Centrafrique, la guerre des chefs

En Centrafrique, les affrontements violents ne sont pas seulement le fait des groupes jadis catalogués Seleka ou des innombrables groupuscules d’auto-défense, réunis sous l’étiquette générique  » anti-balaka ». Le conflit s’est aussi installé au sommet de l’État. Ce conflit de personnes concerne le chef de l’État, Faustin-Archange Touadera, et le  Président de l’Assemblée Nationale, Karim Meckassoua. Il est de moins en moins feutré.

Les uns reprochent à Karim Meckassoua, deuxième personnage de l’État, de vouloir prendre la place du Président Touadera, tandis que les amis de Karim Meckassoua s’insurgent des critiques faites sur l’ origine de leur leader, ses relations internationales et sa supposée proximité avec des groupes rebelles.Les incidents se multiplient et s’aggravent. Ainsi pour les dernières élections du bureau de l’Assemblée nationale, les candidats du groupe parlementaire « Coeurs unis », favorables au chef de l’État, ont enregistré une cruelle défaite, renforçant ainsi la position inexpugnable de Karim Meckassoua et le risque futur d’une éventuelle motion de censure du gouvernement Satandji.

Le ministre des Finances, Henri-Marie Dondra,  est particulièrement remonté, surtout après son interdiction de prendre la parole à l’Assemblée, lors de la visite de Mme Lagarde, le 25 janvier dernier. La récente publication des rémunérations des ministres et députés a été l’occasion de montrer, habilement, le traitement de faveur des députés et surtout de leur président qui gagnerait plus de 4 fois ce que gagné le chef de l’État. Évidemment, personne n’est dupe sur les bases de ce calcul…Qui omet notamment les énormes montants des fonds spéciaux.Les problèmes rencontrés par les députés favorables à Karim Meckassoua sont de plus en plus fréquents et vont même jusqu’à des interpellations musclées, sans prendre en compte l’immunité parlementaire. Inversement, les auditions des ministres par l’Assemblée sont de plus en plus tendues ce qui ne les incitent guère à venir à la rencontre des députés. L’ exécutif, et notamment les conseillers du président et le gouvernement  Sarandji, prend des libertés avec les dispositions constitutionnelles, en particulier lors de la conclusion d’Accord internationaux et de la signature de conventions touchant aux ressources nationales et en particulier aux Mines. La fracture entre l’ Exécutif et le Législatif devient problématique pour la gouvernance du pays. Quant aux principaux partenaires de la Centrafrique, ils ne peuvent que déplorer cette crise interne qui complique un peu plus la situation d’un pays que le World Happiness Report 2017 place 155 ème et bon dernier du classement mondial des pays où il fait bon vivre.