Sahel, les juntes militaires s’en prennent aux familles

Il y a un an, Yasmine Bassolé, fille de l’ancien ministre burkinabè Djibrill Bassolé, était enlevée à Ouagadougou par des hommes en civil.Depuis, aucune trace, aucune explication. Les représailles contre les familles, une pratique taboue dans des pays africains respectueux des traditions, sont monnaie courante depuis que les juntes militaires ont pris le pouvoir. 

Ni mandat, ni chef d’accusation, ni communication officielle : une disparition en dehors de ntout cadre légal, sous le régime du capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2022. Pour beaucoup, cet enlèvement symbolise la dérive autoritaire d’un pouvoir militaire.

Le sort de Yasmine fait écho à un autre drame, cette fois en Guinée, où le père du journaliste exilé Mamoudou Babila Keïta a été enlevé à
N’Zérékoré fin septembre. L’homme, âgé de 75 ans, n’a aucun lien avec les activités de son fils. Pourtant, sous la junte du général Mamadi
Doumbouya, au pouvoir depuis 2021, les pressions contre la presse et les représailles contre les familles de journalistes ou d’opposants se
multiplient.

Opacité, peur et impunité

Du Burkina Faso à la Guinée, les parallèles sont frappants : arrestations arbitraires, disparitions forcées, intimidation des proches
de figures critiques. Les juntes, installées au nom de la sécurité ou de la refondation nationale, reproduisent les pratiques qu’elles
prétendaient combattre : l’opacité, la peur et l’impunité.

En s’attaquant non plus seulement aux opposants mais à leurs familles, ces régimes franchissent une ligne rouge. Il n’y a pas si longtemps
encore, en Afrique il existait une règle tacite, les pouvoirs ne s’en prenait pas aux familles des opposants.

Ce temps est désormais révolu.