« La Fatifleur » est une quintessence de connasse

Fatifleur est une appellation décrivant de manière péjorative une jeune femme conventionnellement belle, intellectuellement paresseuse et probablement méchante. En somme. Une chronique de Nouhad, notre bloggeuse marocaine

Sur les réseaux sociaux, la Fatifluer est une autoproclamée princesse fière de ne pas vouloir travailler.

Etymologie

13582305_10153663506476932_760191817_oLe terme Faitfleur est apparu vers la fin des années 1990, quand un certain opérateur téléphonique a introduit les téléphones portables à 500 dirhams sur le marché, octroyant ainsi le privilège de la communication à tout le monde et n’importe qui. A l’époque, le clavier arabe n’était pas très en vogue – à vrai dire, il n’a jamais réussi à l’être – d’où l’apparition des abréviations inutiles et de la darija latine. Jusque là, Fatifleur était tout simplement « Fatima-Zahra » enregistré dans le répertoire d’un fainéant. Ensuite, le terme a servi à décrire une idiote cheap qui échange faveurs sexuelles virtuelles contre recharges téléphoniques et, finalement, une femme bête et méchante.

Apparences

Elle est conventionnellement belle, comme ta maman. Elle est sortable en soirée et présentable à tout le monde. Elle est mince, un peu grande et ultra féminine. Elle porte des sacs fake en attendant que quelqu’un lui paie les vrais. Elle est tellement à fond dans l’apparence que, souvent, elle est sale.

La Fatifleur et les autres femmes

Etant donné qu’elle ne sait pas bosser, la Fatifleur est incapable d’amour et d’amitié inconditionnels. Elle ne s’entoure que de femmes auxquelles elle peut prendre job et mec, ou qui servent de source de validation externe.

La Fatifleur et les mecs

Elle est élue sur la base de son manque d’ambition, parce que c’est la garantie qu’elle n’aura rien d’autre à faire à part sucer et aimer. Elle plait à un genre bien spécifique de mecs, les faiblards qui ont besoin d’avoir quelqu’un en-dessous pour se sentir important – les mêmes mecs qui considèrent que la confiance en soi est un défaut chez une femme – et qui rationalisent ce choix en déclarant qu’ils préfèrent la simplicité. Ces hommes-là sont évidemment bien conscients que la Fatifleur est stupide, c’est pour ça qu’ils sous-traitent la nourriture spirituelle auprès de leurs amis, leurs collègues ou leurs contacts facebookiens.13524041_10154351173036683_923502458_o

La Fatifleur et l’intellect

Quand elle a un semblant de cerveau – ce qu’elle commence à développer, généralement, après la trentaine suite à la réalisation que progresser par la passivité est une illusion – la Fatifleur se met à lire Beigbeder et à voir des narcissiques pervers (NP pour les intimes) partout pour se consoler sur son célibat. Sur les réseaux sociaux, elle cite Bukowski et Sartre, des mecs qui, non seulement elle n’a jamais lus, elle n’envisagerait pas si elle les croisait sur Tinder. A noter que la Fatifleur pseudo intello se prénomme elle-même Zora ou Zozo ou Zara, une manière de se distancier de Faty ou de Fatima-Zohra, jugés trop marocains et donc trop honteux.

La Fatifleur et l’ambition

La Fatifleur n’a qu’une seule ambition : le mariage. C’est son but ultime et il ne faut pas le lui en vouloir puisqu’il s’agit tout simplement d’une stratégie de survie. Sa seule compétence c’est d’être consciente que sa beauté est fugace et qu’il faut qu’elle se marie le plus vite possible – idéalement à 25 ans, car plus jeune ça fait tradi – avant la dépréciation de son unique capital. Pour atteindre ce but, la Fatifleur prend soin de ne rien demander, ni sacs ni chaussures ni même un café, avant la signature du contrat. Une fois la bague au doigt, elle peut enfin se relaxer et devenir grosse et moche et arrêter de baiser. Oh parce que, contre toutes évidences, elle n’aime pas le sexe le Fatifleur.