Les Centrafricains qui ont voté, le 30 décembre, pour le premier tour des présidentielles pourraient bien « reprendre en main leur destin », comme l’explique l’avocat Michel Langa, observateur attentif de la vie de son pays
Après le premier tour des élections présidentielles qui se sont tenues dans la précipitation et contre toute attente dans le calme, la bonne nouvelle vient de la relative mobilisation des électeurs, du moins à Bangui, dans un pays dévasté par la guerre civile et totalement désorganisé. Deuxième heureuse surprise, la Françafrique qu’ont su incarner depuis 2013, le président français François Hollande et son ministre de l’Afrique Jean-Yves Le Drian, adeptes de « guerres décomplexées », a connu un échec cuisant lors du premier tour du scrutin présidentiel.
En plaçant en tète un ancien Premier ministre de l’ex-président Bozizé, « Touadera », qui a su prendre quelques distances avec son ancien mentor et n’a pas joué la carte confessionnelle, le peuple centrafricain a fait preuve d’une réelle maturité.
Responsabilités tchadiennes
Durant l’intervention militaire « Sangaris », 2500 soldats français ont été engagés pour préserver une paix précaire dans un pays déchiré par des conflits confessionnels dramatiques. C’était le moins que pouvait faire la France après avoir laissé en 2013 son allié tchadien, qui l’avait tant aidé au Mali, encourager le coup d’Etat des forces musulmanes de la Séléka qui, venues Nord du pays, ont renversé le président Bozizé et aiguisé les conflits communautaires.
Du coup, les Français qui se sont toujours cru chez eux à Bangui durant la longue histoire de la colonisation, n’ont pas hésité à organiser la transition démocratique, écartant les extrémistes de la Séléka et imposant « leur » présidente, Catherine Samba Panza, une femme d’affaires sans relief mais au mieux avec Laurent Fabius.
Il ne restait à la France qu’à précipiter le calendrier électoral, malgré des listes électorales approximatives, pour permettre à un pouvoir « légitime » de s’installer et à l’armée française de foutre le camp. Or au terme du premier tour de scrutin, le candidat de l’internationale socialiste et copain de l’Elysée, Martin Ziguélé, connaît une déroute électorale. Le deuxième choix français qu’incarnait Karim Meckassoua, bénéficiant de l’appui du ministre français de la Défense, n’est guère mieux placé.
Espérons que la bronca d’une dizaine de petits candidats dénonçant la « mascarade » électorale n’empêchera pas la tenue du deuxième tour de scrutin de la présidentielle centrafricaine, l’acte fondateur d’une indépendance véritable face à l’ancienne puissance coloniale.
Ultime souci, les élections législatives couplées avec le deuxième tour pourraient être victimes de la désorganisation générale qui a marqué l’élection dans ce pays ravagé. L’intervention française essentiellement militaire n’a pas manifesté beaucoup de détermination pour mettre en place un cadre électoral viable. La France de Hollande n’a cure, apparemment, de ces questions d’intendance.