Vu avec les lunettes du libéralisme sauvage, ce Macron semble trop beau pour être vrai… faudrait regarder derrière, je suis sûr que sous sa veste une petit trappe s’ouvre dans son dos, pour faire des réglages et changer les piles : en réalité comme le lapin Duracell Macron est un robot. Mieux, à défaut de vendre des machines-outils à l’étranger notre porte fanion de le « réforme » exporte des bêtises. C’est ce qu’il vient de faire lors de sa visite officielle en Israël où, dixit un journal local, l’ancien cadre de banque a déclaré : « En France le boycott est illégal ». Tout le monde aura compris que frère Emmanuel faisait allusion au mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) qui, dans le monde entier, appelle les citoyens à rompre tout lien commercial et culturel avec la patrie de Netanyahou.
Saga guerrière
Par commodité, et pour ne pas être taxé de biaiser l’information, je vous livre toute crue une partie de la notice Wikipédia sur le BDS. Elle montre le combat mené en France par le ministère de la Justice pour faire la peau de boycotteurs, c’est un peu long mais ça mérite le détour. La saga guerrière commence par l’intervention de MAM, l’amie du dictateur Ben Ali auquel elle envoyait des matraques à fracasser le jasmin :
« Le 12 février 2010, sous l’autorité de Michèle Alliot-Marie, Ministre de la justice, la Direction des Affaires criminelles et des grâces publie une circulaire de politique pénale ayant pour objet les « Procédures faisant suite à des appels au boycott des produits israéliens ». Par cette circulaire,(CRIM-AP, 12 février 2010, no 09-900-A4) ultérieurement qualifiée de « circulaire Alliot-Marie », la ministre demande aux procureurs une « réponse cohérente et ferme » face aux appels au boycott des produits israéliens en se basant sur la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse réprimant en son article 24, alinéa 8, la provocation publique à la discrimination.
Le 19 février 2010, lors d’un dîner du CRIF, Michèle Alliot-Marie affirme sa détermination à poursuivre tout acte antisémite ; c’est dans cette perspective qu’elle déclare notamment: « Je n’accepte pas que des personnes, responsables associatifs, politiques ou simples citoyens, appellent au boycott de produits au motif qu’ils sont kasher ou qu’ils proviennent d’Israël ».
Hessel et Guigou à la manoeuvre
Après le remaniement ministériel du 14 novembre 2010, Stéphane Hessel, l’ancienne garde des Sceaux Élisabeth Guigou et la vice-présidente du Sénat Catherine Tasca, rencontrent le nouveau garde des Sceaux, Michel Mercier, pour lui remettre un appel demandant que cessent les poursuites contre les militants de la campagne BDS. »
Rendez-vous compte de la gravité du cas, si Elisabeth Guigou trouve que le sort fait aux militants BDS est injuste, c’est que la situation est vraiment intenable. Mais poursuivons la petite musique de Wikipédia :
« Le 19 novembre 2010, Benoist Hurel, secrétaire général adjoint du syndicat de la magistrature, dénonce dans le journal Libération « l’attentat juridique » assimilant les appels au boycott à une «provocation publique à la discrimination envers une nation» punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende149. Cette tribune s’accompagne d’une pétition signée par des professeurs des universités, avocats, magistrats et personnalités dont Eva Joly, Pierre Joxe et Élisabeth Guigou, Olivier Besancenot, Marie-George Buffet, Daniel Cohn-Bendit, ou Cécile Duflot, d’intellectuels comme le philosophe Edgar Morin, et de journalistes comme Hubert Debbash ou Laure Adler.
Le 15 mai 2012, deux jours avant la prise de fonction de Mme Christiane Taubira, la circulaire Alliot-Marie est précisée et complétée par une nouvelle circulaire adoptée sur les instructions du garde des Sceaux Michel Mercier : circulaire ayant pour objet les « Poursuites engagées sur le fondement de l’article 24 alinéa 8 de la loi du 29 juillet 1881 en matière de boycott des produits israéliens », (CRIM-AP no 2012-0034-A4).
La Loi contre la circulaire
Dans un article paru dans Libération en avril 2014, Rony Brauman avec le Professeur de droit international François Dubuisson, le magistrat Ghislain Poissonnier et l’avocat Pierre Osseland contestent le bienfondé juridique de la « circulaire Alliot-Marie ». D’après eux, cette circulaire interprète la loi de 1881 (en son article 24 alinéa 8) « de manière extensive, en contradiction avec la règle de l’interprétation stricte des lois pénales ». Ils indiquent également que la Garde des Sceaux, Mme. Christiane Taubira, a reconnu que cette circulaire contenait une interprétation de la loi qui pouvait être considérée comme «injuste» ou «abusive». Affirmant enfin que le droit européen, notamment la convention européenne des droits de l’homme, interdit la pénalisation de propos appelant à des mesures coercitives (boycott, embargo, suspension de la coopération, gel des avoirs, retrait des investissements, etc.) contre un État critiqué pour ses violations du droit international, les auteurs de l’article demandent l’abrogation immédiate de la circulaire Alliot-Marie.
Dans un article publié en ligne début 2015 dans la Revue des Droits et Libertés Fondamentaux, Ghislain Poissonnier et Jean-Christophe Duhamel, contestent les fondements juridiques des circulaires Alliot-Marie et Mercier. »
Voilà. Fin de la l’aride lecture. Avouez qu’elle valait la peine. Pour s’opposer à l’injuste guerre de l’Etat contre le boycott des productions israéliennes, il n’y a pas des imbéciles. Même Taubira, qui est à la Justice ce que Bayrou est à Marx, trouve les sanctions « injustes « ou « exagérées ».
Peu importe le Macron-Duracell, lui, plus fort que tout le monde, affirme « le boycott est illégal ». Mais attention Emmanuel I ne dit rien si les patrons boycottent le Code du travail. Si Fabius Boycotte le savon d’Alep ou les pistaches d’Iran. Ce qui est c’est très bien. Notre ministre bionique est trop jeune pour avoir connu le boycott contre les USA au Vietnam, celui pour la libération de Mandela et autres luttes qui ont contribué à un monde moins injuste. Le contraire du rêve de Macron.