La 32e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), compétition internationale de football organisée par la Confédération Africaine de Football (CAF) sous égide la FIFA, est prévue du 14 janvier au 5 février 2017 au Gabon. Les quatre villes organisatrices : Libreville, Franceville, Port-Gentil et Oyem, sont celles qui ont connu la plus forte contestation suite à la frauduleuse proclamation d’Ali Bongo Odimba comme président, le 31 août 2016. La répression sanguinaire contre le peuple et l’instabilité actuelle du pays imposent de transférer l’organisation de l’évènement sportif majeur du continent vers un autre pays.
Nous demandons à la CAF, membre de la FIFA, ainsi que son président Monsieur Issa Hayatou de respecter le premier article des statuts de l’association coordinatrice du football international qui l’engage « à respecter tous les droits de l’homme internationalement reconnus et elle mettra tout en œuvre pour promouvoir la protection de ces droits« . Organiser la CAN au Gabon, où plus de 80% de la population n’a connu qu’une seule famille au pouvoir et où la répression militaire a causé plusieurs dizaines de morts en quelques jours et disparus, constituerait une violation flagrante de cette disposition.
Même si la tendance de la FIFA d’organiser ses évènements-phares sous des régimes autoritaires ou dictatoriaux est tenace, nous souhaitons croire qu’elle peut cette fois agir en accord avec ses propres principes.
Si le désir de respecter les droits inaliénables des Gabonais ne suffit pas à faire changer d’avis la FIFA et la CAF, l’atteinte à la sécurité des équipes et des joueurs est un facteur qu’elle ne saurait oublier quand un peuple est meurtrie par la haine d’un régime totalitaire. En effet, la Coupe d’Afrique des Nations a connu un précédent historique terrible : l’attaque armée meurtrière contre l’équipe du Togo à Cabinda (Angola) en 2010. Les stars du football et leurs clubs prendront-ils le risque de revivre une telle situation dans quelques mois ?
Nous en appelons enfin aux différents sponsors de la Coupe d’Afrique des Nations. Quelles retombées sur leurs activités en Afrique, comme ailleurs, si la CAN s’avère être un échec ? L’entreprise Total, qui donnera son nom à la compétition[1], continuera-t-elle encore longtemps à faire fi du sort des populations au profit de son avidité pour l’or noir ? Le peuple Gabonais et plus largement tous les citoyens conscients du drame qui se joue pardonnera-t-il à Adidas, Pepsi ou Samsung leur soutien à un évènement commandé par le président qui musèle, oppresse et martyrise ce même peuple ?
La confédération africaine de Football peut encore faire du football international autre chose qu’une kermesse publicitaire et apporter un soutien clair aux Gabonais qui rêve d’un avenir politique nouveau.
Nous, ONG, association gabonaises de la diaspora, syndicats divers, appelons d’une voix commune Monsieur Issa HAYATOU à prendre des dispositions urgentes dans les plus brefs délais afin de transférer l’organisation de la 32e CAN vers un autre pays plus stables.
Sans réponse effective à la date du 15 décembre inclus, nous appellerons les populations au boycott de cette CAN au préjudice de toutes les parties prenantes engagées dans l’organisation dudit événement et du président HAYATOU en personne.
- Pour la campagne Tournons la page
Laurent Duarte et Marc Ona Essangui
- Pour AAMVD (Agir Aujourd’hui pour Mieux Vivre Demain)
Serge DIBANGOU YANGARI
[1] Le Figaro – TOTAL NOUVEAU SPONSOR DU FOOTBALL AFRICAIN ET DE LA CAN http://sport24.lefigaro.fr/football/fil-info/total-nouveau-sponsor-du-football-africain-et-de-la-can-816144