Plusieurs médias français et étrangers participant à un consortium de journalistes internationaux qui collabore avec le site américain « Forbidden Stories » et avec Amnesty international, accusent le Maroc, via le logiciel israélien Pegasus, d’avoir espionné le téléphone du président français.
Le logiciel Pegasus de la société israélienne NSO, liée aux autorités gouvernementales israéliennes, a permis de sélectionner puis d’espionner 50 000 mobiles à l’échelle mondiale, dont ,semble-t-il, un millier en France. Certains portables ont été effectivement contaminés, après vérification; beaucoup d’autres doivent être encore contrôlés. .
Selon les éclairages de ces organes de presse, dont « le Monde » toujours très en pointe pour « valider » des informations produites par d’autres, une agence de renseignement du Maroc, cliente de la société NSO, aurait entré en 2019 un des numéros du chef de l’Etat français dans son logiciel espion. « Si la technologie NSO utilisée par le Maroc est très sophistiquée, souligne la rédaction de « France Info », l’objectif, lui, est simple : pénétrer dans le téléphone du président français, récolter les données qui s’y trouvent, avoir accès aux conversations et même, peut-être, activer le micro ou la caméra du chef de l’État ». Bref : espionner le président d’un pays « ami ». L’amitié est un combat!
L’attentisme de l’Élysée
Cette hypothèse confirmée, on assisterait à un véritable séisme dans les relations internationales et plus particulièrement dans les liens très forts et historiques qui existent entre la France et le Maroc. Du coup, la politique française au Maghreb, au Sahel et en Afrique francophone serait totalement remise en cause. On n’en est pas là encore. L’Élysée n’a pas encore confirmé ces récentes révélations.
Un haut responsable du géant israélien de cybersécurité a soutenu, mercredi 21 juillet, que le président français n’avait pas été ciblé par son logiciel controversé Pegasus, au coeur d’un scandale mondial d’espionnage qui a poussé l’ONG Reporters sans frontières à demander un moratoire sur ses ventes.
Chaïm Gelfand, un haut responsable du groupe, a de son côté déclaré à la chaîne I24 news, basée à Tel-Aviv : « Je peux vous affirmer avec certitude que le président Macron n’était pas une cible ». « Il y a certains cas qui ont été révélés, qui nous gênent », a-t-il ajouté.
Des questions sans réponses
- La source de la fuite. Le listing de 50000 lignes piratées par le logiciel israélien, dont le Maroc, n’a clairement pas été découvert par des journalistes d’investigation, aussi brillanst soient-ils, mais clairement livré par des services ou des « lanceurs d’alerte » sophistiqués, via un site américain crédible, « Forbiden Stories »; mais sans grands moyens. Lequel a généreusement distillé ses informations à des medias amis et influents qui présentent ces données comme issues de « leurs » enquêtes. Qui peut avoir intérêt à monter une telle opération de déstabilisation? À qui profite cette formidable fuite? C’est sans doute la première question à poser face au séisme que représentent ces révélations
- Le Maroc, cible privilégiée. Personne ne peut contester la fâcheuse habitude du Maroc, à l’instar de beaucoup d’autres pays, de mettre sur écoutes ses opposants, voire ses interlocuteurs habituels sur la scène diplomatique. Avec le logiciel de la société NSO, on assiste à une espèce de privatisation de ces habitudes regrettables, et cela sous le contrôle clair du ministère de la Défense israélien, dont tout le monde connait les performances en matière de renseignement et la collaboration depuis longtemps avec Rabat. Pourquoi le Maroc est quasiment seul à être ciblé aujourd’hui, notamment en France, dans la légitime campagne de dénonciation de ces très graves manquements à une vie internationale apaisée? Pourquoi entend-on si peu parler dans la presse française de l’Arabie Saoudite, de l’Égypte, de l’Algérie, de l’Inde et d’autres clients de la société NSO? L’indignation sélective est toujours suspecte.
- Le possible rôle joué par Alexandre Bennalla. Très proche des services marocains de la DGED, l’équivalent de la DGSE, dont il a été un relais efficace avant son entrée à l’Elysée en 2017 comme conseiller spécial du président Macron, Alexandre Bennalla a-t-il joué un rôle dans le piratage du téléphone du président Macron? La question doit être posée, du moins si la contamination du téléphone présidentiel est confirmée. Le téléphone de Bennalla par ailleurs apparait dans le fameux listing. Ce qui peut s’expliquer par la volonté de la monarchie marocaine de surveiller un tel agent d’influence
- La surveillance des services français prise en défaut. Les services de contre-espionnage français se préparaient à des cyber attaques venues de Chine ou de Russie. Mais qu’un Etat « ami » comme le Maroc prenne le contrôle du téléphone du président français n’était pas une hypothèse envisagée, surtout dans la mesure où la police française bénéficie d’excellents tuyaux de la DST marocaine dans la lutte contre le terrorisme. . Il est clair que le piratage du téléphone présidentiel appelle à une sérieuse réorganisation des services concernés. Ce qui dans le climat actuel est un dossier dont le gouvernement français aurait préféré se passer.
- Les torchons et les serviettes. Dernière interrogation, les listings partiels qui sont publiés par des journaux sélectionnés, sortes d’inventaires à la Prévert, font apparaitre des noms pour le moins inattendus. Pourquoi les services marocains s’intéresseraient-il à Eric Zemmour? Ou s’ils le font, ne serait-ce pas comme sous traitant d’un pays ami, à tout hasard des politiques français amis pour qui le polémiste d’xtrème droite est devenu une obsession?
- Mohammed VI espionné par ses propres services L’arroseur arrosé? Le projet Pegasus, conduit par le site Forbidden Stories a découvert que le numéro de téléphone royal figurait sur le listing marocain du logiciel Pegasus. Ce qui supposerait que le Roi du Maroc aurait été écouté à la demande de ses propres services et que son autorité serait très contestée au sein de l’administration. Ce qui ne semble pas le cas À ce stade, le dossier Pegasus fait parfois penser à l’affaire Clearstream avec ses listings ahurissants qui mélangeaient des noms crédibles et d’autres totalement invraisemblables dans une opération improbable de déstabilisation contre Nicolas Sarkozy, alors candidat à la Présientielle de 2007, par des proches de Jacques Chirac..