Présidentielle 2025 : Non, chers confrères de « Mondafrique », Anicet Georges Dologuélé n’est pas la seule alternative pour les Centrafricains !, nous écrit Ben-Wilson Ngassan, journaliste et membre de la commission stratégie électorale du candidat Faustin Archange Touadera, après la publication d’un article publié sur notre site le 29 novembre
Pour le citoyen centrafricain que je suis, il suffit de lire le titre de cette publication pour y déceler un tissu de contre-vérités. D’une part, les Centrafricains, dans leur écrasante majorité, reconnaissent les efforts considérables déployés par le régime du Professeur Faustin Archange Touadéra pour ramener la paix – cette paix à laquelle ils sont profondément attachés – et pour inscrire durablement notre pays sur la voie de l’émergence.
D’autre part, il est totalement fallacieux de qualifier le pouvoir en place de « régime autoritaire » ou « totalement discrédité », comme le prétend « Mondafrique ». Bien au contraire. Alors même qu’ailleurs en Afrique, l’heure est à la disqualification systématique d’opposants sous des prétextes juridiques discutables, le régime du Président Touadéra fait, lui, le choix de l’apaisement démocratique. Il laisse librement concourir ses opposants les plus virulents – à l’image d’Anicet Georges Dologuélé – dans un esprit d’ouverture et de respect des règles du jeu républicain.
Par ailleurs, évoquer un « discrédit total » de la République centrafricaine relève d’une manipulation grossière. Sinon, comment expliquer que, malgré une conjoncture économique internationale extrêmement tendue, notre pays ait réussi à mobiliser plus de 2 000 milliards de francs CFA – un montant jamais atteint dans l’histoire de la RCA – lors de la Table ronde de Casablanca ? Ce n’est certainement pas le signe d’un État discrédité. Bien au contraire !
La République centrafricaine s’affirme aujourd’hui, plus que jamais, comme une plaque tournante de la géopolitique en Afrique centrale, en témoignent les multiples partenariats stratégiques, les flux d’investissements croissants et l’intérêt soutenu des bailleurs internationaux. « Mondafrique » ferait donc mieux de trouver des arguments plus sérieux, au lieu de véhiculer des jugements expéditifs déconnectés des réalités du terrain.
Anicet Georges Dologuélé n’est pas « le meilleur »
Affirmer, comme le fait « Mondafrique », qu’Anicet Georges Dologuélé serait un « homme politique complet » dont « l’alliance et le parcours » constitueraient à eux seuls les clés de la transformation de la République centrafricaine, traduit une méconnaissance manifeste – voire une lecture partiale – de l’histoire politique récente de notre pays.
Car s’il est vrai que M. Dologuélé a occupé d’éminentes fonctions, notamment en tant que ministre des Finances, puis Premier ministre de 1999 à 2001, son passage aux affaires reste entaché d’un bilan que ses compatriotes n’ont pas oublié. Dans l’imaginaire collectif centrafricain, il est souvent associé à la période au cours de laquelle le pays a connu l’une des plus lourdes accumulations d’arriérés de salaires de son histoire – avec toutes les conséquences sociales et économiques que cela suppose.
Il ne suffit donc pas d’être un technocrate accompli ou un financier reconnu pour faire un homme d’État capable de répondre aux aspirations profondes d’un peuple. La gestion des affaires publiques, surtout dans un contexte aussi complexe que celui de la Centrafrique, requiert bien plus que des compétences techniques : elle exige une vision claire, un leadership éprouvé, une proximité réelle avec les populations, et surtout, la capacité de traduire les promesses en actes concrets.
Dologuélé est peut-être un homme de dossiers. Mais l’exercice du pouvoir, dans sa dimension politique, sociale et symbolique, ne saurait se résumer à un curriculum vitae bien fourni. Le passé parle, et en l’espèce, il ne plaide pas nécessairement en faveur de celui que « Mondafrique » érige un peu trop rapidement en alternative unique.
Des alliances politico-électorales conestées
Dans sa publication controversée, « Mondafrique » avance que, sur le terrain électoral, Anicet Georges Dologuélé ne serait pas seul. Le média évoque notamment une alliance déjà conclue avec Jean-Serge Bokassa, et une autre en gestation avec François Bozizé. Faut-il rappeler à nos confrères de « Mondafrique » qu’avec Jean-Serge Bokassa et François Bozizé réunis, Dologuélé ne constitue en rien une menace sérieuse pour le Président Faustin Archange Touadera dans les urnes !?
Prenons d’abord le cas de Jean-Serge Bokassa. Depuis sa déconvenue lors de l’élection présidentielle de 2020, l’ancien ministre de l’Intérieur a virtuellement disparu de la scène politique. Son mouvement politique est en sommeil, sa base électorale largement érodée. Penser qu’il puisse aujourd’hui représenter un levier électoral significatif relève plus de la fiction que de la réalité politique centrafricaine.
Quant à François Bozizé, l’ancien chef de l’État déchu, il reste politiquement affaibli et juridiquement attendu. Son parti, le KNK, souffre d’une paralysie manifeste depuis plusieurs années. Plus grave encore, Bozizé demeure aux yeux de nombreux Centrafricains l’architecte de la tragédie de 2020, initiateur de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), une rébellion qui a semé la désolation et coûté la vie à des milliers d’innocents.
Anicet Georges Dologuélé, lui-même, sait mieux que quiconque ce que vaut une alliance avec Bozizé. L’histoire récente le rappelle : à la veille des élections de décembre 2020, une entente politique avait été conclue entre les deux hommes. Mais cette alliance, après avoir épuisé sa logistique dans des promesses financières, n’avait accouché que d’un chaos. Bozizé, fidèle à sa logique de rupture violente, n’avait pas tardé à abandonner la stratégie électorale pour reprendre les armes, tentant une fois de plus de faire basculer le pouvoir dans la violence.
Faustin Archange Touadéra, dans tout cela ?
À moins d’avoir été actionné à dessein pour rédiger un article aussi déséquilibré en faveur d’Anicet Georges Dologuélé, Mondafrique semble, de toute évidence, peu ou mal informé des réalités politiques actuelles en République centrafricaine. Comment expliquer autrement qu’en totale contradiction avec les sondages – officiels comme indépendants – ce média parvienne à ériger M. Dologuélé en figure providentielle, reléguant le Président Touadéra au rang d’outsider ? Une lecture manifestement déconnectée du terrain.
Pour mémoire – et pour rafraîchir celle de nos confrères – il convient de rappeler qu’au-delà de son bilan salué en matière de rétablissement de la sécurité, de relance économique, de diplomatie active et du retour de la confiance des bailleurs internationaux, le Président Faustin Archange Touadéra reste, aux yeux d’une large majorité de Centrafricains, l’homme de la stabilité et de la continuité.
Face à une opposition divisée, peu préparée, parfois embourbée dans des alliances douteuses ou inefficaces, Touadéra aborde l’échéance du 28 décembre avec une organisation bien huilée, une base populaire solide et un projet politique clair. Son expérience, sa constance et sa capacité à fédérer les forces vives du pays en font le grand favori de cette présidentielle.
Alors, plutôt que de brandir des plumes mercenaires pour tenter de réécrire la réalité, laissons le peuple centrafricain, seul souverain légitime, s’exprimer librement dans les urnes. Il saura faire le choix de la raison, de la stabilité et de la paix durable.
Présidentielle centrafricaine, la réconciliation avec Dologuélé ou le chaos
























