Le chanteur marocain Saad Lamjarred, accusé à plusieurs reprises de viol, et encore cet été par une jeune femme rencontrée dans le sud de la France, vient d’être écroué. La chroniqueuse de Mondafrique, Nouhad Fathi, qui vit à Casablanca avait réagi, lors des premières mises en cause, aux commentaires lus sur les réseaux sociaux et souvent très favorables au chanteur qui est au Maroc une véritable star.
Voici le triste florilège des argument entendus pour sa défense sur les réseaux sociaux marocains.
« Il ne peut pas l’avoir violée, elle est montée avec lui de son plein gré. »
Ce commentaire, en particulier, en dit long sur l’idée crasse qu’ont les marocains du sexe. Pour l’écrasante majorité de mes compatriotes, le sexe est une bulle remplie de possibilités interdites mais infinies où, une fois transpercée et pénétrée, il n’y a pas de différence entre faire l’amour et violer. Un peu comme ces barbus qui sont véhémentement opposés au sexe hors mariage, mais quand ils le pratiquent eux-mêmes, c’est pour tromper leurs conjoints. En d’autres termes, si tu as l’indécence de vouloir niquer, vas-y franco, fais ce que tu veux.
On raconte que ce n’est pas la première fois qu’il le fait. Pourquoi elles n’ont pas porté plainte alors ?
Au Maroc, quand une femme se rend à un poste de police dans le but de porter plainte pour viol, elle risque de finir elle-même en taule. Bien sûr, on lui demande préalablement ce qu’elle portait, si elle le connaissait etc. On lui demande aussi si elle est vierge et si elle est montée avec lui de son plein gré. Les flics ne se bougent que si la fille était encore vierge ; si elle ne l’est pas, ils lui proposent deux possibilités : foutre le camps ou se faire arrêter selon les dispositions de l’article 490 du code pénal. Consentants ou pas, les célibataires marocains n’ont légalement pas le droit d’avoir des rapports sexuels ; ils risquent jusqu’à un an d’emprisonnement s’ils sont surpris par un abruti assez vicieux pour appeler la police. Ce qui me pousse à me demander pourquoi la défense de Saad Lemjarred avance l’argument du consentement supposé de la fille alors que lui même tombe sous le coup de cette loi.
Mais les filles fantasment toutes sur le viol.
Franchement, les personnes qui croient cette connerie, je ne sais pas comment elles arrivent à fonctionner dans la vraie vie.
C’est une machination ourdie pour les algériens jaloux de son succès !
Exactement ! Parce que l’Algérie n’a pas enfanté Cheb Khaled, Cheb Mami, Rachid Taha et Cheikha Rimiti. Les Algériens ont attendu Saad Lemjarred pour découvrir le star system.
C’est le prix de son succès et de sa notoriété.
On se calme, il s’agit juste de Saad Lemjarred, un artiste inconnu au-delà des frontières de Fatifleurland. Pire encore, à l’étranger, personne ne se serait rendu compte de son existence si ce n’était pour ses antécédents.
C’est un get-apens !
Et alors ? C’est avec des get-apens qu’on nettoie internet et l’espace public des pédophiles en occident. C’est quoi ce piège qui consiste à présenter un punching-ball humain à quelqu’un connu pour son histoire de violence sexuelle, et l’arrêter parce qu’il s’est servi de ce punching-ball ?
D’accord. Mais il est beau, riche et célèbre, il n’a besoin de violer personne !
Vous ne voulez pas apprendre yak ? La plus grande force des prédateurs c’est leur charme. Même après l’avoir vécu à plusieurs reprises, je ne sais toujours pas pourquoi certains mecs violent, surtout qu’à chaque fois qu’un mec le fait, c’est à la fille qu’on demande ce qu’elle foutait là à telle heure dans cette tenue. Tout ce que je sais, c’est que ça n’a rien à voir avec la frustration sexuelle ; même au Maroc, il y a des prostituées pour toutes les bourses. Il n’est pas inutile de rappeler que tout un territoire est interdit à Saad Lemjarred parce qu’il y aurait commis exactement le même crime, et qu’il a tenté de noyer l’affaire avec de l’argent (s’il était vraiment innocent, pourquoi il ne s’est pas présenté pour laver son nom ?). Les faits qui lui sont reprochés à Paris se sont déroulés à quelques jours de la tenue d’un des concerts les plus importants de sa carrière ; s’il s’avère être coupable, l’assurance avec laquelle il viole est totalement terrifiante.
Ça doit être les drogues.
Je ne sais pas ce qu’il a pris, mais ni l’alcool ni la cocaïne qu’ils ont trouvée dans sa chambre d’hôtels ne transforment quelqu’un en un sadique impitoyable, à moyen qu’il y ait déjà un désir latent.
Ce type a un problème avec les femmes.
Certainement, il suffit d’écouter ses chansons (j’en parlerai plus tard).
Ça doit être l’éducation, ses parents l’ont pourri !
Je souhaiterai sincèrement qu’on laisse ses parents en dehors de ça. Aucun être humain ne met au monde un enfant avec la ferme intention d’en faire un prédateur sexuel. Certaines personnes sont programmées in utero pour faire du mal et deviennent des monstres malgré tout l’amour du monde. Sa mère, Nezha Regrari, est une grande dame de théâtre et un modèle d’émancipation féminine. Son père est très connu et respecté aussi. Je connais des hommes qui ont évolué dans des milieux épouvantablement misogynes et qui ne feraient pas de mal à une mouche.