- Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Tue, 09 Dec 2025 06:44:13 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ 32 32 La laïcité ne passe pas chez les musulmans de France   https://mondafrique.com/libre-opinion/la-laicite-ne-passe-toujours-pas-chez-les-musulmans-en-france/ https://mondafrique.com/libre-opinion/la-laicite-ne-passe-toujours-pas-chez-les-musulmans-en-france/#comments Tue, 09 Dec 2025 00:56:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=101604 A la question : la laïcité est-elle discriminatoire envers les musulmans ? 44 %  d’entre eux répondent qu’elle est effectivement « très discriminatoire », et 34 % qu’elle est « assez discriminatoire ».

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A la question : la laïcité est-elle discriminatoire envers les musulmans ? 44 %  d’entre eux répondent qu’elle est effectivement « très discriminatoire », et 34 % qu’elle est « assez discriminatoire ». Soit presque 8 musulmans sur 10. Le sondage de l’IFOP réalisé voici deux ans montrait que ce sont ceux qui votent le plus à gauche (sous-entendu pour Mélenchon) qui dénoncent avec le plus de fermeté la laïcité (89%). En revanche pour les musulmans « plutôt à droite », le pourcentage tombe à 65 %, et il chute à 54 % pour les électeurs « très à droite ». 

Par Ian Hamel, à Genève

  

Il s’agit d’une étude très complète publiée sur la laïcité en 2023. Elle avait été commandée par la toute nouvelle chaîne franco-arabe Elmaniya.tv, qui se déclare laïque. Le sondage de l’IFOP a été réalisé auprès de personnes qui s’identifient comme musulmans, résidant en France métropolitaine, qu’ils soient de nationalité française ou étrangère. Les résultats ne laissent pas indifférents et donnent des interprétations fort différentes. Pour Gilles Kepel, spécialiste de l’islam et du monde arabe, dans Le Journal du dimanche : « La terre entière est entrée dans la juridiction du domaine de l’islam ».  En revanche, pour Vincent Geisser, sociologue, spécialiste de l’islam, dans Libération : « les Français musulmans connaissent de mieux en mieux ce qu’est la laïcité »…

Alors que seulement 12 % des Français se déclarent « croyants et religieux », et 42 % « croyants mais non religieux », les musulmans sont 66 % à être « croyants et religieux », et 26 % « croyants mais non religieux ». Les 25-34 ans apparaissent beaucoup plus pratiquants (75 %) que les anciens (58 %). Les cadres supérieurs (74%) fréquentent davantage la mosquée que les ouvriers (65 %) et les chômeurs (60 %). Les étrangers (71%), plus que les musulmans de nationalité française (65 %). Enfin, ceux qui ont voté Mélenchon en 2022 sont à 72 % « croyants et religieux ». Le chiffre tombe à 43 % concernant les supporters de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour. Ces résultats n’ont rien de très surprenant. 

       

Le financement des lieux de culte                                                                                                                                

Le rapport à la religion ne manque pas de faire sursauter Gilles Kepel. Alors que l’ensemble des Français ne sont que 17 % à considérer qu’il n’y a qu’une « seule  vraie religion », en revanche, les musulmans plébiscitent celle d’Allah à 75 %. Le chiffre grimpe même à 83 % chez les moins de 25 ans. « Dans la vision la plus dogmatique, l’héritage chrétien a vocation à se voir effacer par le triomphe d’un islam universel, car les juifs et les chrétiens ont “falsifié leurs Écritures“, et la seule vérité réside dans le message coranique », dénonce l’auteur des « Banlieues de l’islam » (1). Lorsque la religion et la science s’opposent sur la question de la création du monde, 22 % des Français donnent la préférence à la science, tandis que 76 % des musulmans basculent du côté de la religion. Sur ce sujet, il n’y a pas de réelle différence entre ceux qui ont suivi des études et les autres.              

Concernant la laïcité, elle reste en travers de la gorge pour 78 % des musulmans, qui dénoncent son caractère « musulmanophobe ». Dans les mêmes proportions, ils réclament l’instauration de nouveaux jours fériés pour les religions minoritaires, le financement public des lieux de culte comme en Alsace-Moselle, et l’autorisation pour les athlètes français à porter des couvre-chefs à caractère religieux lors des Jeux Olympiques en 2024. Mais pour le sociologue Vincent Geisser, auteur de « La nouvelle islamophobie », les milieux musulmans français ont intégré les principes de la laïcité « même s’ils s’insurgent contre son instrumentalisation identitaire et sécuritaire » (2).

Woman with flag  

Le port des Abayas

Le sondage de l’IFOP révèle sans beaucoup de surprises que les musulmans ne sont pas du tout sur la même ligne que le reste des Français concernant l’interdiction du port des abayas ou qamis à l’école. Les premiers désapprouvent à 72 %, quand les non-musulmans approuvent à 81 %. Pour les musulmans, cette interdiction est à la fois une « source de stigmatisation », une « forme de police du vêtement », enfin une « source de contrôle au faciès ». Si les moins de 25 ans ont déjà porté une abaya, dans un établissement scolaire ou dans des espaces publics, ils ne sont que 37 % chez les 35-49 ans et 27 % chez les plus de 50 ans.   

Les chiffres qui feront le plus sursauter portent sur les réactions après les assassinats commis contre les enseignants. Il n’y a que 5 % des Français dans leur ensemble à ne pas exprimer de condamnation totale à l’égard de l’auteur de l’attentat. En revanche, 6 % des musulmans sont indifférents à cet assassinat. 5 % ne le condamnent pas et 11 % le condamnent , mais partagent « certaines des motivations » de l’auteur de l’attentat… C’est surtout l’attitude des élèves musulmans, scolarisés dans l’enseignement secondaire ou supérieur, qui fait réagir : ils sont 31% à ne pas exprimer « de condamnation totale à l’égard de l’auteur de l’attentat ».

Dans Libération, Vincent Geisser estimait lors de la publication du sondage  qu’une partie de la classe politique pourrait être tentée d’exploiter ce type de sondage « sur un registre anxiogène et ce d’autant que la situation actuelle est particulièrement tendue, en raison du conflit Israël-Palestine ». Il ajoute : « Il ne faut donc pas négliger les possibles instrumentalisations politiques et idéologiques de l’enquête ».

 

  • Aziliz Le Corre, Le journal du dimanche, 10 décembre 2023.
  • Bernadette Sauvaget, Libération, 8 décembre 2023.

 

 

 

 

     

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Ben-Wilson Ngassan: « Anicet Georges Dologuélé n’est pas le meilleur » https://mondafrique.com/libre-opinion/ben-wilson-ngassan-anicet-georges-dologuele-nest-pas-le-meilleur/ https://mondafrique.com/libre-opinion/ben-wilson-ngassan-anicet-georges-dologuele-nest-pas-le-meilleur/#respond Mon, 01 Dec 2025 16:00:04 +0000 https://mondafrique.com/?p=143631 Présidentielle 2025 : Non, chers confrères de « Mondafrique », Anicet Georges Dologuélé n’est pas la seule alternative pour les Centrafricains !, nous écrit Ben-Wilson Ngassan, journaliste et membre de la commission stratégie électorale du candidat Faustin Archange Touadera, après la publication d’un article publié sur notre site le 29 novembre Pour le citoyen centrafricain que je […]

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Présidentielle 2025 : Non, chers confrères de « Mondafrique », Anicet Georges Dologuélé n’est pas la seule alternative pour les Centrafricains !, nous écrit Ben-Wilson Ngassan, journaliste et membre de la commission stratégie électorale du candidat Faustin Archange Touadera, après la publication d’un article publié sur notre site le 29 novembre

Pour le citoyen centrafricain que je suis, il suffit de lire le titre de cette publication pour y déceler un tissu de contre-vérités. D’une part, les Centrafricains, dans leur écrasante majorité, reconnaissent les efforts considérables déployés par le régime du Professeur Faustin Archange Touadéra pour ramener la paix – cette paix à laquelle ils sont profondément attachés – et pour inscrire durablement notre pays sur la voie de l’émergence.

D’autre part, il est totalement fallacieux de qualifier le pouvoir en place de « régime autoritaire » ou « totalement discrédité », comme le prétend « Mondafrique ». Bien au contraire. Alors même qu’ailleurs en Afrique, l’heure est à la disqualification systématique d’opposants sous des prétextes juridiques discutables, le régime du Président Touadéra fait, lui, le choix de l’apaisement démocratique. Il laisse librement concourir ses opposants les plus virulents – à l’image d’Anicet Georges Dologuélé – dans un esprit d’ouverture et de respect des règles du jeu républicain.

Par ailleurs, évoquer un « discrédit total » de la République centrafricaine relève d’une manipulation grossière. Sinon, comment expliquer que, malgré une conjoncture économique internationale extrêmement tendue, notre pays ait réussi à mobiliser plus de 2 000 milliards de francs CFA – un montant jamais atteint dans l’histoire de la RCA – lors de la Table ronde de Casablanca ? Ce n’est certainement pas le signe d’un État discrédité. Bien au contraire !

La République centrafricaine s’affirme aujourd’hui, plus que jamais, comme une plaque tournante de la géopolitique en Afrique centrale, en témoignent les multiples partenariats stratégiques, les flux d’investissements croissants et l’intérêt soutenu des bailleurs internationaux. « Mondafrique » ferait donc mieux de trouver des arguments plus sérieux, au lieu de véhiculer des jugements expéditifs déconnectés des réalités du terrain.

Anicet Georges Dologuélé n’est pas « le meilleur » 

Affirmer, comme le fait « Mondafrique », qu’Anicet Georges Dologuélé serait un « homme politique complet » dont « l’alliance et le parcours » constitueraient à eux seuls les clés de la transformation de la République centrafricaine, traduit une méconnaissance manifeste – voire une lecture partiale – de l’histoire politique récente de notre pays.

Car s’il est vrai que M. Dologuélé a occupé d’éminentes fonctions, notamment en tant que ministre des Finances, puis Premier ministre de 1999 à 2001, son passage aux affaires reste entaché d’un bilan que ses compatriotes n’ont pas oublié. Dans l’imaginaire collectif centrafricain, il est souvent associé à la période au cours de laquelle le pays a connu l’une des plus lourdes accumulations d’arriérés de salaires de son histoire – avec toutes les conséquences sociales et économiques que cela suppose.

Il ne suffit donc pas d’être un technocrate accompli ou un financier reconnu pour faire un homme d’État capable de répondre aux aspirations profondes d’un peuple. La gestion des affaires publiques, surtout dans un contexte aussi complexe que celui de la Centrafrique, requiert bien plus que des compétences techniques : elle exige une vision claire, un leadership éprouvé, une proximité réelle avec les populations, et surtout, la capacité de traduire les promesses en actes concrets.

Dologuélé est peut-être un homme de dossiers. Mais l’exercice du pouvoir, dans sa dimension politique, sociale et symbolique, ne saurait se résumer à un curriculum vitae bien fourni. Le passé parle, et en l’espèce, il ne plaide pas nécessairement en faveur de celui que « Mondafrique » érige un peu trop rapidement en alternative unique.

Des alliances politico-électorales conestées

Dans sa publication controversée, « Mondafrique » avance que, sur le terrain électoral, Anicet Georges Dologuélé ne serait pas seul. Le média évoque notamment une alliance déjà conclue avec Jean-Serge Bokassa, et une autre en gestation avec François Bozizé. Faut-il rappeler à nos confrères de « Mondafrique » qu’avec Jean-Serge Bokassa et François Bozizé réunis, Dologuélé ne constitue en rien une menace sérieuse pour le Président Faustin Archange Touadera dans les urnes !?

Prenons d’abord le cas de Jean-Serge Bokassa. Depuis sa déconvenue lors de l’élection présidentielle de 2020, l’ancien ministre de l’Intérieur a virtuellement disparu de la scène politique. Son mouvement politique est en sommeil, sa base électorale largement érodée. Penser qu’il puisse aujourd’hui représenter un levier électoral significatif relève plus de la fiction que de la réalité politique centrafricaine.

Quant à François Bozizé, l’ancien chef de l’État déchu, il reste politiquement affaibli et juridiquement attendu. Son parti, le KNK, souffre d’une paralysie manifeste depuis plusieurs années. Plus grave encore, Bozizé demeure aux yeux de nombreux Centrafricains l’architecte de la tragédie de 2020, initiateur de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), une rébellion qui a semé la désolation et coûté la vie à des milliers d’innocents.

Anicet Georges Dologuélé, lui-même, sait mieux que quiconque ce que vaut une alliance avec Bozizé. L’histoire récente le rappelle : à la veille des élections de décembre 2020, une entente politique avait été conclue entre les deux hommes. Mais cette alliance, après avoir épuisé sa logistique dans des promesses financières, n’avait accouché que d’un chaos. Bozizé, fidèle à sa logique de rupture violente, n’avait pas tardé à abandonner la stratégie électorale pour reprendre les armes, tentant une fois de plus de faire basculer le pouvoir dans la violence.

Faustin Archange Touadéra, dans tout cela ?

À moins d’avoir été actionné à dessein pour rédiger un article aussi déséquilibré en faveur d’Anicet Georges Dologuélé, Mondafrique semble, de toute évidence, peu ou mal informé des réalités politiques actuelles en République centrafricaine. Comment expliquer autrement qu’en totale contradiction avec les sondages – officiels comme indépendants – ce média parvienne à ériger M. Dologuélé en figure providentielle, reléguant le Président Touadéra au rang d’outsider ? Une lecture manifestement déconnectée du terrain.

Pour mémoire – et pour rafraîchir celle de nos confrères – il convient de rappeler qu’au-delà de son bilan salué en matière de rétablissement de la sécurité, de relance économique, de diplomatie active et du retour de la confiance des bailleurs internationaux, le Président Faustin Archange Touadéra reste, aux yeux d’une large majorité de Centrafricains, l’homme de la stabilité et de la continuité.

Face à une opposition divisée, peu préparée, parfois embourbée dans des alliances douteuses ou inefficaces, Touadéra aborde l’échéance du 28 décembre avec une organisation bien huilée, une base populaire solide et un projet politique clair. Son expérience, sa constance et sa capacité à fédérer les forces vives du pays en font le grand favori de cette présidentielle.

Alors, plutôt que de brandir des plumes mercenaires pour tenter de réécrire la réalité, laissons le peuple centrafricain, seul souverain légitime, s’exprimer librement dans les urnes. Il saura faire le choix de la raison, de la stabilité et de la paix durable.

Présidentielle centrafricaine, la réconciliation avec Dologuélé ou le chaos

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Le plan caché de Donald Trump contre les Frères Musulmans https://mondafrique.com/libre-opinion/le-plan-cache-de-donald-trump-contre-les-freres-musulmans/ https://mondafrique.com/libre-opinion/le-plan-cache-de-donald-trump-contre-les-freres-musulmans/#respond Sun, 30 Nov 2025 06:24:03 +0000 https://mondafrique.com/?p=143555 Le 24 novembre 2025, Donald Trump a signé un décret pour classer « toute section ou autre subdivision des Frères musulmans » sur la liste des «organisations terroristes"

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La Confrérie des Frères musulmans (CFM), fondée en Égypte il y a près de 100 ans, a pour objectif de placer la planète entière sous le régime de la charia. Selon Marco Rubio, secrétaire d’Etat, la Confrérie, est « à l’origine […] de tout le djihadisme mondial moderne ». Le Frérisme agit tantôt par la violence (comme le Hamas à Gaza), tantôt par « subversion des institutions», en utilisant « la force de l’ennemi contre lui-même, sans qu’il s’en aperçoive » selon la formule de Florence Bergeaud-Blackler, spécialiste française du mouvement.

Yves Mamou, ancien journaliste du Monde

Le 24 novembre 2025, Donald Trump a signé un décret pour classer « toute section ou autre subdivision des Frères musulmans » sur la liste des «organisations terroristes ». Bien que le décret pris par Donald Trump fasse explicitement référence aux mouvances égyptienne, jordanienne et libanaise, les « sections » ou «subdivisions » des Frères musulmans aux États-Unis semblent aussi sur la sellette. Il faudra attendre deux mois environ pour connaître l’ampleur de la frappe américaine contre ce fer de lance de la subversion islamiste.

La lutte de Donald Trump contre le Frérisme ne date pas de ce décret de novembre.

L’action anti-Frériste de Donald Trump n’a pas démarré avec ce décret de novembre 2025. Elle a commencé en janvier de la même année, au premier jour de son entrée à la Maison Blanche. Un regard rétrospectif sur l’action du président américain permet de distinguer un plan d’action en trois étapes.

PHASE 1. Janvier 2025 : sortir les universités de l’influence des Frères musulmans

La lutte de l’administration Trump contre le wokisme et l’islamisme dans les universités a commencé le 30 janvier 2025. Des décrets ont été pris sur deux axes : lutte contre l’antisémitisme et lutte contre le wokisme. Toutes les universités qui toléraient les violences contre les étudiants juifs au nom de la défense de la Palestine ont été privées de financements fédéraux.

Le gouvernement américain a également levé le voile sur phénomène caché et dangereux pour l’unité nationale : le financement politique des universités américaines. Le Qatar qui n’a jamais caché ses liens avec les Frères musulmans, est apparu comme l’un des plus gros donateurs du monde universitaire américain. Sur vingt cinq ans, les estimations les plus basses font état de 4 à 7 milliards de dollars de dons – la plupart du temps, jamais déclarés – en provenance du seul Qatar au profit des plus prestigieuses universités. Certains médias parlent de 6 milliards de dollars depuis 2007. Cet argent servait-il à conférer du prestige au donateur ? Certes, mais il servait aussi à créer des départements de Middle East Studies, ou de sciences politiques à tonalité sensiblement anti-israélienne et globalement anti-occidentale.

En avril 2025, un nouveau décret a obligé les universités à rendre publics leurs financements « afin de protéger le marché des idées contre la propagande commanditée par des gouvernements étrangers et de préserver les étudiants et la recherche américains de toute exploitation étrangère ». Le décret visait là, clairement, le Qatar et les Frères musulmans.

PHASE 2. MAI 2025 : réorienter les capitaux qataris vers l’industrie américaine

Les Qataris veulent peser sur l’avenir des États-Unis? Qu’ils le fassent à bon escient, a pensé Donald Trump. En mai, le président américain a réalisé un voyage dans le Golfe au cours duquel il a signé de vertigineux accords commerciaux avec les monarchies pétrolières. Les contrats signés avec le Qatar permettraient d’envisager 1 200 milliards de dollars d’échanges immédiats et à venir avec les États-Unis. Oui à l’investissement industriel, non à l’influence islamiste !

 

PHASE 3. NOVEMBRE 2025 : le gouvernement américain projette d’inscrire toutes les antennes des Frères musulmans en lien avec le terrorisme sur la liste des organisations terroristes.

Pourquoi le décret présidentiel lance-t-il l’anathème sur des « subdivisions» ou des « sections » et pas sur la Confrérie elle-même ? Pour la bonne raison que la Confrérie n’a pas d’existence juridique en tant que telle.

Il faut donc agir association par association avec le risque de se tromper et de devoir gérer d’interminables plaintes. En août 2025, Marco Rubio, secrétaire d’État, avait déjà précisé qu’il souhaitait empêcher un amoncellement de plaintes et recours devant les tribunaux. « Apporter des preuves, des documents » prend du temps. « Il faut justifier ses propos comme on résout un problème mathématique » avait-il expliqué. « Nous réévaluons constamment les groupes afin de les qualifier : sympathisants de terroristes, terroristes eux-mêmes, etc. » a dit Rubio.

Segmenter la procédure de lutte contre les FM, faire le tri, a toutefois un avantage : ne pas offenser deux pays que les États-Unis considèrent comme des « amis » ou des alliés, le Qatar et la Turquie.

Le Qatar et la Turquie sont liés entre eux par un pacte d’entraide mutuelle secret noué au début des années 2000 (finance, énergie…). Mais cette alliance est aussi « fondée sur la promotion du rôle politique de l’islam, ce qui se traduit par un soutien à la confrérie des Frères musulmans », écrit Ana Pouvreau, spécialiste des mondes russe et turc. Turquie et Qatar semblent s’être partagés les rôles. La Turquie a été le refuge organisationnel de la Confrérie quand le Qatar fournit les moyens (financiers, médiatiques).

Ces deux pays se retrouvent aujourd’hui face à un choix douloureux : préserver une bonne relation avec les États-Unis et prendre leurs distances avec la Confrérie… ou persévérer dans leur alliance avec les franges dures des Frères musulmans et risquer de mécontenter le puissant allié américain.

On saura très vite quelle sera leur attitude.

Qui utilise qui ?

Au Moyen-Orient, c’est une constante : les États financent, hébergent, protègent, médiatisent divers acteurs djihadistes non étatiques. Ce sont des outils de politique étrangère, des relais de puissance. L’Iran chiite est le maître en la matière : il arme et finance le Hezbollah au Liban, diverses milices en Irak, les Houthis au Yémen, le Hamas à Gaza. Sans l’Iran, la puissance de ces milices serait sérieusement amoindrie.

Le Qatar et la Turquie sunnites ont agi de même avec la Confrérie des FM. Sans mouvements islamistes transnationaux, aucun État ne pourrait «influencer» le voisin, ni régner sur une zone qui dépasse son propre pays.

Habileté américaine

On l’aura compris, cette description d’une lutte en trois phases de l’Amérique Trump contre les Frères musulmans est une hypothèse. Des décisions successives de l’administration Trump dessinent une ligne préétablie. Rien ne permet d’accréditer qu’une politique en trois phases, tout à la fois officielle et tue, a été formulée en coulisses.

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France Culture et la Palestine: la mauvaise foi de Guillaume Erner ! https://mondafrique.com/libre-opinion/lifop-et-les-musulmans-france-culture-de-partis-pris/ Tue, 25 Nov 2025 04:06:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=143228 Il est 7 heures 42 ce mardi 18 novembre lorsque Guillaume Erner, le présentateur des Matins de France Culture, accueille son invitée du jour. "Je reçois ce matin une voix pro-palestinienne majeure", déclare Erner.

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Il est 7 heures 42 ce mardi 18 novembre lorsque Guillaume Erner, le présentateur des Matins de France Cultureaccueille son invitée du jour. « Je reçois ce matin une voix pro-palestinienne majeure », déclare Erner.

Pauline Bock d’Arrèt sur Image qui nous a autorisé à reprendre sa chronique

S’agirait-il de la députée franco-palestinienne Rima Hassan ? D’une figure militante internationale ayant embarqué sur l’une des flottilles pour Gaza, telles Greta Thunberg ou Adèle Haenel ? Ah, non : « Francesca Albanese, bonjour », poursuit-il. « Vous êtes rapporteuse spéciale de l’ONU sur les droits humains dans les territoires palestiniens. (…) Vous êtes l’une des personnes qui, probablement, s’est le plus exprimée pour la Palestine. » Après avoir souligné que quelqu’un comme « Aymeric Caron, député LFI » l’a décrite comme « l’une des personnes les plus importantes du siècle », Erner propose à ses auditeur·ices de « se faire une opinion sur vous, Francesca Albanese. » 

On espérait pourtant que cette interview permettrait peut-être d’entendre la rapporteuse sur son travail, voire les droits humains en Palestine. Espoir déçu.

Ce n’est pas tous les jours que le service public français peut se targuer d’interviewer une rapporteuse spéciale de l’ONU, pourtant c’est sur le fait qu’Albanese serait une « voix pro-palestinienne majeure » qu’a choisi d’insister Erner. Un qualificatif que la juriste de formation refuse immédiatement : « Je ne suis pas du tout une voix pro-palestinienne… Je suis pro-droits humains, et c’est ce que je fais en tant que rapporteuse spéciale », dit-elle posément.

Erner poursuit sur sa lancée atlantiste : les puissances occidentales ont négocié un cessez-le-feu, alors, « d’un point de vue humanitaire, est-ce qu’on ne peut pas déjà se réjouir du cessez-le-feu tel qu’il est adopté aujourd’hui ? » Lorsqu’Albanese explique que « le cessez-le-feu n’a pas été un cessez-le-feu », puisque s’il a « ralenti les bombardements », il y a tout de même eu « presque 300 personnes tuées depuis » et qu’on « a imposé un mot d’ordre pour dire «il y a la paix», mais [qu’]il n’y a pas de paix », Erner choisit de citer… Donald Trump. « Il y a une paix dans la mesure où Trump, vous pouvez le croire ou non, a appelé à ce comité de la paix pour que les morts cessent », dit-il.

Arrive ensuite l’avalanche de questions rhétoriques dont les médias français ont désormais le secret depuis le 7 octobre 2023. Peu importe que l’on s’adresse à une rapporteuse de l’ONU dont la mission est, littéralement, la défense des droits humains. Il faut s’assurer qu’elle est du bon côté : « Est-ce que vous regrettez que le Hamas n’ait pas libéré les otages plus tôt ? » Puis : « Vous condamnez la prise d’otages ? » Et bien sûr, le clou du spectacle : « Francesca Albanese, pour être sûr de ce que vous dites : vous condamnez le Hamas ? » « Bien sûr », répond Francesca Albanese, elle « condamne la prise d’otages, otages israéliens comme otages palestiniens », et il « n’y a rien à soutenir dans un mouvement religieux [le Hamas] qui s’impose sur les droits humains ». Attention, exclu’ France Culture : l’ONU condamne le Hamas ! 

Erner continue, en parlant tantôt du « discours radical » de son invitée, de son « attitude radicale », des « expressions radicales » qu’elle utiliserait, dont il « ne va pas faire la liste », sous-entendu : car elles sont trop nombreuses. Pour le journaliste de France Cuture – qui se décrivait lui-même, au micro d’ASI l’an dernier, comme un « judéobsédé » et dont le tropisme pro-israélien est bien connu – Francesca Albanese est ra-di-ca-le, c’est à dire qu’elle… parle de régime d’apartheid en Israël. Elle en explique posément la définition : « En Israël, il y a deux systèmes légaux : la loi civile pour les colons, qui ne devraient pas être là, et la loi militaire pour les Palestiniens », dit-elle. « C’est le backbone [la colonne vertébrale, ndlr] de l’apartheid. » Francesca Albanese doit même fact-checker Erner lorsqu’il lui demande pourquoi le Hamas n’a pas relâché les otages israéliens plus tôt : « Mais pourquoi vous ne faites pas référence à la partie de l’histoire qui manque ? Il y a eu des propositions en provenance du Hamas, à plusieurs reprises, de relâcher les otages si Israël s’engageait à ne pas déclencher une guerre », rappelle-t-elle. « Netanyahou n’avait pas intérêt à arrêter cette guerre génocidaire. »

Erner, que l’on sent tendu, va jusqu’à déclarer : « Vous avez pu donner l’impression, Francesca Albanese, que vous minimisiez l’antisémitisme. » Elle réplique tranquillement que ses propos « ne concernent pas ce qu’Israël est, mais ce qu’Israël fait », et qu’elle « souhaite uniquement qu’Israël se conforme au droit international ».

Quel acharnement ! Quelle ténacité ! Vivement la prochaine interview de Guillaume Erner avec un·e personnalité d’extrême droite, un grand patron ou un·e membre du gouvernement : avec son nouveau style d’interview obstinée, Erner saura les cuisiner comme il se doit ! À moins qu’il ne s’agisse d’un biais personnel à l’encontre de certain·es invité·es engagé·es ? Mais non, voyons : impossible, surtout de la part d’un journaliste du service public !

 

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La haine de la droite française extrême à l’égard de l’Algérie https://mondafrique.com/libre-opinion/la-liberation-de-sansal-provoque-la-haine-de-la-droite-francaise-extreme/ Fri, 21 Nov 2025 08:35:19 +0000 https://mondafrique.com/?p=143059 Après avoir  exploité l’arrestation puis la détention de l’écrivain par les services de sécurité algérienne à des pures fins de politique intérieure, une partie de la classe politique la plus à droite poursuit croisade contre l’Algérie. Par calcul politique pour flatter une France totalement encrise? Sans doute, mais aussi en raison d’un retour du refoulé […]

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Après avoir  exploité l’arrestation puis la détention de l’écrivain par les services de sécurité algérienne à des pures fins de politique intérieure, une partie de la classe politique la plus à droite poursuit croisade contre l’Algérie. Par calcul politique pour flatter une France totalement encrise? Sans doute, mais aussi en raison d’un retour du refoulé après la perte Algérie que l’extrême droite et ses alliés, fidèles à Jean Marie Le Pen, n’ont toujours pas digéré plus de soixante ans plus tard.

L’annonce de la libération de Boualem Sansal a fait l’effet d’une douche froide qui a coupé le souffle de ses prétendus défenseurs en métropole. Et cela en dépit de la déclaration mesurée du président Macron qui affiché un optimisme prudent : »je prends acte d’humanité du président Tebboune et je le remercie. Je reste évidemment disponible pour échanger avec lui de l’ensemble des sujets de l’intérêt pour nos deux pays. Et nous pensons à notre compatriote Christophe Gleize ».

Le Verbatim de quelques déclarations des personnalités de droite :

Robert Menard, maire de Béziers : « Merci à l’Allemagne de jouer ce rôle là, merci à eux, mais putain quelle humiliation pour la France. Je ne suis quant même pas naïf au point d’oublier à quel point ils font ça pour faire chier Paris. Pour emmerder Paris, pour leur dire on vous donne pas satisfaction, on préfère faire plaisir aux allemands ». et il ajoute : « un, bien sur que c’est une humiliation pour le pays. »

Bruno Retailleau ministre de l’intérieur démissionnaire : A la question concernant l’échec de sa méthode dans la libération de Boualem Sensal il répond de manière dérobée: « je leur réponds que Boualem Sensal est désormais libre et je m’en réjouis. La crise entre l’Algérie et La France ne date pas de mon entrer au ministère. Le pic de cette crise c’est lorsque le président de la République a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Saraha occidental »

Michel Onfray philosophe : « Un grand camouflet qu’inflige l’Algérie à la France. Tebboun nous dit , je veux bien entendre ce que me demande le président allemand mais pas le français ».

Eric Zemmour écrivain, journaliste, , essayisteéditorialistechroniqueurpolémiste et homme politique Français d’extrême droite : L’Allemagne aura réussi ce que les dirigeants français n’ont jamais obtenu. Chac une de ces humiliations diplomatiques nous rappelle que c’est toujours la faiblesse qui nous expose et la force qui nous protège ». Pour lui, « il y a un passage de riposte graduée sur l’Algérie à une soumission graduée de la France.

Xavier Driancourt ancien ambassadeur de France en Algérie : « d’une certaine façon, je dirai que la victoire de la diplomatie, diplomatie allemande. Elle a réussi à obtenir en une semaine ce que nous avons pas réussi à obtenir en une année. », La diplomatie française a joué un rôle dans cette affaire…. L’allemagne était le partenaire idéal. ».

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Sinem Cengiz: les retrouvailles entre l’Égypte et la Turquie https://mondafrique.com/libre-opinion/sinem-cengiz-les-retrouvailles-entre-legypte-et-la-turquie/ Thu, 20 Nov 2025 18:23:34 +0000 https://mondafrique.com/?p=142974 La Turquie a joué un rôle clé pour amener le Hamas à la table des négociations et faciliter la signature de l’accord de Gaza.

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Depuis la signature du cessez-le-feu à Gaza, négocié par les États-Unis le mois dernier, les pays de la région travaillent à maintenir Washington aussi engagé que possible dans la gestion de la prochaine phase. Parallèlement, une nouvelle dynamique émerge : ces pays ne veulent pas dépendre uniquement des États-Unis pour la mise en œuvre de l’accord. Ils construisent plutôt leur propre consensus régional. Un exemple clé de cette tendance se voit dans la coordination croissante entre l’Égypte et la Turquie.

Par Sinem Cengiz (revue de presse : Arab News – 15 novembre 2025)*

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, s'est rendu à Ankara pour la réunion inaugurale du groupe de planification conjoint Turquie-Égypte. (photo d'archive)
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, s’est rendu à Ankara pour la réunion inaugurale du groupe de planification conjoint Turquie-Égypte. (photo d’archive)

Ces deux pays, avec les États-Unis et le Qatar, servent de garants principaux de l’accord de Gaza, ce qui leur confère non seulement une crédibilité diplomatique renforcée mais aussi une responsabilité importante dans sa mise en œuvre.

 Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, s’est rendu officiellement à Ankara mercredi pour la réunion inaugurale du Groupe de planification conjoint Turquie-Égypte, qui a porté sur les préparatifs d’une réunion du Conseil de coopération stratégique de haut niveau prévue en 2026. De Gaza à la Syrie, du Soudan à la Méditerranée, et à travers les domaines militaire et économique, chaque aspect de leur relation a été examiné en profondeur pour développer un cadre complet de coordination turco-égyptienne. Cependant, ce sont les phases possibles suivantes de l’accord de Gaza, qui envisagent la reconstruction de la Bande et la mise en place d’une force internationale de stabilisation pour y maintenir la stabilité, qui ont été au centre des discussions.

La Turquie a joué un rôle clé pour amener le Hamas à la table des négociations et faciliter la signature de l’accord de Gaza. Malgré les efforts israéliens pour l’exclure du processus, Ankara est déterminée à rester activement impliquée dans la phase post-accord par des moyens à la fois militaires et humanitaires.

Ankara est déterminée à rester activement impliquée dans la phase post-accord par des moyens à la fois militaires et humanitaires.                                                               

Des ministres de sept pays musulmans se sont réunis à Istanbul ce mois-ci pour discuter de la situation à Gaza, bien que l’Égypte, notablement, n’ait pas participé. Les médias israéliens ont rapidement interprété l’absence du Caire comme un signe d’opposition au rôle potentiel de la Turquie dans une force internationale de stabilisation. Cette affirmation me semble peu convaincante, étant donné que la coopération Égypte-Turquie gêne largement Israël. Ces rapports semblent davantage correspondre au récit que Tel-Aviv cherche à promouvoir.

L’Égypte est susceptible de voir l’inclusion de troupes turques dans la force de stabilisation comme un élément positif et constructif. La visite d’Abdelatty à Ankara et son alignement avec son homologue turc, Hakan Fidan, prouvent que l’Égypte ne souhaite pas avancer seule sur la question de Gaza. Les deux ministres des Affaires étrangères préparent désormais la conférence internationale sur la récupération précoce, la reconstruction et le développement à Gaza, qui doit se tenir au Caire plus tard ce mois-ci.

Le récent rapprochement entre la Turquie et l’Égypte se concrétise par des visites réciproques et le consensus régional qu’ils construisent pour une pertinence partagée. Après les visites présidentielles des deux dirigeants l’an dernier, les relations bilatérales ont pris un nouvel élan, menant à des résultats tangibles aujourd’hui. Ankara et Le Caire ont intensifié leur coordination au-delà du niveau de leadership, principalement à travers la bureaucratie. Fidan s’est rendu en Égypte trois fois au cours de l’année écoulée, tandis qu’Abdelatty s’est rendu en Turquie à deux reprises. Les deux diplomates principaux coordonnent les positions respectives de leurs États en s’appuyant fortement sur des mécanismes institutionnels.

Ankara et Le Caire ont intensifié leur coordination au-delà du niveau de leadership, principalement à travers la bureaucratie. 

Le renouveau des relations entre l’Égypte et la Turquie marque un alignement diplomatique important après une décennie d’hostilité motivée politiquement. L’Égypte reste une puissance arabe majeure au Moyen-Orient, bien qu’elle connaisse certaines limites. La Turquie, puissance non-arabe importante, possède elle aussi ses forces et contraintes. Pourtant, à bien des égards, les deux pays complètent les limitations de l’autre, créant une dynamique qui favorise une coopération productive.

Ce qui est clair, c’est que la Turquie et l’Égypte partagent des préoccupations communes et reconnaissent les opportunités de collaboration. Cela vise non seulement à apaiser les tensions régionales, mais aussi à renforcer leur position dans la région. Les deux nations disposent d’institutions étatiques solides, d’un capital humain compétent, d’une intelligentsia influente et d’une capacité militaire considérable.

La Turquie et l’Égypte veulent également renforcer leur coopération en matière de défense et militaire. Le Caire s’intéresse à rejoindre le projet stratégique turc de développement du chasseur furtif TAI Kaan. Un mémorandum a également été signé pour préparer la production de drones en Égypte. Ankara pourrait être le partenaire non-occidental le plus crédible pour Le Caire. Elle possède la deuxième plus grande armée de l’OTAN et une industrie de défense en pleine croissance grâce à ses drones Bayraktar TB2.

La Turquie se classe actuellement première parmi les armées du Moyen-Orient et neuvième au niveau mondial, tandis que l’Égypte dispose d’une force navale redoutable. Dans ce contexte, Ankara et Le Caire cherchent à renforcer leur position en Méditerranée, une zone contestée pour la compétition énergétique et les rivalités géopolitiques plus larges. Ils ont récemment lancé leur premier exercice naval conjoint depuis 13 ans, qui, au-delà d’un mouvement tactique, pourrait s’inscrire dans un alignement stratégique à long terme en Méditerranée, où la Turquie cherche des alliés partageant ses intérêts.

Autrefois, on disait souvent : « Sans l’Égypte, pas de guerre ; sans la Syrie, pas de paix ». Aujourd’hui, ce sentiment pourrait être révisé : avec l’Égypte, la Turquie et d’autres acteurs régionaux clés comme l’Arabie Saoudite, la paix et la stabilité dans la région peuvent être construites. Le rapprochement de ces puissances est significatif pour éviter l’intervention de tiers et pourrait même servir de locomotive pour d’autres à rejoindre leur coopération.

De plus, leur position commune pourrait renforcer le rôle des « stabilisateurs » dans la région face aux « déstabilisateurs » comme Israël. Ainsi, la capacité de l’Égypte et de la Turquie à poursuivre cette coordination constructive ne façonnera pas seulement leurs relations bilatérales, mais aura également des implications importantes pour la région au sens large. On peut s’attendre à voir davantage de développements sur le front turco-égyptien dans les jours à venir ; il est donc important de suivre cette dynamique.

Sinem Cengiz est une analyste politique turque spécialisée dans les relations de la Turquie avec le Moyen-Orient. X: @SinemCngz

*Source : Arab News

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La Mauritanie doit rompre avec le tribalisme https://mondafrique.com/libre-opinion/la-mauritanie-doit-rompre-avec-le-tribalisme/ Sun, 16 Nov 2025 08:39:38 +0000 https://mondafrique.com/?p=142742 Dès après le premier putsch prétorien de1978, la corporation des officiers supérieurs a pu remodeler le jeune Etat, pour l’acclimater aux prérequis de la tribu et de l’ethnie, comme source tacites de légitimité.

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 D’arbitre soucieux de préserver l’intérêt général, les militaires mauritaniens semblent avoir réduit leur projet pour la Nation à une arène de compétition des appétits primitifs où la force armée ne sert plus qu’à réguler, au sommet, la rotation du « chacun son tour ».

Biram Ould Dah Ould Abeid, député à l’Assemblée nationale de Mauritanie, leader de lamouvance anti esclavagiste

Dès après le premier putsch prétorien de1978, la corporation des officiers supérieurs a pu remodeler le jeune Etat, pour l’acclimater aux prérequis de la tribu et de l’ethnie, comme source tacites de légitimité. Certes, ils n’ont jamais assumé la mue et les Mauritaniens la subissaient, plutôt, sous le mode de la clandestinité honteuse.  La structure politique et administrative, quoique centralisée en apparence, a été prise d’assaut par les forces centrifuges et ainsi dépouillée de ses prétentions au jacobinisme. 

L’organisation de l’ensemble ne relève de l’aléa, même si elle n’a jamais été revendiquée sous la forme d’une charte ou d’un référent théorique. Mercantile avant que d’être idéologique, elle s’inscrit, d’abord, dans la durée du fait accompli et produit, depuis des décennies et sans aucune césure ni trêve, la répartition des avantages statutaires, matériels et symboliques, selon l’audience et l’entregent de telle ou telle « communauté », au triple détriment de l’égalité, du mérite et de la compétence. Il s’agit, au fond et avant tout, d’une prédation mise en œuvre derrière le paravent d’un modèle de gestion dont la façade arbore les attributs de la république mais dissimule la matérialité d’un exercice de type clanique que sa verticalité prédestine à engendrer le privilège, le passe-droit et la fraude, au bénéfice d’une clientèle culturellement homogène. La question n’est donc plus de savoir si l’État mauritanien est ou non une structure ethno-tribale, à vocation de mafia. Non, il importe, désormais, de se demander en quoi consiste la sortie du système de délinquance feutrée, en vue de d’imaginer puis de recréer une solution alternative, sur la base des standards universels de la vertu.

Le cache-misère de la discrimination

Dès la fin des années 1970, le partage du pouvoir suivant la rationalité décrite plus haut, s’est imposé en norme adossée à l’évidence, c’est-à-dire non-questionnable. Les gouvernements successifs ont toujours illustré et reconduit l’architecture inéquitable de la répartition :

23 à 25 ministres Maures, 1 Soninké, 3 à 4 Hal Pulaaren et Hratine mais ces derniers, souvent, préemptent l’affichage du poste de Premier ministre, aux fins de racheter, du moins démentir la réputation esclavagiste du pays.

Les Wolofs, composante reconnue et les Bambaras ignorés, demeurent assignés aux marges du hasard. La roue capricieuse de la fortune peut les atteindre, par ricochet.

Le déséquilibre marque les entrailles de l’appareil administratif, de la justice, de l’éducation nationale, des sociétés d’Etat, des douanes, des impôts et contributions diverses, de la diplomatie, de l’armée, de la police et de la religion officielle. Les nominations y procèdent des ondes concentriques de l’esprit de corps, loin des critères de l’utilité sociale. A cause de la distorsion du rapport des forces en termes de moyens pécuniers, la pratique de l’éviction n’épargne, non plus, le semblant de démocratie élective : La composition du Parlement le reflète assez, jusqu’à la caricature. Les députés s’élèvent, là, au nom de leur appartenance privée et des intérêts qui les portent. Leur représentativité résulte de l’achat des consciences et, surtout, de la fraude dans les urnes.

In fine, l’Etat s’est transformé en une fédération de clientèles d’une avidité débridée. La coexistence de celles-ci repose sur l’alternance périodique des concessions à la tribu, au détriment du bon sens. Cependant, des promotions bienséantes profitent, quelquefois, à des personnes issues du lot des exclus mais pas toujours porteuse de qualification. L’inflexion ressortit au soin de nourrir l’apparence de l’inclusion, peu importe l’effectivité du partage. Le faux plausible alimente l’ingénierie du déni oblique en Mauritanie.

Un clientélisme prédateur

La monomanie de quotas et du clientélisme prédateur a fragilisé la fonction publique et altéré ses objectifs, dans des proportions que l’on qualifierait d’irréversibles. Depuis le milieu des années 80, plus de 70 % des hauts responsables, chargés de mission, conseillers, directeurs généraux ou directeurs singuliers, ne proviennent pas des corps constitués de l’administration et très peu doivent, leur poste, à un concours. La privatisation de l’Etat favorise l’escalade des médiocres, à la cime de l’échelle des valeurs. D’emblée, elle confère, à la meute solidaire du passable et du moyen, l’usage du cachet et lui procure les clés du coffre-fort. Le capital privé national est né aux forceps d’une série de coups d’Etat.

Les présidents de conseils d’administration – malgré une loi encore sans effet qui prétend y mettre un terme – captent leur sinécure, de la seule nécessité de recycler les pièces du rouage, momentanément ou à jamais hors circuit. Ici, nul ne tombe en péremption, tout se récupère, l’économie circulaire du tri sélectif tourne à plein régime.

L’on comprend, dès lors, la réticence, voire l’inaptitude de l’engrenage susmentionné, à sanctionner le détournement du denier de la collectivité. La pression de la tribu, du clan, de la grande famille garantit, aux auteurs, l’impunité et l’atout rétrospectif de l’invincibilité. En 2025, le rapport de la Cour des comptes pourtant explosif, risque de verser dans la confirmation du pis-aller.

La dérive précitée compromet la perspective d’une réforme en profondeur qui irait à contresens du clientélisme proto-eugénique. Néanmoins, la révision est possible, de l’intérieur, à condition que le système consente à son suicide, pour le bien commun. Hélas, en politique, les exemples d’un altruisme aussi extrême n’encombrent le cours de l’histoire.

Les revers du discours du Président Ghazouani

À maintes reprises, le Chef de l’Etat Mohamed Ould Ghazouani a exprimé son intention de transformer la société et de rétablir le droit des gens. Ses envolées à Ouadane, Néma et Djéwol ont suscité l’espoir d’une thérapie de choc, d’un nouveau départ, empreint d’inventivité et de reconquête de l’éthique. Cependant, les promesses ne dépassent, encore, le stade de la déclamation saisonnière : En termes, d’évaluation, de projection de long terme et de plan d’action, l’horizon trahit l’insondable vacuité d’une gouvernance d’au jour le jour.

L’agence Taazour, créée en 2019 pour combattre la pauvreté et l’exclusion, témoigne du décalage entre la parole et l’acte. Ses interventions ponctuelles n’ont produit qu’un impact folklorique et des avalanches de commentaires sur les réseaux sociaux.

Le dernier laïus du Président à Nbeiket Lahwach, au début de novembre 2025, appelle à interdire la participation des fonctionnaires à la théâtralité des tribus. Le propos, d’ailleurs éloquent, va dans le bon sens mais l’intention prospère au cœur d’un paradoxe confondant : La tournée du Chef de l’Etat, a été supervisée et exécutée par des fonctionnaires dans un cadre strictement tribal, lui-même financé sur l’argent du contribuable. Des ministres, secrétaires généraux, ambassadeurs et autres meneurs de la machine de l’Etat s’en sont même vantés, à visage découvert. Le Président devrait parler un peu moins et sévir beaucoup plus. S’il le fait, l’opinion, y compris ses adversaires, s’exprimera pour lui.

Réparer l’Etat

L’ambition suppose une rupture claire d’avec les anachronismes et la volonté de tenir, fermement, l’anse de l’équité. La réparation doit s’articuler autour de mesures précises :

  1. Abolir les quotas et dosages tribaux, ethniques ou communautaires, lors du choix des agents du service public et privilégier le mérite professionnel, la compétence, l’intégrité et l’expérience.
  2. Abroger, avec effet rétroactif, le recrutement des non-fonctionnaires. Un audit complet des nominations durant les deux dernières décennies permettra de réévaluer les ressources humaines, réduire les coûts de fonctionnement et corriger l’injustice flagrante de certaines préséances.
  3. Approuver et appliquer, sans délai, le projet de décret relatif au personnel de la fonction publique, texte bloqué depuis des années dans un tiroir du ministère éponyme.
  4. Traduire, en gestes forts, le vœu de lutter contre la corruption et les fraudes, notamment, la contrefaction des diplômes et la falsification des habilitations professionnelles. Les poursuites judiciaires, audits et transparence des rapports de la Cour des Comptes et de l’inspection Générale de l’Etat constituent les instruments désignés de la riposte.

En guise de conclusion

La Mauritanie se trouve à la croisée des chemins. Le Chef de l’État, à présent au milieu de son second et dernier mandat, détient la totalité des cartes. Il peut entrer dans l’Histoire s’il consent à réhabiliter l’Etat, grâce à la moralisation des comportements et au choix avisé des femmes et hommes en charge de conduire le relèvement. S’il se résout à éradiquer l’anarchie, l’insuffisance et la faveur héritée, il reprendra le chantier désaffecté de la République, là où les militaires l’ont arrêté en 1978. 

Nous voulons croire au sursaut et y concourir, pleinement, dans l’espoir de voir renaître, enfin, l’idée d’une Mauritanie de la justice, de la méritocratie et de l’unité qu’irrigue l’exigence de l’égalité, définitivement à l’abri des distinctions de naissance.

 

Bruxelles, Royaume de Belgique

14 novembre 2025

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Militariser le Sahel, le mode d’emploi https://mondafrique.com/libre-opinion/militariser-le-sahel-le-mode-demploi/ Sat, 15 Nov 2025 18:14:12 +0000 https://mondafrique.com/?p=142689 Au cours de ces quelques mois, les armes, la guerre et la sécurité sont exactement ce que je croyais avoir laissé derrière moi en quittant le Niger.

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Ce sont les trois mots que j’ai le plus entendus depuis mon retour du Sahel. Au cours de ces quelques mois, les armes, la guerre et la sécurité sont exactement ce que je croyais avoir laissé derrière moi en quittant le Niger. Après avoir passé 14 ans dans les zones les plus « critiques » d’Afrique, je pensais trouver une tout autre situation en rentrant chez moi.

Mauro Armanino, Gênes, novembre 2025

Les militaires au pouvoir dans les trois États confédérés du Sahel central, les groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, les groupes d’autodéfense, les mercenaires de diverses origines et les armes en quantité. Tel semble être le sentiment et le quotidien au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Des sociétés dans lesquelles le domaine militaire semble si omniprésent qu’il influence les rythmes et les saisons politiques de ces pays. Je me trompais.

De l’autre côté du monde, celui que l’on appelle par convention unilatérale le « Nord », on retrouve le même climat, mais dans un contexte que l’on ne saurait pas qualifier de démocratique. Il faut s’armer et se réarmer, accroître sa puissance pour frapper avant une éventuelle attaque ennemie. Il faut se préparer à la guerre qui viendra, probablement bientôt ou en tout cas quand cela sera nécessaire. La sécurité sera recherchée, promise et garantie, avant tout et partout. Pour notre tranquillité, il existe des zones sous vidéosurveillance dans les bus, les trains, les lieux publics, les églises, les frontières et dans tout type d’entrée digne de ce nom. Dans cette partie du monde également, la militarisation de la société est à l’œuvre.

Le canal privilégié pour la militarisation croissante de la société est, bien sûr, le langage qui opère à travers des récits préétablis, adaptés à la réalité que l’on veut imposer. Depuis longtemps, ce n’est plus le réel qui compte vraiment, mais le type de réalité ou, mieux, le consensus que l’on souhaite véhiculer à partir de celui-ci. Les médias sont conscients de ce qu’un conseiller de l’ancien président américain George W. Bush a déclaré au journaliste Ron Suskind du New York Times en 2004 : « Ce n’est plus ainsi que le monde fonctionne. Nous sommes désormais un empire et, lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Pendant que vous étudiez, judicieusement comme vous le souhaitez, cette réalité, nous agissons à nouveau et créons d’autres nouvelles réalités… que vous pourrez étudier comme il se doit : c’est ainsi que cela fonctionne… Nous sommes les acteurs de l’histoire et il ne vous reste plus qu’à étudier ce que nous faisons ».

Pour mener à bien l’opération, la construction de l’ennemi, réel, présumé, possible ou improbable, reste une étape primordiale. De ce point de vue, il suffirait de relire « Le Désert des Tartares » de l’écrivain italien Dino Buzzati. Le jeune soldat Giovanni Drogo passe sa vie dans une forteresse frontalière et, juste au moment où l’ennemi semble enfin arriver, c’est lui qui part pour son dernier et définitif voyage. Nous vivons comme dans une forteresse en attendant les barbares et, entre-temps, nous nous armons et préparons la guerre pour assurer la sécurité que, comme on le sait, seul le cimetière peut garantir. L’Occident semble déterminé à se transformer en un immense chantier qui organise le cimetière des rêves.

Démilitariser les pensées et les mots. Être à l’écoute de la réalité dont les pauvres sont le visage censuré. Et surtout, comme l’a dit en 2002 la professeure de langue Nurith Peled Elanan, dont le fils de 13 ans a été tué… ‘Des termes tels que liberté et honneur, Dieu et paix, le bien du pays et même la démocratie peuvent être des armes mortelles… nous sommes ceux qui savent qu’il n’y a ni paix ni liberté, ni bien ni Dieu après la mort d’un enfant’.

                                                               

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Roula M.Merhej: « la fin de la suprématie chiite » https://mondafrique.com/libre-opinion/roula-m-merhej-la-fin-de-la-suprematie-chiite/ Fri, 14 Nov 2025 17:42:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=142672 Nous assistons incontestablement à un tournant historique au Moyen-Orient : la fin tonitruante de la dominance chiite. Sous l’impulsion conjointe de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite (avec l’appui décisif des États-Unis), la main repasse à la communauté sunnite. L’islam politique à la manière d’Erdogan semble désormais s’imposer durablement dans le Levant. Une […]

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Nous assistons incontestablement à un tournant historique au Moyen-Orient : la fin tonitruante de la dominance chiite. Sous l’impulsion conjointe de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite (avec l’appui décisif des États-Unis), la main repasse à la communauté sunnite. L’islam politique à la manière d’Erdogan semble désormais s’imposer durablement dans le Levant.

Une chronique de Roula M. Merhej, chroniqueuse et analyste géopolitique, Connaisseuse du Moyen-Orien, Rédactrice stratégique et éditoriale

Deux leçons essentielles se dégagent. D’abord, l’ennemi d’hier peut devenir l’allié de demain : qui aurait imaginé, il y a encore quelques années, qu’un président américain accueillerait au Bureau ovale un ancien membre d’Al-Qaïda ? L’impossible n’est décidément pas américain.

En l’espace d’une semaine, la participation du président Mohamad Al Charaa à la COP30 au Brésil a conduit à la levée des sanctions personnelles le visant, ainsi que celles de son ministre de l’Intérieur Anas Khattab.

Reçu à Washington de manière plus discrète que d’autres chefs d’État, Al Charaa a signé l’adhésion de la Syrie à la coalition internationale contre l’État islamique, devenant ainsi le 90ᵉ pays à la rejoindre.

À PETITS PAS !

Cette adhésion reste toutefois strictement politique et non militaire, selon les termes du communiqué officiel. Les États-Unis prévoient d’installer une base militaire près de Damas, tandis qu’une suspension de 180 jours de la loi César a été actée, prélude à une levée définitive par la Chambre des représentants. Cette évolution ouvrirait enfin la voie aux investissements étrangers nécessaires à la reconstruction syrienne, même si le texte officiel ne précise pas encore les secteurs concernés ni les modalités concrètes de cette reconstruction.

Lors de sa visite, Al Charaa a également rencontré Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, pour évoquer l’assistance financière et les programmes de redressement possibles pour la Syrie.

Enfin, un projet de réouverture de l’ambassade syrienne à Washington a été évoqué dans plusieurs médias, mais aucun communiqué officiel américain ne l’a encore confirmé.

L’omniprésence nouvelle de la Syrie

Quant à l’adhésion aux accords d’Abraham, objectif ultime de Donald Trump, observé avec nervosité par Benjamin Netanyahou…elle devra attendre encore. Mais l’omniprésence nouvelle de la Syrie sur la scène internationale, son retour dans le jeu diplomatique et les signaux d’ouverture envoyés par Washington laissent clairement présager, à terme, une signature des accords d’Abraham.

Reste enfin à Al Charaa de continuer à démontrer sa volonté d’un gouvernement plus inclusif, avec une plus grande représentation des minorités, et la résolution des conflits internes encore en cours, notamment avec les Kurdes.

La nouvelle « lune de miel » syro-américaine

 

 

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Il faut sauver “le château d’eau” de l’Ouest africain https://mondafrique.com/libre-opinion/il-faut-sauver-le-chateau-deau-de-louest-africain/ Mon, 10 Nov 2025 02:46:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=142441 L’Afrique de l’Ouest et ses nombreuses richesses écosystémiques sont gravement menacées, et notamment la Guinée qui constitue un trésor écologique exceptionnel. C’est pour répondre à ces menaces, dont certaines sont existentielles, que Kabiné Komara, ancien Premier ministre de Guinée et haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), publie Notre biodiversité […]

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L’Afrique de l’Ouest et ses nombreuses richesses écosystémiques sont gravement menacées, et notamment la Guinée qui constitue un trésor écologique exceptionnel. C’est pour répondre à ces menaces, dont certaines sont existentielles, que Kabiné Komara, ancien Premier ministre de Guinée et haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), publie Notre biodiversité en danger aux éditions du Cherche Midi

La biodiversité mondiale est en crise. Chaque jour, des forêts disparaissent, des espèces s’éteignent, des ressources vitales s’épuisent. Mais derrière ce constat global se cache une réalité moins connue : celle de la Guinée, petit pays d’Afrique de l’Ouest, dont les écosystèmes jouent un rôle crucial bien au-delà de ses frontières.

Surnommée le “château d’eau de l’Afrique de l’Ouest”, la Guinée est la source des grands fleuves Niger, Sénégal et Gambie. Elle nourrit directement ou indirectement près de 150 millions de personnes. Ses forêts, zones humides et savanes abritent une biodiversité exceptionnelle, riche d’espèces endémiques et de ressources naturelles vitales. Pourtant, ce patrimoine est gravement menacé par la déforestation, l’exploitation minière, l’urba- nisation anarchique et les effets du changement climatique. C’est dans ce cadre que, le 25 mars 2025, le gouvernement guinéen a soumis un dossier crucial à l’UNESCO pour inscrire en tant que patrimoine mondial à préserver le massif du Fouta-Djalon, une région d’une valeur exceptionnelle, d’où partent la plupart des grands cours d’eau de l’Afrique de l’Ouest.

Un cri d’alerte 

Ce livre est à la fois un diagnostic clair de l’état de la biodiversité mondiale et africaine, une plongée au cœur de la Guinée et de ses écosystèmes et un plaidoyer concret pour une mobilisation collective autour de solutions durables.

“Sauver la biodiversité guinéenne, c’est protéger l’avenir de toute l’Afrique de l’Ouest”, écrit Kabiné Komara. Son message dépasse les frontières : la perte de biodiversité n’est pas seulement une tragédie écologique, c’est une menace directe pour la sécurité alimentaire, la santé et l’économie de millions de personnes. Plutôt que de céder au fatalisme, l’auteur propose des pistes d’action précises : Instaurer une gouvernance environnementale plus forte et plus transparente; investir dans une économie verte génératrice d’emplois; sensibiliser et impliquer les jeunes générations; renforcer la coopération régionale pour gérer durablement les ressources en eau et en énergie.

Kabiné Komara insiste sur le rôle central de la jeunesse africaine, qu’il appelle à devenir le moteur d’une “reconquête écologique”.

L’AUTEUR

Kabiné Komara a été Premier ministre de Guinée (2008-2010) après une carrière dans le secteur bancaire et minier. De 2013 à 2017, il a dirigé l’OMVS, organisation régionale qui coordonne la gestion partagée du fleuve Sénégal. Expert reconnu en finance internationale, développement économique et déve- loppement durable, il intervient régulièrement comme conférencier sur les enjeux liés à l’eau et à l’environnement.

Respecté pour ses valeurs d’intégrité et d’éthique, il est membre de plusieurs fondations internationales de renom et a été cité en 2014 et en 2015 parmi les 100 personnalités qui font bouger l’Afrique par le magazine « Financial Afrik ».

 
 
 
 


 

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