Etat » ayant jalonné la vie politique du pays depuis le coup d’Etat sanglant perpétré par Andry Rajoelina en 2009. Désormais, la « Gen Z », rejoint par la « Gen X » et la « Gen Y » réclament ni plus ni moins le départ du Président et de ses acolytes.

Comment en-est-on arrivé à ces extrêmes ? Au-delà du sursaut d’honneur qui a amené les jeunes à dénoncer la mauvaise gouvernance ayant placé Madagascar parmi les pays le plus pauvre du monde, il faut dire que Andry Rajoelina n’a jamais été considéré comme un président pleinement légitime aux yeux de la population. Apres les multiples promesses de campagne non tenues, une prise de conscience généralisée a amené la population à réaliser que la politique de l’ex-disc-jockey devenu politicien a été constamment fondée sur le mensonge. A un point tel que le Malgache lui a attribué des sobriquets comme « Pinocchio » et « Rainilainga » , littéralement « père des mensonges ».

Mamy Ravatomanga, le très actif consul de Serbie

Le jeune Mi-Kolo, étudiant, devenu l’icône des manifestations des Zen Z, à gauche, et le fils du président Rajoelina à droite


En 2025, la jeunesse malgache a fait état de sa souffrance par le biais de ces grandes manifestations que les sbires de Andry Rajoelina ont sauvagement réprimé. La cause de ces troubles est d’origine interne, et non externe, comme le clament faussement les autorités malgaches aux abois…

Après des élections truquées en 2018 comme en 2023, le Président malgache s’est maintenu à la tête du pays grace à un système de corruption qui impliquent les agents publics civils et militaires. Et cela avec l’appui de son comparse Mamy Ravatomanga, Consul honoraire de Serbie à Madagascar, qui s’est accaparé à force de malversations, divers secteurs de la richesse nationale.

Si intervention extérieure il y a, il faut lorgner du côté de Mamy Ravatomanga, qui a encouragé certains manifestants à arborer le drapeau russe. Une histoire à suivre de très près. Partisan de la politique de la terre brûlée, le puissant et milliardaire Ravatomanga tente de détourner le mouvement en faveur de la Russie.

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Nabil Cheikhi (PJD marocain): le refus d’une Palestine « sous tutelle internationale » https://mondafrique.com/moyen-orient/nabil-cheikhi/ https://mondafrique.com/moyen-orient/nabil-cheikhi/#respond Sun, 28 Sep 2025 16:24:42 +0000 https://mondafrique.com/?p=139505 La reconnaissance de la Palesine sous conditions, destinée à stabiliser une situation intenable plutôt qu’à la transformer.

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Nabil Cheikhi, Enseignant-Chercheur à l’Université Ibn Tofaïl (Maroc), et auteur d’articles d’opinion, a siégé à la Chambredes Conseillers du Parlement marocain de 2016 à 2021 en tant que représentant du Parti de la Justice et du Développement (islamiste), dont il a présidé le groupe parlementaire durant son mandat. Il a égalementété membre à l’echel international de l’Union interparlementaire. Il a également été vice‑président du Conseil régional de Rabat‑SaléKénitra.Au sein du parti, il a exercé les fonctions de membre du Secrétariat général entre 2017 et 2021, et il est actuellement membre du Conseil national.

Nous publions volontiers la vigoureuse et salutaire libre opinion de Nabil Cheikhi où, à limage d’une grande partie des Marocains, il estime que la reconnaissance de l’État palestinien ne doit pas enfermer enfermer ce dernier dans « des arrangements sécuritaires et économiques qui prolongent la dépendance ».: « la Palestine n’a pas besoin d’une coquille étatique sous tutelle, poursuit-il, elle a besoin d’une souveraineté pleine et entière ».

 Gaza is a self-governing Palestinian territory and narrow piece of land located on the coast of the Mediterranean Sea, bordered by Israel and Egypt.

« La reconnaissance de la Palestine survient au moment même où les territoires se réduisent, la colonisation s’accélère »

Depuis quelques mois, une série de capitales occidentales, latino-américaines et africaines ont officialisé leur reconnaissance de l’État de Palestine. L’événement pourrait sembler historique : pour la première fois, des pays du Nord rejoignent une dynamique portée depuis longtemps par le Sud global et par le droit international. Pourtant, derrière cet élan symbolique, un doute persistant s’installe : s’agit-il d’un pas vers la souveraineté palestinienne ou d’une reconnaissance vidée de son contenu réel, conçue comme un outil de gestion plutôt qu’un instrument de libération ?

La Déclaration de New York, devenue cadre de référence de ces reconnaissances, illustre cette ambiguïté. Le texte proclame un objectif ambitieux : « mettre fin à l’occupation et établir un État palestinien indépendant et viable sur les lignes de 1967 ». Mais il enchaîne aussitôt avec des conditions qui dessinent cet État sous un prisme contraignant : désarmé, surveillé, encadré économiquement, placé sous tutelle internationale. Autrement dit, un État sur le papier, mais sans les attributs fondamentaux de la souveraineté.

Une reconnaissance sous conditions

Une manifestation pro palestinienne au Maroc
Une manifestation pro palestinienne au Maroc

L’histoire des luttes de libération est riche d’exemples où la reconnaissance internationale s’est heurtée à la réalité du pouvoir colonial ou impérial. En Palestine, la contradiction est encore plus flagrante : la reconnaissance survient au moment même où les territoires se réduisent, la colonisation s’accélère et la population subit guerres, blocus et expulsions. On pourrait croire à un paradoxe. En réalité, il s’agit d’un mécanisme politique bien rodé : proclamer un État comme horizon, mais l’enfermer dans des arrangements sécuritaires et économiques qui prolongent la dépendance. C’est une reconnaissance sous conditions, destinée à stabiliser une situation intenable plutôt qu’à la transformer.

La première dimension de cette souveraineté amputée concerne la sécurité. La future entité palestinienne est envisagée comme désarmée, dépendante de missions de surveillance multinationales et placée sous la responsabilité de garants extérieurs. Or, aucun État n’a jamais pu construire sa sécurité en se voyant retirer le droit à l’autodéfense. L’expérience historique le prouve : c’est la capacité à dissuader, non la tutelle étrangère, qui assure la stabilité à long terme. Un « État sous protection » est un État vulnérable, réduit à gérer son territoire sans jamais garantir la sécurité de son peuple.

La deuxième dimension est économique. La Déclaration insiste sur la « bonne gouvernance », la « transparence », la « soutenabilité budgétaire ». Derrière ces mots se profile un agenda néolibéral qui conditionne toute indépendance économique à des réformes encadrées par les bailleurs. La monnaie, les douanes, les frontières resteraient sous contrôle externe. La Palestine deviendrait ainsi un « État géré par l’aide », dépendant de transferts financiers et vulnérable au chantage budgétaire, plutôt qu’un acteur économique souverain. Promesses de développement, intégration régionale, corridors d’infrastructures : autant de projets séduisants en apparence, mais qui contournent la question centrale du contrôle souverain.

Or une économie sans politique monétaire autonome , sans douanes autonomes, sans maîtrise de ses frontières, n’est pas une économie indépendante. Ce modèle risque de reproduire les fragilités actuelles : chômage élevé, dépendance aux importations, faible valeur ajoutée locale. Pire encore, l’aide internationale est souvent orientée non vers la production, mais vers la sécurité et la coordination avec l’occupant. L’État à venir serait donc moins un acteur économique qu’un gestionnaire de frontières au service de la stabilité régionale. On retrouve ici un schéma déjà observé ailleurs : des économies placées sous tutelle extérieure, contraintes de suivre des recettes libérales standardisées, incapables de développer un modèle propre. La promesse de « compétitivité » se traduit en dépendance structurelle.

Troisième dimension : la question des réfugiés. Le droit au retour, pilier du droit international, est repoussé à plus tard. L’UNRWA, institution qui maintenait ce droit dans le cadre onusien, est menacée de démantèlement au profit de structures palestiniennes intégrées à l’agenda international. Le risque est de transformer un droit politique en simple dossier de services sociaux et d’indemnisation. Cette translation technocratique aurait des conséquences profondes : elle viderait de sa substance une revendication fondatrice et réduirait une question de justice et de mémoire à un problème administratif. Là encore, la souveraineté se dissout dans des dispositifs gestionnaires.

Une logique d’exclusion

À ces amputations s’ajoute une logique politique d’exclusion. La Déclaration évoque la nécessité d’écarter « les acteurs perturbant le processus de paix ». Derrière cette formule se cache une volonté de marginaliser les forces de résistance palestiniennes, accusées de « violence » alors même que leur action a contribué à imposer la question palestinienne sur la scène internationale. L’histoire offre ici encore des comparaisons éclairantes :personne n’a demandé à De Gaulle de disparaître après la Libération, ni aux composantes du mouvement national marocain, qui avaient chassé le colonisateur français et espagnol, de se retirer après l’indépendance, ni au FLN algérien de s’effacer en 1962, ni à Mandela et à l’ANC de quitter la scène à l’indépendance. La légitimité de ces mouvements venait précisément de leur rôle dans la lutte. Exiger aujourd’hui l’exclusion de ceux qui ont rendu l’occupation coûteuse revient à transformer la reconnaissance en instrument de neutralisation politique.

Faut-il pour autant rejeter la reconnaissance ? Non. Elle conserve une valeur symbolique et diplomatique réelle : elle contribue à isoler l’occupation, à réaffirmer le droit des Palestiniens à l’autodétermination et à rappeler l’illégalité de la colonisation. Mais il serait illusoire d’y voir une solution en soi. La vraie bataille commence après : transformer ce symbole en levier contraignant, faire en sorte que l’État reconnu corresponde à un État réel, avec des frontières, une défense, une économie et des droits garantis.

Cinq conditions pour une vraie reconnaissance

Une reconnaissance digne de ce nom devrait remplir au moins cinq conditions : souveraineté pleine sur le territoire et les frontières ; droit à l’autodéfense garanti ; indépendance économique réelle par le contrôle des douanes, de la monnaie et des impôts ; garantie effective du droit au retour, non réduit à une indemnisation ; mécanismes de responsabilité imposant des sanctions contre la colonisation. Sans cela, l’État promis n’est qu’un État sous tutelle, incapable de protéger sa population ni de définir son avenir.

La question dépasse le seul cas palestinien. Elle met à l’épreuve l’ordre international lui-même. Peut-on continuer à proclamer des principes universels — droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la force — et les vider de leur substance dès qu’il s’agit de la Palestine ? Chaque reconnaissance partielle, chaque compromis qui sacrifie la souveraineté à la stabilité, élargit le fossé entre discours et réalité. À terme, c’est la crédibilité même du système international qui est en jeu. L’érosion du droit universel au profit d’arrangements circonstanciels fragilise l’ensemble du cadre multilatéral et installe l’idée que certaines causes, certains peuples, seraient voués à des solutions inachevées.

La vague de reconnaissances actuelles ne doit donc pas être rejetée : elle représente un pas symbolique important, un outil diplomatique utile. Mais elle ne saurait suffire. L’essentiel est de s’assurer qu’elle ne se réduise pas à une gestion de crise, qu’elle ne transforme pas la cause palestinienne en simple dossier de gouvernance. La Palestine n’a pas besoin d’une coquille étatique sous tutelle. Elle a besoin d’une souveraineté pleine et entière. C’est à cette condition seulement que la reconnaissance cessera d’être un substitut pour devenir une étape fondatrice.

Nabil Cheikhi
Ex Parlementaire PJD, Maroc

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Reconnaître la Palestine : un geste tardif, un acte nécessaire https://mondafrique.com/libre-opinion/reconnaitre-la-palestine-geste-tardif-acte-necessaire/ Wed, 24 Sep 2025 07:39:49 +0000 https://mondafrique.com/?p=139182 La reconnaissance internationale de l’État palestinien revient au premier plan de l’agenda diplomatique mondial. Au-delà de la symbolique, ce geste interroge la réalité du terrain, la géopolitique régionale et les perspectives d’une paix toujours incertaine. Dans le paysage tourmenté du Proche-Orient, la question palestinienne demeure le point de cristallisation d’un siècle de conflits, de frustrations […]

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La reconnaissance internationale de l’État palestinien revient au premier plan de l’agenda diplomatique mondial. Au-delà de la symbolique, ce geste interroge la réalité du terrain, la géopolitique régionale et les perspectives d’une paix toujours incertaine.

Dans le paysage tourmenté du Proche-Orient, la question palestinienne demeure le point de cristallisation d’un siècle de conflits, de frustrations nationales, de mobilisations populaires et de rivalités diplomatiques. Depuis la proclamation unilatérale de l’État de Palestine en 1988 par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), puis sa reconnaissance progressive par une majorité de pays du Sud, le débat sur la reconnaissance internationale s’est fait le miroir des équilibres mondiaux. Mais alors que de nouveaux acteurs – Royaume-Uni, Canada, Australie, et bientôt peut-être la France – rejoignent la liste des États reconnaissant la Palestine, l’actualité récente oblige à poser la question : que signifie, aujourd’hui, reconnaître l’État palestinien ? Et que peut vraiment changer ce geste ?

Un héritage du XXe siècle, toujours vivant

Pour comprendre la portée de la reconnaissance, il faut revenir à l’histoire même de la Palestine moderne. L’effondrement de l’Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale, la Déclaration Balfour (1917), puis le mandat britannique ont ouvert une ère de contestation et de nationalismes concurrents sur la terre de Palestine. En 1947, le plan de partage de l’ONU prévoyait la création de deux États, juif et arabe. La naissance d’Israël en 1948, la Nakba palestinienne, les guerres de 1967 et 1973, les occupations successives et la fragmentation des territoires sont autant d’étapes qui ont repoussé sans cesse l’avènement d’un État palestinien reconnu.

En 1988, alors que la première Intifada fait rage, Yasser Arafat proclame l’indépendance de l’État de Palestine à Alger. Rapidement, les pays du Mouvement des non-alignés, du monde arabe, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine reconnaissent la légitimité palestinienne. Mais l’essentiel des pays occidentaux, alignés sur la doctrine américaine, refusent de franchir le pas, estimant que seule une solution négociée peut aboutir à une telle reconnaissance.

Un mouvement d’ampleur mondiale, mais inégal

À ce jour, environ 150 pays sur 193 membres de l’ONU ont reconnu l’État palestinien. Parmi eux, la quasi-totalité des pays du Sud, mais la plupart des puissances occidentales manquaient à l’appel – jusqu’à récemment. En 2012, la Palestine obtient le statut d’État observateur non-membre à l’Assemblée générale de l’ONU, une avancée symbolique majeure, mais qui ne vaut pas adhésion pleine et entière.

Depuis, la question de la reconnaissance a fait l’objet d’une intense bataille diplomatique. L’administration américaine, de Barack Obama à Donald Trump puis Joe Biden, a oscillé entre immobilisme, soutien à la normalisation israélo-arabe (Accords d’Abraham), et gestion des crises. L’Union européenne, divisée, a laissé chaque État agir à sa guise, malgré la montée d’une opinion publique favorable à la reconnaissance palestinienne, surtout après les crises à Gaza.

En 2025, un tournant s’opère : le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie franchissent le pas. D’autres pays européens – la France, le Portugal, la Norvège, l’Espagne – annoncent leur intention de suivre. Cette dynamique, loin d’être anodine, marque un glissement dans les équilibres occidentaux et un début de rééquilibrage face à l’unilatéralisme de la politique israélienne.

Pourquoi maintenant ? Les ressorts d’une bascule

Ce regain d’intérêt pour la reconnaissance n’est pas déconnecté du contexte actuel. Depuis l’échec des dernières négociations, la stagnation du « processus de paix » et l’accélération de la colonisation israélienne en Cisjordanie, le statu quo est perçu comme intenable, y compris par des diplomaties jusque-là prudentes.

Les récentes flambées de violence à Gaza et en Cisjordanie, l’extrême fragilité du gouvernement palestinien, les divisions internes entre le Fatah en Cisjordanie et le Hamas à Gaza, ont renforcé le sentiment d’urgence. Mais pour nombre de capitales occidentales, la reconnaissance vise aussi à préserver la solution à deux États, en danger de mort. « Reconnaître la Palestine, ce n’est pas tourner le dos à Israël, c’est défendre la seule issue viable à long terme », résume un diplomate français.

Enfin, les transformations du système international, l’émergence de nouvelles puissances et l’usure de l’hégémonie américaine contribuent à ouvrir des espaces d’autonomie stratégique, notamment en Europe et dans le monde anglo-saxon. La guerre en Ukraine, la compétition sino-américaine, la montée de l’indignation mondiale contre les violences à Gaza et la situation humanitaire créent un climat propice à ce basculement.

Enjeux et limites

La reconnaissance, par un État ou un groupe d’États, possède d’abord une valeur symbolique et politique. Elle signifie : « Nous considérons la Palestine comme un sujet de droit international, titulaire de la souveraineté sur ses territoires ». Elle permet aussi à la Palestine d’accéder à certains forums internationaux, d’exiger des comptes devant la Cour pénale internationale ou d’obtenir de l’aide plus aisément.

Mais la reconnaissance ne règle pas, en soi, les questions de la souveraineté effective, du contrôle des frontières, de la sécurité, ni du retour des réfugiés. Sur le terrain, la Cisjordanie reste morcelée, sous occupation et administration israéliennes, et Gaza sous blocus. Jérusalem-Est, revendiquée comme capitale, reste hors d’atteinte. Les rivalités inter-palestiniennes minent l’autorité du gouvernement. Le danger serait de se contenter d’un geste sans effets concrets, un « label » d’État, sans État réel.

Côté israélien, la reconnaissance est perçue comme une remise en cause de la négociation directe. Pour Tel-Aviv, le risque est de voir la pression internationale s’accroître sans contrepartie tangible sur la sécurité ou la reconnaissance d’Israël. Washington, de son côté, continue de conditionner tout progrès à des garanties sécuritaires.

Une stratégie pour la paix ou un geste de rupture ?

Les partisans de la reconnaissance plaident que ce geste pourrait revitaliser une solution politique moribonde, forcer le retour à la table des négociations et empêcher l’enterrement de la solution à deux États. Certains voient dans cette dynamique un moyen d’équilibrer le rapport de forces, d’encourager la société civile israélienne à exiger, à son tour, une sortie du statu quo.

D’autres y voient une fuite en avant, un acte diplomatique sans lendemain, tant que la réalité du terrain demeure inchangée. Le risque existe de figer la situation dans une « paix de papier », tandis que l’occupation, les violences et les divisions internes perdurent. Pour nombre d’observateurs, seule une pression multilatérale, coordonnée, soutenue par un véritable projet de transition politique, pourrait faire de la reconnaissance un véritable levier de paix.

Un geste à la fois tardif et nécessaire

À l’heure où les équilibres régionaux se recomposent, la reconnaissance de l’État palestinien revêt une signification particulière. Elle est le reflet d’une volonté politique de « sortir du flou », de redonner un cap à la diplomatie proche-orientale, de répondre à l’appel d’une jeunesse palestinienne lassée des promesses trahies.

Il ne s’agit pas d’un acte miraculeux, mais d’un outil, parmi d’autres, pour réinscrire la Palestine dans le concert des nations et rouvrir le champ des possibles. La reconnaissance, si elle ne s’accompagne pas d’un engagement réel sur la souveraineté, la sécurité et le développement, risque de n’être qu’un acte symbolique de plus. Mais si elle s’inscrit dans une stratégie globale, elle peut, enfin, donner chair à la promesse fondatrice du partage de 1947 : deux peuples, deux États, côte à côte.

À l’heure des grands basculements, reconnaître la Palestine, c’est peut-être, pour la communauté internationale, l’occasion de réaffirmer que l’espoir d’une paix juste et durable n’est pas qu’un souvenir d’un autre siècle…

 

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Xavier Houzel: « ce jour mémorable » de l’État palestinien reconnu https://mondafrique.com/libre-opinion/xavier-houzel-ce-jour-memorable-de-letat-palestinien-reconnu/ Mon, 22 Sep 2025 06:35:40 +0000 https://mondafrique.com/?p=139136 Alors que la France s’apprête à reconnaître officiellement l’Etat palestinien ce lundi 22 septembre, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, une décision, prise dans le cadre d’un sommet coparrainé par la France et l’Arabie Saoudite, notre chroniqueur et ami Xavier Houzel salue ce geste salvateur initié en grande partie Emmanuel […]

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Alors que la France s’apprête à reconnaître officiellement l’Etat palestinien ce lundi 22 septembre, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, une décision, prise dans le cadre d’un sommet coparrainé par la France et l’Arabie Saoudite, notre chroniqueur et ami Xavier Houzel salue ce geste salvateur initié en grande partie Emmanuel Macron

En ce jour mémorable du 22 septembre 2025, demain, la France reconnaît à son tour l’autre État de Palestine, dont l’existence est aussi immuable dans la région que celle de l’État d’Israël – nom de Jacob et de ses enfants à l’origine des 12 tribus qui formèrent le premier royaume juif dans la Bible. Elle réparera de façon solennelle un manquement, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies, soixante-douze ans après la Déclaration autoproclamée d’indépendance de la communauté politique des Juifs en Palestine, le 14 mai 1948.

Cet acte fondateur dit « Charte de l’indépendance » évoquait alors non seulement la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 relative au Peuple Juif, mais il se référait aussi implicitement à la Charte des Nations Unies (26 juin 1945) qui mentionnait le droit des peuples à l’auto-détermination. Ce droit a été réaffirmé dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme adoptée six mois plus tard par l’ONU le 10 décembre 1948. Emmanuel Macron ne pouvait pas faire moins ; le fait que la Grande-Bretagne – ô combien impliquée dans le problème depuis son origine – lui emboite le pas montre à quel point la démarche finalement s’imposait, et à une telle occasion.

On a reproché, mais à tort, au président Macron d’être de connivence avec Israël en ne procédant pas plus rapidement à la reconnaissance formelle de la Palestine, jusqu’alors sempiternellement figée en l’état futur d’achèvement ; on l’accusait d’avoir prévenu le Premier ministre israélien et son cabinet assez tôt pour qu’ils aient suffisamment de temps pour rendre un tel geste inopérant. Ce n’est pas le cas ; car cela aura permis aux dirigeants d’autres grands pays de réfléchir… et aux actuels dirigeants d’Israël de s’enferrer au-delà de l’admissible.

 

XH

 

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La vision grossière que Noëlle Lenoir a des Algériens https://mondafrique.com/libre-opinion/la-vision-grossiere-que-noelle-lenoir-a-des-algeriens/ Sun, 21 Sep 2025 02:26:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=139025 Ancienne ministre de Jacques Chirac et ex membre du Conseil Constitutionnel, Noëlle Lenoir qui prétend défendre l’écrivain franco-algéries Boualem Sansal au nom de la liberté d’expression, n’hésite pas à dresser un portrait haineux de « millions d’Algériens ». Et cela sans que cela ne semble gêner grand monde.    Lyazid BENHAMI    Début août, l’ancienne ministre Noëlle […]

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Ancienne ministre de Jacques Chirac et ex membre du Conseil Constitutionnel, Noëlle Lenoir qui prétend défendre l’écrivain franco-algéries Boualem Sansal au nom de la liberté d’expression, n’hésite pas à dresser un portrait haineux de « millions d’Algériens ». Et cela sans que cela ne semble gêner grand monde. 
 
Lyazid BENHAMI 
 

Début août, l’ancienne ministre Noëlle Lenoir a provoqué une vive polémique après avoir tenu, sur une chaîne de télévision, des propos visant directement la communauté algérienne en France. Elle a évoqué « des millions d’Algériens » susceptibles de « sortir un couteau » ou de « foncer dans une foule ».

Ces déclarations, immédiatement qualifiées de racistes par plusieurs associations, ont donné lieu à des actions en justice. SOS Racisme a déposé plainte pour injure publique à caractère raciste. L’Union française des binationaux et de la diaspora algérienne a saisi le tribunal administratif de Paris contre la chaîne de diffusion, estimant qu’elle avait contribué à la propagation d’un discours de haine. Parallèlement, un collectif de chercheurs, d’intellectuels et de militants a publié une lettre ouverte appelant les autorités à se saisir du dossier.

La société civile s’est rapidement mobilisée. Outre les plaintes déposées, plusieurs élus locaux et parlementaires ont dénoncé des propos « abjects » et « indignes ». Pour ces acteurs, il ne s’agit pas d’une simple maladresse verbale, mais d’une stigmatisation de masse qui porte atteinte aux principes républicains.

Une retenue politique remarquée

En revanche, du côté des responsables politiques nationaux, les réactions sont restées limitées. Peu de prises de position publiques ont été enregistrées, un contraste notable avec d’autres affaires de propos jugés discriminatoires. Cette retenue interroge : traduit-elle une gêne à critiquer une personnalité issue du monde institutionnel, ou reflète-t-elle une forme de banalisation des discours visant certaines communautés ?

L’affaire met en lumière une question récurrente : la différence de traitement de propos quasiment racistes selon l’identité de la personne qui les tient. Pour les associations antiracistes, le silence politique constitue un signal préoccupant. « Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit », rappellent-elles, estimant que l’absence de condamnation officielle contribue à affaiblir la lutte contre les discriminations.

Une affaire symptomatique

Au-delà de la polémique immédiate, l’épisode illustre les tensions persistantes autour de la mémoire coloniale, des migrations et de l’intégration. Les relations franco-algériennes, marquées par une histoire douloureuse, demeurent un terrain sensible où la parole publique engage bien plus qu’un simple débat d’idées.

Dans ce contexte, le silence des responsables politiques prend une signification particulière. Il n’est pas seulement une absence de réaction : il devient un choix. Choix de ne pas affronter la banalisation du racisme, choix de laisser s’installer une hiérarchie implicite entre les discriminations, choix enfin de détourner le regard au risque d’entamer la crédibilité même du discours républicain.

Or, la lutte contre le racisme ne saurait souffrir d’ambiguïté. En s’abstenant de condamner clairement de tels propos, la sphère politique contribue, volontairement ou non, à normaliser une parole qui fracture et stigmatise. L’affaire Lenoir agit ainsi comme un révélateur : celui d’une République qui peine encore à se montrer à la hauteur de ses principes lorsqu’ils sont mis à l’épreuve.

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Une sortie de crise pour la France au Sahel  https://mondafrique.com/libre-opinion/une-sortie-de-crise-pour-la-france-au-sahel/ Wed, 17 Sep 2025 09:45:45 +0000 https://mondafrique.com/?p=138812 Les tensions actuelles entre la France et ses anciennes colonies du Sahel central, Niger, Mali, Burkina Faso, ont été abondamment analysées. Tous les regards convergent vers un constat commun : le paradigme hérité des indépendances est désormais obsolète. Abdoulahi ATTAYOUB, consultant, Lyon (France), 8 septembre 2025 Dès l’origine, les systèmes politiques de ces pays ont […]

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Les tensions actuelles entre la France et ses anciennes colonies du Sahel central, Niger, Mali, Burkina Faso, ont été abondamment analysées. Tous les regards convergent vers un constat commun : le paradigme hérité des indépendances est désormais obsolète.

Abdoulahi ATTAYOUB, consultant, Lyon (France), 8 septembre 2025

Dès l’origine, les systèmes politiques de ces pays ont été structurés par l’administration coloniale française dans une logique de dépendance et de contrôle. Ce dispositif a permis à la France de préserver son influence, notamment par le biais d’élites locales formées dans cet esprit. Pourtant, la politique africaine de la France n’a pas su évoluer. Prisonnière de réflexes paternalistes, elle est restée figée, incapable de s’adapter aux dynamiques qu’elle avait pourtant contribué à façonner. Ce décalage a alimenté un profond ressentiment, même chez ceux qui croyaient encore à un partenariat vertueux avec l’ancienne puissance coloniale.

Ces dernières années, plusieurs initiatives ont illustré les impasses de cette approche : le Conseil présidentiel pour l’Afrique, la mise en scène du Sommet de Montpellier en 2021, ou encore un dispositif autocentré et piloté depuis les plus hautes sphères de l’État français. Ces actions, fondées sur une vision déconnectée des réalités africaines, ont abouti à un environnement stérile, dont l’efficacité peut aujourd’hui être légitimement mise en cause.

Il est temps de changer de paradigme. Si la France souhaite rétablir une coopération crédible et utile avec le Sahel central, elle doit refonder sa relation sur le respect mutuel et les intérêts des peuples.

L’illusion d’un partenariat démocratique

Contrairement à une idée répandue, la politique française au Sahel a souvent manqué d’exigence démocratique. En soutenant des régimes dont la légitimité électorale était, au mieux, contestable, elle a envoyé un message ambigu. À cela s’est ajoutée une tolérance excessive envers la corruption, y compris lorsque des fonds français ou européens étaient en jeu. Cette complaisance a profondément entaché l’image de la France auprès des démocrates africains, déçus de ne pas voir en elle un partenaire plus rigoureux et engagé.

En misant sur une stabilité de façade, la France a trop souvent soutenu des régimes en place sans considérer les réalités sociales, ethniques et culturelles propres à chaque pays. Elle a fermé les yeux, et ceux de la communauté internationale, sur des dérives manifestes, accordant de fait une forme de caution à des systèmes claniques et inadaptés.

Depuis le discours de La Baule, la France a toléré, voire couvert, des pratiques politiques relevant davantage de l’imposture démocratique que d’un réel engagement en faveur des peuples. Cette attitude a encouragé la captation des ressources publiques et un désintérêt croissant pour le bien-être des populations. Pire encore, elle a alimenté le désenchantement, ouvrant la voie à des régimes autoritaires, certes sans solutions durables, mais jouissant parfois d’un soutien populaire.

Une responsabilité partagée

Il serait toutefois injuste d’attribuer l’impasse actuelle à la seule France. Les pays sahéliens portent également leur part de responsabilité. Ils ne surmonteront la crise qu’en rompant avec les schémas politiques qui les ont fragilisés. Cela suppose la construction d’États de droit solides, dotés de véritables contre-pouvoirs, y compris dans la conduite de leur diplomatie.

Au-delà des discours populistes et opportunistes des juntes militaires actuellement au pouvoir, la critique adressée à la France demeure légitime. Pendant plus de soixante ans, elle a adopté une posture qui l’a rendue objectivement complice de dérives politiques majeures dans ses anciennes colonies. Pourtant, les liens historiques tissés avec les peuples sahéliens auraient pu permettre un accompagnement vertueux des jeunes États vers une souveraineté réelle, inclusive et moderne.

Repenser les relations pour l’avenir

Malgré ces errements, la France dispose encore d’atouts pour retisser un lien authentique avec les peuples du Sahel. À condition de tirer les leçons du passé et de proposer de véritables partenariats fondés sur les réalités locales et les aspirations populaires.

Pour instaurer une relation apaisée et bâtir des partenariats équilibrés, la France devra profondément réviser son approche. Elle devra privilégier des coopérations concrètes, équitables et centrées sur le développement. Les liens historiques doivent être revalorisés, non comme un vestige d’un passé postcolonial, mais comme un levier pour construire un avenir commun, respectueux de la souveraineté des peuples.

Le paysage géopolitique évolue rapidement. L’offre de partenariats s’élargit. Des acteurs européens, asiatiques ou émergents occupent désormais un espace que la France semble avoir déserté. Si elle ne prend pas conscience de ces mutations, elle risque d’être durablement marginalisée dans l’espace sahélo-saharien.

La rupture spectaculaire des relations avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso ne peut être réduite à de simples manœuvres de régimes militaires en quête de légitimité. Elle traduit un échec structurel : celui d’un modèle relationnel dépassé, incapable de répondre aux attentes des peuples. Le désenchantement envers la France doit aussi se comprendre à l’aune des espoirs qu’elle avait elle-même suscités, à travers des discours officiels promettant coopération et partenariats au service des populations.

 

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Niclas Beau: « la tiédeur des États arabes face au drame de Gaza » https://mondafrique.com/libre-opinion/la-tiedeur-des-etats-arabes-face-au-drame-de-gaza/ Tue, 16 Sep 2025 05:01:04 +0000 https://mondafrique.com/?p=138734 Le sommet d’urgence réunissant la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a cherché à afficher une solidarité officielle avec le Qatar après l’attaque israélienne et à coordonner une réaction collective. L’alignement sur le Qatar risque de rester largement symbolique, illustrant une fois de plus la difficulté du monde arabe à s’unir concrètement […]

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Le sommet d’urgence réunissant la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a cherché à afficher une solidarité officielle avec le Qatar après l’attaque israélienne et à coordonner une réaction collective. L’alignement sur le Qatar risque de rester largement symbolique, illustrant une fois de plus la difficulté du monde arabe à s’unir concrètement autour de la cause palestinienne, au-delà des communiqués de circonstance.

Malgré l’émotion dans les médias et parmi les populations, beaucoup d’États arabes restent prudents, mesurés dans leurs prises de position, voire silencieux sur certains sujets. Plusieurs éléments expliquent cette tiédeur :

  • La normalisation avec Israël. Les États comme les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc, etc., ont signé des accords de normalisation avec Israël (Accords d’Abraham, etc.). Ces gouvernements sont aujourd’hui dans une situation où soutenir le Hamas ouvertement pourrait compromettre leurs relations diplomatiques, économiques, sécuritaires.
  • La priorité à la stabilité intérieure : beaucoup de régimes arabes sont autoritaires ou semi‑autoritaristes. L’exemple palestinien, avec ses mobilisations populaires, ses manifestations, ses appels à la résistance, est perçu comme un risque potentiel de contagion. Ils préfèrent limiter les tensions internes, maintenir l’ordre, plutôt que d’encourager l’activisme.
  • Les pressions internationales. Les États arabes dépendent souvent de partenariats militaires, de l’aide étrangère, des investissements occidentaux. Critiquer fortement Israël ou accueillir des mouvements classés « terroristes » ou « militants » expose à des sanctions, à des pressions diplomatiques. Le coût politique et économique d’un engagement fort est élevé.
  • Divergences internes au monde arabe : il n’existe pas « un » monde arabe homogène. Chaque pays a ses propres priorités – sécurité, économie, rivalités internes, alliances – qui influencent sa politique. Certains soutiennent verbalement la cause palestinienne, mais évitent les actes concrets qui obligeraient à prendre des risques.

Un équilibre instable

Le transfert de la direction du Hamas à Doha, la distance, les frappes ciblées et la tiédeur des États arabes ne sont pas des incidents isolés mais un modèle systémique. Mais quelles évolutions possibles ?

  • Une pression internationale et diplomatique accrue. L’attaque de Doha déclenche des sommets arabes‑islamistes, des condamnations, mais jusqu’où ira l’action concrète ? Exiger l’expulsion des dirigeants, sanctionner les États qui les accueillent, ou faire respecter le droit international reste une piste, mais risquée.
  • La perte possible de légitimité du Hamas : si le leadership ne parvient pas à réduire l’écart entre ses discours et la réalité des vies meurtries à Gaza, il risque de perdre du soutien populaire. Le mouvement aime symboliser la résistance, mais la résistance doit aussi produire des résultats, du réconfort, de la protection.
  • Le rôle du Qatar remis en question : Doha sera sous pression pour clarifier sa position, pour équilibrer ses alliances, et pour éviter d’être perçu comme un refuge irresponsable plutôt que comme médiateur. Le coût diplomatique de l’attaque à Doha pourrait pousser Doha à reconsidérer les conditions de présence du Hamas.
  • La solidarité populaire vs politique d’État. Les opinions publiques arabes restent largement solidaires de la cause palestinienne. Mais face aux contraintes diplomatiques, aux engagements internationaux, aux alliances, les gouvernements tendent à privilégier la stabilité, le commerce, la politique intérieure, au détriment d’un engagement fort. Ce fossé pourrait creuser des tensions internes.

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Les confidences du « Sphinx » malien https://mondafrique.com/libre-opinion/les-confidences-du-sphinx-malien/ Fri, 12 Sep 2025 11:39:31 +0000 https://mondafrique.com/?p=138551 Le Sphinx, un journal malien indépendant, courageux et très rigoureux, est fondé en 2001] par Adama Dramé, dont nous publierons désormais régulièrement le carnet de bord qu'il rédige pour son jounal, "le Sphinx", sur la situation dramatique que connait le Mali

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Le Sphinx, un journal malien indépendant, courageux et très rigoureux, est fondé en 2001] par Adama Dramé, dont nous publierons désormais régulièrement le carnet de bord qu’il rédige pour son jounal sur la situation dramatique que connait le Mali et que la diplomatie française accaparée par l’Ukraine et la Palestine ignore avec une désinvolture remarquable après dix années ou presque d’occupation militaire

En 2017, Karim Keïta, député et fils du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, avait déposé plainte contre le journal, qu’il accuse de l’avoir diffamé à plusieurs reprises — l’hebdomadaire avait affirmé qu’il avait aidé un homme d’affaires à échapper à la justice et qu’il le propriétaire de biens immobiliers dans la capitale[4]. Il est débouté en juin de la même année[5],[6].

En , Birama Touré, journaliste du Sphinx, disparaît[7]. Selon le directeur du journal, Adama Dramé, Birama Touré enquêtait alors sur Karim Keïta, le fils du président malien. Ce dernier dépose plainte pour diffamation en 2019 contre Adama Dramé (qui l’a accusé d’être mêlé à ladite disparition) et un journaliste radio malien, mais il est débouté pour vice de procédure[9],[10].

L’ONG Reporters sans frontières et L’Express indiquent par la suite que le journaliste aurait été enlevé puis détenu dans une prison des services de renseignement maliens, où il aurait été torturé et serait mort En , Karim Keïta (exilé en Côte d’Ivoire depuis le coup d’État de 2020) fait l’objet d’une notice de recherche d’Interpol, à la demande d’un juge d’instruction malien[10],[11]. Une procédure judiciaire est aussi ouverte en France par la famille de Birama Touré

LE CARNET DE ROUTE DU PATRON DU « SPHINX »

L’armée dément un prétendu « faux blocus »

Le 8 septembre, le porte-parole de l’armée malienne, le Colonel-major Souleymane Dembélé, a réfuté les allégations selon lesquelles certains axes stratégiques — notamment entre Kayes, Diéma et Nioro — seraient sous blocus prolongé. Il indique que les incursions djihadistes n’ont duré que 20 à 30 minutes maximum et dénonce une « guerre de l’information » visant à instaurer la psychose. Selon lui, les forces maliennes, aidées par l’Alliance des États du Sahel (AES), gardent le contrôle de la situation malgré l’utilisation par les groupes armés de drones, d’engins explosifs improvisés, de sabotage et d’attaques contre les civils.

Et pourtant……

JNIM incendie des camions-citernes et pose un blocus sur le fuel

Un groupe armé lié à Al-Qaïda, le JNIM, a incendié des camions-citernes transportant du carburant depuis la Côte d’Ivoire dans la région de Sikasso, dans le sud du Mali. Ce geste fait partie d’une stratégie de blocage des importations de carburant, visant à affaiblir l’économie nationale.

Riposte militaire avec frappes aériennes dans la région de Kayes

En réponse à ce blocus carburant orchestré par les militants, l’armée malienne a mené des frappes aériennes ciblées dans la région aurifère de Kayes. Cette opération vise à rétablir les corridors logistiques essentiels et à contrecarrer les actions économiques déstabilisatrices des groupes armés.

Le Mali porte plainte devant la CIJ contre l’Algérie

Le gouvernement de transition du Mali a saisi la Cour internationale de justice (CIJ) contre l’Algérie, l’accusant d’avoir abattu un drone militaire malien dans la nuit du 31 mars au 1er avril près de Tinzaouaten (région de Kidal). Bamako affirme que le drone opérait sur son territoire dans le cadre de missions contre des groupes armés, tandis qu’Alger soutient qu’il aurait violé son espace aérien. La CIJ est désormais saisie de ce différend.

Une scène musicale malienne en crise

Le monde musical malien, jadis renommé mondialement, est en déclin en raison de difficultés économiques, de l’insécurité et de la réduction de l’aide internationale liée à l’instabilité politique. Des artistes comme Oumar Konaté (surnommé le « Jimi Hendrix d’Afrique de l’Ouest ») font face à des salles vides, des tournées compromises, et une mobilité restreinte. Néanmoins, des projets comme une biennale à Tombouctou témoignent de la volonté de résistance et de renaissance culturelle.

Où est donc passé Air Force One?

La vidéo du jihadiste en train de mettre le feu dans un réacteur de l’aéronef présidentiel que votre journal préféré a baptisé Ladji Bourama Air Force One est devenue virale sur les réseaux sociaux à l’époque.

Naturellement, tout le monde savait qu’il lui serait alors très difficile pour reprendre l’air.

Malgré tout, nos autorités ont sollicité nos amis Marocains pour le réparer et procédé à un lifting de fond en comble.

Des mécanos et des électriciens délégués sur place ont pu bricoler et LBAFO a pu décoller avec un seul réacteur, direction le Maroc.

Bref, les pilotes ont pu se débrouiller pour amener LBAFO à Casa. Une sur place, on s’en rendu compte qu’il fallait changer complétement le réacteur incendié.

Le marché d’achat d’un nouveau réacteur a été confié à des Turcs qui ont livré un d’occasion à près d’1 milliard de CFA, achat, transport et assurance compris.

Malheureusement ce réacteur d’occasion une fois sur place s’est révélé inopérationnel.

Ce qui fait que LBAFO se trouve actuellement en rade à Casa, avec un milliard …volatilisé et tombé dans les poches d’escrocs patentés !

Pauvres contribuables !

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