Côte d’Ivoire, Eric Grégoire a bel et bien été empoisonné

Un des meilleurs experts français de l’Afrique, Eric Gregoire, qui avait un pied dans le renseignement militaire et un autre dans les grands groupes français qu’il conseillait à Abidjan, est décédé brutalement en 2017 dans des conditions troubles, officiellement d’une crise cardiaque. Les langues se délient des années après. Eric Gregoire a été empoisonné, pour en savoir trop sur les arrangements d’un des ministres ivoiriens de l’époque avec la Russie.

Comment imaginer le village franco-africain sans notre cher ami Eric Grégoire disparu brutalement en 2017 à Abidjan. Avec son physique athlétique, son sourire généreux, sa bonne humeur légendaire, cet intercesseur entre la France et l’Afrique n’apparaissait nulle part. On ne retrouve guère son nom sur Internet, ou alors par hasard et sans plus de détails sous l’appellation de « consultant » en Cote d’Ivoire où il vivait. Son décès n’aura fait l’objet d’aucune brève dans le moindre journal. Pourtant la vérité commence à apparaitre. Eric Gregoire en savait trop sur les petits arrangements de certains dignitaires du régime ivoirien; il aurait été sans doute éliminé pour cette raison.

La Russie dans le viseur

Bien qu’on ait guère entendu les autorités françaises à l’époque malgré l’émotion suscitée par la disparition d’Eric Gregoire à l’ambassade de France, et à la cellule Afrique de l’Élysée il semble certain que ce dernier, grand sportif, n’est pas mort d’une crise cardiaque, mais a bel et bien été assassiné. Les conditions dans lesquelles son corps a été découvert à son domicile par un commissaire de police ivoirien le démontrent aisément: un visage noirci, des traces de vomi, une tentative vite interrompue d’appeler à l’aide au télépphone alors qu’il sortait de la salle de bains…Autant de signes cliniques d’un empoisonnement, une pratique hélas déja observée en Côte d’Ivoire. Une des principales figures du régime est surnommée, pour avoir usé de ces expédients, « la fiole ».

Certains des proches d’Eric Gregoire, qui en raison de ce passé trouble ne mettent plus les pieds en Côte d’Ivoire, confient aujourd’hui qu’Eric Gregoire, patriote et gaulliste, s’inquiétait des relations privilégiées, sur fond de corruption, d’un des principaux ministres ivoirien, avec la Russie. Cette personnalité peu ragoutante, qui devait connaitre une traversée du désert peu après la disparition d’Eric Gregoire, est revenue en force sur la scène politique ivoirienne dans le sillage de la Présidence ivoirienne.

BEST OF 5: la mort mystérieuse d’Eric Grégoire, amoureux de l’Afrique

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)

1 COMMENTAIRE

  1. … »qui avait un pied dans le renseignement militaire »….
    Tout est dit là quant à la réalité de la supposée coopération franco-africaine.
    Tout est dit là, par vous-même, Mr Beau, quant à la vilaine coopération voulue par Paris (Palais et Caserne + Médias) avec l’Afrique.
    Comprendrez vous un jour que les temps de Mr Foccart sont irrémédiablement révolus ?
    Je suis très sceptique quant aux facultés de compréhension des pouvoirs Français.

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