Sur les réseaux sociaux, Sa$id Ait Ali Slimabe décrit « la démocratie décorative » comme le modèle mis en place depuis la fin du parti unique en 1989 pour assurer la continuité de l’État autoritaire.
Jusqu’à présent les Algériens en subissaient les manifestations pratiques. A l’occasion des législatives du 12 juin, ils ont eu droit à l’énoncé de sa définition. C’est le Président Tebboune en personne qui le fit dans une conférence de presse improvisée. Excès de confiance ou naïveté politique, ou les deux à la fois, c’est la première fois que la démarche officielle dans le traitement du processus électoral est livrée avec autant de transparence.
En déclarant que le taux de participation aux élections législatives lui importait peu mais que l’essentiel est ce qui en ressortait, le Président Tebboune ne pouvait mieux avouer les attentes du pouvoir en place. Déjà mal élu en décembre 2019, il exprimait son impatience de sortir de sa solitude institutionnelle pour donner à son gouvernement une légitimité formelle. La Constitution consacre en effet l’Assemblée Populaire Nationale (APN) comme l’intermédiation politique entre le « peuple » et le Gouvernement.
C’est ce qu’a voulu rappeler le Président en affirmant son attachement à l’article 7 de la Constitution qui dispose que « Le peuple est la source de tout pouvoir ». Cette fervente adhésion à la « souveraineté populaire » n’a pourtant pas empêché que la Constitution de décembre 2020 renforce les pouvoirs du Président de la République au détriment du Parlement. Mais l’essentiel est dans le symbole. Ce qui explique sans doute le peu d’intérêt accordé à la participation des citoyens aux législatives. Ce qui compte, c’est la présence symbolique. Ce qu’incontestablement réalisera toute assemblée également mal élue. En fait, c’est une tradition du parti unique. Tout était désigné par le sommet mais tout devait sembler être l’émanation de la base.
Les multiples cérémonies politiques solennelles auxquelles sont attachés nos hommes d’État constituent le cadre de ces prestidigitations. À l’ère de la communication et des aspirations aux libertés, l’État autoritaire trouve la parade pour maintenir son hégémonie et offrir une vitrine respectable. Au prix de quelques concessions. Ce n’est pas la démocratie représentative. Ce n’est pas la démocratie directe. C’est la démocratie décorative. Elle réalise la représentation symbolique tout en endiguant le mouvement de la société civile. L’addiction aux symboles est un trait du nationalisme étroit qui gouverne notre pays. N’oppose-t-on pas aux citoyens qui contestent les manifestations concrètes de l’État autoritaire, « l’atteinte aux symboles » de toutes choses. La spiritualité, le talon d’Achille de la société civile algériennz