De nombreuses personnes ont assisté, jeudi 17 mars, à la leçon inaugurale de l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou au Collège de France: Audrey Azouley, Michaelle Jean, George Pau-Langevin, Jacques Toubon… Le ministre congolais de « l’inculture », Bienvenu Okiemy, était absent. Une chronique de Russel Morley Moussala
L’Amphithéâtre Marguerite de Navarre du Collège de France, plein à craquer, a accueilli, le jeudi 17 mars, la leçon inaugurale de l’écrivain congolais Alain Mabanckou, désormais titulaire de la chaire annuelle de création artistique au sein de ce prestigieux établissement d’enseignement et de recherche, crée en 1530. Etre nommé professeur dans ce haut lieu du savoir est considéré comme une des plus hautes distinctions dans l’enseignement supérieur en France.
De nombreuses personnalités dont Audrey Azouley, ministre française de la culture, Michaelle Jean, secrétaire de l’Organisation internationale de la Francophonie, George Pau-langevin, ministre française des outre-mer, André Vallini, secrétaire d’état français chargé du développement et de la francophonie… ont assisté à la mémorable leçon inaugurale de l’écrivain.
L’avènement d’Alain Mabanckou au Collège de France est perçu comme une révolution, d’après son collègue Antoine Compagnon. Et ses cours, plein de promesse, feront un tabac, à coup sûr. Le nouveau titulaire de la chaire de création artistique s’emploiera à divulguer les études africaines dans un lieu où du moins pour la période récente « elles ont été trop absentes…il est regrettable que le continent noir ne soit pas plus présent dans nos enseignements », a affirmé Antoine Compagnon, titulaire de la chaire de littérature française moderne et contemporaine. Cette élection du romancier-professeur conforte l’ambition du Collège de France, dont la devise Docet omnia « Il enseigne tout » (en latin), se dévoile sur le blason de son bâtiment.
L’absence, au Collège de France, d’un officiel congolais, en l’occurrence le ministre de la culture, est diversement interprétée. Pour les uns, seule, la campagne présidentielle de son président aurait décidé de son absence ; d’autres, n’hésitent pas à pointer du doigt l’opinion politique de l’écrivain engagé. Ce dernier n’a pas eu de cesse de multiplier des tribunes, pour fustiger le référendum puis la nouvelle constitution ayant permis au président Denis Sassou N’guesso, qui cumule près de 40 ans au pouvoir, de se représenter à la présidentielle, dont la campagne ouverte le 4 mars dernier, a pris fin vendredi 19 mars à minuit.
A la veille de sa leçon inaugurale, interrogé sur TV5 Monde, Alain Mabanckou ironisait déjà sur l’absence du ministre congolais de la culture « S’il ne trouve pas le temps de venir au Collège, je lui donne le titre du ministre de l’inculture ». Regrettable…