- Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Fri, 21 Nov 2025 23:14:37 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/libre-opinion/ 32 32 La haine de la droite française extrême à l’égard de l’Algérie https://mondafrique.com/libre-opinion/la-liberation-de-sansal-provoque-la-haine-de-la-droite-francaise-extreme/ https://mondafrique.com/libre-opinion/la-liberation-de-sansal-provoque-la-haine-de-la-droite-francaise-extreme/#respond Fri, 21 Nov 2025 08:35:19 +0000 https://mondafrique.com/?p=143059 Après avoir  exploité l’arrestation puis la détention de l’écrivain par les services de sécurité algérienne à des pures fins de politique intérieure, une partie de la classe politique la plus à droite poursuit croisade contre l’Algérie. Par calcul politique pour flatter une France totalement encrise? Sans doute, mais aussi en raison d’un retour du refoulé […]

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Après avoir  exploité l’arrestation puis la détention de l’écrivain par les services de sécurité algérienne à des pures fins de politique intérieure, une partie de la classe politique la plus à droite poursuit croisade contre l’Algérie. Par calcul politique pour flatter une France totalement encrise? Sans doute, mais aussi en raison d’un retour du refoulé après la perte Algérie que l’extrême droite et ses alliés, fidèles à Jean Marie Le Pen, n’ont toujours pas digéré plus de soixante ans plus tard.

L’annonce de la libération de Boualem Sansal a fait l’effet d’une douche froide qui a coupé le souffle de ses prétendus défenseurs en métropole. Et cela en dépit de la déclaration mesurée du président Macron qui affiché un optimisme prudent : »je prends acte d’humanité du président Tebboune et je le remercie. Je reste évidemment disponible pour échanger avec lui de l’ensemble des sujets de l’intérêt pour nos deux pays. Et nous pensons à notre compatriote Christophe Gleize ».

Le Verbatim de quelques déclarations des personnalités de droite :

Robert Menard, maire de Béziers : « Merci à l’Allemagne de jouer ce rôle là, merci à eux, mais putain quelle humiliation pour la France. Je ne suis quant même pas naïf au point d’oublier à quel point ils font ça pour faire chier Paris. Pour emmerder Paris, pour leur dire on vous donne pas satisfaction, on préfère faire plaisir aux allemands ». et il ajoute : « un, bien sur que c’est une humiliation pour le pays. »

Bruno Retailleau ministre de l’intérieur démissionnaire : A la question concernant l’échec de sa méthode dans la libération de Boualem Sensal il répond de manière dérobée: « je leur réponds que Boualem Sensal est désormais libre et je m’en réjouis. La crise entre l’Algérie et La France ne date pas de mon entrer au ministère. Le pic de cette crise c’est lorsque le président de la République a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Saraha occidental »

Michel Onfray philosophe : « Un grand camouflet qu’inflige l’Algérie à la France. Tebboun nous dit , je veux bien entendre ce que me demande le président allemand mais pas le français ».

Eric Zemmour écrivain, journaliste, , essayisteéditorialistechroniqueurpolémiste et homme politique Français d’extrême droite : L’Allemagne aura réussi ce que les dirigeants français n’ont jamais obtenu. Chac une de ces humiliations diplomatiques nous rappelle que c’est toujours la faiblesse qui nous expose et la force qui nous protège ». Pour lui, « il y a un passage de riposte graduée sur l’Algérie à une soumission graduée de la France.

Xavier Driancourt ancien ambassadeur de France en Algérie : « d’une certaine façon, je dirai que la victoire de la diplomatie, diplomatie allemande. Elle a réussi à obtenir en une semaine ce que nous avons pas réussi à obtenir en une année. », La diplomatie française a joué un rôle dans cette affaire…. L’allemagne était le partenaire idéal. ».

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Sinem Cengiz: les retrouvailles entre l’Égypte et la Turquie https://mondafrique.com/libre-opinion/sinem-cengiz-les-retrouvailles-entre-legypte-et-la-turquie/ https://mondafrique.com/libre-opinion/sinem-cengiz-les-retrouvailles-entre-legypte-et-la-turquie/#respond Thu, 20 Nov 2025 18:23:34 +0000 https://mondafrique.com/?p=142974 La Turquie a joué un rôle clé pour amener le Hamas à la table des négociations et faciliter la signature de l’accord de Gaza.

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Depuis la signature du cessez-le-feu à Gaza, négocié par les États-Unis le mois dernier, les pays de la région travaillent à maintenir Washington aussi engagé que possible dans la gestion de la prochaine phase. Parallèlement, une nouvelle dynamique émerge : ces pays ne veulent pas dépendre uniquement des États-Unis pour la mise en œuvre de l’accord. Ils construisent plutôt leur propre consensus régional. Un exemple clé de cette tendance se voit dans la coordination croissante entre l’Égypte et la Turquie.

Par Sinem Cengiz (revue de presse : Arab News – 15 novembre 2025)*

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, s'est rendu à Ankara pour la réunion inaugurale du groupe de planification conjoint Turquie-Égypte. (photo d'archive)
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, s’est rendu à Ankara pour la réunion inaugurale du groupe de planification conjoint Turquie-Égypte. (photo d’archive)

Ces deux pays, avec les États-Unis et le Qatar, servent de garants principaux de l’accord de Gaza, ce qui leur confère non seulement une crédibilité diplomatique renforcée mais aussi une responsabilité importante dans sa mise en œuvre.

 Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, s’est rendu officiellement à Ankara mercredi pour la réunion inaugurale du Groupe de planification conjoint Turquie-Égypte, qui a porté sur les préparatifs d’une réunion du Conseil de coopération stratégique de haut niveau prévue en 2026. De Gaza à la Syrie, du Soudan à la Méditerranée, et à travers les domaines militaire et économique, chaque aspect de leur relation a été examiné en profondeur pour développer un cadre complet de coordination turco-égyptienne. Cependant, ce sont les phases possibles suivantes de l’accord de Gaza, qui envisagent la reconstruction de la Bande et la mise en place d’une force internationale de stabilisation pour y maintenir la stabilité, qui ont été au centre des discussions.

La Turquie a joué un rôle clé pour amener le Hamas à la table des négociations et faciliter la signature de l’accord de Gaza. Malgré les efforts israéliens pour l’exclure du processus, Ankara est déterminée à rester activement impliquée dans la phase post-accord par des moyens à la fois militaires et humanitaires.

Ankara est déterminée à rester activement impliquée dans la phase post-accord par des moyens à la fois militaires et humanitaires.                                                               

Des ministres de sept pays musulmans se sont réunis à Istanbul ce mois-ci pour discuter de la situation à Gaza, bien que l’Égypte, notablement, n’ait pas participé. Les médias israéliens ont rapidement interprété l’absence du Caire comme un signe d’opposition au rôle potentiel de la Turquie dans une force internationale de stabilisation. Cette affirmation me semble peu convaincante, étant donné que la coopération Égypte-Turquie gêne largement Israël. Ces rapports semblent davantage correspondre au récit que Tel-Aviv cherche à promouvoir.

L’Égypte est susceptible de voir l’inclusion de troupes turques dans la force de stabilisation comme un élément positif et constructif. La visite d’Abdelatty à Ankara et son alignement avec son homologue turc, Hakan Fidan, prouvent que l’Égypte ne souhaite pas avancer seule sur la question de Gaza. Les deux ministres des Affaires étrangères préparent désormais la conférence internationale sur la récupération précoce, la reconstruction et le développement à Gaza, qui doit se tenir au Caire plus tard ce mois-ci.

Le récent rapprochement entre la Turquie et l’Égypte se concrétise par des visites réciproques et le consensus régional qu’ils construisent pour une pertinence partagée. Après les visites présidentielles des deux dirigeants l’an dernier, les relations bilatérales ont pris un nouvel élan, menant à des résultats tangibles aujourd’hui. Ankara et Le Caire ont intensifié leur coordination au-delà du niveau de leadership, principalement à travers la bureaucratie. Fidan s’est rendu en Égypte trois fois au cours de l’année écoulée, tandis qu’Abdelatty s’est rendu en Turquie à deux reprises. Les deux diplomates principaux coordonnent les positions respectives de leurs États en s’appuyant fortement sur des mécanismes institutionnels.

Ankara et Le Caire ont intensifié leur coordination au-delà du niveau de leadership, principalement à travers la bureaucratie. 

Le renouveau des relations entre l’Égypte et la Turquie marque un alignement diplomatique important après une décennie d’hostilité motivée politiquement. L’Égypte reste une puissance arabe majeure au Moyen-Orient, bien qu’elle connaisse certaines limites. La Turquie, puissance non-arabe importante, possède elle aussi ses forces et contraintes. Pourtant, à bien des égards, les deux pays complètent les limitations de l’autre, créant une dynamique qui favorise une coopération productive.

Ce qui est clair, c’est que la Turquie et l’Égypte partagent des préoccupations communes et reconnaissent les opportunités de collaboration. Cela vise non seulement à apaiser les tensions régionales, mais aussi à renforcer leur position dans la région. Les deux nations disposent d’institutions étatiques solides, d’un capital humain compétent, d’une intelligentsia influente et d’une capacité militaire considérable.

La Turquie et l’Égypte veulent également renforcer leur coopération en matière de défense et militaire. Le Caire s’intéresse à rejoindre le projet stratégique turc de développement du chasseur furtif TAI Kaan. Un mémorandum a également été signé pour préparer la production de drones en Égypte. Ankara pourrait être le partenaire non-occidental le plus crédible pour Le Caire. Elle possède la deuxième plus grande armée de l’OTAN et une industrie de défense en pleine croissance grâce à ses drones Bayraktar TB2.

La Turquie se classe actuellement première parmi les armées du Moyen-Orient et neuvième au niveau mondial, tandis que l’Égypte dispose d’une force navale redoutable. Dans ce contexte, Ankara et Le Caire cherchent à renforcer leur position en Méditerranée, une zone contestée pour la compétition énergétique et les rivalités géopolitiques plus larges. Ils ont récemment lancé leur premier exercice naval conjoint depuis 13 ans, qui, au-delà d’un mouvement tactique, pourrait s’inscrire dans un alignement stratégique à long terme en Méditerranée, où la Turquie cherche des alliés partageant ses intérêts.

Autrefois, on disait souvent : « Sans l’Égypte, pas de guerre ; sans la Syrie, pas de paix ». Aujourd’hui, ce sentiment pourrait être révisé : avec l’Égypte, la Turquie et d’autres acteurs régionaux clés comme l’Arabie Saoudite, la paix et la stabilité dans la région peuvent être construites. Le rapprochement de ces puissances est significatif pour éviter l’intervention de tiers et pourrait même servir de locomotive pour d’autres à rejoindre leur coopération.

De plus, leur position commune pourrait renforcer le rôle des « stabilisateurs » dans la région face aux « déstabilisateurs » comme Israël. Ainsi, la capacité de l’Égypte et de la Turquie à poursuivre cette coordination constructive ne façonnera pas seulement leurs relations bilatérales, mais aura également des implications importantes pour la région au sens large. On peut s’attendre à voir davantage de développements sur le front turco-égyptien dans les jours à venir ; il est donc important de suivre cette dynamique.

Sinem Cengiz est une analyste politique turque spécialisée dans les relations de la Turquie avec le Moyen-Orient. X: @SinemCngz

*Source : Arab News

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La Mauritanie doit rompre avec le tribalisme https://mondafrique.com/libre-opinion/la-mauritanie-doit-rompre-avec-le-tribalisme/ https://mondafrique.com/libre-opinion/la-mauritanie-doit-rompre-avec-le-tribalisme/#respond Sun, 16 Nov 2025 08:39:38 +0000 https://mondafrique.com/?p=142742 Dès après le premier putsch prétorien de1978, la corporation des officiers supérieurs a pu remodeler le jeune Etat, pour l’acclimater aux prérequis de la tribu et de l’ethnie, comme source tacites de légitimité.

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 D’arbitre soucieux de préserver l’intérêt général, les militaires mauritaniens semblent avoir réduit leur projet pour la Nation à une arène de compétition des appétits primitifs où la force armée ne sert plus qu’à réguler, au sommet, la rotation du « chacun son tour ».

Biram Ould Dah Ould Abeid, député à l’Assemblée nationale de Mauritanie, leader de lamouvance anti esclavagiste

Dès après le premier putsch prétorien de1978, la corporation des officiers supérieurs a pu remodeler le jeune Etat, pour l’acclimater aux prérequis de la tribu et de l’ethnie, comme source tacites de légitimité. Certes, ils n’ont jamais assumé la mue et les Mauritaniens la subissaient, plutôt, sous le mode de la clandestinité honteuse.  La structure politique et administrative, quoique centralisée en apparence, a été prise d’assaut par les forces centrifuges et ainsi dépouillée de ses prétentions au jacobinisme. 

L’organisation de l’ensemble ne relève de l’aléa, même si elle n’a jamais été revendiquée sous la forme d’une charte ou d’un référent théorique. Mercantile avant que d’être idéologique, elle s’inscrit, d’abord, dans la durée du fait accompli et produit, depuis des décennies et sans aucune césure ni trêve, la répartition des avantages statutaires, matériels et symboliques, selon l’audience et l’entregent de telle ou telle « communauté », au triple détriment de l’égalité, du mérite et de la compétence. Il s’agit, au fond et avant tout, d’une prédation mise en œuvre derrière le paravent d’un modèle de gestion dont la façade arbore les attributs de la république mais dissimule la matérialité d’un exercice de type clanique que sa verticalité prédestine à engendrer le privilège, le passe-droit et la fraude, au bénéfice d’une clientèle culturellement homogène. La question n’est donc plus de savoir si l’État mauritanien est ou non une structure ethno-tribale, à vocation de mafia. Non, il importe, désormais, de se demander en quoi consiste la sortie du système de délinquance feutrée, en vue de d’imaginer puis de recréer une solution alternative, sur la base des standards universels de la vertu.

Le cache-misère de la discrimination

Dès la fin des années 1970, le partage du pouvoir suivant la rationalité décrite plus haut, s’est imposé en norme adossée à l’évidence, c’est-à-dire non-questionnable. Les gouvernements successifs ont toujours illustré et reconduit l’architecture inéquitable de la répartition :

23 à 25 ministres Maures, 1 Soninké, 3 à 4 Hal Pulaaren et Hratine mais ces derniers, souvent, préemptent l’affichage du poste de Premier ministre, aux fins de racheter, du moins démentir la réputation esclavagiste du pays.

Les Wolofs, composante reconnue et les Bambaras ignorés, demeurent assignés aux marges du hasard. La roue capricieuse de la fortune peut les atteindre, par ricochet.

Le déséquilibre marque les entrailles de l’appareil administratif, de la justice, de l’éducation nationale, des sociétés d’Etat, des douanes, des impôts et contributions diverses, de la diplomatie, de l’armée, de la police et de la religion officielle. Les nominations y procèdent des ondes concentriques de l’esprit de corps, loin des critères de l’utilité sociale. A cause de la distorsion du rapport des forces en termes de moyens pécuniers, la pratique de l’éviction n’épargne, non plus, le semblant de démocratie élective : La composition du Parlement le reflète assez, jusqu’à la caricature. Les députés s’élèvent, là, au nom de leur appartenance privée et des intérêts qui les portent. Leur représentativité résulte de l’achat des consciences et, surtout, de la fraude dans les urnes.

In fine, l’Etat s’est transformé en une fédération de clientèles d’une avidité débridée. La coexistence de celles-ci repose sur l’alternance périodique des concessions à la tribu, au détriment du bon sens. Cependant, des promotions bienséantes profitent, quelquefois, à des personnes issues du lot des exclus mais pas toujours porteuse de qualification. L’inflexion ressortit au soin de nourrir l’apparence de l’inclusion, peu importe l’effectivité du partage. Le faux plausible alimente l’ingénierie du déni oblique en Mauritanie.

Un clientélisme prédateur

La monomanie de quotas et du clientélisme prédateur a fragilisé la fonction publique et altéré ses objectifs, dans des proportions que l’on qualifierait d’irréversibles. Depuis le milieu des années 80, plus de 70 % des hauts responsables, chargés de mission, conseillers, directeurs généraux ou directeurs singuliers, ne proviennent pas des corps constitués de l’administration et très peu doivent, leur poste, à un concours. La privatisation de l’Etat favorise l’escalade des médiocres, à la cime de l’échelle des valeurs. D’emblée, elle confère, à la meute solidaire du passable et du moyen, l’usage du cachet et lui procure les clés du coffre-fort. Le capital privé national est né aux forceps d’une série de coups d’Etat.

Les présidents de conseils d’administration – malgré une loi encore sans effet qui prétend y mettre un terme – captent leur sinécure, de la seule nécessité de recycler les pièces du rouage, momentanément ou à jamais hors circuit. Ici, nul ne tombe en péremption, tout se récupère, l’économie circulaire du tri sélectif tourne à plein régime.

L’on comprend, dès lors, la réticence, voire l’inaptitude de l’engrenage susmentionné, à sanctionner le détournement du denier de la collectivité. La pression de la tribu, du clan, de la grande famille garantit, aux auteurs, l’impunité et l’atout rétrospectif de l’invincibilité. En 2025, le rapport de la Cour des comptes pourtant explosif, risque de verser dans la confirmation du pis-aller.

La dérive précitée compromet la perspective d’une réforme en profondeur qui irait à contresens du clientélisme proto-eugénique. Néanmoins, la révision est possible, de l’intérieur, à condition que le système consente à son suicide, pour le bien commun. Hélas, en politique, les exemples d’un altruisme aussi extrême n’encombrent le cours de l’histoire.

Les revers du discours du Président Ghazouani

À maintes reprises, le Chef de l’Etat Mohamed Ould Ghazouani a exprimé son intention de transformer la société et de rétablir le droit des gens. Ses envolées à Ouadane, Néma et Djéwol ont suscité l’espoir d’une thérapie de choc, d’un nouveau départ, empreint d’inventivité et de reconquête de l’éthique. Cependant, les promesses ne dépassent, encore, le stade de la déclamation saisonnière : En termes, d’évaluation, de projection de long terme et de plan d’action, l’horizon trahit l’insondable vacuité d’une gouvernance d’au jour le jour.

L’agence Taazour, créée en 2019 pour combattre la pauvreté et l’exclusion, témoigne du décalage entre la parole et l’acte. Ses interventions ponctuelles n’ont produit qu’un impact folklorique et des avalanches de commentaires sur les réseaux sociaux.

Le dernier laïus du Président à Nbeiket Lahwach, au début de novembre 2025, appelle à interdire la participation des fonctionnaires à la théâtralité des tribus. Le propos, d’ailleurs éloquent, va dans le bon sens mais l’intention prospère au cœur d’un paradoxe confondant : La tournée du Chef de l’Etat, a été supervisée et exécutée par des fonctionnaires dans un cadre strictement tribal, lui-même financé sur l’argent du contribuable. Des ministres, secrétaires généraux, ambassadeurs et autres meneurs de la machine de l’Etat s’en sont même vantés, à visage découvert. Le Président devrait parler un peu moins et sévir beaucoup plus. S’il le fait, l’opinion, y compris ses adversaires, s’exprimera pour lui.

Réparer l’Etat

L’ambition suppose une rupture claire d’avec les anachronismes et la volonté de tenir, fermement, l’anse de l’équité. La réparation doit s’articuler autour de mesures précises :

  1. Abolir les quotas et dosages tribaux, ethniques ou communautaires, lors du choix des agents du service public et privilégier le mérite professionnel, la compétence, l’intégrité et l’expérience.
  2. Abroger, avec effet rétroactif, le recrutement des non-fonctionnaires. Un audit complet des nominations durant les deux dernières décennies permettra de réévaluer les ressources humaines, réduire les coûts de fonctionnement et corriger l’injustice flagrante de certaines préséances.
  3. Approuver et appliquer, sans délai, le projet de décret relatif au personnel de la fonction publique, texte bloqué depuis des années dans un tiroir du ministère éponyme.
  4. Traduire, en gestes forts, le vœu de lutter contre la corruption et les fraudes, notamment, la contrefaction des diplômes et la falsification des habilitations professionnelles. Les poursuites judiciaires, audits et transparence des rapports de la Cour des Comptes et de l’inspection Générale de l’Etat constituent les instruments désignés de la riposte.

En guise de conclusion

La Mauritanie se trouve à la croisée des chemins. Le Chef de l’État, à présent au milieu de son second et dernier mandat, détient la totalité des cartes. Il peut entrer dans l’Histoire s’il consent à réhabiliter l’Etat, grâce à la moralisation des comportements et au choix avisé des femmes et hommes en charge de conduire le relèvement. S’il se résout à éradiquer l’anarchie, l’insuffisance et la faveur héritée, il reprendra le chantier désaffecté de la République, là où les militaires l’ont arrêté en 1978. 

Nous voulons croire au sursaut et y concourir, pleinement, dans l’espoir de voir renaître, enfin, l’idée d’une Mauritanie de la justice, de la méritocratie et de l’unité qu’irrigue l’exigence de l’égalité, définitivement à l’abri des distinctions de naissance.

 

Bruxelles, Royaume de Belgique

14 novembre 2025

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Militariser le Sahel, le mode d’emploi https://mondafrique.com/libre-opinion/militariser-le-sahel-le-mode-demploi/ https://mondafrique.com/libre-opinion/militariser-le-sahel-le-mode-demploi/#respond Sat, 15 Nov 2025 18:14:12 +0000 https://mondafrique.com/?p=142689 Au cours de ces quelques mois, les armes, la guerre et la sécurité sont exactement ce que je croyais avoir laissé derrière moi en quittant le Niger.

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Ce sont les trois mots que j’ai le plus entendus depuis mon retour du Sahel. Au cours de ces quelques mois, les armes, la guerre et la sécurité sont exactement ce que je croyais avoir laissé derrière moi en quittant le Niger. Après avoir passé 14 ans dans les zones les plus « critiques » d’Afrique, je pensais trouver une tout autre situation en rentrant chez moi.

Mauro Armanino, Gênes, novembre 2025

Les militaires au pouvoir dans les trois États confédérés du Sahel central, les groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, les groupes d’autodéfense, les mercenaires de diverses origines et les armes en quantité. Tel semble être le sentiment et le quotidien au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Des sociétés dans lesquelles le domaine militaire semble si omniprésent qu’il influence les rythmes et les saisons politiques de ces pays. Je me trompais.

De l’autre côté du monde, celui que l’on appelle par convention unilatérale le « Nord », on retrouve le même climat, mais dans un contexte que l’on ne saurait pas qualifier de démocratique. Il faut s’armer et se réarmer, accroître sa puissance pour frapper avant une éventuelle attaque ennemie. Il faut se préparer à la guerre qui viendra, probablement bientôt ou en tout cas quand cela sera nécessaire. La sécurité sera recherchée, promise et garantie, avant tout et partout. Pour notre tranquillité, il existe des zones sous vidéosurveillance dans les bus, les trains, les lieux publics, les églises, les frontières et dans tout type d’entrée digne de ce nom. Dans cette partie du monde également, la militarisation de la société est à l’œuvre.

Le canal privilégié pour la militarisation croissante de la société est, bien sûr, le langage qui opère à travers des récits préétablis, adaptés à la réalité que l’on veut imposer. Depuis longtemps, ce n’est plus le réel qui compte vraiment, mais le type de réalité ou, mieux, le consensus que l’on souhaite véhiculer à partir de celui-ci. Les médias sont conscients de ce qu’un conseiller de l’ancien président américain George W. Bush a déclaré au journaliste Ron Suskind du New York Times en 2004 : « Ce n’est plus ainsi que le monde fonctionne. Nous sommes désormais un empire et, lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Pendant que vous étudiez, judicieusement comme vous le souhaitez, cette réalité, nous agissons à nouveau et créons d’autres nouvelles réalités… que vous pourrez étudier comme il se doit : c’est ainsi que cela fonctionne… Nous sommes les acteurs de l’histoire et il ne vous reste plus qu’à étudier ce que nous faisons ».

Pour mener à bien l’opération, la construction de l’ennemi, réel, présumé, possible ou improbable, reste une étape primordiale. De ce point de vue, il suffirait de relire « Le Désert des Tartares » de l’écrivain italien Dino Buzzati. Le jeune soldat Giovanni Drogo passe sa vie dans une forteresse frontalière et, juste au moment où l’ennemi semble enfin arriver, c’est lui qui part pour son dernier et définitif voyage. Nous vivons comme dans une forteresse en attendant les barbares et, entre-temps, nous nous armons et préparons la guerre pour assurer la sécurité que, comme on le sait, seul le cimetière peut garantir. L’Occident semble déterminé à se transformer en un immense chantier qui organise le cimetière des rêves.

Démilitariser les pensées et les mots. Être à l’écoute de la réalité dont les pauvres sont le visage censuré. Et surtout, comme l’a dit en 2002 la professeure de langue Nurith Peled Elanan, dont le fils de 13 ans a été tué… ‘Des termes tels que liberté et honneur, Dieu et paix, le bien du pays et même la démocratie peuvent être des armes mortelles… nous sommes ceux qui savent qu’il n’y a ni paix ni liberté, ni bien ni Dieu après la mort d’un enfant’.

                                                               

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Roula M.Merhej: « la fin de la suprématie chiite » https://mondafrique.com/libre-opinion/roula-m-merhej-la-fin-de-la-suprematie-chiite/ https://mondafrique.com/libre-opinion/roula-m-merhej-la-fin-de-la-suprematie-chiite/#respond Fri, 14 Nov 2025 17:42:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=142672 Nous assistons incontestablement à un tournant historique au Moyen-Orient : la fin tonitruante de la dominance chiite. Sous l’impulsion conjointe de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite (avec l’appui décisif des États-Unis), la main repasse à la communauté sunnite. L’islam politique à la manière d’Erdogan semble désormais s’imposer durablement dans le Levant. Une […]

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Nous assistons incontestablement à un tournant historique au Moyen-Orient : la fin tonitruante de la dominance chiite. Sous l’impulsion conjointe de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite (avec l’appui décisif des États-Unis), la main repasse à la communauté sunnite. L’islam politique à la manière d’Erdogan semble désormais s’imposer durablement dans le Levant.

Une chronique de Roula M. Merhej, chroniqueuse et analyste géopolitique, Connaisseuse du Moyen-Orien, Rédactrice stratégique et éditoriale

Deux leçons essentielles se dégagent. D’abord, l’ennemi d’hier peut devenir l’allié de demain : qui aurait imaginé, il y a encore quelques années, qu’un président américain accueillerait au Bureau ovale un ancien membre d’Al-Qaïda ? L’impossible n’est décidément pas américain.

En l’espace d’une semaine, la participation du président Mohamad Al Charaa à la COP30 au Brésil a conduit à la levée des sanctions personnelles le visant, ainsi que celles de son ministre de l’Intérieur Anas Khattab.

Reçu à Washington de manière plus discrète que d’autres chefs d’État, Al Charaa a signé l’adhésion de la Syrie à la coalition internationale contre l’État islamique, devenant ainsi le 90ᵉ pays à la rejoindre.

À PETITS PAS !

Cette adhésion reste toutefois strictement politique et non militaire, selon les termes du communiqué officiel. Les États-Unis prévoient d’installer une base militaire près de Damas, tandis qu’une suspension de 180 jours de la loi César a été actée, prélude à une levée définitive par la Chambre des représentants. Cette évolution ouvrirait enfin la voie aux investissements étrangers nécessaires à la reconstruction syrienne, même si le texte officiel ne précise pas encore les secteurs concernés ni les modalités concrètes de cette reconstruction.

Lors de sa visite, Al Charaa a également rencontré Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, pour évoquer l’assistance financière et les programmes de redressement possibles pour la Syrie.

Enfin, un projet de réouverture de l’ambassade syrienne à Washington a été évoqué dans plusieurs médias, mais aucun communiqué officiel américain ne l’a encore confirmé.

L’omniprésence nouvelle de la Syrie

Quant à l’adhésion aux accords d’Abraham, objectif ultime de Donald Trump, observé avec nervosité par Benjamin Netanyahou…elle devra attendre encore. Mais l’omniprésence nouvelle de la Syrie sur la scène internationale, son retour dans le jeu diplomatique et les signaux d’ouverture envoyés par Washington laissent clairement présager, à terme, une signature des accords d’Abraham.

Reste enfin à Al Charaa de continuer à démontrer sa volonté d’un gouvernement plus inclusif, avec une plus grande représentation des minorités, et la résolution des conflits internes encore en cours, notamment avec les Kurdes.

La nouvelle « lune de miel » syro-américaine

 

 

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Il faut sauver “le château d’eau” de l’Ouest africain https://mondafrique.com/libre-opinion/il-faut-sauver-le-chateau-deau-de-louest-africain/ https://mondafrique.com/libre-opinion/il-faut-sauver-le-chateau-deau-de-louest-africain/#respond Mon, 10 Nov 2025 02:46:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=142441 L’Afrique de l’Ouest et ses nombreuses richesses écosystémiques sont gravement menacées, et notamment la Guinée qui constitue un trésor écologique exceptionnel. C’est pour répondre à ces menaces, dont certaines sont existentielles, que Kabiné Komara, ancien Premier ministre de Guinée et haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), publie Notre biodiversité […]

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L’Afrique de l’Ouest et ses nombreuses richesses écosystémiques sont gravement menacées, et notamment la Guinée qui constitue un trésor écologique exceptionnel. C’est pour répondre à ces menaces, dont certaines sont existentielles, que Kabiné Komara, ancien Premier ministre de Guinée et haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), publie Notre biodiversité en danger aux éditions du Cherche Midi

La biodiversité mondiale est en crise. Chaque jour, des forêts disparaissent, des espèces s’éteignent, des ressources vitales s’épuisent. Mais derrière ce constat global se cache une réalité moins connue : celle de la Guinée, petit pays d’Afrique de l’Ouest, dont les écosystèmes jouent un rôle crucial bien au-delà de ses frontières.

Surnommée le “château d’eau de l’Afrique de l’Ouest”, la Guinée est la source des grands fleuves Niger, Sénégal et Gambie. Elle nourrit directement ou indirectement près de 150 millions de personnes. Ses forêts, zones humides et savanes abritent une biodiversité exceptionnelle, riche d’espèces endémiques et de ressources naturelles vitales. Pourtant, ce patrimoine est gravement menacé par la déforestation, l’exploitation minière, l’urba- nisation anarchique et les effets du changement climatique. C’est dans ce cadre que, le 25 mars 2025, le gouvernement guinéen a soumis un dossier crucial à l’UNESCO pour inscrire en tant que patrimoine mondial à préserver le massif du Fouta-Djalon, une région d’une valeur exceptionnelle, d’où partent la plupart des grands cours d’eau de l’Afrique de l’Ouest.

Un cri d’alerte 

Ce livre est à la fois un diagnostic clair de l’état de la biodiversité mondiale et africaine, une plongée au cœur de la Guinée et de ses écosystèmes et un plaidoyer concret pour une mobilisation collective autour de solutions durables.

“Sauver la biodiversité guinéenne, c’est protéger l’avenir de toute l’Afrique de l’Ouest”, écrit Kabiné Komara. Son message dépasse les frontières : la perte de biodiversité n’est pas seulement une tragédie écologique, c’est une menace directe pour la sécurité alimentaire, la santé et l’économie de millions de personnes. Plutôt que de céder au fatalisme, l’auteur propose des pistes d’action précises : Instaurer une gouvernance environnementale plus forte et plus transparente; investir dans une économie verte génératrice d’emplois; sensibiliser et impliquer les jeunes générations; renforcer la coopération régionale pour gérer durablement les ressources en eau et en énergie.

Kabiné Komara insiste sur le rôle central de la jeunesse africaine, qu’il appelle à devenir le moteur d’une “reconquête écologique”.

L’AUTEUR

Kabiné Komara a été Premier ministre de Guinée (2008-2010) après une carrière dans le secteur bancaire et minier. De 2013 à 2017, il a dirigé l’OMVS, organisation régionale qui coordonne la gestion partagée du fleuve Sénégal. Expert reconnu en finance internationale, développement économique et déve- loppement durable, il intervient régulièrement comme conférencier sur les enjeux liés à l’eau et à l’environnement.

Respecté pour ses valeurs d’intégrité et d’éthique, il est membre de plusieurs fondations internationales de renom et a été cité en 2014 et en 2015 parmi les 100 personnalités qui font bouger l’Afrique par le magazine « Financial Afrik ».

 
 
 
 


 

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« La guerre intérieure » au sein du pouvoir israélien https://mondafrique.com/libre-opinion/la-guerre-au-sein-du-pouvoir-israelien/ https://mondafrique.com/libre-opinion/la-guerre-au-sein-du-pouvoir-israelien/#respond Sat, 08 Nov 2025 19:15:30 +0000 https://mondafrique.com/?p=142348 En Israël, le pouvoir, le vrai, n’est pas dans le bureau du Premier ministre. Il est dans l’armée et dans la magistrature. Mais cela est en train de changer.

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En Israël, le pouvoir, le vrai, n’est pas dans le bureau du Premier ministre. Il est dans l’armée et dans la magistrature. Mais cela est en train de changer. L’article est paru sur le site d’Yves Mamou et Mondafrique a eu l’autorisation d’en reprendre des extraits

Partager Yves Mamou : Decryptages

Dans l’urgence de lutter contre le Hamas, mais aussi le Hezbollah et l’Iran, Benjamin Netanyahou s’est focalisé sur la guerre et a laissé en gros les dirigeants militaires en place. Mais progressivement, au cours de ces deux années de guerre, le Premier ministre israélien a modifié les organigrammes en profondeur. 

  • En avril 2024, Aharon Haliva, chef des renseignements militaires, a été limogé. Il a reconnu sa responsabilité dans le désastre du 7 octobre.

  • En mai 2024, Yoram Hémo, membre du Conseil national de sécurité, a quitté ses fonctions. Il s’était montré critique sur la gestion de la guerre contre le Hamas.

  • En juin 2024, Netanyahou a dissous le cabinet de guerre après le départ de Benny Gantz et Gaby Eizenkot, deux généraux d’opposition. Leur départ a rendu la structure inutile et surtout lui a laissé les mains libres.

  • En juillet 2024, Yehuda Fuchs, commandant de la région Centre, a quitté ses fonctions. Il était connu pour s’être opposé violemment aux implantations juives en Judée-Samarie.

  • En novembre 2024, le ministre de la Défense Yoav Gallant est limogé. Cet ex-militaire s’était opposé publiquement à Netanyahou au moment de la réforme judiciaire. Puis, après le déclenchement de la guerre contre le Hamas, Gallant, alors ministre de la Défense, s’est fait le porte-parole de l’état-major : il a réclamé un plan pour l’après-guerre (que Netanyahou ne voulait pas donner) et s’est opposé publiquement « à tout contrôle militaire et civil israélien » sur la bande de Gaza. La coupe était pleine : Netanyahou l’a exclu du gouvernement.

  • En mars 2025, Herzi Halévy, chef des armées et opposant notoire à Netanyahou, a quitté ses fonctions. Il a cédé son poste à Eyal Zamir, une militaire moins hostile à Netanyahou.

  • En mars 2025, Eyal Zamir a lui-même mis un terme aux fonctions de Daniel Hagari, porte-parole de l’armée. Ce dernier n’a pas été promu général comme prévu et a même dû quitter l’armée. Daniel Hagari avait déclaré publiquement que le but de guerre de Netanyahou — détruire le Hamas — était « de la poudre aux yeux (…). Le Hamas est une idéologie, nous ne pouvons pas éliminer une idéologie. » Un mois auparavant, le même Hagari avait déclaré qu’« pour éliminer le Hamas, il fallait une alternative ».

  • En mars 2025, Benjamin Netanyahou a fait voter la révocation de Ronen Bar, chef du Shin Bet, des services de renseignement intérieurs. Motif: “manque de confiance”. Ce dernier, opposé à la politique de Netanyahou, portait la responsabilité de n’avoir pas anticipé la guerre déclenchée par le Hamas, le 7 octobre. Mais la Cour suprême a suspendu la décision et interdit au Premier ministre de nommer un successeur. Après des semaines de tension entre l’exécutif et le judiciaire, fin avril, Ronen Bar a annonce sa « démission ».

  • En octobre 2025, Tzachi Hanegbi, chef du Conseil national de sécurité, a été limogé . C’est un proche de Netanyahou qui lui succède.

  • En octobre 2025, il apparaît que le ministre de la Défense, Israël Katz, a retardé les nominations au sein de l’armée. Traditionnellement, Tsahal nomme ses propres chefs. Désormais, le pouvoir politique montre qu’il n’entend pas laisser des coteries et des clans se mettre en place au sein de l’armée.

Il n’est pas interdit de penser que Tsahal a cessé d’être un État dans l’État.

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Du rève américain des Pères fondateurs à la confusion morale! https://mondafrique.com/libre-opinion/du-reve-americain-des-peres-fondateurs-a-la-confusion-morale/ Fri, 07 Nov 2025 15:28:21 +0000 https://mondafrique.com/?p=142277 Ce qui fut autrefois une confiance morale est devenu une confusion morale

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L’histoire de l’Amérique a commencé par une conviction sur la bonne conduite à tenir dans un monde dangereux: la croyance que la force pouvait être attelée à un dessein et la puissance matérielle disciplinée par des idéaux universels. Pendant une grande partie du XXᵉ siècle, cet équilibre sembla plausible. Les États-Unis vainquirent un régime génocidaire, reconstruisirent les ruines qu’ils avaient contribué à créer et lièrent leur puissance à des institutions qui paraissaient la contenir. Le monde y vit une autorité morale. Les Américains, une forme de maîtrise de soi.

Cette maîtrise n’était pas de l’innocence. C’était une immobilité cultivée, un refus de céder à la panique même lorsque la tentation était forte. Pendant la guerre froide, cette maîtrise devint à la fois identité et méthode. Tant qu’un superpuissant ennemi existait, les États-Unis pouvaient se définir par de grands « non » : non à la dictature, non à l’empire de la coercition, non à un système gouverné par la peur. Dans ce contexte, la stratégie servait de réassurance. En affirmant que ses luttes étaient défensives, l’Amérique expliquait sa puissance à elle-même. En présentant ses alliances comme des communautés de consentement, elle convainquait les autres de lui faire confiance. De là naquit une grammaire — des règles, l’État de droit, les institutions, les droits humains, la dissuasion — qui justifiait l’action tout en la limitant.

Cette grammaire ne convainc plus. Les États-Unis demeurent redoutables à tous égards — économie, technologie, renseignement — mais les mots qui donnaient un sens à ces atouts ont perdu leur crédibilité. Ce qui fut autrefois une confiance morale est devenu une confusion morale : un État qui parle couramment sans plus s’entendre lui-même. Le décalage entre le langage et le comportement — appelons-le dissonance impériale — est passé de l’exception à l’habitude.

La dissonance n’est pas de l’hypocrisie ; elle est structurelle. La politique est proclamée en termes universels puis appliquée par dérogation. Couloirs humanitaires et frappes aériennes coexistent dans la même phrase ; les sanctions sont à la fois vertu et levier ; la « désescalade » suit l’escalade choisie comme stratégie. Les responsables conscients de la contradiction parlent comme si l’harmonie persistait. Peu à peu, cela devient non une erreur, mais une méthode.

Comment un pays qui sut jadis unir confiance morale et discipline stratégique en est-il venu à la justification permanente ? Le miroir de la guerre froide s’est brisé. Sans rival extérieur, les États-Unis ont situé leur vertu dans l’intention plutôt que dans la preuve. Les années 1990 transformèrent cette présomption en doctrine. Les interventions furent reformulées en actes de tutelle ; la combinaison de la précision militaire et du discours moral sembla un progrès sans tragédie. Après le 11 septembre, l’horreur appela autant de sens que de force, mais la réponse confondit vengeance et cohérence. Les ennemis se multiplièrent pour que le dessein paraisse à nouveau vaste ; les missions s’empilèrent jusqu’à devenir crédo. La victoire perdit tout lien avec le règlement et la clôture.

À mesure que les échecs s’accumulaient, le débat se détacha des résultats. La bureaucratie chercha la légitimité plutôt que la correction. Rapports, auditions et « leçons tirées » remplacèrent les changements de cap. Les outils évoluèrent — drones au lieu de divisions, sanctions ciblées au lieu d’embargos — mais l’hypothèse demeura : la technique pouvait réconcilier des fins inconciliables.

La retenue, jadis pratique de la limite, devint spectacle. Elle s’exprime désormais comme une chorégraphie morale — déclarations soigneusement pesées pour éviter les conséquences, pauses symboliques qui signalent le principe sans modifier le réel. Les partenaires ont appris à distinguer l’action du rituel ; les adversaires exploitent cet écart tout en perfectionnant l’art d’ignorer Washington. Chez eux, les citoyens entendent de nobles discours et constatent des résultats confus.

Le remède n’est pas le retrait. Se replier, c’est préserver les mots tout en abandonnant le travail qu’ils exigent. Ce qu’il faut, c’est une recomposition : un réalignement du pouvoir, du dessein et du langage afin que chacun éclaire l’autre. Ne dire que ce qu’on est prêt à faire respecter ; ne faire respecter que ce qu’on peut justifier. En ces temps, des règles modestes deviennent révolutionnaires.

Pour y parvenir, l’Amérique doit se défaire de deux habitudes — la projection et la purification. La projection localise le désordre à l’étranger ; la purification prétend que l’échec réside dans l’exécution, non dans la conception. De là naît une diplomatie incapable d’apprendre de ses limites. Le remède est dans une tradition plus ancienne : la self-limitation et l’humilité. Se limiter n’est pas se taire ; c’est la discipline qui préserve la liberté d’action en reconnaissant la frontière entre aspiration et capacité.

Dans le monde multipolaire actuel, cette discipline importe plus que jamais. La puissance s’est redistribuée non seulement matériellement, mais moralement. D’autres parlent désormais les langues de la souveraineté, de la dignité, de l’autonomie. Certaines masquent leurs propres brutalités, mais leur présence impose un choix : soit l’Amérique universalise un vocabulaire auquel de moins en moins de nations croient, soit elle apprend à défendre un ordre sans prétendre en arbitrer le sens. Le navire de la « containment » de la Chine a depuis longtemps levé l’ancre ; désormais l’Amérique a besoin des alliés qu’elle perd peu à peu pour rétablir un équilibre avec la Chine et maintenir un ordre qu’elle ne peut plus imposer seule. La modestie convaincra là où la posture morale ne convainc plus.

Ce qui doit remplacer la métaphysique déclinante du leadership n’est pas l’abdication, mais une posture plus humble. Ne promettre que ce qui peut être appliqué avec des partenaires partageant le risque. Accepter que la retenue puisse faire perdre un avantage tactique afin qu’un système de limites puisse survivre. Reconnaître que la légitimité dépend désormais de la performance, non des proclamations. Et restaurer l’attention à la séquence — cette grammaire oubliée de l’ordre. Des cessez-le-feu avant les frontières engendrent la dérive ; la reconnaissance sans garanties nourrit le contrecoup ; la reconstruction sans autorité se transforme en corruption. La séquence est le point de rencontre du réalisme et de l’éthique.

Une telle discipline requiert un tempérament, non une technique : moins de jeu, plus de sobriété ; moins de gestes vers la grandeur, plus d’artisanat dans le règlement. L’ancien style américain — procédural, parfois laborieux — n’était pas séduisant, mais il était sérieux. Aujourd’hui, la mise en scène ronge ce sérieux : le langage moral devient effet de lumière, la politique gestion de presse. Le problème n’est pas la malveillance, mais l’habitude : un système qui parle d’abord, décide ensuite, puis se ravise encore. Ce réflexe avait un sens quand les autres s’inclinaient. Il en a peu désormais. Le Sud global réplique, l’Europe négocie, l’Inde et le Brésil perfectionnent l’indifférence. L’Amérique ne peut plus exiger la déférence, mais elle peut regagner la confiance — en alignant ses paroles sur des objectifs lisibles.

Les questions auxquelles sa politique doit revenir sont élémentaires : quel est l’ordre minimal qui empêche le pire ? Quel règlement, même imparfait, réduit le besoin d’improvisation coercitive ? Quelles relations rendent la modération plus facile à pratiquer ensemble ? Les réponses sembleront peu héroïques mais dureront. Une puissance racontée honnêtement retrouve sa grâce. Une morale incarnée, non proclamée, retrouve son autorité.

Les empires ne s’effondrent pas quand ils cessent d’agir, mais quand ils oublient pourquoi ils agissent et préfèrent la performance au dessein. Les États-Unis n’en sont pas encore là, mais le remède n’est pas plus de mots. C’est la reconstruction silencieuse de la maîtrise de soi — la redécouverte du fait que la puissance est un instrument sacré qui doit sans cesse regagner sa légitimité, et le langage une promesse qu’il faut sans cesse tenir.

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Michel Galy: « Le Soudan, une terre de massacres » https://mondafrique.com/libre-opinion/michel-galy-le-soudan-une-terre-de-massacres/ Tue, 04 Nov 2025 11:18:38 +0000 https://mondafrique.com/?p=142165 Le massacre de 2000 civils à El Facher ,ce 26 octobre, à l’extrémité du Darfour, a révolté l’opinion internationale et braqué les projecteurs sur l’interminable guerre civile du Soudan. Milices, massacres, aides extérieures en armes et argent, pillages et destructions, réfugiés et déplacés : tous les ingrédients de la crise sont connus, sans que l’on voit […]

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Le massacre de 2000 civils à El Facher ,ce 26 octobre, à l’extrémité du Darfour, a révolté l’opinion internationale et braqué les projecteurs sur l’interminable guerre civile du Soudan. Milices, massacres, aides extérieures en armes et argent, pillages et destructions, réfugiés et déplacés : tous les ingrédients de la crise sont connus, sans que l’on voit pour l’instant une solution au conflit.

Après le reversement d’Omar El Béchir en 2019 , un des pires autocrates africains, un bref « printemps soudanais »  a été détruit dans le sang par deux militaires autrefois complices, et qui depuis lors se combattent. Le général Al Burhan tient la capitale, Khartoum, et l’essentiel du pays ; son rival le général Hemedti essaie à partir de sa base du Darfour( où il a été partie prenante du sanglant génocide de 2003 à 2020) de gagner du terrain vers l’Ouest .

C’est ce que viennent de faire ses milices des « Forces de réaction rapide »(FSR) à El Facher, en massacrant avec férocité 460 patients d’un hôpital, puis 2000 civils ; faute de journalistes, les observateurs scrutent les corps depuis les photos satellites, et surveillent les vidéos, notamment celle du chef de guerre « Abdu Lulu », qui se targue de tuer sans limites ni distinction.

L’Etat déliquescent dans ses fonctions de gouvernance et de protection, ne reste effectivement que la loi des milices, souvent à base ethnico religieuses, de prédation et de violence.

La situation humanitaire est une des pires de la planète : sur 48 millions d’habitants, plus de 4 millions sont réfugiés à l’extérieur, déstabilisant notamment le fragile Tchad ; tandis 13 millions sont déplacés à l’intérieur du pays, triste record mondial.


Certes, des matières premières sont en jeu, cause de la prolongation du conflit . Ainsi de la zone aurifère du Darfour ; mais l’or se retrouve aussi dans la zone contrôlée par El Burhan, qui comprend en outre des zones pétrolifères.

Mais c’est principalement des aides extérieures que dépend la guerre  : armement le plus récent, jusqu’à des drones, sont livrés des deux cotés, ce qui explique l’extermination à l’aveugle des civils.

Sommes importantes venant notamment du Golfe , mais pas uniquement, qui permettent aux chefs de milice de détourner e distribuer. Ainsi les Émirats arabes unis sont ils l ‘appui principal des milices FRS, tandis que le général Al Burhan est appuyé par les Saoudiens et la Turquie, mais aussi l’Égypte et l’Iran.

Cependant , si ces facteurs géopolitiques autour des matières premières et des alliances diplomatiques sont importants, ils ne sont par forcément déterminants : la guerre devient pour ses acteurs un mode de vie et de subsistance.

Le « factionnalisme », qui explique mécaniquement des affrontements entre groupes armés, sans idéologie autre que celle de la rivalité pour du pouvoir central, est peut être ici plus explicatif.

Nul contingent onusien ni international- et surtout pas américain( dont l’armée est encore traumatisée par le massacre de Mogadiscio en 1993) ne se profile, tandis que ls « pourparlers de paix » restent lettre morte. Devant le massacre d’El Facher un boycott , et peut être des pressions occidentales, contre le Qatar se dessinent. Si elles étaient effectives, elles ne pourraient être efficace qu’à terme.

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Maurice Beranto: un calme trompeur à Madagascar https://mondafrique.com/libre-opinion/maurice-beranto-un-calme-trompeur-a-madagascar/ Tue, 04 Nov 2025 10:29:13 +0000 https://mondafrique.com/?p=142153 Lors de sa première prise de parole officielle le 11 octobre 2025, le colonel Mickael Randrianirina a déclaré qu’il allait dissoudre toutes les institutions de cette désastreuse IVe République et mettre en place une structure qui va gérer le pays en organisant toutes les étapes incontournables pour que Madagascar retrouve les meilleures perspectives possibles et […]

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Lors de sa première prise de parole officielle le 11 octobre 2025, le colonel Mickael Randrianirina a déclaré qu’il allait dissoudre toutes les institutions de cette désastreuse IVe République et mettre en place une structure qui va gérer le pays en organisant toutes les étapes incontournables pour que Madagascar retrouve les meilleures perspectives possibles et redevienne l’un des fleurons de l’Afrique.

Maurice BERANTO, citoyen, homme politique, membre du KFIM

Las ! Mickael Randrianirina, devenu président,  oublie ses promesses et nomme comme Premier ministre un homme contesté, Herintsalama Rajaonarivelo, un banquier impliqué dans de nombreuses affaires controversées (cas d’enrichissement illicite, grande corruption révélés dans l' »affaire CNAPS » – Caisse nationale de prévoyance sociale…) comme président du conseil d’administration de la BNI Madagascar.  Cette nomination se fait sur proposition d’une Assemblée nationale à majorité favorable à l’ex Président Rajoelina.

Le Premier ministre enfin a été un des bras droits notoires de Mamy Ravatomanga, en fuite à l’Ile Maurice où il aurait blanchi des dizaines de millions de dollars

Madagascar, « Mamy » Ravatomanga, milliardaire, vice Roi et cible des manifestants

Le mouvement populaire réclamait pourtant une rupture totale avec les anciennes pratiques mafieuses de l’ère Andry Rajoelina qui a duré 16 ans. Le peuple se sent trahi.

Face à la nouvelle donne, de simples citoyens,  des associations comme la Gen Z, des syndicats, des partis politiques ont décidé de constituer une « force politique » sous l’appellation de Komity Fanavaozana Ifotony an’i Madagasikara (KFIM) ou Comité central de réforme de Madagascar, lors d’un meeting tenu à Antananarivo le 30 octobre 2025, afin de suivre l’évolution du pays sous la gestion de cette présidence de la Refondation de la République de Madagascar.

Le KFIM exhorte le président Mickael Randrianirina à se reprendre et à tenir parole en installant un pouvoir conforme à ses premières déclarations et à l’attente de la population.

Le KFIM se tient à disposition du pays pour apporter ses compétences et sa part de brique. Il demande à tous les Malagasy de prendre leur destin en main. Car l’heure est venue.

 

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