« Il n’y a plus personne à la prison de Ngaragba. Tous les prisonniers se sont envolés. » Cette évasion collective de la prison centrale de Bangui n’est qu’une conséquence parmi d’autres de la vague de violence qui a embrasé la capitale centrafricaine depuis quatre jours avec son cortège de morts (une quarantaine, selon un premier bilan) et la fuite de leur domicile de dizaine de milliers de personnes.
Mardi, la tension était moindre mais restait palpable : tous les vols en direction de Bangui ont été annulés, la route qui relie l’aéroport au centre-ville n’étant pas sécurisée par les forces françaises et les casques bleus.
Les violences ont commencé par l’assassinat par des inconnus, vendredi 25 septembre en fin de journée, du jeune chauffeur d’une moto-taxi, de confession musulmane, dans un quartier de la capitale à majorité musulmane. La suite a ramené les habitants de la capitale plusieurs mois en arrière : instauration de barricades pour bloquer les principales artères de la capitale, pillage des magasins et d’ONG, échange de tirs…
Dimanche, c’est en direction des institutions de l’Etat (le parlement de transition, la présidence) que des manifestants se sont dirigés avant d’être bloqués – violemment – par les forces de l’ONU. Sur leurs pancartes des slogans réclamant le départ des forces françaises de l’opération Sangaris et des casques bleus, accusés d’inaction, et le retour sur le terrain des FACA, l’armée centrafricaine, aujourd’hui désarmée.
Des élections générales sont prévues avant la fin de l’année. Elles sont sensées mettre un terme à la crise qui secoue la Centrafrique depuis le coup d’Etat qui a chassé le président Bozizé et plongé le pays dans le chaos. Les violences de ces derniers jours confirment le côté illusoire du calendrier officiel. Et l’échec de l’intervention française dans son ancienne colonie.