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Algérie, l’affaire Walid Nekiche place l’appareil sécuritaire sur la défensive

Walid Nekiche, cet étudiant jeté en prison, puis torturé pour s’être moqué de « La Nouvelle Algérie », enflamme la toile et embarrasse considérablement les services de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) qui cherchent une porte de sortie

La justice algérienne avait requis contre Walid Nekiche la détention à perpétuité en invoquant «, l’atteinte à l’intérêt du pays ». Après quatorze mois de détention et un ultime retournement judiciaire, Walid Nekiche a pu quitter la prison ce mardi 2 février, condamné finalement à six mois de prison ferme et à une amende de 20.000 dinars. Un tel revirement judiciaire entre des réquisitions ahurissantes et une peine légère témoigne de l’embarras du pouvoir militaire algérien face à la contestation populaire

Un coupable idéal

Le ton est monté d’un cran quand Walid Nekiche a affirmé avoir subi des tortures physiques et sexuelles durant ses interrogatoires. La toile s’est enflammée, l’opposition a fourbi ses armes et le pouvoir s’est tu.

Première à tirer, l’opposante politique, Zoubida Assoul, dont on connait les liens avec la mouvance liée à l’ex DRS (servies algériens) , a exigé la démission du controversé ministre de la Justice, Belkacem Zegmati. Des journalistes connus eux aussi pour leur proximité avec l’Ètat profond ont pointé la responsabilité de la police qui n’est pour rien dans les tortures subies par l’étudiant.

Les services de la DGSI (contre espionnage algérien), responsables de l’arrestation puis des effroyables traitements subis par l’étudiant, chercheraient-ils à botter en touche et à trouver un coupable idéal? Certains le pensent à Alger

« La justice du téléphone »

Au lieu de répondre à ces accusations, le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati a préféré les ignorer. Pris d’une étrange colère, ce magistrat sans états d’âme a menacé de sanctionner les personnes qui n’appliqueraient pas la loi : « Je jure par Dieu que si des informations me parviennent à propos d’une administration qui s’est rendue coupable d’une action visant à saboter la relation entre l’Etat et le citoyen, que je mettrai ce responsable en prison. Je suis responsable de mes propos. Je vais ordonner au procureur de le mettre en prison ».

Les déclarations du ministre furent une aubaine pour les militants du Hirak qui détenaient une preuve incontestable, si besoin était, que la justice n’était pas indépendante en Algérie. La vidéo des déclarations ministérielles, devenue virale, montrait à tous que « la justice du téléphone » fonctionne toujours en Algérie.

Les bourdes d’un ministre de la Justice devenu « l’idiot utile » du système permettent aux services secrets algériens, revenus en force ces dernières semaines dans la chasse aux militants et seuls responsables de l’affaire Walid Nekiche, de détourner l’attention sur leurs basses oeuvres. La preuve qu’après le retour en force du général Toufik, grand patron jusu’en 2015 de l’ex DRS, ils n’ont pas perdu la main !.

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