De l’inédit sous la Veme République pour des élections législatives qui ont lieu dans la foulée d’une Présidentielle. Les partisans d’Emmanuel Macron n’ont pas obtenu la majorité absolue au sein du Parlement, ses proches et ses ministres battus et les voici dans l’incapacité d’appliquer leur programme.
La surprise, la voici: une victoire historique à la Présidentielle pour Emmanuel Macron qui aboutit à une défaite historique aux législatives! « Ensemble ! » qui rassEmble les trois mouvements favorables à l’Élysée n’a pas obtenu dimanche la majorité absolue espérée. Loin de là, puisque « les marcheurs » et leurs alliés, le Modem de François Bayrou, le vieux sage du Béarn, et « Horizons » de l’ex Premier ministre, Edouard Philippe, désormais en froid avec Macron, comptent 245 sièges- soit une majorité toute relative au Palais-Bourbon.
Le tout sur fond, une nouvelle fois, d’abstention massive de 53,77 %, notamment chez les jeunes et les classes populaires qui pourraient donner de la voix dans les semaines à venir face aux nuages qui s’amoncellent: l’inflation qui revient, le pouvoir d’achat qui s’écroule, le prix de l’essence qui flambe, la précarité du marché du travail qui s’accentue et un Président élu sans projet ni véritable campagne électorale grâce à la division d’une opposition désormais très largement majoritaire.
Le spectre de la IVeme république
« La macronie, constate le politologue Pascal Perrineau, n’a pas le compromis dans les gènes ». Ot il va bien falloir qu’elle compose avec une Assemblée où la gauche, sous la bannière de la Nupes, est en force (137 sièges), même i elle affiche déja ses divisions sur l’utilité d’une motion de censure et sur la nécessité d’unir ses forces dans un même groupe parlementaire. Le Rassemblement National, avec un score historique de 89 députés, devient le premier parti d’opposition, sans que personne dans le monde politique et médiatique ne s’en étonne vraiment. La radicalité des oppositions de gauche et de droite empêche toute « majorité d’idées », à la Edgar Faure. Et la refondation d’une alliance majoritaire avec la droite de LR semble improbable compte tenu du niveau de ressentiment entre Emmanuel Macron, et les personnalités de ce courant politique qui ressassent la frustration d’être écartés du pouvoir par un Président qui partage beaucoup de leurs idées
Comment, alors, faire voter des textes ? Quelles alliances construire ? Le gouvernement peut-il être menacé pour une motion de défiance ? Face à cette zizanie, Emmanuel Macron dont le calme n’est souvent qu’apparent réfléchit-il déjà à une possible dissolution ? Les législatives sont certes terminées, mais la bataille politique, elle, ne fait que commencer. Le conseil des ministres prévu pour mardi, apprend-on, est reporté, signe d’un certain désarroi au sommet de l’État. Et le « Conseil national de la Refondation », ce gadget dont Emmanuel Macron avait annoncé la création, est reporté aux calendes grecques.
Emmanuel Macron ne peut s’en prendre qu’à lui même. Pourquoi cette insondable absence depuis huit semaines? Plutôt que de jouer au maitre du monde en se rendant comme président en titre de l’Europe en Ukraine trois jours avant le scrutin, il aurait du modestement mener campagne à la tête de sa majorité.
Pour l’instant, le Président français se tait. C’est un peu court quand on se souvient des Mitterrand et des Chirac qui lors de leurs échecs électoraux, 1986 pour le premier et 1997 pour le second, avaient réagi dans la foulée en moins d’une journée à la nouvelle situation politique.