Les discours des responsables onusiens chargés du retour à la Paix en Centrafrique ne sont plus audibles par les Centrafricains,
Dans un pays où quart des citoyens est toujours réfugié à l’étranger ou déplacé interne, vivant dans des camps de fortune, l’ONU a perdu toute crédibilité. La MINUSCA avec ses 12 000 Casques bleus, ses moyens logistiques et opérationnels importants, n’est plus la bienvenue, sauf à Bangui où les commerçants, hôteliers, tenanciers de boîte de nuit et restaurateurs touchent le pactole. Il est vrai qu’en une semaine, certains responsables onusiens à Bangui, gagnent plus qu’un magistrat centrafricain en une année (4000 € annuel).
Après les propos inconsidérés du Secrétaire général de l’Onu chargé des affaires humanitaires, Stephen O’Brien, sur les « signes avant-coureurs d’un génocide », Antonio Gutteres s’est réveillé de son profond sommeil. Il a dépêché, en urgence, Adam Dieng, le spécialiste en génocide. Lui-même s’est cru obligé de se rendre, fin octobre, dans ce pays qu’il devrait pourtant bien connaître en raison de ses anciennes fonctions. Il y a effectivement urgence, car l’Onu perd la main sur ce dossier révélateur de son impuissance, en dépit de ses importants moyens humains et financiers. En revanche, l’Union africaine pourrait bien posséder la clef pour mettre en oeuvre un processus de sortie de crise.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a rapidement fait adopter sa Feuille de route de sortie de la crise centrafricaine. La CEEAC, avec son Secrétaire général, le Tchadien Allam-Mi, appuie ces propositions qui ont aussi finalement été agréés par la France. L’ancien ministre des Affaires étrangères du président tchadien, Moussa Faki Mahamat, avec son conseiller spécial le professeur de droit mauritanien Mohamed El hacen ould Lebatt, ancien représentant de l’Union africaine à Bangui, connaît probablement le mieux les causes et les solutions pertinentes de la crise centrafricaines.
Moussa Faki Mahamat estime que, comme tant d’autres conflits africains, la solution ne peut venir que des Africains et, en l’espèce, des Centrafricains. Comme beaucoup d’observateurs, il pense que les projets établis dans les bureaux climatisés de New York, de Bruxelles ou de Paris, par des bureaucrates passant de la Papouasie Nouvelle Guinée à la République centrafricaine, sont inadaptés et inopérants.
Ainsi donc, en dépit des sanctions onusiennes, peu respectées, les anciens protagonistes de la crise, comme les anciens présidents François Bozizé, renversé par un coup d’Etat de l’ex Seleka, « Michel » Djotodia Am-Nondroko, le tombeur de Bozizé, pourraient en finir avec leur exil, pour être assignés à résidence dans leur village, en attendant que le temps fasse son travail. En revanche, les seigneurs de la guerre, souvent originaires d’autres pays, pourraient ne pas bénéficier d’une telle mansuétude. Il est probable que la Cour Pénale Spéciale, à qui il « manque toujours un stylo » pour fonctionner, pourra se consacrer aux crimes commis en 2003. Ceux de la période 2013-2017 attendrons, à moins que cette Cour, plus baroque qu’hybride, issue des bureaux climatisés occidentaux, ne soit qu’un avatar de cette crise et dont l’utilité sera désormais à démontrer.
Il va de soi qu’un retour de François Bozizé ne sera pas de tout repos pour le président Touadera et de son clan qui auront tout à craindre de leur ancien patron. L’émoi provoqué, par la rumeur absurde et totalement improbable, de la présence de François Bozizé, dans un vol AF du mardi 3 octobre dernier, est significatif de la paranoïa qui gagne le Palais de la Renaissance. La Feuille de route de l’Union africaine sera probablement moins reposante, pour le pouvoir actuel, que les actions anesthésiantes et sans effets de l’ONU