- Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Wed, 13 Aug 2025 09:00:41 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ 32 32 Quand une langue devient coupable ! https://mondafrique.com/libre-opinion/quand-une-langue-devient-coupable/ https://mondafrique.com/libre-opinion/quand-une-langue-devient-coupable/#respond Wed, 13 Aug 2025 08:54:16 +0000 https://mondafrique.com/?p=137581 Il y a, dans l’histoire des peuples, des blessures profondes qui ne cicatrisent pas facilement. Certaines sont infligées par des armes, d’autres par des mots — et parfois, on confond les deux. C’est ainsi que naît ce curieux délire : condamner une langue, non pas pour ce qu’elle est, mais pour qui l’a parlée dans […]

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Il y a, dans l’histoire des peuples, des blessures profondes qui ne cicatrisent pas facilement. Certaines sont infligées par des armes, d’autres par des mots — et parfois, on confond les deux. C’est ainsi que naît ce curieux délire : condamner une langue, non pas pour ce qu’elle est, mais pour qui l’a parlée dans un moment d’oppression.

Bachir DJAIDER, Journaliste, écrivain

L’idée paraît séduisante aux esprits en quête de revanche : « Pourquoi continuer à parler la langue de l’ennemi ? » C’est oublier que la langue n’a pas prêté serment d’allégeance à un drapeau. Une langue n’a pas de carte d’identité, pas de casier judiciaire. Elle ne choisit pas ses locuteurs ; elle traverse les siècles, indifférente aux batailles, comme un fleuve qui coule même quand ses rives s’ensanglantent.

Il est des guerres qui ne se déclarent pas avec des canons mais avec des dictionnaires. Des batailles qui se livrent non pas sur les champs de bataille, mais dans les salles de classe, sur les panneaux de signalisation ou dans les lois qui régissent la langue.

La cible ? Une langue jugée « ennemie » parce qu’elle fut parlée par l’occupant, imposée par le vainqueur ou utilisée par un régime honni. Alors, dans un élan de revanche, certains veulent l’effacer : l’interdire, la bannir de l’espace public, la reléguer au musée des langues mortes. On repeint les enseignes, on réécrit les manuels, on purifie l’air des mots importés comme on nettoie une maison infestée.

La xénophobie linguistique

Cette posture, sous couvert de patriotisme ou de « protection culturelle », porte un nom : la xénophobie linguistique. Car refuser une langue uniquement parce qu’elle appartient à l’ennemi d’hier, c’est confondre les mots avec les balles. C’est oublier qu’une langue est un outil, pas un drapeau ; qu’elle peut servir à dire la tyrannie comme à chanter la liberté.

Ironie suprême : cette haine linguistique finit par appauvrir ceux qui la pratiquent. Car chaque langue qu’on enterre, c’est une bibliothèque qu’on brûle. Et chaque mot qu’on refuse de prononcer est une idée qu’on s’interdit de penser. L’histoire regorge de peuples qui, croyant se libérer en détruisant une langue, se sont en réalité amputés d’une part de leur culture, de leur mémoire et de leur puissance d’expression

Vouloir bannir une langue au nom de l’Histoire, c’est confondre l’outil et la main qui l’a manié. Si l’on devait proscrire tout ce qu’a touché un ennemi, il faudrait brûler aussi les routes, les ponts, les livres, et pourquoi pas l’air que nous respirons, puisque l’oppresseur lui aussi l’a inspiré.

La vérité, c’est que la langue est un butin paradoxal. Ce qui fut un instrument de domination peut devenir un outil d’émancipation. Les mots du vainqueur, une fois apprivoisés, peuvent servir à le contredire, à l’interpeller, à lui opposer la force des idées. On peut s’en servir pour raconter notre version de l’Histoire, pour nommer nos douleurs, pour chanter nos victoires.

Il n’existe pas de langue coupable

Le refus d’une langue au seul motif qu’elle fut celle de l’ennemi est moins un acte de résistance qu’un aveu d’échec. C’est accepter que l’autre ait figé à jamais notre identité. C’est se priver volontairement d’une clé supplémentaire pour ouvrir les portes du monde.

On peut haïr une armée, un gouvernement, une idéologie. Mais une langue ? C’est comme haïr la pluie parce qu’un jour, elle est tombée sur un champ de bataille.

Aimer sa langue ne devrait jamais signifier haïr celle des autres. La véritable résistance culturelle, c’est la maîtrise : savoir manier plusieurs langues, comprendre l’ennemi pour mieux le désarmer, traduire son monde pour mieux le faire rayonner. Bannir une langue, c’est se condamner à l’ignorance volontaire, et l’ignorance, elle, n’a jamais libéré personne.

En vérité, les langues ne sont jamais coupables. Elles sont comme des couteaux : elles peuvent blesser ou nourrir, selon la main qui les tient. Et l’honneur, pour un peuple, n’est pas de jeter le couteau, mais de le reprendre et de s’en servir pour tailler son propre destin.

En somme, il n’existe pas de langue coupable. Seuls les hommes le sont. Les mots, eux, ne demandent qu’à être dits, compris… et partagés.

 

 

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Le triste 65eme anniversaire de l’Indépendance du Tchad https://mondafrique.com/libre-opinion/le-triste-65eme-anniversaire-de-lindependance-du-tchad/ https://mondafrique.com/libre-opinion/le-triste-65eme-anniversaire-de-lindependance-du-tchad/#respond Mon, 11 Aug 2025 06:25:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=137528 Les élections législatives de décembre 2024 au Tchad, assez largement boycottées, ont donné une très large majorité au Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS). Alors que le pays fête le 65eme anniversaire de l’indépendance, les dirigeants du parti au pouvoir, conduit par Idriss Déby Itno qui s’est auto désigné à la tète de l’État après […]

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Les élections législatives de décembre 2024 au Tchad, assez largement boycottées, ont donné une très large majorité au Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS). Alors que le pays fête le 65eme anniversaire de l’indépendance, les dirigeants du parti au pouvoir, conduit par Idriss Déby Itno qui s’est auto désigné à la tète de l’État après le décès de son père dans une forme inédite de putch familial, s’emploient à défendre la gestion exclusive du pays par un clan  recruté sur une base ethnique, tout en mettant en avant le mérite et la compétence comme seuls critères de nomination des élites tchadiennes.

Mohamed Youboue, correspondance

Face aux critiques contre la coloration ethnique de l’appareil d’Etat, le discours diffusé par le parti au pouvoir prétend que désormais les nominations aux postes de responsabilité privilégieront les compétences. Cette position parait conforme au programme du candidat Mahamat Idriss Déby Itno qui, pour améliorer la gestion des ressources humaines dans la fonction publique, avait promis que « le recrutement sur concours anonyme des postes clés devra promouvoir l’adéquation des compétences aux responsabilités exercées »…On en est loin!

Les engagements en faveur de « plus de justice et d’égalité entre les Tchadiens » contenu dans le programme du président proclamé élu le mai 2024, ne se sont pas traduites dans les 100 actions prévues d’ici 2029. Les nominations récentes dans la haute fonction publique et dans les entreprises montrent la main mise des deux régions d’origine du Chef de l’Etat, pas vraiment tes plus peuplées, sur les vint trois que compte le pays. 

Décisions arbitraires 

Les déclarations d’intention en faveur de l’excellence ne sont pas cohérentes avec le pouvoir discrétionnaire  sacro-saint du président de la république. En effet, les choix arbitraires n’ont pas leur place dans un système transparent de gestion des ressources humaines.

Le mode d’attribution des postes de responsabilités est loin d’être méritocratique. Les proclamations du Secrétaire Général du MPS, par ailleurs Ministre d’Etat, qui déclarait le 14 février 2025,  qu’il fallait abandonner le dogme de la répartition régionale des postes au profit du mérite. Les compétences des heureux élus ne sont pas connues, les CV n’étant pas diffusés.

A posteriori, les tchadiens découvrent à leurs dépens l’inadéquation de la plupart de ces parachutés à leur poste respectif, au regard des échecs des structures qu’ils dirigent ainsi que de l’enlisement de l’immense majorité de la population dans la misère. En effet, avec 44,8 % en 2022 le Tchad continue à figurer parmi les pays du monde au taux de pauvreté de leur population le plus élevé. En outre il demeure englué dans une corruption endémique.

Au cours de son entrevue télévisée signalée précédemment, le SG du MPS a reconnu que les nominations aux fonctions supérieures publiques reposent aussi sur l’exercice du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat qui s’avère en réalité prédominant et arbitraire. Les dispositions constitutionnelles et du Statut de la fonction publique ainsi que les règles sur l’impartialité et la non-discrimination dans le recrutement et la promotion dans les entreprises sont de la sorte allègrement piétinées.

L’argent, le nerf de la domination

Dans le domaine bancaire et financier, à l’exception d’une femme, la seule, Directrice générale adjointe d’une banque, tous les responsables tchadiens (directeurs généraux, directeurs généraux adjoints, présidents des conseils d’administration) proviennent uniquement des deux provinces évoquées ci-dessus.

Les critères fixés pour être désigné à ces fonctions, imposés par la Commission bancaire en Afrique centrale (COBAC), ne sont pas véritablement respectés, notamment une expérience minimale de cinq ans dans une fonction d’encadrement de haut niveau. Les agréments nécessaires sont quasiment toujours accordés par la COBAC car l’ensemble des acteurs assurant la supervision de l’activité bancaire (Ministre des finances, membre tchadien du gouvernement de la BEAC et commissaires de la COBAC) ont des liens plus ou moins forts, directs ou indirects (familiaux, ethniques, politiques, religieux, etc.) avec les personnes proposées.  

Cette situation affecte la qualité de la supervision du système bancaire. Elle favorise une distribution biaisée de crédits au profit de personnes apparentées et ne remplissant pas toujours les conditions de prêts exigées, en contournant souvent la règlementationcommunautaire. Ce comportement qui participe à accroitre les inégalités économiques et sociales a entrainé une hausse significative des créances bancaires compromises. Si globalement la part des crédits en souffrance atteint 31,5 % des prêts effectués par le système bancaire tchadien en 2023, contre environ 17 % pour l’ensemble de la CEMAC, ce taux s’élève à 33 % pour les deux banques publiques.

L’inclusion, un vain mot

Cette dérive monarchiste, entamée dans les années 90, amplifiée par l’exploitation pétrolièrelancée fin 2003, s’est accélérée depuis la transition forcée de 2021 à 2024. Alors que la suprématie d’une minorité est au plus haut, il est demandé à l’immense majorité du pays d’entériner ce fait accompli. 

S’il est admis de parler globalement des inégalités socio-économiques, particulièrement de celles liées au genre qui servent à s’attacher le vote féminin, il est difficilement toléré de mentionner celle imputable aux décisions « politiques ». L’invisibilisation des tchadiens n’appartenant pas aux familles au pouvoir, est entretenue. Les références incantatoires au programme du candidat-présiden ne changeront rien à la perception des tchadiens qui ont appris que hors la Bible et le Coran tout n’est que paperasse (« kat kat sakit » en arabe local)!

L’exclusion est fortement ressentie par les jeunes dont l’accès aux emplois est fermé. Jetés dans le chômage et la misère, ils endurent mal les discours fades et nauséeux sur le vivre-ensemble et la cohésion nationale.

Les discriminations ne peuvent plus être acceptées dans un Etat prétendu républicain depuis le 11 août 1960. L’inclusivité intégrale pour tous les citoyens et citoyennes, exigence politique, morale et économique, ne doit pas rester un vœu pieu servi à souhait. Aussi, est-il est impérieux que les laoukouras et choukous (appellations locales des laissés-pour-compte)expriment leur indignation et réclament l’application immédiate de mesures simples et contrôlables d’équité et de justice sociale dans la gestion des ressources publiques nationales, notamment des emplois (procédures ouvertes et transparentes de désignation aux hautes fonctions, publication des CV des personnalités nommées, etc.).

Le Programme national de développement en voie de lancement ne devra pas être un nouveau chapelet de promesses peu ou prou convenablement élaborées. Pour faire autrement, il faut sincèrement mobiliser les tchadiens et les tchadiennes autour d’objectifs collectivement et sur des valeurs réellement partagées et mises en œuvre dont l’égalité et la solidarité.

 

 

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L’Europe boude la Foire commerciale intra-africaine https://mondafrique.com/libre-opinion/leurope-boude-la-foire-commerciale-intra-africaine/ https://mondafrique.com/libre-opinion/leurope-boude-la-foire-commerciale-intra-africaine/#respond Sat, 02 Aug 2025 03:40:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=137329 Du 4 au 10 septembre prochain, Alger accueillera la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF2025). Pendant que l’Europe débat de ses propres enjeux, l’Afrique bâtit discrètement le plus grand marché commercial du monde. Alger 2025 pourrait bien marquer l’émancipation économique définitive du continent. Frédéric Labbe-Chapuis, Entrepreneur, administrateur de la Silotec, société luxembourgeoise développant […]

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Du 4 au 10 septembre prochain, Alger accueillera la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF2025). Pendant que l’Europe débat de ses propres enjeux, l’Afrique bâtit discrètement le plus grand marché commercial du monde. Alger 2025 pourrait bien marquer l’émancipation économique définitive du continent.

Frédéric Labbe-Chapuis, Entrepreneur, administrateur de la Silotec, société luxembourgeoise développant des logiciels de transport utilisés dans une vingtaine de pays africains.

Un événement stratégique sous-estimé

La cérémonie de signature de l’accord d’accueil de la Foire commerciale intra-africaine 2025 (IATF2025) s’est tenue à Alger le 15 avril 2024. Organisée par Afreximbank, en collaboration avec l’Union africaine, le secrétariat de la ZLECAf et le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire, cette foire représente bien plus qu’un simple salon commercial.

Contrairement aux sommets UE-Afrique où les dirigeants européens dictent l’agenda, l’IATF2025 sera entièrement pilotée par les Africains pour les Africains. Un changement de paradigme que Bruxelles semble ignorer.

Les données qui dérangent

Les chiffres révèlent l’ampleur de cette transformation. L’intelligence artificielle pourrait générer jusqu’à 1,5 trillion $ de croissance pour l’Afrique d’ici 2030, selon l’Africa CEO Forum 2025. Une croissance qui se fera avec ou sans l’Europe.

Plus révélateur encore : 44 pays africains s’apprêtent à dépasser la croissance moyenne mondiale de 3,2 %. Cette performance s’appuie sur des fondamentaux que l’Europe n’a pas anticipés.

La révolution fintech, laboratoire de l’indépendance

Le secteur financier illustre parfaitement cette émancipation. Avec plus de 700 milliards de dollars de transactions mobiles en 2022, l’Afrique est devenue leader mondial du paiement mobile. M-Pesa, Wave, et leurs concurrents africains dominent un marché que les banques européennes croyaient inaccessible.

Cette révolution technologique s’accompagne d’une mutation démographique sans précédent. Plus de 60 % des Africains ont moins de 25 ans, une jeunesse ultra-connectée qui façonne de nouveaux modèles économiques, souvent en court-circuitant les solutions européennes.

L’intelligence artificielle, nouveau terrain de jeu

L’IA redéfinit la donne. L’Afrique, berceau d’une nouvelle révolution technologique, voit l’intelligence artificielle s’épanouir sur le continent, portée par des talents locaux et des projets innovants. Ce développement endogène inquiète à juste titre.

Pendant que l’Europe organise des sommets sur la gouvernance de l’IA, l’Afrique développe ses propres écosystèmes. Google vient d’investir 37 millions de dollars pour soutenir un nouvel écosystème de l’intelligence artificielle sur le continent africain.

La transformation industrielle en marche

Au-delà de la tech, c’est toute l’industrie africaine qui se restructure. L’économie africaine est sur une trajectoire ascendante après les perturbations causées par la pandémie de COVID-19. Plusieurs pays se repositionnent comme leaders économiques.

La Côte d’Ivoire, la Tanzanie et le Sénégal affichent des performances remarquables, portées par une forte consommation privée et des investissements publics soutenus.

L’Europe face à ses contradictions

Paradoxalement, l’Europe maintient des investissements de 150 milliards d’euros via le Global Gateway tout en ignorant les dynamiques intra-africaines. Une stratégie incohérente qui privilégie les relations bilatérales au détriment de l’intégration continentale.

Résultat : les flux d’IDE ont atteint 83 milliards de dollars en 2022, marquant une augmentation de 35 %, mais une part croissante provient désormais d’investisseurs non-européens.

Alger 2025 : le révélateur d’une nouvelle Afrique

L’IATF2025 d’Alger cristallise ces mutations. Contrairement aux forums traditionnels, cette foire privilégie les échanges commerciaux directs entre entreprises africaines. Un modèle « business-to-business » qui court-circuite les intermédiaires européens.

La ZLECAf, avec son marché de 1,2 milliard de consommateurs, offre désormais aux entrepreneurs africains des débouchés continentaux. L’Europe, habituée à être l’interlocuteur privilégié, se retrouve spectatrice d’une révolution qu’elle n’a pas vue venir.

L’urgence stratégique européenne

Face à cette réalité, l’Europe dispose de deux options : s’adapter ou subir. Soutenir l’IATF plutôt que la concurrencer, financer les infrastructures d’intégration africaine plutôt que des projets bilatéraux, accepter des partenariats d’égal à égal plutôt que maintenir une posture paternaliste.

L’Afrique de 2025 n’attend plus les leçons de l’Europe. Elle construit son propre modèle de développement, ses propres réseaux, ses propres champions. L’IATF2025 d’Alger en sera la vitrine. À l’Europe de décider si elle veut en être partenaire ou simple observatrice.

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Herman Yaméogo: « le Burkina suspendu au dessus du vide »! https://mondafrique.com/politique/herman-yameogo-le-burkina-suspendu-au-dessus-du-vide/ https://mondafrique.com/politique/herman-yameogo-le-burkina-suspendu-au-dessus-du-vide/#respond Thu, 31 Jul 2025 05:19:14 +0000 https://mondafrique.com/?p=137249 Maître Herman Yaméogo à la tête l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement, un parti d’opposition burkinabè a signé, le 21 juillet dernier, une analyse particulièrement intéressante, audacieuse, presque lumineuse, de la situation politique et sécuritaire burkinabè. A la suite de cette publication sur les réseaux sociaux, le septuagénaire a été interpellé par les […]

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Maître Herman Yaméogo à la tête l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement, un parti d’opposition burkinabè a signé, le 21 juillet dernier, une analyse particulièrement intéressante, audacieuse, presque lumineuse, de la situation politique et sécuritaire burkinabè. A la suite de cette publication sur les réseaux sociaux, le septuagénaire a été interpellé par les autorités puis relâché après 36 heures de détention.

Dans ce texte qui a eu l’heur de fortement déplaire à Ia junte burkinabè, il appelle à un sursaut national, insiste sur l’urgence de renouer un dialogue interne apaisé et de restaurer l’Etat de droit et la confiance entre Burkinabè. Mais l’un des points central de ce texte concerne le risque majeur d’une mutation du conflit. Il met en garde : la guerre contre le terrorisme pourrait sous la pression des frustrations populaires, basculer en guerre de libération nationale si l’Etat persiste à ignorer les revendications de démocratie, de justice sociale et de réconciliation. Pour lui, le danger serait que les groupes armés s’approprient ces causes et apparaissent comme des porte-voix des aspirations sociales et des libérateurs. Prudent Maître Yaméogo, parle de risque mais en réalité c’est presque déjà chose faite au vu des dernières déclarations du principal groupe armé djihadiste qui sévit dans les pays de l’AES (JNIM).

                                                    La rédaction de Mondafrique

Voici le texte d’Herman Yaméogo

ATTENTION AU RISQUE DE MUTATION DE LA GUERRE TERRORISTE EN GUERRE DE LIBÉRATION NATIONALE

Une analyse objective, lucide et courageuse de la situation nationale ne peut que conclure que (plus qu’à la croisée des chemins ) notre pays se trouve, pour la première fois de son histoire contemporaine, suspendu au-dessus du vide. Il marche, sans filet ni boussole, sur une véritable corde raide. Tous les indicateurs le confirment, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux et, plus encore, militaires.

Il n’est donc plus admissible, à l’heure où nous sommes au bord du gouffre, de persister dans une voie dont l’inefficacité tragique a été démontrée par les faits. L’obstination à maintenir un cap manifestement erroné devient non seulement une faute politique, mais aussi une faute morale, car elle engage durablement la vie et l’avenir d’un peuple déjà durement éprouvé.

L’incapacité à reconnaître ses erreurs, à faire amende honorable, ou même à consentir à une simple pause réévaluatrice, contribue à enraciner dans les esprits un sentiment de fatalisme aussi dangereux que stérile. Il favorise l’idée d’une impasse inévitable, d’un destin scellé, ce qui constitue un terrain fertile pour toutes les formes de radicalisation et d’adhésion à des discours extrêmes.

Dans ce contexte, certains choix et comportements deviennent particulièrement inquiétants, notamment celui qui prend corps dans l’opinion publique : une possible reprise des négociations avec les groupes armés terroristes, après une première tentative restée sans suite.

Il convient de le rappeler avec force : si le dialogue est au cœur de nos traditions (dialogue fondé sur l’écoute, la réconciliation et la palabre féconde ) encore faut-il qu’il s’exerce dans un climat national pacifié, apaisé et légitime. Dans notre histoire, ce dialogue n’a jamais été cédé sous contrainte ou sous menace, encore moins dans un climat de terreur ou de déstructuration sociale. Il naissait d’un besoin de restauration de l’harmonie entre frères, dans le respect des coutumes et des institutions.

Or aujourd’hui, nous assistons à un renversement saisissant de cette logique : ce ne sont plus les autorités nationales, ni même les forces morales du pays, qui posent les conditions du dialogue, mais les groupes armés eux-mêmes. Ce sont eux désormais qui fixent les préalables : libération des détenus politiques, résolution de certains dossiers judiciaires sensibles, retour des exilés, réhabilitation de la vie démocratique, et pacification nationale.

Ce faisant, ils s’approprient les revendications légitimes de pans entiers de la population, revendications qui, lorsqu’elles émanaient de citoyens ou d’organisations civiles, ont été ignorées, voire méprimées. C’est là que réside le danger majeur : en apparaissant comme les nouveaux porteurs des aspirations populaires à la justice, à la vérité, à la réconciliation, et à la légitimation démocratique ces groupes armés sont en train de brouiller les lignes, de fondre le combat terroriste dans un discours de lutte pour la noble libération nationale.

L’histoire, y compris la plus récente, nous enseigne que de nombreuses guerres dites « terroristes » ont muté en conflits de type « guerres de libération », lorsque les causes populaires et les frustrations collectives ont été récupérées et instrumentalisées par des groupes violents, devenus ( dans l’imaginaire de certains ) les derniers recours face à un État perçu comme fermé, injuste ou autoritaire.

Écarter systématiquement les demandes de justice sociale, de grâce, d’amnistie, de réparation, de réconciliation, de vérité et de réhabilitation, c’est nourrir le glissement de la guerre terroriste vers une guerre de libération nationale, avec tout ce que cela comporte comme complexification du conflit, prolongation de la crise, et radicalisation des postures.

Il est donc impératif, pour éviter cette dangereuse mutation, de reprendre en main l’agenda du dialogue national , non pas sous la pression des armes, mais à la lumière de l’intérêt supérieur de la Nation. Il faut rouvrir les espaces de discussion entre Burkinabè, réconcilier les fils du pays entre eux, et donner des gages clairs d’un retour à une gouvernance fondée sur le droit, la justice et l’inclusion.

À défaut, nous risquons d’assister à un basculement aux conséquences incalculables, où les lignes entre terrorisme, insurrection et lutte de libération se confondront, précipitant la Nation dans une nouvelle phase de désagrégation.

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Mohamed Ag Ahmedou: « Alassane Ouattara, le candidat de la stabilité ». https://mondafrique.com/libre-opinion/alassane-ouattara-candidat-au-nom-de-la-stabilite-et-du-developpement/ Wed, 30 Jul 2025 03:58:28 +0000 https://mondafrique.com/?p=137188 La rumeur était persistante depuis plusieurs semaines. Ce Mardi 29 juillet, elle s’est muée en certitude. Alassane Dramane Ouattara, 83 ans, a annoncé en direct sur la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) qu’il briguerait un quatrième mandat présidentiel lors du scrutin prévu pour le 5 octobre 2025. La chronique de Mohamed AG Ahmedou, éditorialiste engagé et […]

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La rumeur était persistante depuis plusieurs semaines. Ce Mardi 29 juillet, elle s’est muée en certitude. Alassane Dramane Ouattara, 83 ans, a annoncé en direct sur la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) qu’il briguerait un quatrième mandat présidentiel lors du scrutin prévu pour le 5 octobre 2025.

La chronique de Mohamed AG Ahmedou, éditorialiste engagé et un des meilleurs spécialistes de l’Afrique .

« Je suis candidat aux élections présidentielles du 5 octobre 2025. La Constitution me le permet, et ma santé aussi me le permet », a déclaré le chef de l’État ivoirien avec assurance. Un choix assumé, une réponse aux défis sécuritaires et sociaux Pour ses partisans, cette décision est moins un retour qu’une continuité. Alassane Ouattara incarne depuis 2011 une vision économique et sécuritaire qui a profondément transformé le paysage ivoirien.

« La Côte d’Ivoire est aujourd’hui un pôle de stabilité dans une région en feu », confie un colonel de l’armée basé à Korhogo

En un peu plus d’une décennie, l’accès à l’eau potable et à l’électricité a été généralisé dans les zones rurales, une prouesse saluée par la Banque africaine de développement et d’autres institutions régionales. Sur le front de la sécurité, dans un contexte régional marqué par l’instabilité sahélienne, le président Ouattara a mis en place un maillage inédit de radars de surveillance le long des frontières, selon des sources militaires ivoiriennes.

Cette infrastructure de défense vise à contrer les infiltrations jihadistes venues du nord, notamment du Burkina Faso et du Mali qui sont les pays voisins. .

Le poids d’un bilan, la promesse d’une continuité

Depuis l’annonce, les soutiens se multiplient au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Pour beaucoup, le président sortant reste le seul garant de la croissance et de la paix civile. Sous sa présidence, la Côte d’Ivoire a affiché l’un des taux de croissance les plus élevés du continent, avec une moyenne annuelle de 7 % entre 2012 et 2019, en dépit des crises politiques passées. « Les projets de Ouattara touchent le quotidien des Ivoiriens, surtout les plus modestes. L’eau, l’électricité, les routes… Il a changé la vie dans les campagnes », souligne un enseignant de Bouaké.

Même des figures traditionnellement critiques de l’opposition admettent en privé que l’homme d’État a su moderniser l’administration et rétablir la crédibilité de l’État ivoirien. Le spectre du pouvoir perpétuel ? Mais cette annonce ravive aussi les critiques. Certains observateurs dénoncent un retour à une logique de « démocratie verrouillée », où les dirigeants africains , civils comme militaires, tendent à pérenniser leur pouvoir. Paul Biya au Cameroun, 42 ans au sommet de l’État, en est l’exemple patent.

D’autres rappellent la manipulation institutionnelle derrière le coup d’État contre Mohamed Bazoum au Niger, que certains attribuent aux calculs de l’ex-président Issoufou Mahamadou, désireux de maintenir son influence.

Une candidature ambivalente

Dans ce contexte continental, la candidature de Ouattara peut apparaître ambivalente. D’un côté, elle est portée par un bilan économique et sécuritaire tangible. De l’autre, elle s’inscrit dans une tendance lourde en Afrique de l’Ouest : la raréfaction de l’alternance démocratique. Un homme d’État face à l’Histoire Reste que, pour une large partie de la population ivoirienne, Alassane Ouattara reste l’homme du moment.

« L’État fonctionne, les routes sont bitumées jusqu’aux villages les plus reculés. Pourquoi changer ? », interroge une commerçante de Daloa.

Si la présidentielle d’octobre s’annonce disputée, le président-candidat pourra s’appuyer sur un appareil d’État bien rodé et sur une image d’homme fort, compétent. « Je suis prêt. Ce sera mon dernier mandat », a-t-il lancé en conclusion de son intervention. Promesse de sagesse ou parole de campagne ? Le peuple ivoirien tranchera dans les urnes.

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Alassane Ouattara (83 ans) fait le pari audacieux d’un quatrième mandat https://mondafrique.com/libre-opinion/alassane-ouattara-83-ans-fait-le-pari-dun-quatrieme-mandat/ Wed, 30 Jul 2025 03:35:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=137136 Ce 29 juillet le président ivoirien a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle qui se tiendra le 25 octobre 2025 et dont le résultat est très attendu aussi bien en Afrique que dans de nombreuses chancelleries, et notamment en France et en Europe, pour qui la Cote d’Ivoire est avec le Sénégal un des seuls […]

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Ce 29 juillet le président ivoirien a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle qui se tiendra le 25 octobre 2025 et dont le résultat est très attendu aussi bien en Afrique que dans de nombreuses chancelleries, et notamment en France et en Europe, pour qui la Cote d’Ivoire est avec le Sénégal un des seuls pays africains à vivre encore une transition politique de type démocratique.

La candidature d’Alassane Ouattara était un secret de polichinelle. En janvier dernier, le président ivoirien avait confessé aux ambassadeurs accrédités en Côte d’Ivoire, lors de ses vœux corps diplomatique, que même s’il leur avait promis, en 2020, de laisser la place à une nouvelle génération pour prendre la tête du pays, il a eu raison d’écouter ses partisans qui lui demandaient de continuer. Qu’au surplus, assurait-il, qu’il était en bonne santé et avait envie de continuer à servir son pays.

« Il y a cinq ans, j’indiquais au corps diplomatique qu’il était de mon intention de ne plus être candidat parce que j’estimais qu’il fallait passer la main à une nouvelle génération. Aujourd’hui, je peux vous dire que j’ai bien fait d’accepter la proposition de mon parti. Aujourd’hui, je peux vous dire que je n’ai pas encore pris de décision. Mais je peux aussi vous rassurer que je suis en pleine santé et désireux de servir mon pays. », avait assuré Ouattara dans la foulée devant ses partisans.

Le seul élément de surprise résidait donc dans le timing. Tous ceux qui suivent de près la politique ivoirienne s’attendait à cette annonce le 7 août, jour de la fête nationale de Côte d’Ivoire.

Pour justifier de se représenter une quatrième fois alors qu’il avait promis en 2020 de ne pas en réaliser plus de deux, le président ivoirien a mis en avant les défis sécuritaires, économiques et monétaires auxquels auxquels fait face le pays. Il a également affirmé que la Constitution lui permet de briguer ce nouveau mandat, tout en insistant à nouveau sur la transmission générationnelle qui serait au cœur de ces cinq prochaines années.

Le défi démocratique

Lors de la Présidentielle de 2020, des manifestations massives s’étaient soldées par des dizaines de morts et des bandes non identifiées, surnommées « les microbes » dans la population, s’en étaient pris aux jeunes dans les rues. L’opposition avait décidé de boycotter le scrutin. Résultat, le président Ouattara était élu pour un troisième mandat contesté.Jusqu’à Emmanuel Macron, le président français,  qui avait mis dix jours à féliciter le vainqueur élu avec 94% des voix, mais dans un climat de peur et sur fond d’absantéisme.

La Présidentielle qui aura lieu le 25 octobre devrait être plus vertueuse. La Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara dispose en effet de nombreux atouts pour relever ce qui se présente comme un redoutable défi démocratique: une réussite économique incontestable dont témoignent les multiples réalisations du régime; un débat politique relativement ouvert même si, ici comme ailleurs, des youtubers livrés à eux mêmes jouent un rôle central, mais erratique, dans le débat politique; une capacité d’ouverture internationale qui n’a en rien éloigné le pays de ses partenaires traditionnels.

L’annonce de cette candidature risque fort pourtant de relever la température de quelques degrés. Si le bilan économique plaide en faveur du Président sortant, une situation sociale tendue pourrait être exploitée par une partie de l’opposition et nourrir la colère de la rue. 

Un enjeu décisif

La décision de se représenter du président ivoirien ne manquera pas de relancer le débat sur les conditions du scrutin présidentiel alors que plusieurs figures de l’opposition, dont Tidjane Thiam (réfugié à Paris), Laurent Gbagbo (très amoindri et fatigué), Guillaume Soro (en fuite à l’étranger mais influent dans l’armée), sont exclues du scrutin par décision de justice. Un « Tout, sauf Ouattara » pourrait rendre l’issue du scrutin incertaine si le rapprochement qui se dessine entre Thiam, Gbagbo et Soro, dont l’assise géographique est forte pour chacun d’entre eux, devait se confirmer. Encore faudrait-il que ces trois personnalités fassent l’impasse sur les contentieux et les divergences qui les séparent. Sans parler de la guerre des égos qui sévit toujours entre les leaders de l’opposition ivoirienne.

Tel n’est pas le cas pour Alassane Ouattara qui a fait le vide autour de lui au sein de son entourage immédiat. Sa légitimité n’est pas contestée au coeur du pouvoir. Son propre frère, ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, veille à l’allégeance de l’armée et des services de renseigenent.

De même au sein du parti au pouvoir, l’ascendant du Président ivoirien n’est mis en cause par personne. Soudé, trop soudé peut-être, le bloc présidentiel est en ordre de marche. Telle est la force du Présisent ivoirien; telle est aussi sa principale faiblesse, seul pour affronter les oppositions possiblement unies et les contestations populaires.  

L’enjeu de cette présidentielle reste décisif dans un des rares pays d’Afrique où le pouvoir n’appartient ni à un dictateur, ni à une junte militaire. Si une campagne présidentielle sereine et une réelle ouverture du débat politique pouvaient confirmer l’ancrage de la Côte d’Ivoire dans le camp du pluralisme, cela redonnerait des couleurs à une vie démocratique africaine en grande difficulté.

Tidjane Thiam éclaboussé par un contentieux privé

Danielle Boni Claverie:  » Le risque d’élections perturbées en Côte d’Ivoire ».

Le tourisme en Côte d’Ivoire(4/4): le carnet de route de l’écrivain Venance Konan

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Les Camerounais face au rendez vous historique de la Présidentielle https://mondafrique.com/libre-opinion/le-peuple-camerounais-au-rendez-vous-de-lhistoire/ Wed, 30 Jul 2025 02:44:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=137112   À plus de 90 ans, le président camerounais Paul Biya, n’assume plus la gestion quotidienne du pays. Il a accordé une délégation permanente de signature au Secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh qui dirige, en réalité le Cameroun, en tandem avec la première dame Chantal Biya.   Alors que la prochaine présidentielle […]

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À plus de 90 ans, le président camerounais Paul Biya, n’assume plus la gestion quotidienne du pays. Il a accordé une délégation permanente de signature au Secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh qui dirige, en réalité le Cameroun, en tandem avec la première dame Chantal Biya.
 
Alors que la prochaine présidentielle est prévue cet automne, la guerre de succession fait rage entre les clans rivaux, dont celui de Franck Biya, fils aîné du président Biya. Un contexte d’incertitudes qui rappelle celui de la Guinée en 2008 où l’armée s’était emparé du pouvoir au lendemain du décès du président Lansana Conté.

Comme dans toute tyrannie, note Timba Rema dans l’analyse qu’il nous livre ci dessous pour Mondafrique et que nous remercions, « le Cameroun est devenu dès la fin des années 80 un pays où triomphe en toute majesté le faux, avec cette perversion singulière qui consiste à transformer par une opération de prestidigitation matinée de termes juridiques pompeux le faux en vrai et le vrai en faux ».

Timba Bema, écrivain.

La loi, nous le savons bien, est conçue et interprétée par les puissants pour maintenir leur position de force. L’empire du faux est rendu possible par la paupérisation des Camerounais qui a connu sa première vague dans les années 90 avec la mise à mort progressive de l’étatisme économique, et dans les années 2000 avec la reprise de l’endettement pour financer de grands projets énergétiques, infrastructurels et sportifs qui se sont soldés par une gabegie hors du commun, accroissant le poids de la dette dans les dépenses publiques et surtout réduisant le PIB par habitant de 11 %. Sur 43 années d’un règne sans concession, Paul Biya a appauvri les Camerounais désormais à la merci de leurs gouvernants qui, à travers l’administration, contrôlent tous les aspects de leurs vies et peuvent les briser pour un oui ou pour un non, grâce au pouvoir quasi divin de la signature.

C’est que l’administration est l’émanation de l’état colonial qui ne tenait ensemble les Camerounais que par la violence et par la ruse, l’autre nom de la manigance. N’ayant pas été refondée après le 1er janvier 1960, elle a conservé les habitus coloniaux tels que le mépris, l’arrogance, des attitudes qui n’ont pas produit l’unité nationale tant exaltée, mais le repli tribal, et un désir de plus en plus affirmé de fédéralisme sinon de restauration comme en Ambazonie. C’est ce pays mis en lambeaux par Paul Biya, ce sont ces Camerounais rendus misérables par le même homme qui vont aborder l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.

Les oppposants en prison

Le Cameroun est en crise successorale depuis le 24 décembre 1997, date où le journal Le messager du regretté Pius Njawé titra sur le malaise cardiaque de Paul Biya en pleine finale de la coupe du Cameroun. Il venait alors d’être fraichement reconduit avec le score soviétique de 92,57 % des voix. Dans une tyrannie, la santé du tyran est le seul gage de son aptitude à régner. Cette faiblesse physique est un signal pour différents acteurs, y compris dans son propre camp. On peut citer Victor Ayissi Mvondo, son éternel rival, Titus Edzoa, son médecin personnel, Marafa Hamidou Yaya, Jean-Marie Atangana Mebara et d’autres figures du groupe dénommé G11.

En jetant tous ses prétendants en prison ou en les faisant disparaître, Paul Biya a démontré la fébrilité de son régime. Il a surtout mis en exergue une gouvernance fondée sur la guerre des clans qui se neutralisent entre eux. Mais, le point culminant de la crise successorale est atteint en 2016 quand les Camerounais le voient marcher d’un pas lent, hésitant, preuves de sa certaine déchéance physique. Tous ont compris de façon subliminale que Paul Biya était fini. Les signes aussi évidents de la décrépitude du tyran expliquent le déclenchement de la guerre d’indépendance d’Ambazonie et même le courant de sympathie suscité par Maurice Kamto lors de la présidentielle de 2017 et par la suite. L’élection du 12 octobre se produit donc au stade terminal de cette crise successorale, ce qui en fait un évènement important dans la vie de la nation. En raison de la guerre des clans interne au gouvernement, le secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh qui exerce désormais une parcelle du pouvoir présidentiel ne peut pas directement orchestrer un coup d’État au risque d’être immédiatement stoppé par les autres camps. Alors, par ruse, il suscite la nouvelle candidature de Paul Biya comme une solution intermédiaire assurant à tous et à chacun de maintenir ses positions acquises. 

Aucun consensus en vue

L’enjeu de l’élection est de savoir s’il va résoudre la crise successorale. La reconduction de Paul Biya apparait comme une manœuvre de ses héritiers afin de repousser l’échéance décisive. Ce qui est le signe de son impréparation et surtout de son incapacité à dégager une figure de consensus.

D’autre part, la possibilité d’une prise de pouvoir par l’opposition est fortement incertaine pour plusieurs raisons, y compris dans l’hypothèse d’une participation de Maurice Kamto au scrutin. D’abord, l’administration territoriale, un acteur majeur du processus électoral ne fait pas montre de neutralité comme en témoignent les interventions de Paul Atanga Nji qui s’est très aisément glissé dans les habits et les mœurs de l’administrateur colonial.

Ensuite, Elecam, l’organe chargé d’organiser et de superviser l’élection n’est pas réellement indépendant. Sa crédibilité est entachée par plusieurs obstacles à l’enrôlement dans le fichier électoral, son toilettage n’est pas optimal et pourtant les informations sont disponibles dans les administrations concernées. Elle a également fait preuve de laxisme en acceptant des candidatures qui étaient incomplètes au moment où elles étaient déposées.

Mais, le plus grave est que la liste des candidats retenus circulait déjà la veille de la proclamation officiellement. Normalement, Elecam aurait dû intervenir pour dénoncer cette liste et annoncer une enquête interne. Cette omission décrédibilise cet organisme qui fait semblant de se plier au jeu de la transparence. Plus grave, dans sa liste des candidats retenus figurent des personnes comme Hilaire Nzipang n’a jamais été investi par le Mouvement Progressiste qui l’avait pourtant signifié à Elecam dès le 22 juillet, sans compter que le motif invoqué pour éliminer Maurice Kamto à savoir « pluralité de candidatures » de son nouveau parti, le MANIDEM est tout aussi applicable à Paul Biya et à bien d’autres candidats, puisque sa décision n’est en rien justifiée. Enfin, au terme du processus électoral se trouve le Conseil constitutionnel qui a la caractéristique de refuser de dire le droit en dernier ressort, ce qui signale encore plus ouvertement que le Cameroun est un état de non-droit. Le processus électoral étant contrôlé de bout en bout par le RDPC, le résultat de l’élection du 12 octobre est connu d’avance, à moins que le peuple camerounais fasse entendre sa voix, non seulement dans les urnes, mais surtout dans la rue. La raison en est que l’administration territoriale à travers ses diverses manigances, ainsi que Elecam ont propulsé le pays dans une crise préélectorale. En ce sens que plusieurs candidatures, dont celles du principal challenger de Paul Biya, ont été rejetées à la suite de manœuvres déloyales et non conformes au droit.

Ferdinand Ngoh Ngih, le successeur? 

Ferdinand Ngoh Ngoh, le régent du Cameroun

Le peuple camerounais a ici la preuve que Ferdinand Ngoh Ngoh n’est pas prêt à renoncer à sa parcelle de pouvoir acquise ainsi que les autres acteurs majeurs du régime Biya qui se reproduit non plus seulement en cooptant de nouvelles personnalités, mais en plaçant ses propres enfants à des postes stratégiques, réveillant l’hypothèse d’une résolution de la crise successorale par une transmission dynastique de Paul à Franck Biya.

La crise préélectorale ne connaîtra pas son dénouement dans les prochains jours au niveau du Conseil constitutionnel, ni dans les mois qui suivront. La crédibilité du processus électoral est entachée de façon définitive, ce qui n’offre aucune assurance sur la sincérité des résultats qui seront communiqués en début novembre. À moins que les Camerounais rappellent à leurs gouvernants qu’ils sont le peuple, que le peuple est souverain et donc maître de son destin. Le pays est engagé dans une descente aux enfers, qui peut encore être stoppée par un peuple courageux et conscient de son devoir de résoudre dès à présent la crise successorale, sinon celle-ci sera prise en charge par d’autres acteurs sans garantie aucune que la paix sera préservée. Par peuple, il faut entendre la jeunesse, qui a toujours été majoritaire dans la démographie contemporaine du pays. Plus spécifiquement, l’avant-garde de cette jeunesse est constituée par les étudiants qui, depuis 1954, sont en première ligne des batailles pour le changement. Leur implication dans la présente crise préélectorale ouvrira des perspectives nouvelles pour l’espérance.

Le Cameroun est un peuple d’élites, et ces élites, à travers les étudiants doivent donner l’impulsion du changement en disséminant dans l’espace public les idéaux de liberté et de justice, qui sont ceux pour lesquels le peuple dans son écrasante majorité peut se mobiliser. En aucun cas il ne s’agit de monter au créneau pour un homme, pour un parti politique, mais pour un idéal de société dont les phares sont la liberté et la justice.

La conquête de la liberté est inscrite dans la logique historique camerounaise depuis 1884, année de l’asservissement des Camerounais. Quant à la justice, elle exprime ce besoin de dépasser l’arbitraire et la violence comme moyens de gouverner en détruisant la part de lumière que les individus portent en eux.

 

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Le massacre des Druzes annonce une dislocation possible de la Syrie https://mondafrique.com/libre-opinion/le-massacre-des-druzez-annonce-une-dislocation-de-la-syrie/ Tue, 22 Jul 2025 07:49:46 +0000 https://mondafrique.com/?p=136842 Depuis le 13 juillet, les druzes, une minorité du Moyen-Orient, sont victimes d’exactions en Syrie. Face à ces massacres, Ahmed al-Charaa est-il complice, indifférent ou seulement dépassé ? Une chronique de Renaud Girard dans « Le Figaro », avec l’autorisation de l’auteur La tragédie qui frappe la communauté druze de Syrie depuis le 13 juillet 2025 – des centaines de druzes massacrés […]

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Depuis le 13 juillet, les druzes, une minorité du Moyen-Orient, sont victimes d’exactions en Syrie. Face à ces massacres, Ahmed al-Charaa est-il complice, indifférent ou seulement dépassé ?

Une chronique de Renaud Girard dans « Le Figaro », avec l’autorisation de l’auteur

La tragédie qui frappe la communauté druze de Syrie depuis le 13 juillet 2025 – des centaines de druzes massacrés par des bandes de djihadistes sunnites plus ou moins incontrôlées – constitue un sombre présage supplémentaire d’une possible dislocation confessionnelle de la Syrie.uLes druzes sont des Arabes qui professent une religion abrahamique ésotérique, proche du chiisme ismaélien. Pour les islamistes sunnites, les druzes sont des hérétiques qui méritent la mort. Minorité installée au Proche-Orient depuis des millénaires, la communauté druze est forte de 600.000 âmes en Syrie, 350.000 au Liban, 130.000 en Israël. Pour ménager leur survie, les druzes ont eu pour règle politique de toujours se montrer loyaux au pays où ils résident. En Israël, ils font leur service militaire depuis 1957. L’armée et la police israéliennes comptent aujourd’hui de nombreux officiers supérieurs druzes. Ils se marient entre eux, sans tenir compte des frontières.

Le djebel Druze est voisin du plateau syrien du Golan, annexé par Israël après sa victoire militaire de 1967 contre le régime baasiste de Damas. De nombreux civils druzes ont franchi la frontière pour se mettre sous la protection de l’armée israélienne. Pour des raisons de politique intérieure et de proximité géographique, l’État hébreu ne laissera jamais les islamistes sunnites commettre un génocide des druzes. Dans une forme d’avertissement, Tsahal a bombardé le ministère de la Défense syrien à Damas le 16 juillet 2025. Il est probable que, sans le reconnaître ouvertement, les autorités israéliennes actuelles songent à se constituer un nouveau glacis de sécurité dans le djebel Druze.

Frappée par les extrémistes sunnites

En revanche, lorsque la communauté alaouite (autre branche secrète dérivée du chiisme) fut, en mars 2025, dans la région de Lattaquié (nord-ouest de la Syrie), l’objet de massacres, de type génocidaire, perpétrés par des djihadistes sunnites, aucune des deux grandes puissances levantines géographiquement proches, à savoir la Turquie et Israël, n’a levé le petit doigt. La communauté chrétienne de Syrie, antérieure de cinq siècles à l’arrivée de l’islam, a également été frappée par les extrémistes sunnites. On se souvient de l’attentat contre l’église Saint-Élie de Damas, qui avait fait 25 morts, le 23 juin 2025.

Ce magnifique pays, à la population si hospitalière, risque de sombrer dans la spirale de la décomposition et de la guerre de tous contre tous

Renaud Girard

Face à ces massacres visant les minorités religieuses de Syrie, quelle est l’attitude de son nouveau président, qui a pris Damas le 9 décembre 2024, avec l’aide du régime turc d’Erdogan, idéologiquement proche des Frères musulmans ? Ahmed al-Charaa est-il complice, indifférent ou seulement dépassé ? Espérons que la troisième option est la bonne, dans la mesure où cet ancien militant d’al-Qaida, qui a su adopter le costume cravate et un discours nationaliste rassembleur, a été adoubé par les présidents Trump et Macron. On espère, mais on n’est pas sûr.

Sur la Syrie, nous n’avons aujourd’hui qu’une certitude. Il faut que, très rapidement, soit rétablie l’autorité de l’État central sur l’ensemble du territoire. Faute de quoi, ce magnifique pays, à la population si hospitalière, risque de sombrer dans la spirale de la décomposition et de la guerre de tous contre tous.

Quand le chrétien syrien Michel Aflaq inventa en 1940 le Baas, parti de la renaissance arabe, il était parfaitement conscient que les sociétés du Levant avait besoin d’un nationalisme fédérateur pour échapper à la fragmentation. Quand vous êtes une minorité ethnique ou religieuse dans un pays, quel qu’il soit, vous avez besoin de la protection d’un État fort. Feu le régime baasiste dictatorial syrien avait beaucoup de défauts, mais il avait au moins une qualité, celle de protéger les minorités et de garantir la liberté de culte.

L’exil ou la constitution d’un bastion

S’il n’y a pas chez vous d’État fort, que vous êtes une minorité et que vos enfants sont menacés par des bandes de barbus fanatisés, il ne vous reste plus que deux solutions : l’exil ou la constitution d’un bastion. C’est un dilemme qui fait passer aujourd’hui des nuits blanches aux élites kurdes, alaouites, druzes et chrétiennes de Syrie.

Le bastion kurde et le bastion druze auraient sans doute le moyen de tenir dans la distance. Le premier pourrait être aidé par ses frères kurdes de Turquie et d’Irak. Le second pourrait être protégé par Israël. En revanche, ne bénéficiant d’aucun allié (les Russes ayant quitté leurs anciennes bases militaires de Tartous et de Hmeimim), le bastion alaouite autour de Lattaquié ne résisterait probablement pas très longtemps au fanatisme sunnite. Quant aux chrétiens de Syrie, ils sont peu nombreux et beaucoup trop dispersés pour songer même à l’idée d’un bastion, à l’image du bastion maronite de la montagne libanaise.

Depuis 2011, l’analyse française du drame syrien a été marquée par un mélange d’ignorance historique, de manichéisme politique et de « wishful thinking » diplomatique

Renaud Girard

Lorsque, en 2014-2015, la révolution issue du « printemps arabe », semblait être en mesure de balayer le régime de Bachar al-Assad, et qu’il était évident que, dans l’opposition, les Frères musulmans avaient évincé les démocrates sincères, j’avais évoqué, dans cette chronique, les risques d’un génocide des alaouites, d’un exil forcé des chrétiens syriens vers le Liban, d’une destruction des églises, dans une ville qui avait pourtant vécu, jadis, la conversion de saint Paul. J’espérais évidemment me tromper. Je brandissais ce risque pour le conjurer. Je prie encore pour que les faits ne me donnent pas raison.

Il reste que, depuis 2011, l’analyse française du drame syrien a été marquée par un mélange d’ignorance historique, de manichéisme politique et de « wishful thinking » diplomatique. Nous, Français, nous avons toutes les raisons du monde pour détester la dictature. Mais, dans notre appréhension de l’Orient, nous ne devrions jamais oublier qu’il y a pire que la dictature politique. Il y a l’anarchie. Et il y a pire encore que l’anarchie : il y a la guerre civile.

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Dominique de Villepin dénonce l’arrogance du CRIF https://mondafrique.com/libre-opinion/dominique-de-villepin-denonce-larrogance-du-crif/ Tue, 08 Jul 2025 07:00:05 +0000 https://mondafrique.com/?p=136637 Dominique de Villepin a violemment critiqué le CRIF sur RMC le 4 juillet 2025, dénonçant son arrogance et son influence antirépublicaine après les attaques de Yonathan Arfi lors du dîner du CRIF. Il accuse l’association de se comporter comme un État dans l’État, menaçant la laïcité et la cohésion nationale. Le 3 juillet 2025, au très […]

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Dominique de Villepin a violemment critiqué le CRIF sur RMC le 4 juillet 2025, dénonçant son arrogance et son influence antirépublicaine après les attaques de Yonathan Arfi lors du dîner du CRIF. Il accuse l’association de se comporter comme un État dans l’État, menaçant la laïcité et la cohésion nationale.

Le 3 juillet 2025, au très chic Carrousel du Louvre, le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) déroulait le tapis rouge pour son 39e dîner annuel, un événement où le Tout-Paris politique se presse pour prêter serment d’allégeance. Enfin, presque. Car Dominique de Villepin, lui, n’a pas eu besoin d’y poser un orteil pour faire trembler les dorures. Invité des Grandes Gueules sur RMC ce vendredi 4 juillet 2025 (voir vidéo en bas de l’article), l’ancien Premier ministre a dégainé une réplique qui restera dans les annales, visant directement le président du CRIF, Yonathan Arfi :

“Le CRIF devrait se rappeler qu’il n’est ni une institution d’État, ni un ministère des Affaires étrangères israélien. En France, on a encore le droit de critiquer un État, même Israël, sans être accusé d’antisémitisme. Le vrai danger, c’est cet amalgame systématique que vous faites entre juif et israélien, entre critique politique et haine raciale. Vous croyez défendre une communauté ? En réalité, vous la mettez en danger. Vous étouffez la liberté d’expression. Vous divisez le pays. La France n’est pas une extension du Likoud. Et vous n’êtes pas l’arbitre de ce qui peut être dit ou pensé ici”.

Boum. Un résumé qui claque comme un uppercut, et qui met en lumière l’arrogance d’une organisation qui, sous couvert de représenter la communauté juive française, se comporte comme un État dans l’État.

Un CRIF qui se rêve en censeur de la République

Reprenons. Lors de ce dîner, Yonathan Arfi, dans un élan de suffisance, a cru bon de qualifier de Villepin de “Mélenchon des beaux quartiers”. Une attaque mesquine, lancée devant un parterre de ministres et d’élus, qui n’a pas bronché – habitués, sans doute, à courber l’échine face à ce genre de sermon. Mais de Villepin, lui, n’a pas laissé passer. Sur RMC, il a démonté, avec la verve qu’on lui connaît, l’outrecuidance du CRIF. Car soyons sérieux : qui est ce CRIF pour se permettre de distribuer des bons et des mauvais points à des figures politiques de premier plan ? Une association, rappelons-le, qui prétend parler au nom de la communauté juive française – un sixième à peine de cette communauté, elle-même 1 % de la population hexagonale. Et pourtant, chaque année, c’est le même cirque : les politiques, de gauche comme de droite, se bousculent pour s’asseoir à la table du CRIF, comme si leur carrière en dépendait. Pathétique.uCe que de Villepin a pointé du doigt, c’est la confusion savamment orchestrée par le CRIF entre la politique israélienne, l’État d’Israël et la communauté juive française. Une équation toxique, qui nourrit l’amalgame et fragilise la lutte contre l’antisémitisme.

“Quand on préside une institution comme le CRIF, on a le devoir de respecter les principes républicains”,

a-t-il martelé. Et il a raison. En s’érigeant en gardien autoproclamé de la vérité, le CRIF prend le risque de diviser, de stigmatiser, et de réduire au silence ceux qui osent critiquer la politique de Netanyahu sans pour autant remettre en cause l’existence d’Israël ou la douleur de la communauté juive face au 7 octobre. Cette posture, c’est tout sauf républicain. C’est même un danger pour la cohésion nationale.

La laïcité à géométrie variable : où sont les catholiques ?

Et pendant ce temps, que voit-on ? Une République qui brandit la laïcité comme un étendard dès qu’il s’agit de pointer du doigt les musulmans ou de sermonner les catholiques, mais qui ferme les yeux quand le CRIF joue les petits chefs. Où est la cohérence ? Les catholiques, majoritaires en France, se voient régulièrement rappeler à l’ordre au nom de cette laïcité – un concept que certains soupçonnent de n’être qu’un faux nez pour la franc-maçonnerie et son agenda. Mais le CRIF, lui, peut se permettre de convoquer des ministres et de sermonner des anciens Premiers ministres sans que personne ne moufte. Deux poids, deux mesures. Et après, on s’étonne que la fracture sociale s’élargit.

Un CRIF qui falsifie et harcèle

Pire encore, de Villepin a rappelé un épisode sordide : les accusations mensongères portées contre lui par Arfi sur BFM, où il aurait soi-disant évoqué une “domination financière juive”. Des propos qu’il n’a jamais tenus, et pour lesquels l’Arcom a mis en demeure la chaîne, tandis que le conseil déontologique des journalistes a condamné cette manipulation. Mais Arfi, lui, n’a jamais présenté d’excuses. Au contraire, il persiste et signe, lançant ce que de Villepin qualifie de “chasse à l’homme” contre ceux qui osent penser différemment. Résultat ? L’ancien ministre, sa famille, ses enfants, reçoivent des menaces de mort quotidiennes. Voilà où mène l’arrogance du CRIF : à une polarisation dangereuse, à un climat de peur, et à une République qui vacille.

Pour une diplomatie française libre

Au-delà de cette passe d’armes, de Villepin a plaidé pour une diplomatie française qui retrouve son indépendance et son équilibre, loin des injonctions du CRIF ou des alignements atlantistes.

“La France doit être un bouclier pour tous ses citoyens”,

a-t-il insisté, rappelant l’urgence de défendre les otages français en Iran ou les prisonniers en Algérie. Mais pour cela, il faut cesser de plier face aux pressions, qu’elles viennent du CRIF ou d’ailleurs. La France, a-t-il conclu, doit redevenir une voix de la nuance, de la justice, et de l’humanisme républicain. Un message qui, espérons-le, résonnera au-delà des plateaux de RMC.

Le CRIF doit redescendre sur terre

Le CRIF peut bien se rêver en faiseur de rois, en arbitre des consciences républicaines, il n’en reste pas moins une association parmi d’autres. Sa légitimité ne dépasse pas celle que lui accordent ses membres – une fraction minuscule de la population française. Alors, qu’il cesse de se prendre pour le nombril de la République. Et que les politiques, pour une fois, aient le courage de lui rappeler qu’en France, la souveraineté appartient au peuple, pas à une poignée de convives réunis autour d’un dîner mondain.

*Source : Le Média 4-4-2

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Les Accords d’Abraham : les véritables perdants https://mondafrique.com/libre-opinion/les-accords-dabraham-les-veritables-perdants/ Sun, 06 Jul 2025 13:48:46 +0000 https://mondafrique.com/?p=136586 La totalité de la région est la seule perdante incontestable du jeu de dupes qui s’est joué au Moyen Orient.  Le Liban, déjà au bord de l’effondrement, s’est rapproché du précipice. La Syrie et l’Irak sont redevenus des terrains d’affrontements. Les régimes du Golfe, impatients de voir le Hezbollah affaibli, ont applaudi un incendie qu’ils […]

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La totalité de la région est la seule perdante incontestable du jeu de dupes qui s’est joué au Moyen Orient. 

Le Liban, déjà au bord de l’effondrement, s’est rapproché du précipice. La Syrie et l’Irak sont redevenus des terrains d’affrontements. Les régimes du Golfe, impatients de voir le Hezbollah affaibli, ont applaudi un incendie qu’ils devront peut-être bientôt éteindre chez eux.

Les Accords d’Abraham, présentés comme l’architecture d’un nouveau Moyen-Orient, se sont révélés creux sous les bombes. Aucune nouvelle alliance. Aucune stabilité. Rien qu’un morcellement régional toujours plus profond.

Quant au Hezbollah, il a observé, appris, et s’adapte. Loin d’être acculé, il se prépare — convaincu que la prochaine guerre, comme la précédente, exposera davantage les limites d’Israël que sa force.
« Quand la victoire se résume à la survie, chacun gagne. »
Mais dans une région avide de changement réel — paix, dignité, souveraineté — c’est là la plus tragique des illusions.

Et maintenant ?
Ce qui vient n’est pas la paix — c’est la préparation d’autres conflits.
L’Iran et le Hezbollah se réarment, se réorganisent, se réalignent.
Israël révise sa doctrine.
Trump reconditionne ses contradictions, tentant d’incarner à la fois le chef de guerre et le pacificateur.
Mais les tensions fondamentales demeurent : l’Iran ne se désarmera pas, Israël ne reculera pas, et les États-Unis ne retrouveront aucune crédibilité stratégique tant qu’ils sous-traitent leur politique moyen-orientale à Netanyahou.
La prochaine guerre n’éclatera peut-être pas demain — mais sa charpente est déjà dressée. Et lorsqu’elle arrivera, aucun discours, aucune frappe, aucun slogan de campagne ne masquera la vérité :
Ce n’était pas une victoire. C’était un avertissement.

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